Apprendre une langue, c'est déjà voyager. C'est pénétrer la mentalité d'autres peuples, pouvoir ensuite communiquer avec eux directement, sans interprète, sans filtre et accéder à une culture autrement que comme un touriste guide du Routard, plutôt d'homme à homme, d'âme à âme. Une fois que vous avez compris ça, vous saisissez le pourquoi de cette boulimie qui me caractérise, cette envie féroce de baragouiner toutes les langues du monde. Depuis toujours, depuis l'école, entendre des gens parler un autre dialecte que le mien me fascine. Comme tout le monde, j'ai appris l'anglais, comme certains, j'ai appris aussi l'espagnol. Je voulais voir le Pérou, le temple du Soleil de Tintin et devenir archéologue au Mexique. Bon, c'est un peu raté, je ne suis devenue que prof d'espagnol. Mais le fait de transmettre n'est pas resté mon unique but, n'est pas devenu une voie de garage et je suis restée étudiante dans l'âme. Comme chacun sait, tous les explorateurs préparent leurs voyages en étudiant les différents idiomes qu'ils vont rencontrer lors de leurs périples à travers la planète. Non contente d'avoir trois langues à mon actif, je me suis dit au lycée que j'ajouterais bien l'italien à mon bagage, et c'était reparti ! Une langue, c'est une culture, une manière de penser, une histoire, une littérature, un humour, une vision artistique. Je ne pouvais pas m'imprégner de l'art de la Renaissance italienne sans en connaître les mots en VO. Voilà donc pour les quatre langues que je maîtrise.
Ensuite, j'ai fait plusieurs incursions dans d'autres apprentissages. Le portugais m'a laissée sans voix. Pourtant une langue latine au même titre que celles que je parle déjà, je n'ai jamais réussi à formuler des phrases. Ce n'est pas faute d'avoir assisté à des heures et des heures de cours en brésilien sur la civilisation de ce grand pays ! Cependant, si je comprends assez bien cette langue, mes mandibules et mon cerveau ont toujours refusé de s'unir pour me permettre de la parler. Le portugais reste un mystère... Quant au japonais, s'il vous plaît, n'en parlons plus ! Dans l'éventualité de passer des diplômes pour enseigner le français à l'étranger, il fallait que je me mette dans la peau d'un apprenant et que je découvre une langue totalement inconnue. Il y a avait au menu du russe et du japonais, j'ai opté pour la seconde. Sauf que la prof, pendant les deux seules heures de cours nippones de ma vie, n'a pas émis une seule syllabe en français. De quoi être complètement déboussolée ! Et le quechua, dans tout ça ? Pour mes études et pour des raisons personnelles, j'ai aussi entrepris d'apprendre cette langue indigène d'Amérique Latine et j'avoue que j'avais bien progressé, je ne me débrouillais pas mal. En Bolivie, lors de mon dernier voyage en 2014, j'attrapais même au vol quelques bribes de conversation. Aujourd'hui, mes cahiers sont soigneusement rangés, mais si je m'y remettais, je pense que les bases reviendraient. J'avais aussi été tentée par le grec, belle langue, belle histoire, beau pays que j'adore. Et par l'allemand, parce que la Suisse, les films d'Arte en VO, la littérature, etc, etc. Et surtout, pourquoi pas ? C'est cette langue que je me suis mise en tête d'apprendre. Pas évident, sans professeur, mais mon oreille est aguerrie aux multiples prononciations et aux mécanismes d'apprentissage et de constructions grammaticales. Je suis encouragée au quotidien par plusieurs coachs, Berlin n'a qu'à bien se tenir !
Quelle méthode choisir, voilà une bonne question. Le mieux, c'est de commencer tout petit, c'est ce qu'on dit. Ensuite, il y a controverse : certains pensent que l'ancienne méthode faite de grammaire et conjugaisons à haute dose était la bonne ; d'autres plébiscitent le "bain linguistique", c'est-à-dire le fait d'apprendre sur place, dans le pays, avec un(e) petit(e) ami(e) du cru, c'est selon. Il semble qu'un bon dosage, un savant mélange entre les deux options soit un compromis acceptable. Étudier très sérieusement, assidûment... et appliquer ce que l'on sait lors de petits voyages pour se mettre à l'épreuve, enrichir son vocabulaire, améliorer sa prononciation et sa spontanéité. Vous l'aurez saisi, mes aventures avec les langues étrangères sont loin d'être terminées !
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