Vendredi 18 avril. 12h35.
Quelque part au bord de l'eau...
Temps couvert, vent frais, le soleil qui envoie quelques chauds rayons à travers une atmosphère moite.
Il est assis à une table de pique-nique. Seul. Son thermos est posé devant lui et il dévore paisiblement un sandwich. Appuyé sur la table, son bourdon de pèlerin. Tordu. sinueux. En bois naturel.
Sous le banc sur lequel il est assis comme pour y rester toujours, il a posé son sac à dos, gueule béante, délavé par les soleils et les lunes depuis lesquels il semble marcher. Il vient de partout et de nulle part, mais la tranquillité qui émane de lui nous fait dire qu'il sait où il va. Il a l'aura au diamètre infini, l'énergie sereine diffusée de quelqu'un qui n'est pas attendu, du marcheur au long cours.
Je baisse les yeux. Ses pieds nus se reposent sur l'herbe fraîche. Il va certainement repartir dans de courtes minutes. Cette pause n'est sans doute qu'une brève respiration entre deux routes, celle de l'avant et celle de l'après. Mais, ce qui compte, pour lui, de toute évidence, c'est le temps présent, le seul valable. Il n'a l'air ni triste, ni gai. Il est juste là, maintenant. Ses pieds nus sur l'herbe fraîche.
Je le regarde à travers la vitre, blindée, dans ma voiture. Il va se remettre à marcher, le nez dans le vent ; je vais m'enfermer dans une salle. Il se laissera guider par l'astre et par son instinct ; mon temps sera haché par des sonneries, mutilé par des obligations d'horaires et de lieu. Je suis déjà loin, mais quelque chose en moi est resté sur ce banc. Mon âme s'est déchaussée. Mon sang montagnard s'est enroulé autour de ce sac à dos bleu délavé. Mon coeur est resté là, pieds nus sur l'herbe fraîche. J'ai eu envie de lui dire, "attendez-moi"... Et puis j'ai appuyé sur l'accélérateur. La vision s'est faite lointaine. Irréelle. Etait-il vraiment là ? Ou ailleurs déjà ?
Ce soir, ma tête le suis encore. Où es-tu ?
1 commentaire:
je comprends, je comprends.....
PCR
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