dimanche 28 septembre 2014

Lumières matinales en Auvergne

On se croirait au mois de juillet, si la rosée ne trahissait pas l'ambiance de fin de saison. La température monte dès le matin. Incroyable, mais vrai, à Gelles la bien nommée, on a chaud. Une fois n'est pas coutume, on se balade en manches courtes en ce dernier week-end de septembre, on se rue dans la lumière matinale pour voir au loin se dessiner les Puys et la Banne d'Ordanche. Quelque chose nous dit que c'est bientôt la fin : les boules rouges des mais, les gratte-culs qui mûrissent et les feuilles qui brunissent. Pour le moment, on refuse de le voir, on se voile la face de soleil et on sourit. Paraît que l'été a été tout pourri en France, il faut bien des jours de compensation... avant la truffade et les engelures...




vendredi 26 septembre 2014

Ce que racontent les murs de Bolivie

Je n'avais pas remarqué une telle affluence de tags et autres peintures murales lors de mes précédents voyages en Bolivie. Il semble que, depuis quelques temps, les artistes, certes plus ou moins talentueux, soient sortis dans la rue. 
Il y a d'abord les peintures éducatives, portant des messages de respect, de solidarité. Le monde de Bisounours expliqué aux enfants. C'est mignon. Un peu naïf.

Ensuite, en me baladant dans les rues, comme je l'avais fait à Athènes, j'ai trouvé des tags intéressants, parlants. Politiques, sociaux, humoristiques. Le tag porte souvent un message et il faut aller au-delà de l'image pour en saisir le sens.




Et puis, à La Paz, je me suis trouvée face à une gigantesque fresque murale digne de Diego Rivera ! Une sorte d'histoire sociale du pays à travers l'exploitation de ses ressources, la syndicalisation, les révolutions et les nationalisations. Evidemment, il y a un gros parti pris, la dénonciation de la colonisation et la valorisation des actions du pouvoir en place. Mais que dire de négatif sur un président qui a su rendre à son pays les ressources qu'on lui pillait depuis des siècles ? Ce qui m'a le plus intéressée c'est bien sûr la partie concernant l'histoire minière de la Bolivie. Tout un programme ! Les mineurs en tant que fers de lance du développement industriel. Les mineurs fiers de leur travail et de leur mission, meneurs des révoltes et ultra respectés à travers tout le pays. Il faut dire qu'une manifestation à la dynamite, ça se respecte !

