Je viens de terminer un excellent livre, mais les images du film vu hier me hantent et je ne peux faire autrement que de vous en parler.
Je suis tombée dessus par hasard, hier après-midi, en zappant sur Arte (s'il ne devait rester qu'une chaîne, ce serait celle-là). Le rythme de départ de ce téléfilm allemand semblait assez lent, mais la manière crue de filmer les personnages (crue, dans le sens sans artifice, sans autre intention que de les montrer tels qu'ils sont) m'a interpellée. J'ai vu ce médecin tourmenté par son passé, et ce jeune homme atteint d'un cancer en phase terminale qui le questionnait. J'ai totalement accroché quand j'ai su que Stefan, le médecin, partait pour une île de la Baltique afin d'exorciser le lourd secret qu'il porte en lui : vingt ans auparavant, en 1988, il a fait partie des hommes armés qui surveillaient le rideau de fer, avec l'ordre de tirer sur quiconque tenterait de le passer clandestinement. Stefan a dû tirer, et il a l'intention de retrouver Silke, l'une des deux fugitives, et de lui révéler que c'est lui qui a tué son mari, avec qui elle tentait de s'échapper vers l'ouest. Paul l'accompagne. Il n'a plus rien à perdre : orphelin, condamné par sa tumeur au cerveau, il n'a d'autre ambition que de fuir vers l'avant et de finir sa vie comme il l'entend. Seulement, une fois au bord de la Baltique, les choses ne se passent pas comme prévu. Ce qui devait ne durer que quelques heures, le temps d'une brève conversation, d'un coup d'éclat, se transforme en séjour prolongé sur l'île. Stefan ne parvient pas à parler à Silke. Paul s'amourache de la fille de celle-ci. Des liens ambigus et faussés par le mensonge se tissent.
Ce n'est pas un mélo. Ce n'est pas larmoyant, pas pathétique, pas tiré par les cheveux. C'est authentique, ça nous interpelle. C'est un nouveau regard sur l'histoire, une vue de l'intérieure, complètement étrangère au manichéisme ambiant, d'un côté les bons, de l'autre les méchants. C'est un miroir que l'on nous tend et dans lequel nous répugnons souvent à nous regarder en face. Avec ce téléfilm, c'est notre condition d'hommes et de femmes tourmentés par des décisions à prendre, des responsabilités à assumer et d'angoissants repentirs qui est observée à la loupe. Et, de nouveau, se poser la question, toujours : et nous, qu'aurions-nous fait ?
Le gardien du rideau de fer repasse ce soir sur Arte. Ne le manquez sous aucun prétexte. Vous en ressortirez différents.
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