Il y a longtemps, dans une autre vie, quand je travaillais en banlieue parisienne et que j'avais une ribambelle d'origines diverses et variées en face de moi, je terminais toujours l'année par un "cours de langues". Pas un cours d'espagnol de base, non : c'était les élèves qui nous donnaient un cours d'une autre langue, la leur, celle de leur famille, celle du pays d'origine. Une fois en province, voire en pleine campagne, je me suis dit laisse béton, ici il n'y a que des Français de souche. C'est ainsi que je me suis mis le petit doigt dans l'œil jusqu'à l'épaule et que, ayant oublié que les ados sont pleins de surprises, j'ai eu droit l'année passée à un cours de japonais et à un cours de coréen, tous les deux donnés par de jolies blondes passionnées de cultures asiatiques. Cette année, je n'ai pas commis le même genre d'impair et j'ai pris les devants. C'est donc à, non pas une, mais deux heures de cours que j'ai assisté avec mes élèves. Au menu : la langue khmer, son alphabet artistique, sa prononciation douce et poétique et la culture du Cambodge. Que demander de mieux ? J'ai eu un peu de mal à reconnaître en ce professeur enjoué et affirmé ma petite élève réservée du fond de la classe. S'est opérée sous mes yeux une sorte de métamorphose. Elle en impose ! La classe s'est sans peine laissée entraîner dans le voyage, a laborieusement dessiné les lettres khmers sur son cahier et s'est essayé à la prononciation des jours de la semaine, à la composition des nombres. Comme ils en redemandaient, notre professeur d'un jour (de deux, du coup !) nous a offert aujourd'hui un panorama passionnant de la culture du pays de son père : du calendrier au bouddhisme et passant par le mariage et bien d'autres choses encore. Et là, en conclusion, je me suis dit (la même chose que les autres fois, en fait, rien de nouveau sous le soleil) :
1. Quelle révélation de voir des jeunes parler de leurs origines avec fierté !
2. Quelle leçon de tolérance donnée aux camarades qui sont tour à tour admiratifs, étonnés, curieux, emballés !
3. Quelle ouverture d'esprit offerte aux apprenants, de se mettre à la fois dans le rôle du professeur de langue étrangère et dans celui de débutant dans ce qui est aussi une immersion dans une nouvelle culture !
4. Pourquoi diable proposer cet exercice en fin d'année et pas au début, quand il est nécessaire d'aller à la rencontre des élèves ?
5. Qu'est-ce que j'aime ces cours de langues !
1 commentaire:
C'est super ça!
C'est vrai qu'en début d'année ça pourrait être encore mieux. Leur permettre "d'affirmer" leur personnalité sans s'imposer. Découvrir une autre facette de ces camarades...
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