jeudi 25 septembre 2014

La conquête du Mont Maudit

Henry Alfray, La conquête du Mont Maudit, 2013.
Depuis la Controverse de Valladolid, je n'avais pas suivi de procès plus passionnant. Les débats se passent deux cents ans plus tôt, vers 1361, mais déjà l'obscurantisme religieux transpire par les pores de la société entière. Une assemblée de moines, de prêtres, de chanoines, de légats pontificaux, le gratin catholique, est réuni à l'abbaye d'Aulps, dans le nord de la Savoie, pour statuer sur le cas des participants à une expédition en avance sur son temps. 
Trop en avance, en fait, puisqu'il s'agit de l'ascension du Mont Maudit, au-dessus de Chamonix. Or, au Moyen Age, les montagnes et celle-ci en particulier sont considérées comme le domaine du diable. Dans d'autres civilisations plus ouvertes sur les puissances de la nature, je me réfère aux croyances animistes qui ont par exemple toujours existé dans les Andes, les cimes sont sacrées, divines et possèdent des pouvoirs protecteurs envers les communautés qui habitent à leurs pieds et les vénèrent comme des ancêtres. Mais au Moyen Age, dans l'Europe gangrenée par un christianisme intégriste et sectaire, les montagnes sont la demeure du diable et il est formellement interdit d'en tenter l'ascension. Par ailleurs, on comprend bien tous les enjeux politiques de ce procès : si le comte de Savoie est mis en accusation ainsi que tous les participants à son projet fou, c'est également à cause des rivalités qui existent entre le royaume de Savoie et les comtes de Genève, ainsi qu'en raison de l'expansionnisme du Comte Vert Amédée VI, désireux de repousser sans cesse les frontières de son territoire. Tous les moyens sont bons pour faire reconnaître aux témoins l'évidence de leur commerce avec le diable : torture, pressions psychologiques, jusqu'à leur faire avouer qu'il n'ont jamais atteint le sommet, qu'aucune messe n'a été célébrée et qu'aucune croix n'a été plantée. 
Les témoignages concordent pourtant pour laisser entendre qu'au milieu du XIVème siècle, le Mont Blanc ou son voisin le Mont Maudit auraient été vaincus. Jusqu'au bout, le roman (car il s'agit bien là d'une fiction, écrite à partir d'une légende, mais rendue tellement réaliste par le talent d'Henry Alfray) nous tient en haleine quant au verdict qui sera rendu. On imagine le calvaire des hommes sur les pierres, dans la neige et le froid, chacun portant une motivation propre qui l'a poussé à faire partie de l'expédition financée par le Comte de Savoie. On les suit depuis leur recrutement, leur montée au Brévent qui vise à évaluer la hauteur du mont à escalader, leur entraînement, leur départ pour Chamonix et la montée qui sera fatale à bon nombre d'entre eux.
A la fin, pourtant, un incroyable revirement réduit à néant les espoirs de salut de ces hommes qui, à leurs dépens, illustrent bien l'état d'esprit d'une époque : le moment des grandes ascensions n'est pas encore venu, c'est même presque de la science fiction. Pourtant, il reste possible qu'en 1361 des pas savoyards aient foulé le sommet du Mont Maudit. La légende perdure...
(de gauche à droite, le Mont Blanc du Tacul, le Mont Maudit et le Mont Blanc)

mercredi 24 septembre 2014

L'abbaye de la Prée, résidence d'artistes

Résidence d'artiste. Deux mots qui m'ont toujours fait rêver et en même temps intriguée. Le gîte et le couvert et vous avez le droit de créer, toute la journée, jour et nuit si ça vous chante. Créer, c'est tout ce qu'on vous demande. Une situation de pacha, de privilégié de l'art. Quand on pense que la plupart des artistes sont des frustrés qui doivent voler quelques minutes quotidiennes de création à leur boulot, leur routine, leurs courses, leur ménage et autres bassesses de l'existence. Juste quelques minutes quotidiennes pour s'élever dans d'autres sphères. C'est peu. 
L'abbaye de la Prée est située dans l'Indre, près d'Issoudun, en plein milieu d'une forêt. Difficile d'accès, bien planquée, bien tranquille. Pour la trouver, suivez les chevreuils.

C'est donc là que résident un certain nombre d'artistes, pour une période plus ou moins longue. Graveurs, sculpteurs, musiciens, écrivains... La sélection est rude et le recrutement des hôtes se fait sur dossier. Guitaristes hard rock, s'abstenir ! Ce que l'on entend en parcourant discrètement les couloirs, du côté des chambres, ce sont des notes virtuoses de piano, des pas feutrés, des murmures. L'art qui s'invente derrière les portes. Fascinant. On a envie de coller son oreille sur chacune d'entre elles pour deviner ce qui se passe dans chaque pièce. On a envie d'entrouvrir, juste en disant, pardon, je me suis trompé, juste pour apercevoir un bout du mystère...

C'est une chance, alors, d'avoir pu errer dans les étages lors des dernières journées du patrimoine. Gênée, j'avais un peu l'impression d'être "chez les gens". Alors, je suis redescendue dans l'ancien cloître où se trouvait un étalage impressionnant de livres d'occasion. Du prix de lecture rouge aux livres sur la cuisine berrichonne et aux contes pour enfants, en passant par l'histoire et les langues, et j'en passe. La caverne d'Ali Baba du lecteur féru de pièces rares et pas allergique à la poussière. Dans un tel cadre, on peut bien supporter une légère odeur de vieux bouquins et quelques chauve-souris suspendues aux voûtes ! Le livre vaut bien des sacrifices !
Malheureusement, le temps du week end dernier était plus à la lecture et au piano qu'à la balade. Pluie et orage à l'extérieur. La visite du parc attendra. Pour l'heure, laissons nos hôtes d'un jour en paix. Laissons-les à leur art et à leur concentration et repartons sur la pointe des pieds...

