dimanche 31 août 2014

Le téléphérique de La Paz

C'est une ancienne gare à l'allure néoclassique qui sert de départ au tout nouveau téléphérique de La Paz. Trois pesos et 10 minutes plus tard, la haute technologie vous amène à El Alto, quand il faut une grosse demi-heure d'embouteillages pour y accéder en bus (j'ai déjà mis une heure...). Pour le moment, le téléphérique ne compte qu'une ligne, la rouge, mais deux autres sont prévues, une jaune et une verte. Les trois couleurs du drapeau bolivien pour une réalisation exceptionnelle. Merci Evo ! Et vu le nombre de visiteurs depuis l'inauguration il y a quelques mois, on suppose que l'investissement sera très vite remboursé.

Nous voici donc dans l'une des belles bennes rouges, dont certaines sont décorées avec des superbes photos de chaque département bolivien (celle de Beni est splendide... celle de Cochabamba un peu tristounette, mais on leur pardonne !...). La Paz s'éloigne. Le monstre n'est plus qu'une fourmilière. Les "1000 marches" qui montent à El Alto donnent une parfaite idée de ce que représente la vie sur cette colline. Peu à peu, au fil de la montée, les montagnes se découvrent. 
La plupart des gens s'arrêtent au marché d'El Alto, puis redescendent. Nous avons décidé d'aller mener l'exploration un peu plus loin. C'est ce que nous verrons...
La marché d'El Alto est l'endroit idéal pour faire des bonnes affaires. Une sorte de grand marché populaire, où les gens sont plus causants qu'en bas, à La Paz, et où les prix défient toute concurrence. Amis touristes, si vous voulez acheter des souvenirs à bas prix, et de bonne qualité, allez au marché d'El Alto ! Bon, d'accord, l'animation, le monde, font que ça craint un peu plus aussi. Surtout le soir. Surtout dans la rue des instruments de musique pour les bandas. Il faut connaître !
Pour avoir une vue panoramique sur les montagnes, El Alto n'est pas le point idéal. Il faut marcher environ 20 minutes en direction de La Ceja, où il y a un mirador depuis lequel on reste baba devant les stars qui nous ont donné rendez-vous : Huayna Potosi (mon préféré, l'une des montagnes "achachila". Les Boliviens disent qu'on a chacun notre "achachila", notre montagne protectrice), Illampu, Illimani (la star en chef). Profitez-en, vous ne verrez pas ça tous les jours !


Pour revenir vers El Alto et le téléphérique, il faut passer par une longue rue où s'alignent des baraques particulières. Si la rue de "las brujas", des sorcières, à La Paz vous a hantés pendant trois jours, vous n'avez encore rien vu. Sauf qu'ici, rien pour les touristes, que de l'autochtone, du traditionnel, du vrai. La photo qui suit est entre guillemets "volée", prise sur le vif, sans vraiment cadrer, appareil dissimulé. Nous ne sommes pas dans un lieu ordinaire. Pour vous donner une idée, ce serait comme faire un gros-plan de l'abbé en pleine Eucharistie. Si vous ne croyez pas en ces choses-là, ce n'est pas la peine de venir. Il faut y croire. Profondément. Des gens dont c'est le métier pratiquent pour vous des "ch'allas" (une cérémonie d'offrandes) pour votre avenir, pour que la terre mère, la Pachamama, vous protège et vous soit favorable. C'est la religion andine dans ce qu'elle a de plus privé. 
En redescendant vers La Paz, j'avais l'impression d'avoir fait un très long voyage.  

