vendredi 31 janvier 2014

Châteauneuf sur Cher

Depuis Séville, je ne m'étais pas sentie aussi émue à la vue de tant de beauté en plein ciel. Depuis ma montée à la Giralda, je n'avais pas été aussi impressionnée, éblouie, transportée, par un monument. Je traversais régulièrement Châteauneuf sur Cher, sans jamais m'y arrêter. Avant aujourd'hui. Avant de venir me garer là et de partir à pied, d'abord sur les rives du Cher, puis le long des remparts du château et enfin aller à la rencontre de la basilique Notre Dame des Bons Enfants.


Le ciel est d'un bleu limpide, lumineux, méditerranéen. Plus on s'approche, plus l'édifice est impressionnant, à la fois imposant et d'une légèreté extrême. La blancheur, sans doute. Une montagne, mais pas écrasante, accueillante. On en pousse la porte avec précaution et on entre, sur la pointe des pieds. Dans beaucoup d'églises, de cathédrales, on est paralysé par la froideur, l'austérité. C'est le cas de Notre Dame de Paris, par exemple, qui ne réconforte pas vraiment mais place plutôt le visiteur dans une position d'humilité forcée, de soumission. Au contraire, dans d'autres, comme dans les églises baroques - Saint Louis en L'Ile, ma préférée, et évidemment, les chapelles savoyardes -, on s'assied confortablement, comme dans un salon, un lieu ami, chaleureux, intensément vivant. A Châteauneuf, c'est autre chose. C'est la grandeur d'une cathédrale baignée de clarté, l'élégance auréolée de douceur et qui insuffle dans l'âme du visiteur un bien-être rarement ressenti. 
Alors, je m'assieds. Le regard comblé de beauté, je peux fermer les yeux et entrer en moi, y ressentir la paix. Sans prier. Il n'y a rien de religieux là-dedans. Juste oublier l'extérieur, tout le reste et ne penser à rien. Méditer. Accueillir le silence. Le laisser entrer et agir comme un onguent sur les blessures de l'âme. 




 J'y reviendrai. Evidemment. Comme je reviendrai à Séville. Ni plus, ni moins, voyez-vous ?

jeudi 30 janvier 2014

La servante du Seigneur



Jean Louis Fournier, La servante du Seigneur, 2013.
"Touchant", "Intéressé", "Indécent", "Courageux"... Voilà, à travers les qualificatifs qui ont pu lui être attribués sur le net, un livre qui suscite la polémique. Et moi, j'aime la polémique. J'avais bien aimé Le CV de Dieu, je l'avais trouvé drôle, bien trouvé, bien écrit, alors j'ai eu envie, après avoir entendu l'auteur il y a quelques temps déjà à la radio, de lire celui-ci. Jean Louis Fournier, dans ce programme radio, parlait de son désarroi de voir sa fille embrigadée dans un mouvement religieux sectaire. Il se disait vivre dans l'incompréhension et la tristesse de l'avoir "perdue". A mon avis, ce qui fait le bien et le mal du livre, c'est son ton. Humoristique, sarcastique, mi-léger, mi-nostalgique, le style d'écriture choisi pour aborder le sujet sert et dessert le fond. Ce qui explique les deux opinions divergentes autour de La servante du Seigneur : certains appuient la démarche, soutiennent l'auteur et justifient l'emploi de l'humour comme un moyen de survivre à la douleur provoquée par cette "perte" ; d'autres, au contraire, le soupçonnent d'opportunisme et d'utiliser ses prétendus malheurs familiaux pour "se faire de l'argent". Dans un premier temps, jusqu'au terme de ma lecture, je me suis située dans la première moitié. Et puis, j'ai été surprise de lire, en guise d'épilogue, le "droit de réponse" de Marie, la fille de Fournier. Une fille qui, d'après ce qu'elle dit, n'a rien de désespérée ni de "sectarisée", à défaut d'avoir été "starisée" par son père. Un père qui, déjà, avait occasionné des débats houleux et des protestations indignées, après la publication d'un livre sur ses deux fils handicapés. Alors, d'un coup, je me suis prise à examiner les arguments de la deuxième moitié des réactions du net, de ceux qui reprochent à l'écrivain d'imposer au grand public, d'une certaine manière, des séances de psy couchées sur le papier. Intéressé, Jean Louis Fournier ? C'est vrai, on ressort un peu mal à l'aise de cette lecture et on aurait "préféré", même si on ne lui aurait pas souhaité, que l'auteur nous parle de l'emprise d'une "vraie" secte sur sa fille, ce qui aurait peut-être plus justifié l'écriture d'un tel livre. Ou la question de l'opportunité de déballer sa vie dans des livres... Si on lui pardonne, à Jean Louis, c'est vraiment parce qu'il a une plume très efficace...