http://www.pqev.org/index.php?option=com_content&view=frontpage&Itemid=12&lang=fr


mardi 23 septembre 2014

Les jardins de Drulon

Des jardins, encore des jardins. Lassant ? Cela pourrait l'être. Mais ceux de Drulon sont différents. Bien sûr, chaque jardin a son caractère et, me direz-vous, tous les jardins sont différents. Oui, d'accord. Mais là, la barre est très haute. C'est du très très haut niveau. 
Les bâtiments sont beaux. Premièrement. On entre dans la cour et, déjà, on se rend compte que quelque chose n'est pas du tout comme ailleurs. Il y a, dans les premières pièces de l'ancien château, des choses incongrues, des sculptures insolites. Un petit air de folie. 
Dans la roseraie, c'est du même acabit. Au-milieu des dahlias rouge sang, on découvre des statues, des objets qui, d'ordinaire, n'ont rien à faire dans un jardin. 

En passant dans les jardins circulaires, des êtres incroyables sont assis, debout, méditant, regardant le visiteur ou l'ignorant cordialement. Et, plus on s'enfonce dans les fougères, dans la forêt, plus les oeuvres sont folles, poétiques, suspendues, surréalistes, déroutantes. 


C'est avec des yeux d'enfants que nous fouillons les feuillages du regard et cherchons les trésors cachés. C'est avec un regard émerveillé que nous nous fondons dans le décor, que nous frôlons une sculpture et que nous nous laissons arroser par le jet d'eau arc-en-ciel. Le manège des chevaux est à l'arrêt mais nos cerveaux sont en pleine ébullition. Et ça, qu'est-ce que c'est ? Et là, à ton avis, qu'a donc voulu représenter l'artiste ? La plupart du temps, on demeure en désaccord. Aucune hypothèse n'est la bonne et elles sont toutes valables. On plane en apesanteur dans un autre univers. 
Le cadre naturel est immense et sans limites. Les expositions éphémères dénotent et s'intègrent dans le paysage, à la fois dérangeantes et installées comme une évidence. Et puis, en revenant vers le château, un instant magique : les cocons. On descend quelques marches parce que, comme on dit, on a vu de la lumière et on a voulu entrer. On s'arrête au seuil parce que l'eau rase les premières marches de cette salle en sous-sol, on se penche et on laisse l'art nous submerger de sensations et d'émotions. 
Plus loin, c'est le verger et une autre roseraie, cette fois quasiment entièrement consacrée à ces nobles fleurs. Il y en a de toutes les couleurs et de toutes les senteurs. D'espèces de démons mi-diables, mi-Bacchus, se marrent doucement en nous observant humer les roses. On dirait que les bougres vont se lever et nous courir après. 
A la sortie, on bénit les propriétaires hollandais d'avoir su allier à la perfection l'art et la nature, d'avoir fait naître cet incroyable jardin et d'entretenir cet esprit farfelu et brillant. Toute l'intelligence des passionnés. 
http://www.drulon.com/DRULON_INTRO/INTRO.html

dimanche 21 septembre 2014

Drevant, théâtres et canaux en ruines

A la sortie de Saint Amand Montrond, sur la route de Montluçon, existe un endroit où les vieilles pierres ont une histoire, où les vieilles histoires ont encore du charme. Le village est fleuri et agréable, mais cache mal ses maisons secondaires aux volets clos, aux jardins en friche qui attendront patiemment le retour de leurs propriétaires d'une saison. Le canal de Berry et le Cher tout proche en font pourtant une destination de choix pour les touristes. Seulement, c'était mieux avant. Par le passé, quand le canal de Berry était encore navigable, quand les bateaux traversaient le village et qu'ils transportaient les marchandises, les gens, les potins et les nouvelles d'autres escales. Aujourd'hui, on peut faire des minis tours sur des minis bateaux, sur une mini portion du canal. Pour le reste, quand on se dirige à pied vers La Tranchasse, c'est-à-dire vers le sud, l'eau disparaît très vite sous terre. A l'époque où la taille des voies fluviales a été normalisée, le canal de Berry, trop étroit, a été délaissé, asséché par endroits et même parfois vendu en parcelles habitables. Des passionnés plaident pour sa réhabilitation, mais les choses ne semblent pas aller dans le bon sens. 



