Jean Louis Fournier, La servante du Seigneur, 2013.
"Touchant", "Intéressé", "Indécent", "Courageux"... Voilà, à travers les qualificatifs qui ont pu lui être attribués sur le net, un livre qui suscite la polémique. Et moi, j'aime la polémique. J'avais bien aimé Le CV de Dieu, je l'avais trouvé drôle, bien trouvé, bien écrit, alors j'ai eu envie, après avoir entendu l'auteur il y a quelques temps déjà à la radio, de lire celui-ci. Jean Louis Fournier, dans ce programme radio, parlait de son désarroi de voir sa fille embrigadée dans un mouvement religieux sectaire. Il se disait vivre dans l'incompréhension et la tristesse de l'avoir "perdue". A mon avis, ce qui fait le bien et le mal du livre, c'est son ton. Humoristique, sarcastique, mi-léger, mi-nostalgique, le style d'écriture choisi pour aborder le sujet sert et dessert le fond. Ce qui explique les deux opinions divergentes autour de La servante du Seigneur : certains appuient la démarche, soutiennent l'auteur et justifient l'emploi de l'humour comme un moyen de survivre à la douleur provoquée par cette "perte" ; d'autres, au contraire, le soupçonnent d'opportunisme et d'utiliser ses prétendus malheurs familiaux pour "se faire de l'argent". Dans un premier temps, jusqu'au terme de ma lecture, je me suis située dans la première moitié. Et puis, j'ai été surprise de lire, en guise d'épilogue, le "droit de réponse" de Marie, la fille de Fournier. Une fille qui, d'après ce qu'elle dit, n'a rien de désespérée ni de "sectarisée", à défaut d'avoir été "starisée" par son père. Un père qui, déjà, avait occasionné des débats houleux et des protestations indignées, après la publication d'un livre sur ses deux fils handicapés. Alors, d'un coup, je me suis prise à examiner les arguments de la deuxième moitié des réactions du net, de ceux qui reprochent à l'écrivain d'imposer au grand public, d'une certaine manière, des séances de psy couchées sur le papier. Intéressé, Jean Louis Fournier ? C'est vrai, on ressort un peu mal à l'aise de cette lecture et on aurait "préféré", même si on ne lui aurait pas souhaité, que l'auteur nous parle de l'emprise d'une "vraie" secte sur sa fille, ce qui aurait peut-être plus justifié l'écriture d'un tel livre. Ou la question de l'opportunité de déballer sa vie dans des livres... Si on lui pardonne, à Jean Louis, c'est vraiment parce qu'il a une plume très efficace...
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