Il y a deux jours, j'ai vu un très beau film et, pour une fois, ce n'était pas sur Arte. Marie Gillain y joue une juge qui traite les cas de surendettement. Par hasard, elle se trouve à étudier le cas de la maman d'une de ses filles, qui se retrouve prise au piège du crédit et des dettes astronomiques à rembourser. A cause de sa proximité, elle est dessaisie de l'affaire et la confie à un collègue spécialiste du sujet, joué par Vincent Lindon. Entre temps, le personnage de Claire découvre qu'elle est atteinte d'une tumeur au cerveau. Avec ou sans traitement, les médecins lui font comprendre que son espérance de vie sera de toute façon très courte. Alors, comme pour finir son travail, pour partir la conscience tranquille, Claire s'obstine à libérer Céline de son surendettement. Elle va même jusqu'à l'héberger chez elle avec ses enfants quand la jeune femme se fait expulser de son logement.
Le film passe au peigne fin les arnaques et publicités mensongères fomentées par les sociétés de crédit, ainsi que le parti pris de la plupart des tribunaux qui font une priorité du remboursement des dettes, au détriment des dépenses vitales des personnes comme le loyer ou l'électricité. On voit ainsi parfaitement décrit l'engrenage du surendettement et ses conséquences familiales et personnelles, l'attente à la dignité qu'il sous-entend et la difficulté de s'en sortir indemne.
Par ailleurs, le thème de la maladie est évoqué sans larmoiements, sans pathos. On voit l'évolution de celle-ci chez Claire et toutes les interrogations, les doutes et les peurs qui en résultent : l'acceptation ou le refus du traitement, le dialogue avec les proches ou le silence, l'abattement et l'envie de vivre une dernière fois qui se battent en duel. Les enfants sont évidemment très présents dans le film, mais cela ne tourne pas au drame. On sous-entend juste habilement l'angoisse de Claire d'abandonner ses enfants, de laisser son mari, de devoir se résigner à partir en n'ayant fait qu'une toute petite partie des choses qu'elle avait envie de faire. Et puis, doucement, elle se prépare à être remplacée...
C'est prenant, émouvant, fort. Trop, peut-être, parce que ça nous renvoie à la peur, au risque, à la mort qui vient en traître, subitement, sans prévenir et qui nous arrache à nous proches. Mais c'est surtout une belle histoire d'amour et d'engagement.
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