mercredi 29 janvier 2014

Le pianiste de la Sierra Madre - annexe -

Je viens de terminer le livre dont je vous parlais précédemment, sur l'expérience de Romayne Wheeler, le "pianiste de la Sierra Madre", chez les Tarahumaras du Nord du Mexique. Et, au réveil, la lecture de certains passages m'ont donné envie, vraiment, d'être gentille, d'être bienveillante envers tout le monde. Non pas que je sois un modèle d'agressivité, loin de là. Mais, parfois, la violence environnante, celle des autres, de notre société malade, nous blesse, nous malmène et nous amène, à notre tour, à avoir des réactions teintées d'agressivité. Je vous recopie donc un texte que Romayne Wheeler a écrit ces dernières années, une sorte de réflexion sur la vérité de la vie :

Méditation dans la sierra Tarahumara

Pourquoi vivons-nous ? 
Pour apporter solution 
à quelques questions existentielles.
Tendre à l'accomplissement
sans s'écarter de nos convictions
et trouver l'harmonie de notre être.

Qu'y a-t-il de plus vieux au monde ? 
Le souffle du Tout Puissant.

Quel est le moment suprême ? 
L'apogée solitaire
de la réalisation de la joie.

Quoi de plus douloureux ? 
La souffrance
que rien ne saurait apaiser.

Quoi de plus immuable ? 
L'insatiable aspiration
à la félicité.
Quoi de plus difficile ? 
Trouver et préserver la paix
dedans son âme.

Quoi de plus simple ? 
Laisser sa langue
s'agiter comme elle l'entend.

Quoi de plus haut ? 
Rencontrer la liberté intérieure 
et lui rester fidèle.

Quoi de plus enviable ? 
Partager une amitié véritable.

Quoi de plus grand
et de plus petit ? 
L'univers de notre intériorité. 

Quel est le but le plus élevé ? 
Transcender notre égoïsme
 et vivre pour le bien de tous.

Qu'ai-je à faire de ma vie ? 
Découvrir ce qui me tient le plus à coeur
et au mépris des sacrifices
bâtir ma vie tout autour. 

mardi 28 janvier 2014

Le pianiste de la Sierra Madre



Romayne Wheeler, Vingt ans avec les indiens Raramuris, 2007.
Je n'ai pas encore terminé de lire le livre, mais j'ai visionné hier soir le DVD qui accompagne l'ouvrage et cette séance ciné-dépaysement à la maison a changé ma vision de l'oeuvre. Car, en découvrant les premières pages du livre, j'y voyais encore une série de maximes, de paroles indigènes comme on en publie tant. Le bon sens du "bon sauvage" et la vision des vaincus mise à l'honneur semblaient être encore au menu. Pourtant, le personnage m'intriguait : Romayne Wheeler, pianiste concertiste viennois ayant fait ses gammes et ses preuves internationalement, et venu s'installer (s'enterrer ?) au creux de la Sierra Madre, au nord ouest du Mexique. C'est là le domaine des mythiques indiens Tarahumaras, qui ont depuis toujours résisté à la conquête de l'homme blanc et à la pression du "progrès" et de la "modernité". C'est pourquoi j'ai fourré le DVD dans mon ordi hier soir et que j'ai mené l'enquête pour vous...
Romayne Wheeler n'est pas du tout un soixante-huitard sur le retour ou un illuminé. Au contraire, c'est quelqu'un qui a les pieds bien ancrés sur la terre et qui a délibérément choisi chaque moment, chaque trajectoire de sa vie. Né à Vienne, il en possède la culture et l'héritage musical ; élevé en Amérique Centrale, il a très tôt voyagé avec son père dans les coins les plus reculés de cette partie du continent. C'est à cette époque qu'il entre en contact avec des population isolées mais heureuses, et qui vivent dans une nature époustouflante. De retour en Europe, Romanye Wheeler entame une carrière internationale, mais au fond de lui demeure la trace d'un bonheur effleuré et rêvé : il a planté ses racines quelque part dans une cordillère mexicaine. C'est là, sur ce que ses amis définissent comme un coup de tête, mais qui obéit en réalité à une décision mûrement réfléchie, qu'il finit par s'installer définitivement dans les années 90. Le documentaire raconte donc ce changement de vie, le transport rocambolesque du piano de l'artiste à dos de 18 hommes sur des pistes et des crêtes, et nous montre le pianiste au travail, en composition permanente, dans sa maison de la sierra. Cette maison est un vrai nid d'aigle, perchée au bord de deux mille mètres de précipice et offre une vue imprenable sur une infinité de canyons, à la vue desquels on comprend très vite que le Grand Canyon des Etats Unis peut aller se rhabiller. Drôle de vie en vérité que celle de Wheeler, qui compose maintenant sans cesse, mais à la bougie, et dont la "famille adoptive" Tarahumara prévoit déjà de l'enterrer avec une petite boîte à musique, preuve qu'il a bien l'intention de ne plus refaire le chemin inverse vers la "civilisation". 
Du coup, après avoir plongé tête la première dans ces paysages de début du monde, je me replonge dans la lecture du livre, que j'aborde maintenant d'une tout autre manière. Car, au fond, cela fait un bien fou de lire un témoignage gringo sur un peuple autochtone sans qu'on nous donne une fois de plus une leçon de vie culpabilisante. Ici, que de l'humilité, ça change !

