Une fois sorti du RER, de la fureur de la ville, c'est un luxe que de pouvoir mettre la clé dans la serrure, refermer la grille derrière soi, grimper les marches qui mènent à la porte d'entrée du pavillon et savoir que, de l'autre côté, il y a le jardin. A l'heure où des milliers de gens allument leur télévision pour que ne s'interrompe jamais la rumeur qui hante leur cerveau, d'autres, au contraire, contemplent en silence la végétation qui vit sous leur fenêtre. Bien sûr, il y a de hauts murs qui enserrent le jardin. Bien sûr, le bruit des trains est toujours là. Mais cet écrin de verdure au sein de la métropole est un trésor caché qui offre des ressources insoupçonnées de calme et de paix à ses propriétaires.
Attention, rien ne s'acquiert en claquant des doigts. Il en a fallu du temps, des heures de travail et des années de sacrifices pour se donner la chance de pouvoir arroser ses hortensias à l'abri des regards indiscrets des passants. Le jeu en valait la chandelle. Récolter ses poires, rester en admiration devant le ballet des rouges-queues, cueillir ses roses et sentir, les soirs d'été, les parfums mélangés de la sauge, du romarin, du laurier, de la menthe et de la lavande, à Paris, c'est un luxe. C'est également du travail et l'obstination de toute une vie à conserver son petit lopin de paradis. Au fil des ans, le jardin a changé, a évolué. Selon les périodes et l'existence de ses propriétaires, il a été bichonné ou délaissé. Jamais, pourtant, il n'a été abandonné. Aujourd'hui, comme plusieurs fois dans l'année, il a droit à une remise à neuf, à une attention toute particulière : taille des rosiers et des arbustes aromatiques, désherbage, nettoyage des allées et redécouverte des plantes grasses qui étaient enfouies sous les mauvaises herbes.
Des idées germent sans cesse dans nos têtes : remplacer la lavande qui n'a pas, contrairement à ses camarades, survécu à ses premiers mois parisiens ; apporter du gravillon pour remettre les allées en état. Les passants tournent la tête vers nous et le regard qu'ils nous jettent à travers les grilles est teinté d'amusement, d'envie, peut-être aussi.
Je me sens bien, dans ce jardin peuplé de souvenirs d'enfance, d'apéritifs sur la minuscule table, de soirées d'été solitaires à boire du thé rouge, assise sur les marches, les yeux fermés et l'odorat régalé des effluves chaudes de menthe et de sauge.
Et puis, il y a la cave, sorte de caverne d'Ali Baba pour bricoleur spécialisé : peinture, menuiserie, plomberie, tout y est, au grand complet. Des dizaines de boîtes de vis et de clous, un assortiment de pinceaux de toutes les tailles et de toutes les formes, pour les usages les plus variés, des outils consciencieusement alignés, le tout disposé sur des étagères et des meubles faits mains, garnis de tiroirs miniatures et de recoins savamment pensés pour rentabiliser le moindre espace et rendre l'endroit le plus fonctionnel et ordonné possible. Un bijou d'atelier qui sent bon les savoirs faire du passé.
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