Kathryn Stockett, La couleur des sentiments, 2009.
Cela fait plusieurs mois que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi bon, et pas lu tout court, d'ailleurs. Mais cette fois j'ai pris le temps. J'en ai même raté des programmes télé pourtant intéressants, je me suis précipitée chaque soir dans ce roman captivant, tendre et dur à la fois, qui nous met face à une réalité historique gênante, tabou : celle du quotidien des bonnes noires employées dans des familles blanches, dans l'Amérique du début des années 60. Ce qui est remarquable, c'est que les narratrices sont justement ces bonnes, et par leur voix on apprend beaucoup de choses sur leurs vies, leurs états d'âmes, les difficultés et les souffrances, physique et morales, liées au racisme, à la discrimination, au mépris et à la douleur de devoir poser des limites affectives avec les enfants blancs qu'elles élèvent et aiment pourtant. L'autre narratrice, c'est miss Sketter, une jeune fille blanche qui fait ses armes d'écrivain en donnant la parole aux bonnes qui ont accepté, malgré le danger et la violence qui les entoure, de lui confier leur témoignage. Une sorte de mise en abîme extrêmement fine et bien réussie puisque cette jeune femme n'est pas un double de l'auteur ni une projection de ses propres élans, sentiments ou opinions. Elle est un personnage à part entière, précisément dessiné, attachant, un rôle au complet.
La couleur des sentiments est un roman passionnant, qui colle à la peau et à la conscience, qui nous interroge sur nos propres actions, sur notre capacité à ignorer ou à accueillir l'autre, et qui pose aussi, de manière plus globale, la question de la responsabilité d'Etat, de l'Histoire, de notre passé à tous, de l'homme dans son universalité.
Un sujet encore brûlant, tant en Amérique qu'en France, nous le voyons bien dans notre actualité, mais un sujet pas aussi tranché que l'on veut bien nous le faire dire. Pas noir, ni blanc, mais une réalité mitigée, mixte, métisse, complexe.Première leçon, réfléchir longuement avant d'émettre une opinion...
Reste maintenant à regarder dans sa totalité le film adapté du roman et qui est lui aussi un chef-d'oeuvre !
2 commentaires:
je veux bien que tu me le prêtes ! depuis le temps que j'en entends parler (la plupart du temps en bien, voire même en très bien) biz pcr
C'est noté !!
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