mardi 29 juillet 2014

Urkupiña 2014 : el ultimo convite

Les nuages de ces derniers jours se sont dissipés pour laisser place au fameux ciel bleu d'hiver de Cochabamba. Nous nous rendions hier matin, dimanche, à Quillacollo, à l'ouest de la ville, par un froid piquant. Ensuite, le soleil implacable, l'astre qui ne pardonne rien aux peaux non préparées s'est installé au-dessus de nous pour accompagner le dernier "convite" avant la fête d'Urkupiña qui aura lieu du 14 au 16 août prochains. 

Le "convite", c'est la répétition générale, mais sans les costumes, ou seulement quelques éléments de ceux-ci. C'est également le renouvellement de la promesse faite à la Vierge de danser pour elle jusqu'à l'épuisement. Nous voyons se succéder les morenadas, diabladas, tinkus et autres waka wakas que nous admirerons le 15 août vêtus de tous leurs apparats. Les habitants et quelques curieux venus de Cochabamba pour l'occasion (dont nous !) se sont massés le long du parcours. Tandis que les fanfares se succèdent, on commence à repérer à quel endroit de l'avenue il va falloir acheter sa place pour le jour J, afin d'être le mieux placés possible. Des habitants prévoyants ont sorti, à l'ombre, sur le trottoir, les fauteuils du salon. Partout dans Quillacollo, on sent que la fête se prépare. Les danseurs transpirent en descendant la rue principale. Ils exécutent leurs mouvements mille fois répétés, chaque semaine depuis des mois, en regardant droit devant eux vers le Tunari, face au soleil. Même les plus mats d'entre eux se sont badigeonnés de crème solaire tant la lumière est éblouissante et brûlante. A la fin du convite, ils iront tous au temple pour prier la Vierge, la "mamita", et lui demander quelques faveurs en échange de la ferveur qu'ils mettent à danser pour elle. Chaque pas de danse, chaque mouvement est un rite à lui tout seul. Vivement le 15 août qu'on se rende sourds à entendre passer toutes ces bandas, qu'on se fasse griller par le soleil, qu'on dégouline du jus des salteñas et que ça danse, que diable !



vendredi 25 juillet 2014

Cochabamba vue du Cristo de la Concordia

Oui, el Cristo de la Concordia est évidemment toujours à sa place. Bien sûr. Par contre, ce matin, malgré les recommandations qui disent le contraire - c'est vrai qu'il y a déjà eu des touristes agressées, et puis c'est surtout pour faire marcher le téléphérique... - nous empruntons les 1200 et quelques marches qui conduisent au sommet de la colline, chose que nous n'avions jamais entreprise, et ce n'est pas faute d'y être déjà allés ! La paresse, parfois… Mais ce matin, nous sommes décidément courageux!

La montée est agréable et nous permet, à chacune des nombreuses pauses - ok, ce ne sont que 265 mètres de dénivelée, mais à presque 3000 mètres d'altitude, sous un soleil brûlant, avec un vent sec qui soulève des kilos de poussière, et sans acclimatation préalable, c'est dur !-, cela nous permet, donc, de nous rendre compte de la dimension de cette métropole qui a grossi si vite et si loin dans sur les cerros en si peu de temps. Aujourd'hui, les quartiers nord sont peuplés de villas avec piscine, et les quartiers sud s'étendent bien au delà des yacimientos petroliferos, sur des collines qui ressemblent plus à des favelas prêtes à s'effondrer à la moindre pluie qu'à une organisation urbaine. 

Qu'importe, le cerro Tunari, couvert de la neige de ces derniers jours, veille sur la ville et unifie le tout, le sud et le nord, les pauvres et les riches. Plus loin, la laguna Alalay a elle aussi changé de visage au fil des années. Recouverte d'algues vertes il y a quelques temps, elle est aujourd'hui nettoyée consciencieusement grâce à un énorme budget dédié à cela, mais a lamentablement rétréci. Les anciennes municipalités voulaient l'assécher pour y construire des terrains de sport et autres infrastructures, les cochabambinos ont dit non, qu'elle se tarisse elle-même si c'est le destin mais qu'on nous la laisse. 
Ce matin, la lumière est mauvaise pour faire des photos. Des nuages qui n'ont normalement rien à faire là en hiver voilent le soleil et la couche de pollution qui stagne dans la vallée brouillent le panorama. Ce qui est intéressant, alors, c'est de regarder les gens. Des cholitas aux touristes en passant par les amoureux, le Cristo de la Concordia est le rendez-vous d'une population hétéroclite mais qui a en commun l'amour de sa ville. 