L'ancien pont Canal de la Tranchasse témoigne lui-aussi d'un passé glorieux mais révolu. Lorsqu'on y arrive, il est enfoui dans la fumée des herbes qui brûlent en contrebas. Asphyxié par les nuages gris, il est interdit de le franchir, depuis que le maire a dû prendre un arrêté pour pallier au vol des rambardes. On vole de tout, de nos jours. On dépouille même les morts. 
Nous rebroussons donc chemin pour revenir à plus de gaieté à Drevant. Mais ce n'est pas l'actualité qui nous intéresse aujourd'hui. Ce sont les traces de ce fameux passé. Nous voici au Moyen-Age, face à l'ancien prieuré qui a été vendu et racheté par des particuliers. Fermé au public. Pas d'accès. 

Nous allons donc encore plus en arrière dans le temps, vers l'époque Gallo Romaine. Qui penserait que dans ce village isolé et paisible du Berry se cache un monumental théâtre, ainsi que les ruines mises à jour et encore enfouies sous la terre de thermes et d'immenses bâtiments qui reflètent l'importance de ce centre urbain aux premiers siècles de notre ère. Ce sont les travaux de construction du canal du Berry, au XIXème siècle, qui ont permis la découverte du site gallo-romain. Aujourd'hui, de ces différents âges d'or, il ne subsiste que de vieilles pierres. Le canal est désert, le théâtre ne résonne plus de la voix des comédiens On dit qu'il faut accepter la ruine pour pouvoir reconstruire et renaître. 

samedi 20 septembre 2014

Toutes nos envies

Il y a deux jours, j'ai vu un très beau film et, pour une fois, ce n'était pas sur Arte. Marie Gillain y joue une juge qui traite les cas de surendettement. Par hasard, elle se trouve à étudier le cas de la maman d'une de ses filles, qui se retrouve prise au piège du crédit et des dettes astronomiques à rembourser. A cause de sa proximité, elle est dessaisie de l'affaire et la confie à un collègue spécialiste du sujet, joué par Vincent Lindon. Entre temps, le personnage de Claire découvre qu'elle est atteinte d'une tumeur au cerveau. Avec ou sans traitement, les médecins lui font comprendre que son espérance de vie sera de toute façon très courte. Alors, comme pour finir son travail, pour partir la conscience tranquille, Claire s'obstine à libérer Céline de son surendettement. Elle va même jusqu'à l'héberger chez elle avec ses enfants quand la jeune femme se fait expulser de son logement. 
Le film passe au peigne fin les arnaques et publicités mensongères fomentées par les sociétés de crédit, ainsi que le parti pris de la plupart des tribunaux qui font une priorité du remboursement des dettes, au détriment des dépenses vitales des personnes comme le loyer ou l'électricité. On voit ainsi parfaitement décrit l'engrenage du surendettement et ses conséquences familiales et personnelles, l'attente à la dignité qu'il sous-entend et la difficulté de s'en sortir indemne. 
Par ailleurs, le thème de la maladie est évoqué sans larmoiements, sans pathos. On voit l'évolution de celle-ci chez Claire et toutes les interrogations, les doutes et les peurs qui en résultent : l'acceptation ou le refus du traitement, le dialogue avec les proches ou le silence, l'abattement et l'envie de vivre une dernière fois qui se battent en duel. Les enfants sont évidemment très présents dans le film, mais cela ne tourne pas au drame. On sous-entend juste habilement l'angoisse de Claire d'abandonner ses enfants, de laisser son mari, de devoir se résigner à partir en n'ayant fait qu'une toute petite partie des choses qu'elle avait envie de faire. Et puis, doucement, elle se prépare à être remplacée...
C'est prenant, émouvant, fort. Trop, peut-être, parce que ça nous renvoie à la peur, au risque, à la mort qui vient en traître, subitement, sans prévenir et qui nous arrache à nous proches. Mais c'est surtout une belle histoire d'amour et d'engagement. 

