lundi 27 octobre 2014

Le Croisic

Bon, je viens de passer une demi-heure à choisir quelles photos j'allais vous proposer. Dur, dur, quand on sait qu'avec la force du vent de cet après-midi là au Croisic, l'océan a dû changer de couleur toutes les trois minutes et prendre je ne sais combien de teintes différentes. De quoi perturber les aquarellistes. Des peintres, il n'y en avait de toute façon pas, étant donné la force qu'Eole mettait à nous bousculer sur les rochers. Je n'avais jamais vécu un tel tourbillon. Le genre de secousse qui vous nettoie les sinus et vous fait remplir vos poches de pierres pour ne pas vous envoler. Les coquillages, c'est trop léger. Et puis ils n'étaient pas au rendez-vous. Le rancard ne concernait que nous et l'iode, les embruns, le sel, l'océan, le hou-hou du vent dans les oreilles et le mal aux cheveux qui devait s'en suivre. La balade au bord de l'eau n'avait rien d'une partie de plaisir, quoique. Nous l'avons écourtée, mais il est des joies un peu masochistes, des complications qui vous font sentir vivant. J'aime la montagne, c'est mon domaine, comme dirait Gaston Rébuffat, mais je trépignais d'impatience d'aller me frotter à l'élément liquide. Ailleurs que dans des endroits où il reste plus ou moins civilisé
Du "bon côté de l'eau", comme ils disent ici. Evidemment, ce n'est soi-disant pas la "vraie" Bretagne. N'empêche qu'elle fait bien semblant. N'empêche que ça m'a largement suffit pour écarquiller les mirettes. L'horizontalité m'est étrangère. L'immensité de cette masse bleue, ou verte, ou grise, changeante, m'impressionne. Me fait même peur, par moments. Peur d'être submergée par les flots, étouffée. Tandis que les cimes me protègent, m'entourent. Chez d'autres, c'est l'inverse. Les goûts et les couleurs. Le fracas des vagues sur les rochers me donne le vertige. Paraît que c'était du pipi de mouette, comparé aux véritables tempêtes hivernales. Et quelques instants plus tard, plus rien ne bougeait. Le calme plat. J'en fus assez désarçonnée. La mer, on ne peut pas lui faire confiance !
Pour me remettre de mes émotions, me voici devant une crêpe au chocolat flambée au Grand Marnier. J'ai les joues qui brûlent, fouettées qu'elles ont été par le vent agrémenté de sel, par la chaleur de la flamme dans mon assiette aussi, un peu. Derrière mon écran d'ordinateur, ce soir, je respire un grand coup. Juste pour voir si je peux encore me remplir d'air océanique. Juste parce que l'oxygène me manque. J'aimerais bien retourner tâter l'eau du regard, jauger sa force. Et puis rentrer encore au chaud boire du thé. 







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