Après avoir fait le tour de Jésus, qui regarde tout ça de haut sans intervenir, comme toujours, prétentieux qu'il est de dépasser de quelques centimètres celui de Rio et de se targuer ainsi d'être le Christ le plus haut du monde, nous redescendons en téléphérique. Certes, à 6 bolivianos l'aller (soit environ 60 centimes d'euros), nous aurions pu faire l'économie de la suée de la montée. Mais nous n'aurions pas vu notre ville comme ça, se découvrir peu à peu sous nous yeux ébahis d'amour sincère. 


jeudi 24 juillet 2014

En direct de Cochabamba

Alors voilà, ça y est, me voilà de retour en Bolivie.
Première étape, Cochabamba où j'ai atterri ce matin. Beaucoup d'impressions qui se mélangent sous le ciel bleu limpide qui n'existe qu'à cet endroit de la terre.
Je ne m'étendrai peut être pas beaucoup ici, je n'en sais rien, tout dépendra de la technique.
Pour me suivre, allez donc voir la page Facebook de Montagnes d'ici et d'ailleurs (cliquez sur la photo à droite de cette page)!
A très vite!

samedi 19 juillet 2014

Insolites à Gargilesse

Il y aurait des crocodiles dans la Creuse ?
Chemin de Santiago
Le mauvais temps nous parle...
Accordéoniste suspendu.
Méditation
Quelle est donc cette bestiole ?
Le homard au bord de la Gargilesse.

jeudi 17 juillet 2014

Château Rocher

Première incursion aux abords de la Sioule. Nous déjeunons à côté du pont roman du Pont de Menat. Au bord de la rivière, le temps s'écoule à un rythme lent, le même depuis des siècles. L'autoroute est bien loin et le calme règne.
Nous suivons une petite route à droite et, après quelques virages, nous tombons nez à nez avec une merveille historique : Château Rocher, du haut de son promontoire, domine le paysage. En face de nous, un panneau bleu indique le sentier qui mène aux ruines. Six kilomètres de circuit. Il fait une chaleur à faire la sieste sous les arbres. Qu'importe, nous nous lançons. Le sous-bois est accueillant et nous conduit jusqu'à Château Rocher, forteresse moyenâgeuse aujourd'hui en cours de rénovation, à cause d'une dégradation importante du site. 
http://chateau-rocher.fr/
Du sommet de l'éperon rocheux, nous dominons la vallée de la Sioule et comprenons l'importance stratégique d'une telle situation géographique. En contrebas, les canoës voguent sur les flots. Deux époques, deux manières de découvrir cette région pleine de surprises. 
La randonnée se poursuit par le hameau semi abandonné de Blot Rocher. Pourtant, avec sa vue imprenable sur la vallée de la Sioule et les monts alentours, avec ses maisons traditionnelles aux toits en escaliers,  Blot Rocher pourrait en séduire plus d'un. 
Par la suite, le circuit délaisse les champs et les plateaux fertiles pour s'enfoncer de nouveau dans la forêt. Nous marchons en compagnie de centaines de papillons tous plus beaux les uns que les autres, au doux son d'un ruisseau. 

Cette première incursion en Combrailles est une réussite totale : mollets fatigués et yeux éblouis, sinus chatouillés par l'odeur des foins et des fougères humides, oreilles charmées par le chant de la nature. Un cocktail qui a un fort goût de revenez-y ! 

mercredi 16 juillet 2014

Le nez dans les étoiles

Ne les manquez pas ! Si vous en avez l'occasion, allez les voir ! 
Ces élèves là n'ont d'amateurs que la fraîcheur et la spontanéité. Pour ce qui est du talent, de la maîtrise et du charisme, ils ont tout de professionnels aguerris. Qu'ils volent, qu'ils jonglent où qu'ils marchent sur un fil, ils le font avec brio et leur aisance sous le feu des projecteurs subjugue le public. Faites le déplacement, vous en aurez pour votre argent ! Le spectacle est millimétré, mené de main de maître et à un rythme endiablé par tous les jeunes artistes, qui vous emmèneront dans leur monde de poésie, de rire et de magie.
L'école de cirque de Bourges recèle des graines de grands artistes en devenir. Le mot qui me vient immédiatement à l'esprit en repensant à ce que j'ai vu, c'est "beauté" : celle qui m'a éblouie, fait briller les yeux et qui m'a transportée dans un univers merveilleux. 
Et si vous êtes vraiment convaincus, l'école de cirque de Bourges propose des stages cet été ! Lancez-vous !
http://www.ecoledecirquebourges.com/

