Essaie encore une fois. Renie-toi. Maquille-toi un peu, ça passera. Raidis-toi, franchis la porte. Mens-toi un peu, ça fait moins mal. Revêts la carapace, le costume, ton armure. Le seuil franchi, ferme les yeux intérieurs, n'ouvre que ceux dont tu as besoin pour conduire, te diriger dans la ville. Ne fonce pas dans un mur. Quoique. Chaussures à talon pour voir ta duperie de haut, sans te tordre la cheville, même si tu te tords les boyaux. Renferme-toi dans ta voiture. C'est parti. Mesdames et messieurs, le spectacle va commencer ! Avec ce petit numéro de cirque, tu es passé maître dans l'art de l'illusion. Tu joues si bien ton rôle qui tu finirais presque par y croire. Certains ne sont pas dupes, alors tu forces le trait, tu exagères, tu obtempères. Descends de voiture, dernière bouffée d'air, saturée du souffre de la dernière cigarette. Renferme-toi dans ton bureau. Étouffe toi. Condamnation, c'est pire qu'une geôle. Tu as pris perpète. Emmêlé dans tes propres mécanismes, tu t'es tellement renié, tu t'es tellement menti que tu ne peux même plus t'avouer la vérité, que tu n'en as pas la force, pas le cran. Tu es pris dans tes propres filets. Poisson pêché, pigeon piégé. La journée se termine. Tu sors sans regarder derrière toi. Retiens ton souffle, plus que quelques mètres. Le trottoir, la voiture, la clé, le contact, le moteur. Retour à l'envoyeur. Encore un jour de fait. Raye-le. Bagnard. A la fin de la ligne, raye toute la semaine. Raye avec la sueur de ta frustration, raye le rêve, raye l'ailleurs, raye l'autre chose, raye l'envie, raye le allez en avant, raye l'après, raye ton nom. Jour suivant. Essaie encore une fois. Non. Renie-toi. Non. Maquille-toi ça passera. Non, ça ne passera pas parce que je casse. Je me casse. Aujourd'hui, vado via. Et demain ? Essaie encore une fois.
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