mercredi 22 janvier 2014

Le chant des gitans


Fernanda Eberstadt, Le chant des gitans, 2007. 
Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'effet est raté. Dès la préface, un certain John Updike démonte tout : le projet, l'auteur, le résultat, les protagonistes, en l’occurrence, les gitans. On se demande encore pourquoi et comment l'auteur a pu donner son aval à une telle préface, si ravageuse qu'elle en arrive à vous dissuader de commencer la lecture du livre. Comme je suis aventureuse et que la lecture des témoignages de ce genre attise ma curiosité, j'ai franchi le cap de l'introduction peu flatteuse et me suis très vite rendu compte que le rendu du contenu était lui aussi contraire à l'effet que Fernanda Eberstadt a voulu lui donner. 


Cette Américaine en mal d'exotisme, qui vient de s'installer dans le sud de la France, à Perpignan, avec mari et enfants, semble s'ennuyer ferme puisqu'elle se met dans la tête de rencontrer les musiciens d'un groupe gitan qui lui a tapé dans l'oreille. Le seul problème, c'est que ces gens-là sont fuyants, difficiles à localiser et à aborder. Qu'importe, la prétendue journaliste s'obstine et finit par croiser la route des rumberos itinérants, dont elle tombe littéralement amoureuse. Elle ressemble à ces groupies adolescentes qui courent après leurs idoles, quitte à se faire mépriser par ceux-ci. Elle se laisse balader, embobiner de bonne grâce par des gens dont elle déplore elle-même le manque de fiabilité. Le lecteur n'a pas besoin de se construire une opinion négative à partir de faits, c'est du tout cuit : violences conjugales et mépris des femmes, drogue et alcool ou bien enrôlement religieux sectaire, instabilité, analphabétisme et rejet de tout forme d'éducation, combats de coqs et autres bagarres au couteau, et j'en passe... Comment alors voir dans ce livre autre chose que le récit d'une obsession, d'un caprice de riche yankee qui a voulu voir des autochtones ? Par moments, cependant, nous sommes dans la description objective et non moins édifiante, dans le journalisme anthropologique. Mais, la plupart du temps, les propos d'Eberstadt sont dictés par la passion ou le rejet, par un manque de maturité. En lisant la dédicace qu'elle fait à ses amis gitans du quartier Saint Jacques à Perpignan, on se demande si, au nom de cette même amitié, elle n'aurait pas mieux fait de se taire avant de parler... 
Un livre à lire malgré tout, pour la pincée sociologique qu'on y trouve et justement pour cette construction naïve, puérile et maladroite du propos. Le contraire de la thèse, un bijou de production anti-universitaire ! 