lundi 14 juillet 2014

L'échange des princesses

Chantal Thomas, L'échange des princesses, 2013.
Encore un livre qui me fait dire que si l'Histoire m'avait été enseignée de cette façon, il m'en resterait aujourd'hui plus que de minces vestiges. Chantal Thomas, qui n'a rien à voir avec la célèbre créatrice de lingerie, quoi que, nous dévoile les dessous de la royauté, à travers un échange peu ordinaire : celui de Marie Anne Victoire, très jeune infante d'Espagne, seulement âgée de 4 ans et de Louise Elisabeth d'Orléans, petite fille de Louis XIV. D'accord, il m'a fallu un arbre généalogique pour mieux comprendre tout cela. Pour ma défense, les familles royales européennes, à force de remariages, d'alliances matrimoniales entre cousins et de naissances illégitimes, étaient totalement embroussaillées. 
En 1722, pour de sombres raisons géo politiques, la petite infante Marie Anne Victoire va donc se marier au futur roi Louis XV, de presque 10 ans son aîné ; elle croise à la frontière mademoiselle de Montpensier, qui, elle, va épouser le futur roi d'Espagne, don Luis. Autant vous dire qu'on ne leur a pas demandé leur avis. La petite ibérique va plonger tête première dans son rôle d'aspirante reine de France et se consacrer corps et âme à aimer Louis, qui ne lui rend pas du tout, trop occupé à chasser. Quant à Louise Elisabeth, son intégration en Espagne se fait très mal, voir pas du tout, puisque la jeune fille, qui n'a pour ainsi dire reçu aucune éducation dans son pays d'origine, se goinfre plus qu'elle ne mange, s'amuse follement avec ses courtisanes et a l'audace de se balader en petite tenue sous les yeux ébahis de l'une des cours les plus conservatrices d'Europe. 
L'auteur nous raconte donc, sous le mode de récits croisés, ces brèves années que chacune des deux protagonistes a passé dans le pays de l'autre. C'est l'occasion de nous dresser un portrait sans complaisance des extravagances de Versailles et des raideurs de l'Escurial, mais aussi de nous amener à rencontre un personnage pas si secondaire que cela dans cette histoire : la célèbre princesse Palatine dont, je pense, la lecture de la correspondance serait une bonne suite à celle du roman historique de Chantal Thomas. 

dimanche 13 juillet 2014

La Machine (58)

La mine avec des yeux d'enfants....
On entre dans la ville de La Machine. Rien que le nom, tout est dit. Le petit train à l'entrée du village n'a rien d'un train touristique. Le mineur au travail est gravé dans le roc. Hommage aux gueules noires. Nous sommes dans une cité minière. 


La lampisterie, la salle des pendus. Les vêtements accrochés au plafond et qui sèchent de la transpiration du jour. Le casque est trop grand, la lampe trop lourde. La galerie trop noire et en pente. On trébuche. Trouillomètre à zéro. La mine, la première fois, c'est toujours impressionnant. Il faut accepter de perdre ses repères, le sens de l'orientation, d'oublier la direction de la sortie et même qu'il y en a une. Ensuite, on s'y fait, c'est comme tout.