jeudi 28 août 2014

Yanakuna

Jesus Lara, Yanakuna, 1952.
Yanakuna est une fresque sociale et inévitablement raciale en quatre tableaux :
- une première partie dans laquelle la protagoniste, Wara, est encore une fillette qui court librement dans la puna, derrière son troupeau ;
- dans la deuxième partie, elle vit dans un village où elle connaît la servitude, devient esclave de ses maîtres et soumise à la religion. Les abus et la violence sont monnaie courante, et souvent commis par des descendants d'indigènes qui se sont "acholado", qui ont renié leurs coutumes et adhéré aux coutumes des blancs ;
- ensuite, Wara quitte l'enfer du village pour se fondre dans la multitude de la ville. Elle est servante chez les blancs, cuisinière, miséreuse avec le pauvre salaire qu'elle gagne. En ville, elle est anonyme, passe inaperçue, tout comme les scènes de violence, de maltraitance qui y sont quotidienne. L'horreur de l'existence arrive à son paroxysme ;
- finalement, Wara retrouve la puna, mais pour devenir esclave d'une hacienda et être à la merci de la cruauté du maître. 
Personne n'échappe à la fatalité de ce cercle vicieux, dont il est impossible de se sortir, contre lequel il est impossible de se rebeller. Amour, la famille, les enfants sont des joies bien fragiles dans cette vie marquée au fer rouge par le malheur. Jesus Lara écrit ici un roman engagé, à l'époque où la société elle-même repose sur le racisme. Il ose donner la parole aux indigènes, notamment par l'utilisation écrite du quechua et du vocabulaire quotidien. Grâce à l'auteur, le bas peuple fait son entrée dans la littérature. Par la grande porte, puisque Lara n'hésite pas à mêler la langue des soumis à celle des dominants, en faisant aussi des références à la littérature mondiale. C'est ainsi que la voix de Wara trouve un écho dans les mots de Cervantes. 
La question de la religion reste prédominante chez l'auteur cochabambino : le renouveau des croyances ancestrales (comme nous le voyions dans un article précédent) est relativement récent. A l'époque de la narration, les indigènes sont encore écrasés par le dogme catholique, croyants par terreur plus que par conviction. On y voit les traces de l'évangélisation forcée et l'utilisation par les missionnaires de la langue quechua pour convertir leurs ouailles, par exemple à travers l'écriture de chants religieux dans la langue locale. Que certains Boliviens aux traits fortement autochtones s'agenouillent encore devant le Christ me laisse perplexe, mais c'est une autre histoire...
L'oeuvre de Jesus Lara est de la même trempe que celle de José Maria Arguedas. Elles vous laissent un goût d'indignation dans la bouche, l'impression d'avoir fait un grand voyage et une admiration sans bornes pour la générosité dont ces deux artistes font preuve en nous offrant tout leur talent littéraire, pour la tendresse qu'ils mettent dans leur travail, la tendresse qu'ils ont pour le monde indigène.

mercredi 27 août 2014

Evo pueblo

Il y a un moment, quand on rentre de voyage, où on n'est plus là-bas mais pas encore vraiment ici. On navigue entre deux eaux, on sait bien qu'on ne peut plus vivre comme là-bas, mais les réflexes quotidiens d'ici nous semblent étrangers. Alors on fait ce qu'on peut pour rester dans son petit cocon de flou artistique. C'est ainsi qu'hier soir, j'ai commencé à regarder un film... un film que j'ai vu 6 fois, une sorte de doudou... et je n'ai pas accroché. Pas surprise, je savais bien que j'avais besoin d'autre chose. D'un peu de là-bas dans mon salon. Alors, j'ai regardé "Evo pueblo".
J'avais déjà lu la biographie du président bolivien, passionnante, écrite par Martin Sivak. J'avais peur de ne pas adhérer au film, étant donné que je savais un certain nombre de choses. Au début, j'avoue avoir fait ma réticente, mon intello du genre : "ouais, le montage n'est pas terrible... ouais, bof...". Et puis, le fait d'avoir vu Evo Morales en vrai en Bolivie, d'y avoir encore passé du temps et de comprendre la force de cet homme au charisme et à la détermination sans faille, tout cela m'a poussée à me concentrer sur les images. De la naissance du président à son ascension au pouvoir, le film raconte tout : son enfance dans la rudesse et la pauvreté de l'altiplano, sa soif d'apprendre, sa migration vers le Chapare, où, parmi les planteurs de coca, il est devenu le dirigeant emblématique qu'il est. Les images sont belles. Le symbole est beau. Evo Morales est un mythe vivant. Pour le moment, il ne déçoit pas les immenses espoirs que le peuple a placés en lui. Il avance, et son pays derrière lui. Evo est un leader, un grand homme. 

mardi 26 août 2014

La Paz, dans le ventre du monstre

Nous sommes sur la place principale, en face du palais présidentiel, là où le président Evo Morales donne des rendez-vous à 4 heures du matin à ses homologues étrangers qui l'embêtent. Quelle fierté de voir la whiphala, le drapeau indigène, flotter aux côtés du drapeau bolivien. 

C'est l'occasion de faire une pause, de s'asseoir et de regarder les pigeons et les enfants qui courent après. Car la foule de La Paz use, fatigue, saoule. Le rythme est fou, les gens marchent vite malgré les rues qui s'amusent à faire les montagnes russes. Sans cesse monter et descendre les flancs du chaudron. On se fait bousculer par les passants et par la pauvreté. L'insécurité est partout. En dehors des quelques trois rues touristiques, il vaut mieux ouvrir l'oeil, et le bon, tenir ferme son sac et rester attentif. 

Les touristes se cantonnent à la Sagarnaga et la Linares, cavernes d'Ali Baba du souvenir. Ils se baladent aussi dans le marché aux sorcières, sans vraiment comprendre quoi y faire, ni quoi y acheter. Ensuite, les gringos font une halte sur la place San Francisco, devant la belle cathédrale. Sur le parvis, c'est la cour des miracles. Ce n'est pas la première fois que je vais à La Paz. Chaque fois, je suis impressionnée, je me dis qu'il faut que j'y reste plus longtemps, pour m'imprégner un peu mieux de la ville. Et chaque fois, au bout de trois jours, je fuis devant tant de mouvement, de grisaille et de rigueur. Ce n'est pas dû au mal d'altitude, mais plutôt, entre autres raisons, au climat glacial et aux habitants pas beaucoup plus chaleureux que les températures. 


