Elle est devenue un lieu de pèlerinage. On y vient des quatre coins de France et même de partout dans le monde. Avant, c'était juste le défilé du 1er mai, de ce flot de gens qui manifestaient ensemble. Je me souviens du début des années 2000 où, calme, pacifique, la manif était peuplée de sans papiers qui demandaient des documents pour pouvoir "s'intégrer" à la société française comme on le leur demandait. C'était beau de voir tous ces visages mêlés, ces misères associées et ces mots écrits sur des bouts de carton, au-milieu d'une foule de laquelle nous étions. Depuis, les choses ont changé sur la place. Depuis que des milliers de gens s'y rendent pour commémorer de tristes événements. Riche de son histoire et de sa faculté de rassemblement, c'est par réflexe qu'à cet endroit se sont rejoints des gens de tous horizons au lendemain des attentats de Paris. Le monument s'est alors rempli de bougies, de dessins, de textes, d'images et autres souvenirs. Lieu de commémoration, de catharsis et de partage, c'est aussi aujourd'hui un lieu de pèlerinage, une curiosité touristique. On y fait des photos, on y lit les différents mots et textes affichés. Forcément, on tremble un peu. Pas forcément à cause du souvenir des événements, mais également en pensant à cette foule discontinue qui se presse ici. Comptons les bougies, elles sont innombrables. Si chaque bougie correspond à un visiteur, imaginons le monde qui tombe ici. Sans compter ceux qui passent sans rien déposer. On frissonne.
Passée l'émotion, on scrute les inscriptions d'un peu plus près. Affiches anarchistes. Tracts contre la violence faite aux femmes. Slogans politiques. Tags affreux sur la pierre, le métal, partout. Quel est le rapport ? Il n'y a pas trois ans on inaugurait la nouvelle place de la République. Une belle esplanade. Un mobilier urbain tout beau. Une colonne refaite à neuf. Que reste-il aujourd'hui de cette rénovation qui a coûté suffisamment cher pour qu'on ait l'idée d'en prendre soin ? Objectivement, la colonne, les statues, tout a été saccagé. La spontanéité a été un élan magnifique, mais sur le net, des voix s'élèvent pour protester contre le sort qui a été réservé au monument. La mairie de Paris réfléchit toujours à une formule pour déplacer les marques de solidarité concentrées ici, à la création d'une sorte de mémorial. On se souvient qu'après Charlie, tout avait été passé au karcher, ce qui n'avait pas manqué de choquer. Avant que le scenario ne se reproduise, avant que des discours extrémistes ne fustigent un peu trop fort la réaction populaire, avant que tout ne disparaisse sous les averses et les jets d'eau du nettoyage municipal, on ferait bien de se hâter de transformer le temporaire en définitif. Déplacer pour mieux conserver. Protéger pour sacraliser. Ne jamais oublier.
Passée l'émotion, on scrute les inscriptions d'un peu plus près. Affiches anarchistes. Tracts contre la violence faite aux femmes. Slogans politiques. Tags affreux sur la pierre, le métal, partout. Quel est le rapport ? Il n'y a pas trois ans on inaugurait la nouvelle place de la République. Une belle esplanade. Un mobilier urbain tout beau. Une colonne refaite à neuf. Que reste-il aujourd'hui de cette rénovation qui a coûté suffisamment cher pour qu'on ait l'idée d'en prendre soin ? Objectivement, la colonne, les statues, tout a été saccagé. La spontanéité a été un élan magnifique, mais sur le net, des voix s'élèvent pour protester contre le sort qui a été réservé au monument. La mairie de Paris réfléchit toujours à une formule pour déplacer les marques de solidarité concentrées ici, à la création d'une sorte de mémorial. On se souvient qu'après Charlie, tout avait été passé au karcher, ce qui n'avait pas manqué de choquer. Avant que le scenario ne se reproduise, avant que des discours extrémistes ne fustigent un peu trop fort la réaction populaire, avant que tout ne disparaisse sous les averses et les jets d'eau du nettoyage municipal, on ferait bien de se hâter de transformer le temporaire en définitif. Déplacer pour mieux conserver. Protéger pour sacraliser. Ne jamais oublier.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire