Patrick Bard, Poussières d'exil, 2015.
N'ayant plus rien à me mettre sous l'oeil, j'opère un repli stratégique dans les rayons de ma bibliothèque municipale. Je crains, comme toujours, d'en avoir maintes fois fait le tour et me dirige directement vers les nouveautés. Une saga familiale autour de la guerre d'Espagne et des années Franco. Soit.
Commençons par le bémol. Un homme qui raconte une histoire de femmes. Pourquoi pas. De là à dire qu'il y existe une écriture féminine et une écriture masculine, ne tombons pas dans la ségrégation littéraire. Cependant, l'auteur s'est un peu lâché sur le côté sensuel et sexuel, les orangers, les oliviers, la chaleur, la Méditerranée. Tout ça semble lui être un peu monté à la cabeza. Ou alors je deviens prude. Je me demande si c'était nécessaire, ce déferlement des sens. Le piment de l'histoire, sans doute. Par ailleurs, si on considère que le sang, les larmes, la guerre, les sensations extrêmes et le plaisir sans censure vont de pair, alors...
Le point positif, c'est qu'on pourrait se croire au coeur d'un roman fleuve qui n'en finit jamais, rempli d'aventures familiales sans relief. Oui, mais. Mais il y a l'Histoire, il y a l'Espagne, la guerre civile, Franco, l'émigration clandestine vers la France, les vies plusieurs fois détruites et recollées. Les secrets, les non dits, c'est un thème bateau et on peut s'y casser le nez. Dans ce roman, on accroche. L'histoire espagnole m'étant assez familière, j'ai pu juger de son éventuelle caricaturisation (tiens, un nouveau mot). Or, l'auteur est bien loin du stéréotype, en témoignent les références bibliographiques et personnelles qu'il nous détaille à la fin de son ouvrage. C'est documenté, attesté, véridique. Cela en devient presque réel sous sa plume. Pour une fois, l'avertissement qui a coutume de nous rappeler que tout ceci n'est qu'une fiction n'est pas vain. On se serait presque pris au jeu de tenter de démêler le vrai du faux.
Ce n'est pas mal écrit. Ce n'est pas renversant. Mais ça vaut le détour, ça nous accroche et nous attire page après page jusqu'à la conclusion. A aucun moment on ne s'ennuie, en aucune façon on ne saute un ou plusieurs passages. On adhère jusqu'au bout et, mieux, on en redemanderait presque. Et puis, au regard de l'actualité, la guerre, la prison, la répression, l'exil et l'isolement, le désespoir, la terre, il n'y a rien de mieux pour se remettre les pendules à l'heure.
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