Bien sûr, comme dans toutes les capitales, La Paz a son lot de beaux quartiers, son Prado verdoyant, ses grands magasins et son business à l'européenne, son mirador de Killi Killi où viennent flâner les amoureux (flâner ? par ce temps ?). Mais je ne suis pas séduite. A l'ombre, je gèle ; au soleil, je brûle. Heureusement qu'il y a les montagnes pour me rappeler pourquoi je suis encore venue...

lundi 25 août 2014

Le jour du Calvaire à Urkupiña

Quel calvaire, que ce 15 août à Quillacollo ! Nous sommes en bas et il faut se frayer un passage à travers toute cette foule, jouer des coudes, pour grimper jusqu'au sommet et assister à la messe. Pendant l'office, le groupe Aysana chante la Misa Criolla et nous sommes aux premières loges. L'ambiance est hystérique. On se croit dans un concert de rock. Ovation pour Jésus. Ovation pour le Saint Esprit. Des pèlerins venus du monde entier viennent pleurer devant la Vierge. Cela tourne au fanatisme.
Soudain, monseigneur Tito Solari lève sa grande silhouette fatiguée et harangue la foule : "Vous, les commerçants, vous devez partir ! Ici, c'est un lieu de prière, c'est un moment de recueillement catholique !" Jésus chassant les marchands du temple. Il s'y est cru, Tito ! Il reprend :
"Il y a des gens ici qui font la q'oa (la cérémonie d'offrande à la Pachamama, voir dans mes articles qui parlent du sujet) ! Il faut arrêter avec les pétards ! ça suffit ! Nous ne voulons pas de la q'oa ici ! Ici, c'est un sanctuaire catholique !"
"Maman, pourquoi le monsieur dit qu'il ne faut pas faire la q'oa ? Parce que nous, on la fait ! Pourquoi il dit que c'est pas bien ?
- Ecoute, nous, on est juste venues accompagner les musiciens, alors on va se faire discrètes, hein..."
Tolérance zéro pour les religions ancestrales, qui, pourtant, occupaient le terrain depuis bien plus longtemps que Solari et sa clique. Urkupiña, c'était depuis des temps ancestraux un lieu de vénération de la Pachamama, la terre mère. Ensuite, soit-disant, la Vierge Marie est apparue à une bergère (comme souvent). Et la folie a commencé. Aujourd'hui, c'est une guerre de territoire entre la religion catholique qui perd des fidèles et les religions andines qui connaissent un renouveau sans précédent. Opprimées pendant des siècles, elles refont surface et s'affirment en plein jour.L'institution catholique, quant à elle, est toujours dans la même problématique de tentative vaine de conversion des âmes indigènes. L'évangélisation, encore au XXIème siècle et peut-être plus que jamais, est un échec. La religion catholique en tant qu'institution est en crise. Il faut dire que dans un monde économiquement en ruines, l'étalage de richesses, les étoles brodées de fils d'or ne séduisent plus. Les fidèles adorent la Vierge, mais rares sont ceux qui s'agenouillent encore devant les prélats pour leur baiser leur main blanche couverte de bijoux. Certes, on vient à Urkupiña pour prier la "mamita", mais également pour honorer la Pachamama. Tito Solari a beau se prendre pour Jésus, l'époque des gourous est révolue. 

dimanche 24 août 2014

Urkupiña 2014

Cette année, je ne vais pas vous faire un cours sur l'origine et le symbole des différentes danses, je vais juste vous régaler de quelques images prises sur le vif pendant ce défilé de couleurs, de tissus et de paillettes. Les fanfares à fond dans les oreilles, danser jusqu'à se faire saigner les pieds, jusqu'au bout de la nuit, pour honorer la promesse faite à la Vierge d'Urkupiña...










samedi 23 août 2014

Le Festival international de cinéma des Droits de l'Homme

"Mujeres de la mina", de Loreley Unamuno y Malena Bystrowicz.
Au milieu du bruit entêtant des marteaux qui cassent les pierres, des femmes racontent. Elles disent leur existence de travailleuses de la mine, de mères, la vie rude, les tristesses, les combats quotidiens. Lucia, l'une des protagonistes, est dans la salle, assise au deuxième rang. L'émotion est palpable. On sent un élan d'amour qui circule dans l'obscurité, entre Lucia, les spectateurs et les deux jeunes femmes argentines qui ont su laisser parler ces héroïnes de la mine et s'effacer complètement. Le documentaire ne se contente pas de nous faire plonger dans l'enfer d'un Potosi féminin, il nous offre aussi le témoignage de Domitila Chungara, figure de l'histoire des luttes pour la justice dans les mines d'étain de Siglo XX. Ce sont parmi les dernières images de doña Domi, déjà malade, mais toujours vaillante. L'aura de la dame de Llallagua et Catavi veille encore sur nous. Et puis, il y a le regard en gros plan d'Eduardo Galeano, ses phrases et ses yeux qui bousculent notre conscience, qui nous réveillent, pauvres ahuris que nous sommes. Loreley et Malena ont fait un travail magnifique, avec toute leur sensibilité, toute leur énergie, huit ans de leur vie pour ce cadeau qu'elles nous offrent. Merci.

