Huit heures du matin, départ pour Colomi. Nous montons dans un trufi taxi au bout de l'avenue Oquendo à Cochabamba, une sorte de voiture breack pour neuf personnes dans laquelle quatre femmes bien en chair s'entassent sur une banquette pour trois, c'est vous dire si on est en surcharge. Nous quittons la ville qui n'en finit pas, longeons Sacaba, pour nous trouver enfin à la campagne. Les paysages commencent à se dessiner, les montagnes prennent forme, la voiture roule trop vite dans les grandes courbes de la route. A peu près une heure plus tard, nous sommes à Colomi.
On m'avait prévenue, habille-toi, on sera à 3000 mètres d'altitude, à Colomi il fait très froid. J'avais répondu mais non, la montagne, le froid, ça me connaît, dans les Alpes on est en short à 14 degrés. Oui, sauf que j'ai vite déchanté : à Colomi, il ne fait pas simplement frisquet, non... C'est à mourir congelé sur place !!! Quand il y a du soleil, on se dit qu'allez, courage, on va supporter. Mais quand il se cache, c'est le frigo ! A ma décharge, je crois qu'on m'avait un peu menti en sous-estimant l'altitude... Passons. Colomi est donc, mis à part son climat glacial et humide, une charmante bourgade située sur la nouvelle route vers Santa Cruz, ce qui en fait un centre névralgique pour ce qui est des échanges commerciaux. La région est d'ailleurs encore très rurale et ses marchés débordent de fruits et légumes de toutes sortes, produits dans le coin ou venant tout droit des régions tropicales, puisque Colomi est aussi la dernière barrière montagneuse avant le Chapare.
Après avoir visité la ville, grimpé jusqu'à son cimetière montagnard, dans lequel des centaines de personnes se réunissent chaque année, à l'époque de la Toussaint, pour partager ces moments avec leurs défunts, nous prenons à nouveau la route en direction du nord, pour nous rendre au lac de Corani.
Ce lac artificiel est en fait le résultat d'un barrage qui a été construit dans les années 60 et qui permet encore aujourd'hui, entre autres, d'alimenter en électricité la ville de Cochabamba.C'est à l'heure actuelle le barrage le plus grand du pays, situé à plus de 3000 mètres d'altitude.
Une fois abordées les questions techniques, parlons du paysage...
Non, ce n'est pas une edelweiss, mais ça y ressemble. Je me suis retrouvée là-haut dans mon élément : pas un bédouin en vue, les montagnes autour, les nuages accrochés aux cimes et le barrage, digne des monumentaux ouvrages suisses. Une sorte d'espace hors frontières, une configuration du paysage qui me fait sentir extrêmement... chez moi ! La plage qui longe le lac scintillant ressemble à des sables volcaniques, noirs, anthracites. La végétation est époustouflante : on y rencontre évidemment des eucalyptus, d'ailleurs plus immenses les uns que les autres, mais aussi des pins aux essences si particulières. Cet endroit est d'une beauté indescriptible, l'un de ces joyaux naturels que l'on voudrait garder intacts. C'était ma première fois à Corani, mais je n'ai qu'une envie, y retourner. Cette année, je ne me suis pas rendue au Titicaca, mais j'ai trouvé ma perle à moi : Corani, sans touristes, juste nous et les teintes changeantes de l'eau.
Cette journée restera évidemment gravée dans ma tête, pour ses paysages et pour les avoir découverts avec des personnes, non seulement à qui je tiens beaucoup, mais également spécialistes du sujet, intarissables sur leur belle région.
D'ailleurs, pour plus d'informations sur la ville de Colomi et sa région, tout est dans ce travail très complet réalisé par le gouvernement municipal entre 2002 et 2007 :
http://www.bibliotecadigital.fam.bo/files/biblioteca/395/45886aea8f685e06780c68574215862d.pdf
C'est là que s'achève mon voyage en Bolivie. Je quitte cette fois le pays sans amertume, sans crainte, sans drame. Juste la joie d'avoir retrouvé mon beau pays, de m'y être sentie accueillie et chez moi comme jamais et l'envie d'y revenir très vite.
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