Il y a le bruit, aussi. Effrayant, qui rend dingue. Les marteaux-piqueurs, la pompe à eau, les explosions de dynamite, attention les enfants, bouchez-vous les oreilles. Comment les mineurs pouvaient-ils entendre la cloche qui annonçait un incendie, un accident, dans tout ce vacarme ? On se le demande. Il paraît que si. 
Pauvre Lisette, qui a passé 10 ans de sa vie dans cet enfer. Lisette, c'est un âne. Mais pas n'importe quel âne, non mademoiselle, non jeune homme ! Lisette, elle savait compter jusqu'à 6 ! Elle écoutait le son des wagonnets de charbon qu'on accrochait derrière elle pour qu'elle les tire, et à 6, elle démarrait. Pas à 5, ni à 7. Seulement à 6. Lisette, elle savait compter. Les animaux, qui restaient 10 ans dans la mine, ne ressortaient pas forcément aveugles, comme on le dit souvent. Par contre, une fois à l'extérieur, il fallait leur ôter, semaine après semaine, les couches successives de tissus qu'on leur avait placées sur les yeux, pour que la lumière ne les brûle pas. Ce qui les faisait mourir, parfois, c'était de se retrouver avec toute cette liberté et de ne savoir qu'en faire, séparés qu'ils étaient à présents de leurs camarades de travail, les mineurs. En voyant Lisette empaillée, visitée par les touristes de temps en temps, on se prend d'affection pour ces animaux courageux.
Le musée complète la visite. Les bureaux de l'administration sont restés intacts, le mannequin de cire, avec ses binocles sur son nez pointu, est très réaliste. Les salles sont très bien organisées et on revit l'épopée de La Machine. On se replonge avec moins d'angoisse dans l'obscurité des galeries grâce à des reconstitutions réalistes.

Le dimanche, les anciens mineurs font la visite. On reviendra. Ils nous expliqueront de manière encore plus vivante (même si la guide était extrêmement sympathique ! merci !) comment ils descendaient et remontaient dans la cage, comment il revenaient tout noirs de là-dessous et comment ils étaient fiers de leur métier. 

samedi 12 juillet 2014

Le Bec d'Allier et le Guétin

Nous sommes au bord de la Nièvre mais encore dans le Berry, les gens d'ici y tiennent beaucoup. Et ils n'ont pas tort de revendiquer pour eux ce paradis. 
Juste à côté de Nevers se trouvent en effet deux sites, que l'on peut rallier à pied et surtout à vélo, puisque nous nous trouvons justement là au kilomètre 0 des chemins de "La Loire à vélo". 
Il y a d'abord Le Guétin, avec son étonnant pont canal sur lequel les bateaux grimpent par le biais d'une écluse. C'est l'attraction touristique par excellence. 


Si on ne se contente pas de regarder les bateaux monter ou descendre d'un étage, on peut aussi faire une petite croisière sur le canal et voir le prodige depuis l'intérieur. Mais attention aux coups de vent ! Perchés sur le canal, à l'abri de rien, vous dominez le paysage et risquez de vous faire envoler la perruque. Libre à vous d'aller ensuite la repêcher dans l'Allier. Si le courant l'a emportée, vous devrez foncer au Bec d'Allier, car votre tignasse a toutes les chances d'être passée d'un fleuve à l'autre. 

Trêve de plaisanterie. Au Bec d'Allier, vous êtes à l'endroit même où l'Allier se jette dans la Loire. Vu du haut, on peut en effet distinguer les deux géants qui se rencontrent par leur différence de couleur et de courant. Aujourd'hui, par exemple, la Loire était sombre, presque marron et ridée, tandis que l'Allier était d'un gris bleu profond et totalement lisse. Chaque jour, ce paysage naturel rare se renouvelle, pour la plus grande joie des touristes qui y viennent l'été par bus entiers. Il est vrai que c'est un spectacle dont on ne se lasse pas. 


On peut aussi aller fureter dans les ruelles du village aux maisons anciennes et, tout en faisant mine d'être captivé par le panorama, jeter un coup d'oeil discret aux courettes des belles demeures qui font face au fleuve. Quelle chance ont ces gens de pouvoir papoter au jardin, d'avoir le privilège de prendre le thé dans un tel cadre !
On se dit que si on avait un sac de piastres sous l'oreiller, on achèterait bien quelques mètres carrés...


mercredi 9 juillet 2014

Radio Mundial (bis)