"Mujeres de la mina" a reçu le prix "Ojo Latinoamericano" dans la catégorie moyens métrages du Festival Internacional de Cine de los Derechos Humanos de Sucre, août 2014.

http://mujeresdelamina.wordpress.com/

"Una flor para las tumbas sin nombre", de Daniel Hechim
Au début, on ne sait pas où le réalisateur veut en venir. On assiste à un croisement d'images : celles, en noir et blanc, qui raconte l'arrestation d'un étudiant français dans les années 70, dans les années sombres de la dictature ;  celles, actuelles, de la découverte de deux corps anonymes dans le village de Melincué. C'est l'histoire de deux recherches croisées, deux quêtes qui, durant 35 ans, visent à découvrir la vérité. Pendant toutes ces années, c'est tout un village qui enquête pour découvrir le nom de ces deux jeunes gens assassinés pendant la dictature. Un élan collectif se forme, entre le juge qui a refusé de classer le dossier, les élèves et les professeurs d'une école qui se mobilisent, les habitants qui se relaient pour aller fleurir cette tombe sans nom. D'un autre côté, deux familles cherchent désespérément la trace de leurs enfants disparus. Les morceaux de ce puzzle d'amour et de haine peuvent-ils se recoller ?
Après quelques minutes d'interrogation, j'ai complètement adhéré. 

http://unaflorparalastumbassinnombre.blogspot.com.ar/


vendredi 22 août 2014

La Bolivie vue du ciel

J'ai fait la riche, j'ai refusé le bus et j'ai payé 10 fois plus cher pour prendre l'avion. Sucre - Cochabamba, 30 minutes de bonheur. J'ai passé tout le temps du vol le nez collé au hublot, à regarder le paysage qui défilait. D'abord, les montagnes escarpées autour de Sucre la blanche, tellement proche des ailes au décollage qu'on a presque peur de les toucher. Ensuite, les roches rouges, ocre, couleur canyon. Et puis le paysage s'adoucit, on prend de la hauteur. Au-milieu du trajet, quelques instants magiques : au loin, à la gauche de l'appareil, au bout des ailes, une étendue bleue qui brille au soleil, comme un mirage : le lac Poopo. Il faut plisser les yeux pour le voir, ne pas rater le moment, mais, derrière le lac, encore plus loin, on devine le sommet du Sajama. Plus en avant, vers le nord, la neige éternelle des montagnes qui entourent La Paz. Illimani, Illampu, Huayna Potosi. La promesse d'autres voyages… Soudain, au bout de 20 minutes de vol, l'avion perd de l'altitude et tout disparaît. On survole alors les vallées de Cochabamba, aux courbes plus douces, féminines. On passe au-dessus du lac de La Angostura, célèbre pour ses poissons. On voit parfaitement le barrage. Enfin, on descend et on atterrit. Cochabamba, fin du vol. Plein les yeux. Que de beautés en si peu de temps !

lundi 18 août 2014

Mes bonnes adresses à Sucre

Condor Café (calle Calvo esquina Bolivar)
J'y suis arrivée par hasard. Ayant une digestion susceptible, je ne peux pas manger n'importe où quand je ne suis pas à la maison. Situé sur une petite place, le décor du lieu m'a paru sympa, je me suis aventurée. Je ne m'étais pas rendu compte qu'il s'agissait d'un restaurant végétarien. Je me suis dit "damned ! je vais manger des trucs déprimants, j'aurai faim en sortant !". Je me suis trompée. Sur toute la ligne. La cuisine est riche, roborative, colorée, savoureuse. Les tucumanas de légumes sont excellentes, les pâtes sauce mani ne sont pas en reste. Le jeudi, les lasagnes sont paraît-il délicieuses. Quant aux soupes, il y en a toute une variété. Les jus sont tous faits à partir de fruits frais. D'après les dires de deux habituées françaises résidentes à Sucre, c'est une adresse de laquelle on peut faire sa "cantine" quotidienne. Le Condor Café est aussi un lieu de culture alternatif, où l'on peut jouer à des jeux de société ou organiser son trek dans les montagnes ou autour de la ville. Soyons francs, c'est le lieu de rendez-vous des touristes. Mais j'ai aussi vu une guide de musée ou un vigile de la Casa de la Moneda, deux Boliviens, qui y déjeunaient. Dans Sucre, il y a d'autres restaurants végétariens (ce qui est un comble en Bolivie), mais ils ne valent sûrement pas le Condor Café, où le service est impeccable et le personnel très sympa. 