jeudi 18 septembre 2014

Réunion de belles demoiselles au château de Meillant

On les entend arriver de loin. Depuis le début de la matinée, elles parcourent les petites routes du coin pour un mini rallye qui les fait défiler une par une sous nos fenêtres. Elles sont colorées, elles brillent et leurs conducteurs ne sont pas peu fiers de leur petit bijoux. Ils ont raison et sont extrêmement chanceux de pouvoir s'asseoir au volant de telles beautés, de pouvoir parader sous les yeux ébahis des nostalgiques. Dans l'après-midi, toutes sont réunies au château de Meillant et le cadre est exceptionnel. Les belles carrosseries s'exhibent dans la cour et sur les pelouses du parc, toutes plus élégantes les unes que les autres. Chaque pilote a revêtu les habits qui correspondent à sa voiture. Les propriétaires des formidables Tractions Citroën sont hyper chics en costume trois pièces. Madame, passagère de la célèbre C5 (la première, pas l'actuelle !), a mis un joli foulard sur ses cheveux, comme avant, et monsieur frime un peu, avec le sourire, bien sûr. Une superbe SM est aussi exposée, ainsi que des Mustangs rutilantes. Chacun s'émerveille devant sa première voiture, devant celle qu'il aurait rêvé d'avoir. Pour les amoureux du genre, c'est l'un de ces moments qu'il ne faut pas manquer !






mercredi 17 septembre 2014

Apremont, le pouvoir des fleurs






Non, ce n'est pas déjà le feu d'artifice du 14 juillet, c'est le parc floral d'Apremont !
Souriez, la vie est belle en Berry !

mardi 16 septembre 2014

Coisière au Guétin

Poursuivons nos visites de la belle France...
Cela faisait plusieurs fois que nous passions en voiture au-dessus du Canal latéral à la Loire, que nous admirions le pont canal depuis la route et que nous frôlions ses écluses...
Cela faisait plusieurs fois que nous allions prendre le vent sur le pont canal, au-dessus de l'Allier et que nous regardions monter et descendre les bateaux...
Ils avaient l'air heureux, les touristes !

Alors, nous nous sommes décidées. Un dimanche après-midi de grand soleil, nous avons franchi le pas et nous sommes montées à bord du Latéral, ce charmant bateau jaune et bleu. Nous nous sommes installées sur les chaises, entre ombre et soleil et avons attendu avec impatience les premiers ronflements du moteur. Enfin, la carcasse s'est mise en mouvement et, à une vitesse respectable de sénateur, s'est éloignée de la rive. Le capitaine nous a expliqué que, malgré notre rythme extrêmement mesuré, nous allions pourtant encore beaucoup trop vite pour l'épreuve de force que nous nous apprêtions à affronter : quelques centimètres de marge seulement de chaque côté de la coque et nous devions nous faufiler dans le couloir qui mène à l'écluse. Ou plutôt, à la double écluse, prodige technique ! Jouant le jeu avec un immense sourire auquel la bonne humeur du capitaine n'était pas étrangère, les passagers ont retenu leur souffle...
Soudain, les vannes se sont ouvertes et, si nous nous étions trouvés plus près de la porte de l'écluse, nous aurions pris une bonne douche ! Car il en faut, des litres d'eau, pour permettre aux bateaux de grimper ce dénivelée ! Vue de l'extérieur, la chose semble même totalement improbable. On se demande comment un tel tour de force est possible, comment, comme par magie, les lourds navires réussissent à se hisser au sommet, jusqu'au pont canal. On admire évidemment les prouesses techniques, le savoir-faire des ingénieurs, l'obstination des ouvriers qui ont permis la réalisation de cette oeuvre colossale. 


