La première visite qu'il faut faire à Sucre, c'est celle de la Casa de la Libertad, qui retrace toute l'histoire de la capitale et du pays. Le bâtiment se trouve sur la place 25 de mayo, et le récit très vivant qu'en fait la guide est à ne pas manquer.
Tout commence par l'entrée dans le patio, puis dans la grande salle où se réunissaient les pères fondateurs de la nation. Les textes et gravures de la première constitution bolivienne sont pieusement conservés dans l'enceinte de ce qui est aujourd'hui le musée. Quelle émotion de se retrouver à l'endroit même où la Bolivie a signé sa déclaration d'indépendance, le 6 août 1825 ! Bien sûr, pour en arriver là, il a fallu se battre contre les colons espagnols. C'est pourquoi on n'oublie pas les héros de la guerre d'Indépendance, comme l'a été la célèbre Juana Azurduy.
Impossible également d'omettre les terribles batailles, comme celle d'Ayacucho, au termes desquels le pays a pu se déclarer territoire libre du joug de la couronne ibérique. Quant au drapeau, c'est toute une aventure. Caché pendant la guerre puis retrouvé, plusieurs fois modifié, il trône aujourd'hui aux côtés de l'énorme buste du libérateur, Simon Bolivar, taillé dans un seul tronc d'arbre. De part et d'autre du grand homme (premier président effectif de la Bolivie, mais on préfère ici dire que c'est le maréchal Sucre qui a effectivement assumé le pouvoir le premier et qui a donné son nom à la capitale), figurent le drapeau rouge, jaune et vert (le sang, l'or et les richesses de la terre), orné de son blason, ainsi que la wiphala, le drapeau des indigènes, remis en vigueur par l'actuel président Evo Morales, comme le signe de la fin des discriminations pour les peuples natifs de tout le territoire. Pour ce qui est de Bolivar, les Boliviens d'aujourd'hui sont beaucoup plus critiques à son égard et ont plutôt tendance à le considérer comme un traitre qui a laissé les territoires se vendre aux uns et aux autres, privilégiant les intérêts personnels plutôt que ceux des toutes nouvelles nations. "Il nous a libérés des Espagnols pour mieux nous vendre ensuite !"…
Autre hic dans le musée, les portraits des présidents démocrates qui voisinent avec ceux des dictateurs comme Banzer ou Sanchez de Losada… En France, on n'imaginerait pas un tel musée rendant un hommage égal au général De Gaulle et à Pétain.
Qu'importe, Sucre est, et le revendique, le berceau de la nation. Qu'on se le dise !
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