samedi 18 janvier 2014

Minino Garay, el grandisimo

Ce grand gaillard là est une crème, un garçon charmant, adorable, au sourire qui lui dévore tout le visage, à la nonchalance chaleureuse et franche. Quelqu'un de bien, puisque je vous le dis ! Voilà pour le portrait.
Pour ce qui est de la musique, c'est un extraterrestre, un percussionniste de rêve, un génie du tempo, une pointure. Attention, haut niveau.
Et alors, figurez-vous que Minino est entré dans le petit écran, par la porte de Patrick Sébastien, qui a beau être ce qu'il est et être copieusement critiqué, mais qui sait dénicher les talents là où ils sont et mettre les gens en valeur. Notre argentin préféré est donc passé chez Patrick, a eu sa page entière dans Libération, son heure de gloire, et mon Dieu que c'est mérité. Parce qu'il est généreux, parce qu'il est doué, parce qu'on l'aime, tout simplement.
Et si son dernier CD, Asado, tourne en boucle et à fond à longueur de journée, à la maison, dans la voiture, si le son se répand dernière nous comme une traînée de poudre dorée partout où l'on va, c'est que cela faisait bien longtemps qu'on n'avait pas reçu dans les oreilles quelque chose d'aussi bon. Un bijou millimétré, des voix choisies sur mesure, des cuivres hyper dansants. On a envie de déchausser ses croquenots, de déhancher les squelettes et de se mettre à bouger son corps. Tropical, festif, animé, gai, rempli de bonnes ondes. C'est évidemment aussi dû à la maîtrise des percussions, à cette orchestration des tambours, des batteries, des bombos et autres cajones digne du plus grand des chefs d'orchestre. Une symphonie rythmique, la Rolls Royce du genre. Quant aux textes, ce sont des merveilles. Une poésie du quotidien dite dans des mots simples, mais dense, luxuriante et magique comme une jungle ponctuée de diamants bruts. 
Chapeau, mister Minino, et rendez-vous, on l'espère, à un prochain concert !

jeudi 16 janvier 2014

Panorama berruyer

Je m'attendais à une ville endormie, telle qu'elle l'était vaguement dans un de mes lointains souvenirs. Je m'attendais à pas grand chose et je me suis aperçue qu'elle était en fait très belle, cette ville-là. Evidemment, elle n'a pas la classe de Tours (voir article précédent !), mais elle a quand même de la gueule. Le centre, les rues piétonnes, les maisons à colombages ont de l'allure et je crois qu'il y a des centaines de détails qui pourraient bien me sauter au nez lors d'une prochaine visite. Bien sûr, j'ai croisé le palais Jacques Coeur et j'ai aperçu la Cathédrale au loin, grands monuments, grande histoire. Mais ce qui m'intéresse, ce sont les insolites et il faut avouer que Bourges est éclectique : tags sur des façades anciennes, demeures Renaissance ou plus vieilles au bord d'un chantier, portes et fenêtres murées aux linteaux ouvragés qui restent comme tatouées sur un mur maintenant aveugle et muet. Et bien d'autres choses encore. C'était donc mon premier rendez-vous, rapide mais fructueux, avec la cité berruyère. Repérage effectué. Prochaine mission à suivre...







dimanche 12 janvier 2014

LA ville

Voilà, chaque fois j'y retourne et je me dis : c'est une belle ville. UNE ville. Et puis, aujourd'hui, ce matin, en m'y baladant tranquillement, souvenirs souvenirs, en entendant Bernard Lavilliers chanter sa salsa dans les hauts-parleurs, en allant flâner au jardin des Prébendes, j'ai réalisé que depuis que j'habite à la campagne, j'ai plusieurs villes autour de chez moi, à 30 minutes, à 1 heure, à 1h45, des villes où j'ai erré, marché, vécu. Seulement, LA ville, MA ville, même si elle est encore trop loin à mon goût, c'est Tours, cette belle dame un peu clocharde, un peu snob, qui se la joue à la parisienne avec ses bords de Loire et ses beaux cafés, dont les pierres blanches resplendissent sous le soleil. C'est en fait l'une des seules cités où, en me promenant, je ne cherche pas les détails, ils viennent à moi et me sautent aux yeux. 


Elle est à la fois grande et à taille humaine, à la fois musée et accueillante, à la fois guindée et paysanne. Elle cristallise des tonnes de souvenirs, des bons et des moins bons et des très bons qui sont récents ; elle sait me réconforter, me nourrir et me laisser partir pour mieux revenir, sans jamais m'en vouloir ni s'émouvoir. Juste comme une maman et un papa, les deux réunis, une soeur, une tasse de thé, un canapé. La mélodie désuète et colorée d'une valse tourangelle que j'aimerais ne jamais arrêter de danser.

mercredi 8 janvier 2014

Où est le sport ?