La Pâtisserie (calle Audiencia, proche plaza 25 de mayo)
Endroit moderne, typiquement Européen, la Pâtisserie est tenue par un Français et son épouse bolivienne. On peut manger sur place ou emporter de superbes parts de quiches, des crêpes comme à Paris (j'ai craqué sur celle au chocolat et à la banane). Sur les présentoirs, des gâteaux à faire rêver les gourmands : tiramisu, fraisiers et autres délices… Si vous passez devant, ne changez pas de trottoir, entrez, les propriétaires sont charmants et vous vous régalerez !

Chocolates para ti (calle Arenales, proche plaza 25 de mayo)
Le royaume du chocolat. Il y en a pour tous les goûts, du traditionnel au café moka ou aux noisettes, aux plus originaux : quinoa, amarante, pêche, crèmes, mani, etc… C'est relativement cher pour un portefeuille bolivien (minimum 18 pesos les 100 g), mais réellement abordable pour une bourse européenne. Lâchez-vous et achetez-en un bon kilo, ça disparaît très vite !

Hotel Kronos (calle Hernando Siles, proche Mercado Central)
Que dire sinon que vous vous offrez quelques nuits de luxe en allant dans cet hôtel ? Je n'ai pas vu de rapport qualité - prix aussi évident. Pour 120 bolivianos, vous dormez dans une grande chambre lumineuse, chauffée (incroyable mais vrai !), avec des lits confortables, une télé, un mini salon avec fauteuils et table basse. La salle de bains est assez vaste et l'eau chaude coule à flot. Le ménage est fait tous les jours, ce qui fait que quand vous rentrez de vos excursions dans la ville, vous arrivez dans un environnement nickel, idéal pour le repos. Durant 3 jours je me suis vautrée dans ce luxe à prix modique. J'ai rangé toutes mes affaires dans l'armoire et j'ai lu à la lumière de la lampe de chevet, posé mes bouquins et mes carnets sur les étagères de la tête de lit. Une vrai vie de pacha ! Quant au petit-déjeuner, c'est un truc de malade. Egalement compris dans les 120 pesos, il se prend au 4ème étage. Je me suis demandé pourquoi, mais quand je suis montée le premier matin, j'ai saisi de suite : vous êtes dans une immense salle toute blanche, aux nappes ultra propres et vous vous gavez de jus et de salades de fruits, de petits marbrés au chocolat, de tartines au beurre et à la confiture, de café et de thé. Continental, puisqu'on vous le dit ! Et alors, tout autour de la salle, des baies vitrées avec vue sur le ciel bleu et sur toute la ville. C'est mon adresse 4 étoiles !
(pour vous donner une idée, à La Paz ces derniers jours, j'ai payé 110 bolivianos pour une petite chambre sans vue sur l'extérieur, dans laquelle il faisait un froid de gueux et où la douche distribuait de l'eau chaude quand elle voulait. L'évacuation d'eau ne se faisait que très mal : chez mes voisins allemands, c'était carrément l'inondation jusque dans le couloir ! Dans ma chambre, une seule prise de courant et elle était, non pas dans la salle de bains, mais DANS la douche ! Petit déjeuner non compris. Ménage non fait. Bref, vous avez saisi le message : Hotel Kronos à Sucre !)

dimanche 17 août 2014

Le parc Cretacico (Sucre)

Trois manières de s'y rendre : le taxi (20 à 30 bolivianos, une fortune), pour les demeurés du transport ; le bus à étage qui part de la place principale et avec lequel vous faites l'aller-retour pour environ 15 bolivianos) ; le "micro" 4 qui part du marché central et qui en 25 minutes et pour la modique somme de 4 pesos vous conduit au parc.
L'entrée du parc s'élève à 30 pesos, mais la visite ne les vaut pas. La guide vous expédie ça en 20 minutes, avec un haut parleur. Durant ce laps de temps, elle vous retrace "a la rapida" l'apparition de la vie sur Terre, celle des dinosaures (herbivores, carnivores, aquatiques, des plus petits aux plus grands). Tous sont représentés grandeur nature le long du parcours, ce qui amusera beaucoup les enfants.
La guide s'arrête un instant en haut du parc pour vous faire suivre du regard, avec des jeux de miroir, les traces de pas de dinosaures les plus importantes du monde. Le site est toujours exploité par la monstrueuse usine de ciment la Fancesa. Au fur et à mesure qu'ils faisaient tomber la paroi, les traces sont apparues. En 1994, on a cessé l'exploitation de cette zone et le parc a ouvert en 2006.
Restaurant, boutique, jeux pour les enfants, tout est fait pour attraper les touristes. Pourtant, le périmètre du parc  m'a semblé rétréci et le musée minuscule. Ou comment faire du riquiqui avec des découvertes planétaires essentielles. On aimerait voir plus d'explications, de détails sur la découverte des traces, plus de précisions sur leur existence sur cette paroi, les techniques de dégagement, de datation. Décevant. En 1/2 heure, vous avez fait le tour du parc et n'avez plus qu'à poireauter en attendant qu'on vous fasse descendre au bord de la paroi.

