dimanche 5 février 2017

Une vie après la mine

Il était impossible pour moi de manquer la diffusion de ce documentaire sur les anciens mineurs français. C'est mon sujet de prédilection, je vous le rappelle ! Trois sites sont mis à l'honneur : celui de Loos en Gohelle, dans le Nord ; celui de Rosbruck en Moselle et celui de Carmaux dans le Tarn. Pour ces trois régions pionnières dans l'industrialisation de la France, la fermeture des mines dans les années 80 - 90 a sonné le glas d'une activité économique et sociale florissante. Les installations se sont mises à rouiller et les Charbonnages de France ont littéralement abandonné leurs anciens employés, les laissant dans le désarroi le plus complet, la plupart du temps atteints de la terrible silicose qui leur ronge les poumons. Cette maladie, injustement sous-estimée par les caisses de Sécurité Sociale, provoque encore aujourd'hui de nombreux décès, mais elle n'est pas la seule. Cancers du poumons, cancers de la vessie ou leucémies touchent aussi de plein fouets les travailleurs, et pas seulement ceux du fond, puisque ceux des ateliers manipulaient également des tas de produits hautement toxiques sans information, sans protection, sans aucune sensibilisation de la part de l'entreprise. Ce n'est qu'au terme de longues années de procédure que les mineurs, assistés par les syndicats, obtiennent en 2016 la condamnation des Charbonnages de France pour mise en danger de ses salariés et négligences. 150 000 morts plus tard de maladies respiratoires, la victoire est bien amère. 
(mine de Siglo XX - Bolivie) 
Outre les maladies, c'est aussi la dégradation accélérée des terrains qui affectent les populations locales. A cause des infiltrations d'eau dans les galeries abandonnées, les inondations se multiplient. Les sols se sont affaissés, parfois de plusieurs mètres. Des habitants nous montrent les fissures qui lézardent les murs de leurs maisons, ainsi qu'un plancher qui connaît un dénivelé de 50 cm de part et d'autre du bâtiment. De quoi souffrir de vertiges et de malaises, et se voir condamné à vivre dans une maison qui ne vaut plus un centime. Silicose, inondations, tassements de terrain et chômage très élevé, un cocktail détonant qui entraîne les citoyens, passés de la structure pyramidale rassurante de l'entreprise minière à un total abandon, à se tourner vers les extrêmes. 
(mine de la Machine - 58)
Cependant, à certains endroits, on choisit de miser autant sur la conservation de la mémoire que sur l'avenir. On dénombre ainsi un certain nombre de musées qui sont nés de l'initiative propre de petits groupes de mineurs lesquels, ensemble et de leurs propres mains, se son acharnés à reconstituer des galeries, à créer des espaces pédagogiques pour transmettre ces savoirs-faire qui tendront peu à peu à sombrer dans l'oubli. La fête de la Sainte Barbe, les spectacles vivants comme celui de Petite Rosselle, en Moselle, sont autant de témoignage vivaces de la mémoire minière. En ce qui concerne les communes, la plupart ont préféré tourner le dos au passé, mais certaines, en valorisant le patrimoine industriel, s'investissent complètement dans l'avenir. Le portrait du maire de Loos en Gohelle, dans le Nord, Jean-François Caron, est édifiant et redonne une haute dose d'espoir dans ce panorama attristant. Loin de rester dans la passivité, c'est lui qui est allé devant l'UNESCO afin que le bassin minier du nord de la France soit reconnu patrimoine mondial de l'humanité. Et c'est chose faite depuis 2012. Par ailleurs, il a opté pour sa commune pour le développement durable, la haute technologie, l'éco habitat, le "passage du noir au vert", comme il l'explique très bien. Certes, le tournage du film Germinal a beaucoup apporté, a mis en lumière cette région et sa tradition ouvrière. Mais ce fut un bref éclair et beaucoup de travail reste encore à faire pour ne pas sombrer. On le voit notamment avec cette discrimination qui subsiste envers les travailleurs immigrés marocains, arrivés dans les années 70, et qui vivent dans la misère à cause d'un cruel manque de reconnaissance et une inégalité criante de traitement. 
Vraiment, je suis restée émue, passionnée par ce reportage de France 2 et cela a décuplé mon envie, déjà grande, d'aller voir les régions minières françaises de plus près ! 
(mine de la Motte d'Aveillans - 38)
Et là mes quelques visites de mines en France et ailleurs :
- mine de La Machine (58)
- mine de Peisey Nancroix (73)
- mine de la Motte d'Aveillans (38)
- mines de Siglo XX (Bolivie)
- mines de Potosi (Bolivie) 

Aucun commentaire: