Franz Olivier Gisbert, Dieu, ma mère et moi, 2012.
Cher lecteur. Il faut que je t'avoue une vérité. Je te cache des choses. Eh oui, je sais, je ne suis pas tout à fait honnête, pas celle que tu croyais, peut-être. Le fait est que, non, je ne te parle pas de TOUS les livres que je lis. Je sais, je sais, tu es déçu, sans doute irrité. C'est pourquoi, aujourd'hui, pour me faire pardonner, je vais te faire partager ce que, d'habitude, croyant t'épargner dans un élan de générosité que tu pourrais tout aussi bien prendre pour du mépris, je garde pour moi : la chronique d'un des quelques livres que je n'ai pas aimés. J'admets que je devrais parler de tout sans rien omettre, pour te laisser toi-même juger des qualités et des défauts d'une oeuvre, pour qu'on puisse en débattre. Soit, tu l'auras voulu.
Je n'ai donc pas aimé le livre de FOG. Le titre était pourtant prometteur et le résumé alléchant : un fils qui poursuit avec sa mère morte les conversations sur Dieu qu'ils avaient pu avoir ensemble par le passé. C'est mignonnet. Sauf que l'intérêt s'effrite pour carrément s'envoler au bout de quelques chapitres.
"Je sais que je vais déranger en me mêlant de ce qui ne me regarde pas. De philosophie et de théologie, par exemple. Pardonnez-moi. Je ne suis qu'un amateur."
Mais, non, le lecteur ne t'en veut pas, cher auteur... Je crois qu'en fait, il s'en fout. Et, pire encore, je pense même qu'au regard de toute la lecture, on peut trouver cette introduction passablement prétentieuse. Car, non, Gisbert est loin d'être un amateur. Au contraire, son livre est un recueil de science, de savoir, voire un étalage, de connaissances philosophiques et théologiques. Alors, il fallait aller au bout, ne pas feindre la modestie et pondre carrément un ouvrage de vulgarisation sur Dieu. Pas une sorte d'entre-deux, entre deux chaises, entre la naïveté enfantine et la narcissique affirmation de soi. Tu me trouves peut-être dure, cher lecteur, mais je peux t'affirmer, et cela m'arrive rarement, qu'hier soir, à 21h43 précises, en refermant ce livre, j'ai prononcé ces mots à voix haute :
"Sans intérêt, ce livre."
Et puis, à diverses reprises, et je peux te le dire sans peur et sans reproches, cher lecteur, moi qui suis une grande lutteuse, non pas devant l'Eternel, mais devant l'éternelle page blanche, à diverses reprises donc, je me suis trouvée face à un flagrant délit de remplissage : idées reprises d'un chapitre à l'autre, voire paragraphes entier recopiés, sans doute parce que l'auteur s'en sentait fier comme d'une géniale trouvaille, expressions réutilisées sans cesse, tant et si bien qu'on aurait pu les compter.
C'est étonnant comme les lectures se croisent, se fondent ou se téléscopent. J'ai commencé un autre livre, et voici ce que j'ai pu y lire, en souriant, pas plus tard qu'à 17h04 :
"Le lecteur songera peut-être que l'évocation d'un incident aussi insignifiant que cette histoire de taupe sent fortement la panne d'inspiration.
Je suis moi-même un liseur assez acharné pour savoir qu'on ne cesse jamais de surveiller le comportement de l'auteur derrière ses mots, un peu comme le maton observe le détenu à travers l'oeilleton de sa cellule pour s'assurer qu'il garde assez de ressort pour aller jusqu'au bout de sa peine. Rien de plus navrant que ces moments de passage à vide où le prisonnier reste vautré sur sa couchette plutôt que d'aller en promenade, et où l'auteur se love dans le creux d'un non-événement pour vous diluer sur plusieurs pages une anecdote futile et assomante."
(Didier Decoin, Avec vue sur la mer)
Voilà, cher lecteur, ce que cela peut donner quand je parle d'un livre que je n'ai pas aimé. Peut-être es-tu choqué, ou en transe. Pour ma part, je suis entre la culpabilité et la jubilation.
2 commentaires:
superbe critique!!!Menée de main de maître!
J'ai reçu ce livre, je l'ai regardée perplexe et je l'ai boudé
Je ne l'ai pas lu...
Bien m'en a pris!!!
Et tu lis jusqu'au bout les livresque tu trouves sans intérêt?
en fait, j'ai attendu jusqu'au bout l'illumination, elle n'est pas venue !
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