La descente est raide, glissant sur les pierres et le sable. La visite dure une heure. Le guide vous montrera de plus près les énormes traces d'1 mètre de diamètre. Certaines "caminatas" s'étendent sur quelques 200 mètres de long. La cimenterie s'arrête à peine de travailler entre midi et 14h, alors gare à la poussière ! Ensuite, il faut remonter la pente de 100 mètres de dénivelée. Si vous êtes sensibles à l'altitude, allez-y doucement. Sinon, rien qui diffère vraiment d'une côte alpine !

Selon moi, c'est la seule chose qui vaut la peine dans toute cette visite. Mais ce n'est pas l'opinion de ce groupe de "cambas" (Boliviens de la région de Santa Cruz) qui, non seulement ont repris leur bus touristique en ayant boudé la descente auprès des traces, mais ne se sont pas du tout intéressés au récit de la guide. N'ayant pas tout saisi sur le pourquoi de la position verticale de la paroi aux dinosaures, ils ont assimilés tectonique des plaques et tremblement de terre. Au lieu d'observer les traces des mastodontes préhistoriques, ils ont préféré prendre en photo leurs nanas maquillées face aux reconstitutions des bestioles, lesquelles (les nanas, pas les bestioles), prenaient des poses de mannequins, aussi naturelles que des mauvaises actrices de telenovelas. Risible. Vive la culture !

mardi 12 août 2014

Trois musées de Sucre

Le musée des Arts Indigènes (ASUR) (proche de la Recoleta)
J'arrive avant l'ouverture et on me fait entrer dans un grand patio verdoyant, arboré. On se croirait à la campagne. Le bruit des "micros" qui grognent en escaladant les rues en pente est bien loin. On pourrait rester là pendant des heures, pour écrire un roman, par exemple… Mais là n'est pas l'objet du jour. Ce musée est passionnant, le meilleur de Sucre. Il est entièrement dédié à l'histoire et à la technique du tissage traditionnel de la région. La salle qui m'a le plus marquée est celle consacrée à la musique, aux fêtes et aux danses et à leurs costumes correspondants, exposés sur des mannequins à taille humaine. Toutes les pièces de tissages sont magnifiques. Les couleurs et les motifs sont rehaussés par le choix de l'éclairage : vous êtes dans l'obscurité et ce sont les objets qui sont éclairés par des spots, ce qui leur donne vie. En bas, dans la boutique, une indigène est en train de tisser. Comme une bête de foire, on a le droit de la prendre en photo. Sa position, assise sur le sol, la met dans une situation d'infériorité par rapport aux touristes qui l'observent. Indignation. Elle devrait être sur un piédestal. Les tissus qui sont en vente le sont à un prix exorbitant : 600 euros une pièce d'1 mètre sur 50 cm…
Anecdote drôle et affligeante à la fois survenue dans ce musée : Un touriste francophone avait payé pour avoir un guide qui lui ferait visiter la ville, ses musées, qui l'emmènerait dans les meilleurs restaurants. Le voici donc au musée des Arts Indigènes. Le guide lui montre un tissage et lui raconte que c'est revêtu de ce genre de poncho que l'actuel président de la Bolivie a célébré son investiture, à Tiawanaku. Bide total : le gringo bougon ne connaît pas le président Evo Morales… Il grogne à chaque description de son guide, ce qui me laisse supposer qu'il s'en fout comme de sa première chemise. Ensuite, le guide lui parle des vigognes, à propos de la laine utilisée pour les tissages. Le gringo ne sait pas ce que c'est qu'une vigogne… Le comble ? Le moment où son téléphone sonne et où le gringo sans gêne… répond ! Il parle dans un espagnol à couper à la machette avec une nana qui l'appelle apparemment de Cuba. J'en profite pour échanger un regard amusé et atterré avec le guide. Grand moment…

Musée d'Ethnographie et Folklore (MUSEF) (calle España)
Ce musée recèle une collection complète de masques de toutes les danses (le "pepino", Lucifer, les "morenos"…), eux aussi dans une obscurité qui fait ressortir leurs visages qui s'animent. A l'étage, une salle est consacrée à la culture Chipaya (celle-là même que Gérard Jugnot avait été rencontrer dans l'émission "Rendez-vous en terre inconnue"). Les mannequins qui pêchent, revêtus de leurs costumes traditionnels, sont plus vrais que nature. Je vous reparlerai de ce musée à propos du festival de cinéma qui y a eu lieu. 

