Lorant Deutsch, Métronome, 2009.
Commençons par la polémique. Lorant Deutsch accusé d'affabulation et de défendre la Monarchie au détriment de la Révolution. Oui, oui, en France, c'est mal vu. Mal vu d'avoir un avis, mal pensant de ne pas être contre les puissants. Ce même fameux parti qui ne manque jamais de nous rappeler quelle belle démocratie a pu être Cuba ces dernières années et quelle belle époque celle d'avant la chute du mur. Bref, une armée de vieux croûtons engoncés dans des fauteuils années 70 et qui refusent obstinément de voir la part noire de l'histoire. Car, de ce côté, moi qui suis bien loin d'être royaliste et trop fervente catholique tel qu'on a pu en qualifier l'auteur, je n'ai à aucun moment lu dans ce livre d'excuses trouvées face aux inconséquences et aux excès libertins ou violents de la Monarchie. Alors, peut-être que le fait de décrire simplement le sang versé lors de la Révolution suffit en France à faire de quelqu'un un ennemi de la Démocratie... Ces gens-là, qui ont protesté à la sortie du livre, ne se souviennent peut-être pas de la fameuse phrase du Che, qui disait lui-même qu'une révolution ne se fait pas sans verser de sang. Quant aux affabulations et aux inventions historiques, le jeune homme semble suffisamment passionné par son sujet qu'on doute qu'il se soit laissé glisser dans la médiocrité de ceux qui parlent pour ne rien dire. Mais, là encore, en France, si l'on n'est pas universitaire et qu'on écrit pourtant sur un sujet spécialisé, on est aussitôt mis en accusation, traité d'incohérent et d'ignorant ; surtout, on devient gênant pour les pauvres ronds de cuir des facultés de France qui s'abîment les yeux pendant des décennies sur un thème historique et culturel sans jamais parvenir à la gloire.
Passons et revenons au livre en lui-même. Je suis désolée, vraiment, messieurs les chercheurs sibyllins et élitistes, mais cette vision-là de l'Histoire et surtout cette manière incomparable de la raconter me séduisent. Sans doute parce que, tiens, c'est très étrange, comme des millions de Français qui ont plébiscité le livre de Lorant Deutsch, je suis une inculte, une handicapée de la chronologie, une fâchée des débuts et des fins de règnes, des sacres et des successions. Mais qu'entends-je dans l'oreillette ? Une culture de masse n'est pas forcément de la culture ? N'est pas culture qui veut ? Allons, ne soyez pas plus offensants que vous ne l'êtes déjà. En aucun cas la confusion ne serait permise entre Nabilla et Lorant Deutsch, entre les livres de vulgarisation historique, technique et culturelle et la téléréalité, et vous le savez très bien. Le grand public n'est pas qu'une masse au cerveau informe et englué dans les bassesses qu'on veut bien lui servir. Ce livre est vraiment un condensé d'informations, qui plus est écrit dans une langue riche, imagée, dense, colorée, digne d'un très bon écrivain.
Une approche décomplexée de l'Histoire comme on aimerait en lire plus souvent en France, pays de la Révolution et de l'élitisme culturel...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire