Hier soir sur France 5 était diffusé le documentaire de Davis Guggenheim intitulé "Il m'a appelée Malala" sur la jeune passionaria pakistanaise qui a obtenu le prix Nobel de la Paix 2014. J'avais déjà lu son livre témoignage avec un oeil critique mais, comme souvent, les images chamboulent plus, ont plus d'impact que les écrits. Lorsqu'on lit, on peut encore lever la tête, prendre de la distance, réfléchir. A contrario, les images nous sautent au visage et nous plaquent contre le mur sans possibilité d'analyse. Et les images du documentaire sont soignées : des vues du Pakistan, réalistes, des photos des écoles écroulées par les bombes, croisées avec des images d'animation au tour très poétique, presque enfantin, le tout entrecoupé de scènes stylisées façon film à suspense. Etudié pour nous séduire, nous émouvoir, nous accrocher au cerveau des références à l'enfance, aux grandes productions américaines et aux reportages photos chocs des journalistes de guerre. Un cocktail saisissant qui ne peut que capter 100% de notre attention. Ensuite, le récit qui est fait de la vie et de l'aventure de Malala est le reflet de ce qu'on peut lire dans son ouvrage. Les filles privées d'école, le lien indéfectible avec son père, sa résistance face à l'interdiction de fréquenter les bancs de sa classe et le début des discours publics. Ensuite, l'attentat, le coma, l'Angleterre et la reprise du combat par les mots. Malala est une survivante, on ne peut pas le nier. C'est une jeune fille intelligente dont la maturité a, entre autres, été exacerbée par une enfance passée sous les bombes. Le terrorisme, il n'y a que ça de vrai pour faire grandir les petits trop vite. Bien sûr, comme je le disais dans mon article sur le livre, Malala ne cesse d'être controversée au Pakistan et est accusée d'être le pantin des Etats-Unis. On le sait. Elle a beau avoir émis devant Barak Obama l'idée selon laquelle les frappes américaines aggravaient la situation de son pays, elle n'est plus sur place et on a du mal à la voir autrement que comme une pakistanaise qui n'en est plus vraiment une, hors de la réalité. N'empêche. N'empêche, dixit la journaliste Manon Querouil Bruneel présente sur le plateau du débat et qui avait rencontré Malala alors qu'elle n'avait que 11 ans, cette fille-là est d'une détermination sans failles. N'empêche, son discours tient debout et sa cause est juste. N'empêche, qui mieux qu'elle, lorsqu'elle est présente à la frontière, de l'autre côté de la Syrie, peut comprendre le désespoir des réfugiés qui affluent toujours plus nombreux. N'empêche, elle a pardonné et ça, peu de gens savent le faire. Je me suis peut-être laissée embarquer par les images. Ou par la tonne de pathos mis dans la construction du documentaire. Peut-être. Mais peut-être aussi que je me suis juste pris une bonne claque parce que Malala, c'est une voix, un exemple, un symbole et tout ce qui va avec. Alors, jouet ou pas de l'Occident, je lui souhaite longue vie, à la petite.
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