Yves Garric, Des paysans qui ont dit non, 2010.
J'ai tardé un peu à terminer ce bouquin, j'ai pris le temps, non que je me sois ennuyée entre ses pages, mais l'information était dense, riche. Et puis, si j'ai été absente du blog cette semaine, c'est que j'étais dans le Larzac. Oui, partie, plongée dans ces récits de vie, ces histoires de paysans dans ce qui les réunit : leur combat pour une agriculture humaine, pour la sauvegarde de leur mode de vie et de leurs terres.
Yves Garric a rencontré et fait parler toute une série de personnes, nous offrant ainsi des témoignages allant du particulier, du personnel, aux affres de la grande Histoire. Nous parcourons, en écoutant ces voix, une large frange du XX ème siècle, de la grande Guerre à la deuxième guerre mondiale, en s'arrêtant un long moment sur le traumatisme de la terrible guerre d'Algérie. Un conflit qui ont jeté un grand nombre de jeunes paysans rouergats sur les champs de bataille du désert, pour les rendre marqués au fer rouge et transformés à vie à leurs troupeaux et à leurs champs. Nous suivons aussi les pas de ceux qui sont montés tenter leur chance à la capitale, petit peuple d'apprentis cafetiers qui ont, pour certains, réussi, et qui, pour d'autres, sont repartis au pays et ont repris l'exploitation familiale. Pour ces derniers, la route a toujours été longue, sinueuse et semée d'embûches. Il a fallu lutter toujours pour imposer des modes de productions qui allaient à l'encontre des nouvelles tendances qui commençaient à se mettre en place à l'époque : utilisation intensive d'engrais, surproduction, et monopole de la grosse entreprise de Roquefort. Au lieu de cela, ces hommes et ces femmes dont Yves Garric nous dresse le portrait dans ce livre, ont choisi une agriculture raisonnée, l'amour du produit, le naturel avant tout. Pour beaucoup, la prise de décision de s'orienter vers le biologique n'a pas été sans leur causer de critiques, voir d'ennuis. Et puis, au centre de toutes ces existences, le combat pour le Larzac, ce grand élan populaire qui a réussi a bouter hors de ces belles terres les chars et les bombes de l'armée qui avaient saccagé le paysage et méprisé les gens.
Des récits captivants, prenants, riches d'information, retranscrits par quelqu'un qui manie la plume avec l'admiration et le respect qui est dû à ces âmes courageuses et passionnées qui sont les gardiens de nos terres.
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