Hier, le Brésil prenait la claque de toute sa carrière. Sept buts face à l'Allemagne. D'accord, c'est un record, c'est très triste pour le pays organisateur de se faire sortir avec un score aussi fort. Mais, je proteste ! Ce matin, les journaux du monde entier, les télés, les radios, ne parlaient que de la "défaite brésilienne" et en aucun cas de la victoire de l'Allemagne. Je n'ose comprendre que non seulement tous donnaient le Brésil pour favori, mais tous le souhaitaient vainqueur. Il y a un moment où le parti prix fait passer le jeu au second plan. Parce que pour ce qui est de la manière, les sud-américains ne nous ont pas montré grand chose. Pas de fond de jeu, des attaquants au rabais, plus de fioritures comme par le passé. Une vraie déception. Oui, bien sûr, il y a Neymar, dieu sur terre, d'après ce qu'on dit. Mais, hier soir, si on avait enlevé le meilleur joueur allemand, les européens auraient gagné quand même, c'est évident. Le Brésil est déjà bienheureux d'en être arrivé à ce stade de la compétition, après leur premier match gagné grâce aux simulations de Fred et aux largesses de l'arbitre, après ce match dantesque contre le Chili qu'ils n'auraient jamais dû remporter, après leur prestation médiocre contre la Colombie. Qu'ils soient battus par la meilleure équipe du monde, et je pèse mes mots compte tenu du niveau de jeu de la Mannschaft, ce n'est qu'un juste retour des choses pour cette équipe qui a malheureusement su allier à merveille la tricherie, l'agressivité et la prétention. Je ne suis pas anti Brésil, je suis au contraire très déçue par ce que cette nation mythique nous a montré cette année. 
Par ailleurs, pour en revenir à l'opinion qui pleure leur élimination et ignore ostensiblement les qualifiés du jour, je suis outrée par ce que j'ai pu lire sur les réseaux sociaux, lieu de communication s'il en est où se sont déchaînées les plaisanteries les plus douteuses. Je suis choquée par la réapparition des casques à pointes, des mots "boches", "teutons". Certains vont dire que je n'ai pas d'humour. Je suis désolée, mais si on avait parlé de "bougnoules" après la défaite des Algériens ou de "négros" pour désigner les Ghanéens, les biens pensants dans leur ensemble seraient montés au créneau. Je suis enseignante et j'ai lutté au quotidien contre les termes racistes en tous genres. Cette année, en campagne, quelle ne fut pas ma stupeur en entendant un adolescent parler des "boches" ! Alors, oui, vous penserez peut-être que je n'ai pas d'humour, mais je persiste et signe, ces horribles mots n'ont rien à voir avec le foot. Qu'on soit déçu, attristés, admettons, mais cela ne donne pas l'autorisation de déverser un flot d'idioties teintées d'une haine archaïque. Facile de dire que le sport rassemble, qu'il est un facteur d'union entre les peuples et un vecteur de la lutte anti-racisme... et ensuite de laisser passer de telles abominations. 
Alors que le meilleur gagne, bravo à l'Allemagne et à bas les cons !

lundi 7 juillet 2014

Retour en Bolivie

"Mais maman, tu te rends compte ! A cause du voyage en Bolivie, on ne verra pas le Mont Blanc cette année !"
Dilemme. Et puis quand faut y aller, faut y aller. Les circonstances, les aléas de la vie, ça se précipite, pas le temps de trop réfléchir et on dit "oui". Ensuite, on se dit qu'on a le temps. On achète le billet d'avion comme on prend une place, 6 mois avant, pour un spectacle auquel on rechigne à aller le jour J. Parce qu'on a piscine. Sauf qu'un billet d'avion, ça ne se revend pas sur Le Bon Coin, on ne peut pas rester dans son canapé et manger des pizzas comme on ferait si on allait pas au concert. Alors on fait l'autruche. Pendant des mois on n'y pense plus, on vit sa vie pépère, on fait comme si de rien n'était. On y pense en se rasant le matin, sauf qu'on n'a pas de barbe, donc en fait, on n'y pense pas vraiment. 
Deux semaines avant le grand départ, on se réveille, on se regarde dans le miroir et on réalise qu'il faut impérativement :
- trouver à se loger sur place,
- acheter le pack médicaments,
- changer un peu d'argent mais c'est trop tard,
- accessoirement, faire ses valises.
Pendant des semaines on a auto-argumenté qu'on était laaaaarge. Mais là, ça urge. La pression monte. Normalement, quand on part en voyage, les achats de dernière minute se font dans un enthousiasme mêlé de stress, mais dans l'enthousiasme. Pour moi, tout est différent.
Ce n'est pas mon premier voyage en Bolivie. C'est mon quatrième. Si vous êtes un peu curieux, tout est là.  

La première fois, j'y allais pour les études, pour découvrir, pour réaliser un rêve.
La deuxième, pour y rester, voir du pays, travailler, me fondre dans la masse.