Musée de Charcas (non loin de la place)
Le musée colonial étant malheureusement fermé, je me "rabats" sur le musée archéologique, dans lequel des centaines et des centaines de poteries peintes, de différentes époques, sont exposées. On y voit des reconstitutions de peintures rupestres, des crânes et des momies dans des vitrines, et on peut y vivre l'émotion de toucher du regard des vêtements découverts sur des momies coloniales et ayant été portés par des enfants. 
Dans une autre partie du musée, un nombre incalculable de poupées vêtues de tous les costumes boliviens (cholitas de La Paz, Cochabamba, Chuquisaca…) vous regardent en souriant. D'autres poupées sont affairées à des tâches de la vie quotidienne, comme la fabrication de la célèbre "chicha" (bière de maïs fermenté). Plus loin, on voit des costumes de fêtes en miniature (les danses du Pujllay, des Ayarichis, des costumes de diabladas, de tinku…). La galerie contemporaine du musée de Charcas est à ne manquer sous aucun prétexte. On peut y admirer les charangos sculptés de Mauro Nuñez Caceres, des tableaux de l'artiste Mamani Mamani, internationalement connu. J'ai découvert les peintures du Tchèque Victor Chvatal, qui représentent différentes villes de Bolivie. Je suis également restée en arrêt devant les gravures de Walter Solon Romero, qui tournent autour du thème obsessionnel du Quichotte. J'irai sans doute fourrer mon nez un peu plus loin, plus tard, dans son travail. 




vendredi 8 août 2014

Sur les toits de Sucre : la Merced et San Felipe Neri

Sucre recèle des joyaux et il faut absolument réserver une après-midi pour les visiter, prendre le temps de les admirer, se poser, rêver.
14h. Les portes de l'église de la Merced s'ouvrent (certains disent qu'il s'agit de la première que l'on a construite à Sucre, d'autres s'insurgent en entendant cette hypothèse et affirment au contraire que la cathédrale a été construite bien avant). Pour ma part, je suis séduite par cette église glaciale au retable baroque impressionnant. En réalité, celui-ci n'était pas le principal : à l'origine, c'est le retable qui se trouve à droite qui était la base de l'église. Suite à tremblement de terre, le tout a été reconstruit autour du nouveau chef-d'oeuvre qui trône aujourd'hui en face de nos yeux. Quant à l'orgue, il date du XVIIIème siècle et a été fabriqué en France. Le problème reste son entretien, étant donné que très peu d'artistes savent encore accorder cet instrument et en jouer. Le souci de la restauration des oeuvres se pose également pour les grands tableaux qui ornent la nef, réalisations du célèbre Melchor Pérez de Holguin : les toiles se déchirent, mais où trouver l'argent pour les réparer ? C'est pourquoi l'idée d'un musée fait son chemin. D'autant plus que la Merced a encore d'autres beautés à montrer au visiteur. Sur ses toits, on peut marcher sur le sommet des coupoles et admirer, sans aucune entrave au regard, la vue sur toute la ville et sur le couvent San Felipe Neri, où nous rendons tout de suite.


Si vous avez toujours rêvé de marcher sur les toits, l'ancien couvent San Felipe Neri est fait pour vous. Vertige assuré ! Avant de monter, arrêtez-vous un instant et remplissez-vous de lumière dans le petit temple chaleureux aux tons pastels. Admirez les galeries le long desquelles déambulaient les moines. Puis, prenez l'escalier qui vous conduit sur les toits. Vous vous trouvez alors sur un immense plateau, sans rambarde, prêts à vous envoler. La blancheur mauresque vous éblouit. On aurait presque envie d'entendre résonner le chant du muezzin. Si vous êtes vraiment des aventuriers, empruntez le minuscule escalier qui tournicote dans le clocher. Sensation maximum ! San Felipe Neri est sans aucun doute permis l'édifice le plus époustouflant de Sucre. Il y a des privilégiés sur cette terre qui étendent leur linge sur leur terrasse avec cette vue-là, qui voisinent avec les toits de ce bijou architectural. Sucre, c'est définitivement LA ville où l'on peut prendre sa retraite. On en reparle dans 30 ans…


Pour le moment, nous voici redescendus sur le plancher des lamas et entrons dans le musée de la cathédrale. Les portes des différentes salles sont verrouillées avec des cadenas. Interdiction de prendre des photos. La guide ou une surveillante en treillis vous talonnent tandis que vous regardez l'étalage des différents objets de la liturgie. Overdose d'argent et d'or. Millions de morts des mines de Potosi. Cela sonne comme une malédiction, le prix à payer pour le sacrifice inutile de tant de vies humaines : maintenant, le musée est obligé d'enfermer son butin à clé pour ne pas être volé… Nous passons devant la Vierge de Guadalupe (celle déjà mentionnée dans l'article sur le couvent de la Recoleta). On devrait se sentir en dévotion devant cette richesse, cette figure sacrée, mais son écrin d'argent, sa cage arrondie qui la protège des voleurs, ressemble à un juke-box avec ses loupiotes rouges, jaunes et vertes. Cela la décrédibilise complètement et la rend presque ridicule. Dans une chapelle attenante à la cathédrale mélangée de baroque et de néo-classique, comme un gros gâteau à la crème, toutes sortes de reliques sont exposées, dont un linceul imprimé des traces d'un corps allongé et de ses os. Le seul lieu intéressant de cette visite reste la salle où sont exposées les peintures de Bernardo de Bitti, inspirées de la "maniera" intalienne. D'autres, tout aussi belles, ont été peintes par des indigènes à partir de copies d'oeuvres qu'on leur envoyait d'Europe. Artistes anonymes à jamais oubliés. 