Il faut dire qu'avant, le Canal était extrêmement fréquenté. Celui-ci et tous les autres, d'ailleurs. Un important volume de marchandises y étaient transportées. A l'heure où l'on parle de supprimer les camions pour les mettre sur des trains, on oublie trop souvent que les voies fluviales françaises, si elles étaient pleinement utilisées, si toutes étaient correctement entretenues, représenteraient une solution idéale pour les échanges commerciaux. 
Tandis que les dernières portes s'ouvrent et que nous prenons de la hauteur, que nous avons le privilège de traverser le pont canal du Guétin, le capitaine nous passionne avec ses récits sur l'histoire des canaux. Il nous emmène sur toutes les voies fluviales de France, nous entraîne du nord au sud et d'est en ouest. Il est intarissable et passionné quand il s'agit de faire voyager ses passagers à travers la géographie. Ce dimanche-là, et c'est peu dire, il nous a même emmenés en Belgique, en Hollande et même jusqu'en Russie !

Quelle excitation de faire de si belles découvertes, de parcourir tant de distance par l'imagination ! En 1h30, nous avons ri et rêvé. Nous nous sommes pris pour des capitaines, pour des corsaires, pour de grands baroudeurs des fleuves. Nous avons franchi les frontières des régions et des pays et sommes allés jusqu'à la mer. Et puis, surtout, nous sommes redevenus enfants, comme lorsque nous lisions les romans de Jules Verne. 
Merci, capitaine, et bon vent !

http://www.nievre-tourisme.com/tourisme/bateau-promenade-le-lateral.htm?itm:n%23_208352


lundi 15 septembre 2014

Decize

Quelle jolie ville ! Quel paradis en bord de Loire ! Quelle belle route pour y arriver, faite de collines, de villages sur les hauteurs, de vues plongeantes sur le grand fleuve ! Quelle beauté ! D'ailleurs, s'il fallait s'arrêter à chaque fois que le paysage est beau, à chaque église romane, à chaque virage qui nous séduit, c'est bien simple : on ne parviendrait jamais à Decize ! Et on aurait tort de retarder la rencontre...
L'office de tourisme propose un joli circuit d'une bonne heure et demie pour découvrir les moindres recoins de la ville. Tout commence avec la fameuse et très longue promenade des Halles, avec des arbres tricentenaires, des platanes et des tilleuls. Royal.

Et puis on s'aventure plus au coeur de la cité. Très vite, on croise les vestiges des anciennes fortifications : les échauguettes, les tours, les canons, les anciennes portes du pont levis. En s'éloignant un peu du centre, on peut voir, sur un promontoire, les ruines de l'ancien château des Ducs et Comtes de Nevers.


Il faut s'éloigner un peu, prendre le temps de flâner en bord de Loire (mais est-ce bien nécessaire de se forcer ? L'endroit est tellement agréable, hors du temps et de l'espace, qu'il ne faut pas y être longtemps incité pour laisser nos pas nous y conduire). Le fleuve est majestueux et attire, c'est évident. Comme tous les grands de ce monde, il a quelque chose de magnétique, un attrait dont on ne peut se défaire. Quelque chose qui vous pousse à y revenir, à vouloir vivre au bord, à y attacher sa vie. Il y a la Seine, il y a le Guadalquivir, il y a le Rhône, il y a la Loire. Il y en sûrement d'autres que je ne connais pas encore. Il y a, dans ces villes au bord des fleuves, l'empreinte merveilleuse des grands voyageurs, des bateaux qui vont et viennent de très loin et une lumière exceptionnelle qui ramène de suite à la mer, au côté envoûtant des cités maritimes. 


Mais revenons à Decize. La visite se poursuit par les places et les monuments. Que dire de cette tour de 33 mètres, de ce campanile au-milieu de la France ? Que dire de l'église Saint Aré et de sa porte étonnante ? Que dire de cette ancien couvent, construction massive qui paraît presque trop grande pour la ville ? 

Autant vous dire que j'ai beaucoup aimé Decize. Je ne dis pas que j'y reviendrai, parce que j'aime voir sans cesse de nouvelles choses, découvrir à chaque fois de nouveaux trésors et aller de surprise en surprise. Mais, si j'avais eu à vivre dans le coin, comme on dit, j'aurais sans aucun doute choisi de poser mes valises ici (d'après ma théorie selon laquelle la beauté du lieu rend la vie plus douce).