La troisième, en famille, pour transmettre, créer un lien, planter des racines, acheter un appartement, la totale.
Et puis de l'eau est passé sous les ponts. Un tsunami, plutôt. 
La rupture avec le pays, parmi tous les déchirements, a été rude. Llajtay blues. Pour accuser le coup, je n'ai plus lu les journaux, plus mangé de quinoa, plus écouté Norte Potosi, plus voulu en entendre parler. J'ai pris le grand grand large. 
Et nous voilà revenus à la case départ. L'angoisse monte. C'est toujours le même pays, mais plus comme avant. Est-ce un mal ? Est-ce un bien ? L'enthousiasme n'est plus là. La peur, un peu. De me sentir perdue. De ne plus rien comprendre. De ne pas trouver mes marques. De m'emmerder à 100 sous de l'heure. On me dit "waou ! Quel beau voyage !" et je songe "bof... Je serais tellement mieux assise dans mes alpages..." 

Allez, demain, c'est décidé, je m'y mets. J'ouvre une valise, juste pour vérifier que je ne vais pas tomber là-dedans dans un précipice. Parfois, quand on est enfant, on demande à maman de vérifier que le loup n'est pas sous le lit, le soir, avant de dormir. Un truc dans le genre. J'imagine. Demain, j'achète le Routard et je reprends tout depuis le début. 
La Bolivie ? Connais pas. Hâte de découvrir...
Maison... à l'année prochaine...

samedi 5 juillet 2014

La porte

Lui dire que dans la vie, il y a des débuts et il y a des fins. Qu'il y a des rencontres, qu'inévitablement on s'attache et qu'on aime être ensemble, qu'on aime se revoir chaque jour pour le même rendez-vous quotidien. Lui dire qu'on a le droit de se laisser aller à être heureux, que c'est tout à fait autorisé, que ça prouve même qu'on est humain, qu'on donne et qu'on reçoit à fond. C'est ainsi. 
Et puis lui dire que oui, c'est vrai et on ne peut pas le nier, un jour il faut partir, se quitter, fermer la porte derrière soi et que ça fait mal. Un jour, malgré les bons moments passés, la page se tourne, c'est la fin, il faut l'admettre. On pleure, bien sûr, pourquoi se retenir ? Est-ce une honte ? Pourquoi se cacher ? Il faut pleurer, : comme on met de l'huile sur les gonds de la porte qui grince, on met des larmes sur ceux de la porte qu'on referme. 
Ensuite, c'est une autre histoire qui commence, une autre aventure. Lui avouer la fierté qu'on ressent à l'avoir vue accomplir cette mission avec brio, le bonheur que c'est de la voir changer, mûrir et grandir. Lui insuffler l'espoir des commencements, l'exaltation de l'aube, quand, juste à la fin du cycle nocturne, on sait que le soleil va se lever en ignorant encore de quelle teinte il va peindre le ciel. 
Enfin, sans lui mentir sur la dureté des rites de passage dans la vie, lui dire "prends ces moments en photo, prends-en plein, les plus nettes, les plus belles possible. Fais de tes clichés des oeuvres d'art. Range-les dans un tiroir. Et ne les regarde plus jamais."

mardi 1 juillet 2014

Les Puys dans l'orage

Dimanche 29 juin. 17h.
Nous quittons le village en direction de l'autoroute. Sur notre droite, la chaîne des Puys se fond dans un décor d'acier. Le Puy de Dôme est comme dilué. Sa matière s'est transformée, évaporée dans le ciel de métal. 
Une fois sur la voie rapide, nous avalons le bitume en surveillant, qui passe au-dessus de nos pauvres petites têtes inquiètes, un énorme nuage gris foncé à la texture de barbe à papa. Telle une explosion nucléaire, un gigantesque champignon arrondi avance comme un monstre et projette à une vitesse faramineuse son raz-de-marée anthracite sur un faible ciel bleu pâle. Les rafales de vent bousculent la voiture, fourmi s'échappant à son rythme ridicule de l'éruption du volcan. 
Soudain, c'est la grêle qui rebondit sur l'asphalte, sur la carcasse du véhicule. Le déluge rend la vision nulle et nous donne l'impression angoissante de nous trouver pris au piège dans une lessiveuse. Les dieux ont mis un euro dans la machine et appuyé en ricanant sur le bouton "on" du lavomatique. Impuissants, nous nous laissons dévorer par la nuit définitive qui règne dans l'oeil du cyclone...