Après notre chat andalou d'hier, une rencontre avec un macareux des Cornouailles, toujours pour voyager en lecture:
Jenny Colgan, La petite boulangerie du bout du monde, 2015.
Dès le résumé, j'ai su que je deviendrais amie avec ce bouquin. L'entreprise de Polly, qui se composait juste de son mari et d'elle, fait faillite, ainsi que leur couple, par la même occasion. Tous leurs biens sont hypothéqués et les voilà interdits bancaires. Pas moyen de trouver un logement digne de ce nom à Plymouth. Après avoir visité des taudis et des colocations douteuses, Polly cherche à se loger selon son budget très mince. La seule chose d'abordable qu'elle trouve, c'est une bicoque délabrée qui se trouve... sur une île des Cornouailles, seulement reliée à la terre par une route submersible. Qu'importe, elle n'a pas d'autre choix, il lui faut un toit et elle décide que cela lui permettra de faire une pause. Temporaire. Dès les premiers jours de son installation, elle se heurte à l'absence quasi totale de vie économique, à l'affreux caractère de la boulangère - qui est aussi sa propriétaire - et aux bruits que font courir les pêcheurs au sujet de fantômes qui rôderaient sur le port, la nuit. Polly vacille, mais deux choses vont lui permettre de se maintenir à flots : d'abord, elle adore faire du pain, depuis toujours et,
n'ayant pas de travail, elle peut s'adonner librement à sa passion ; ensuite, un petit macareux tombé chez elle par accident un soir de tempête va devenir sa plus fidèle compagnie. Petit à petit, Polly se lie d'amitié avec les pêcheurs et réussit même à se faire embaucher dans la boulangerie de sa propriétaire acariâtre. Et comme le pain, c'est la vie, elle reprend goût à l'existence. Autour de ce personnage ô combien attachant, gravitent une série de personnages plus ou moins secondaires : son amie Kerensa, superficielle mais fidèle ; un Américain ténébreux échoué dans le coin et qui s'est piqué de fabriquer du miel ; son ex mari déprimé retourné vivre chez sa mère et bien d'autres encore, dont aucun n'est négligé. Chacun a son caractère propre et on les voit presque évoluer physiquement dans le récit. L'auteur n'a pourtant pas un style riche en métaphores ou en tournures recherchées. Le vocabulaire est simple. Mais le récit est raconté de manière tellement vivante, sans temps morts, tellement dense et léger à la fois, qu'on est porté par le texte du début à la fin. En allant fouiller sur le site internet de l'auteur, j'ai vu que Jenny Colgan était très productive en terme d'écriture, puisqu'elle publie un ou deux livres par an (mais comment fait-elle ?!!) et qu'il existait une suite à l'histoire de Polly. Je ne suis pas sure d'aller la lire. Non pas que j'en aie eu assez, mais ce premier tome peut se suffire à lui-même. J'ai envie de rester sur cette impression de grand large, sur cette île battue par les vents et protégée du monde par sa chaussée submersible (pas question de construire un pont !), et dans la boulangerie chaleureuse que Polly a finalement installée au rez-de-chaussée de sa maison branlante. Une histoire qui sent bon l'iode et le pain chaud !...
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