Anne Tyler, Les petites filles du soleil, 2007.
L'été est la saison où l'on n'a pas envie de lire des livres prise de tête qui font transpirer, avec des intrigues tirées par les cheveux, ouïe, ça fait mal.
C'est l'histoire de deux familles qui adoptent en même temps deux petites filles venues de Corée. Les premiers sont des Américains moyens dans tout ce qu'ils ont de lourdingue, d'excessif mais d'attachant ; les seconds sont des immigrés iraniens avec des principes - sans doute trop - et de la délicatesse. On dirait le scénario d'une comédie de base. Pourtant, comme avec la plupart des comédies de base, la mayonnaise prend. Les Donaldson et les Yazdan vivent tellement différemment leur relation à l'adoption qu'on frise souvent la caricature. Cependant, les personnages sont bien dessinés, incarnés et l'on peu facilement s'y identifier. La relation entre les Américains de souche et les immigrés en dit long sur les Etats-Unis, mais également la situation des primo-arrivants en général et le traitement qu'ils reçoivent de la part des natifs du pays dans lequel ils débarquent. Inévitablement, les premiers contacts se font, de part et d'autre, sous le signe des clichés, des a priori négatifs ou de la valorisation béate de l'exotisme. Dans ce roman, l'auteur va un peu plus loin que la série classique de quiproquos en explorant aussi les décalages déjà présents dans chacune des deux cultures et en les confrontant à l'arrivée de leur bébé coréen. Cela ressemble à une expérience en miroir, dont le déroulement met en relief tant les traits propres à chacune des deux familles, que les réflexes généraux face à ce type de situation : le maintien ou non d'un lien avec le pays d'origine de l'enfant ; le respect ou non de traditions propres à sa culture biologique ; la place d'étranger qui n'en est pas un, de cet Américain pur jus venu d'ailleurs. Dans le cas de la famille Yazdan, la question de la légitimité de la tradition, ainsi que la problématique de l'intégration sont mises en abîme, puisque le bébé coréen grandit dans un environnement déjà mixte, dans lequel se côtoient des Iraniens ayant embrassé le mode de vie yankee et d'autres qui ont recréé aux Etats-Unis un microcosme qui ne diffère pas beaucoup de ce qu'il pourrait être à Téhéran. Sans compter les changements politiques survenus là-bas, qui surajoutent à la complexité du panorama.
Il en fallait, de l'audace et du doigté, pour tout poser sur le tapis et faire se laver le linge sale en famille !
La seule chose que l'on peut regretter dans le roman d'Anne Tyler, c'est cette histoire d'amour transculturelle qui est soit mal traitée, soit inutile. Mignon. Outre ce bémol, le reste est une trouvaille.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire