Après avoir redécouvert Renaud assez récemment, après avoir assisté à l'angoisse des fans avant la sortie de son dernier album (allaient-ils être déçus ? allaient-ils le retrouver ?), après en avoir entendu d'autres déclarer qu'à leurs yeux Renaud, le Renaud qu'ils avaient aimé dans leur jeunesse, celui-là était mort, je me suis plongée dans la lecture de son autobiographie. Pour en avoir le coeur net, pour découvrir ce qu'il y avait derrière le miroir. Adepte de ses chroniques régulières dans le journal Charlie Hebdo, j'ai de suite retrouvé ce style inimitable, mélange de parler cru et d'infinie poésie, d'humour et de mélancolie. Renaud nous raconte tout. Son enfance, ses parents et leurs engagements, sa famille, ses grands-parents. C'est ce qui a façonné l'homme. Entre un grand-père intellectuel et un autre grand-père mineur de fond. L'engagement et l'art. Comment aurait-il pu alors devenir autre chose qu'un artiste engagé ? On se dit qu'Etienne Lantier, le défenseur des ouvriers dans le film Germinal, ce ne pouvait-être que lui. Tout le chapitre sur le tournage m'a beaucoup intéressée, moi qui ai pas mal vadrouillé dans le monde des mineurs. En fait, tout le livre, écrit en toute sincérité, sans volonté de tapage, nous en apprend beaucoup sur le chanteur. Renaud se raconte, nous raconte les débuts, la gloire comme par surprise, la peur de décevoir, la culpabilité, l'amour, la tristesse, l'enfer. Autant d'états d'âme par lesquels nous passons tous un jour ou l'autre, à un moment de notre vie. Ensuite, la démultiplication de ces émotions, bonnes ou mauvaises, dépend du degré de sensibilité de chacun. Renaud est par définition un être sensible, une belle personne qui s'inquiète de la marche du monde, qui se sent partie prenante de cette fourmilière dans laquelle tant de gens se débattent pour survivre. Renaud n'est pas une star, en fait, ou pas que. C'est un poète, une voix, une vision de la vie. Quelqu'un de furieusement attachant. Un mec bien, comme on en fait peu.
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