Il paraît que dans la forêt de Tronçais il y a des chênes tricentenaires... Il paraît même qu'il faut absolument aller voir ça, que c'est une forêt immense et magnifique, etc, etc... C'est ce qu'on dit. Sauf que moi, j'aime pas la forêt. La forêt, ça m'ennuie. C'est bourré de moustiques, ça sent le moisi et il n'y a pas de paysage à voir. Les allées toutes droites avec des troncs de chaque côté pendant des centaines et des centaines de mètres, ça me donne le bourdon.
D'accord, la forêt de Tronçais est, soit disant, d'après ce qu'on raconte, une forêt hors normes. Mais je reste difficile à convaincre. Il fait beau, alors pourquoi aller s'enfermer dans les bois, au lieu de marcher à ciel découvert, la vue sur l'horizon ? Le cas devient encore plus indéfendable quand j'apprends que le village de Saint Bonnet, départ de la randonnée du jour, est célèbre pour son lac sur lequel on a installé une base de loisirs. Des enfants qui crient, des adultes en maillot et des chiens qui s'ébrouent, voilà qui finit de me déprimer... Mais la voiture dévie. On ne va pas étendre notre gras sur une serviette éponge à la base de loisirs ?
Super ! Un autre lac ! Et désert, celui-là ! Le Vieux Morat, quel drôle de nom ! On en fait le tour ? Trop bien, enfin un panorama qui en vaut la peine !... Non ? C'était juste pour me mettre l'eau à la bouche ? On bifurque vers la forêt ?... Je sens que je me suis fait avoir.
Et en plus il y a des trucs à lire ! Manquait plus que ça ! Depuis quand je fais de la randonnée pour m'instruire ! La vie d'un chêne... Tu parles... Pas sûr, contrairement à lui, que je fasse de vieux os dans cette forêt ! Balaise, l'arbre, de vivre au même endroit pendant 300 ans. Moi qui ai déjà déménagé 8 fois... Surtout que, le chêne en question, on le garde juste comme pièce de musée, il a eu un bol monstre ! Parce que les autres, ses petits copains de clairière, ils ont tous fini en tonneau ! Merci Colbert ! Les plus chanceux, là-dedans, ce sont ceux qui ont servi pour la charpente de marine. au moins, ceux-là, ils ont vu du pays !
Il n'en demeure pas moins que Tronçais, malgré ses grands airs de diva végétale, de star des forêts, n'en possède pas moins les défauts de ses concurrentes les plus médiocres : avec tous ces arbres, on voit à peine le ciel, on se fait suer à cent sous de l'heure à marcher le long de ses interminables allées, si longues qu'on a beau presser le pas, on a l'impression qu'elles n'en finissent pas.
Vous voyez, ce n'est pas difficile d'écrire une chronique en faisant croire qu'on n'a pas aimé l'endroit qu'on a visité ?
Allez, revenez au début et prenez cela pour de l'ironie. Relisez alors le texte en essayant d'y débusquer la curiosité, le plaisir, l'admiration, le bien-être...
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