La Recoleta : les moines et les amoureux (Sucre)

De la place 25 de mayo de Sucre, prenez donc une rue qui monte qui monte (par exemple la San Alberto) et laissez vos pas vous mener le long de la côte. Quittez un instant la rue et son trafic pour un petit quartier, sur la droite, pavés et maisons fleuries. Retournez-vous et admirez la vue (respirez un peu aussi, parce que ça grimpe fort). 


Sur la petite place de la Recoleta s'élève une église toute blanche, derrière les murs de laquelle 10 hommes, 4 prêtres et 6 novices, vivent dans ce qui est un couvent franciscain. Poussez donc la porte et passez de patio en patio, enfoncez-vous chaque fois plus dans une atmosphère de calme, de paix. L'un de ces patios est la réplique, en plus petit, du patio de la naranjas de Sevilla. Belle référence. Quant au cèdre multicentenaire, on dit qu'il faut une ronde de huit personnes pour en faire le tour. Il a même été classé monument national. 


La guide vous décrira les tableaux de l'école de peinture religieuse de Cuzco et vous montrera d'autres merveilles, comme la partie supérieure du temple, où les moins viennent chaque jour s'asseoir pour  l'office sur des sièges en bois sculpté, ensemble magnifique, oeuvre d'un seul artiste et que celui-ci aura mis quatre ans à réaliser. Vous verrez aussi une réplique peinte de la Vierge de Guadalupe (que vous admirerez en vrai dans la cathédrale), celle-là même dont on dit que les richesses en pierres et métaux précieux accumulés sur sa robe représenteraient une somme telle qu'elle pourrait rembourser la dette extérieure de la Bolivie…
Pour vous remettre de tout cet or, de toute cette fièvre et de tout ce silence, allez donc rendre visite aux amoureux assis sous les arcades de la place de la Recoleta et admirez la vue. Si vous avez le temps, posez-vous sous les parasols en paille du restaurant et admirez la vue panoramique sur la ville, tout en jouant aux échecs, si cela vous chante. 
A Sucre, on passe sans cesse de merveilles religieuses en merveilles naturelles. Il y en a pour tous les goûts. 

jeudi 7 août 2014

Cerro de Cota : le lac fantôme

Nous profitons d'une matinée où le Cerro de Cota est encore relativement vide, avant les fêtes d'Urkipiña à Quillacollo (à 30 minutes de bus de Cochabamba), pour monter au "calvaire". Une messe est en train d'être célébrée mais ce qui nous intéresse aujourd'hui se trouve un peu plus haut que la chapelle de la Vierge aux habits cousus de fils d'or. 
Nous nous trouvons donc en haut du Cerro de Cota, lieu de la soit-disant apparition de la Vierge. Des hommes et des femmes sont en train de casser des cailloux, de remplir des sacs de pierres pour aller les jeter un peu plus loin dans le précipice. En réalité, ils travaillent à la tâche pour "nettoyer" la montagne, afin que les pèlerins viennent casser les fameuses pierres et les ramener chez eux, non sans avoir auparavant fait un voeu, demandé un service à la Vierge. Dans quelques jours, le cerro va être envahi par des croyants, pioche à la main, il faut par conséquent préparer le terrain. On dit cependant que celui qui sollicite une faveur doit obligatoirement revenir l'année suivant pour rendre sa pierre à la Vierge, sous peine, non seulement de ne pas être exaucé, mais aussi d'avoir quelques ennuis avec la Sainte femme, qui, lorsqu'elle est courroucée, est capable de tout, comme chacun sait…
A quelques pas de là, des pierres sont entassées en mini murs et forment différents rectangles. Il s'agit des terrains miniatures que les pèlerins viennent acheter et faire bénir. Ils croient ainsi qu'en ayant placé leurs souhaits immobiliers sous l'hospice de la Vierge ils obtiendront ce qu'ils désirent en taille réelle. 
Nous nous penchons au-dessus du précipice et admirons la vallée. Vallée ? Que dis-je ! Ici, il y avait un lac ! Il n'y a pas si longtemps que cela, cette cuvette blanche de sel et plantée de quelques touffes d'herbes sèches était recouverte d'eau. En 40 ans, le lac s'est lamentablement asséché. Quelques oiseaux y pèchent encore mais on se demande s'ils trouvent des poissons… Tristesse de la terre mère qui s'assèche, des bouleversements climatiques qui défigurent des terres jadis opulentes et verdoyantes. Aujourd'hui, des fous furieux en motos se sont improvisés un circuit et le bruit de leurs moteurs pétaradants abîment aussi le lieu. Est-ce vraiment du sport, que cette pollution sonore et écologique ? Doit-on vraiment cautionner ce genre de nuisances, ce genre de violations faites à la nature ? Dakar… Course du diable…