Je lançais récemment un coup de gueule sur Facebook (au passage, je suis là : https://www.facebook.com/savoiebolivia?ref=stream, suivez-moi !) au sujet du passage du rallye Paris Dakar en Bolivie et je me suis dit que je pourrais faire d'une pierre trois coups, parce que l'actualité est telle que les coups de gueule sont potentiellement légion en matière de sport...
Ce rallye donc... A l'heure où l'on prône la réduction de la limitation de vitesse sur le périphérique parisien (de 80 à 70 km/ h, vitesses qu'on n'atteint de toute façon que le dimanche matin à 9h, car pour ce qui est du reste de la semaine, si on arrive à rouler à 30 km / h, ça relève déjà de l'exploit...), bref, à l'heure où la mode est à l'écolo (tendance à laquelle on est de toute façon obligé de souscrire, étant donné la multiplication du nombre de voitures et l'augmentation de la pollution dans les villes), à l'heure du rouler vert, donc, comment encore trouver attrayante et justifiée une course qui consiste en l'invasion de territoires vierges et paradisiaques, de début du monde, par une horde de fumants véhicules en tous genres ? Déjà, lorsque le rallye passait en Afrique et répondait encore aux destinations indiquées par son nom, je commençais à hocher la tête, voyant se multiplier les accidents (enfants renversés, entre autres "dégâts") et écoutant avec de plus en plus d'écoeurement la mélopée des soit disant journalistes pas vraiment humanistes arguant la malchance et soupirant avec fatalité pour justifier l'insupportable. Au nom du sport... tu parles... Aujourd'hui, cette année, le "Dakar" est en Amérique du Sud et pour la première fois en Bolivie, et de nombreuses voix s'élèvent pour condamner le passage de la caravane mécanique sur la fabuleuse étendue blanche du salar d'Uyuni et la polémique enfle sur l'opportunité du maintien d'une telle course à l'heure actuelle. Pour ma part, je n'y jette plus ni un oeil, ni deux, dégoûtée par la cécité de tout un milieu sur la beauté du monde et sa nécessaire protection, par le comportement prétentieux et colonialiste de ce même milieu. 
Deuxième coup de gueule : le Qatar. Vous savez, ce prétendu pays qui doit organiser la Coupe du Monde de football en 2022 ? Ces benêts de l'histoire de l'art et de la culture qui investissent dans les immeubles de l'île Saint Louis à Paris pour y construire des ascenseurs à voitures et les faire brûler dans le même temps ? Ce porte-monnaie sur pattes qui a racheté le club de foot du PSG dans le but de le hisser à un haut niveau européen pour qu'on finisse par se demander si l'équipe joue encore dans le championnat de France ou si, au contraire, on ne devrait pas les délocaliser dans un championnat des Emirats ? Qui, au passage, n'en ont à vrai dire pas, c'est d'ailleurs pour ça qu'on va y organiser une coupe du monde, pour leur faire découvrir le football, c'est bien connu. On a, à la rentrée, critiqué la présence de Monaco en Ligue 1, évoquant le problème des impôts et d'un budget injustement élevé par rapport à ses concurrents, mais ce n'était qu'un grain de sable à côté des millions de dollars que manipule le Qatar au PSG. Sauf que le Qatar, on lui fait les yeux doux, en France, et dans le monde du foot en général. Comment croyez-vous qu'il ait obtenu l'organisation de ce fameux Mondial 2022 ? De même, quand les ouvriers tombent comme des mouches au cours des constructions des stades, personne ne dit rien. On apprend maintenant qu'il faudrait décaler cette coupe du monde en hiver, températures trop élevées obligent. Mais où va-t-on ? Comme disait une journaliste ce soir à la radio : "Et puis quoi encore ? Et si le hors jeu ne leur plaît pas, il faudra aussi changer les règles ? ".

Troisième coup de gueule : l'accident de Michael Schumacher, ou plutôt la manière dont il est traité par les médias. Marion Bartoli disait l'autre jour son indignation face à cette priorité donnée à l'établissement d' éventuelles responsabilités et au décompte des sommes colossales liées aux assurances qui en découleraient, priorité sur l'état de santé du champion et sur sa guérison. Certes, les fans ont envie de savoir, d'avoir des nouvelles en permanence et je suis de ceux-là. Parce que Schumi est plus qu'un grand champion, c'est un modèle, un guide pour toute une génération, et pas seulement sur la piste. Mais l'information s'arrête là où commence le voyeurisme et celui-ci n'a pas de limites. On a entendu qu'un pseudo journaliste se serait déguisé en prêtre pour approcher la chambre d'hôpital. Il semble que les dérapages des médias ne soient pas terminés. Charognards. La famille leur demande pourtant de les laisser en paix. L'équipe médicale leur enjoint cependant de la laisser travailler sereinement, comme elle le fait pour tous ses autres patients. Mais la polémique est tellement tentante... Alors, la radio dit que Schumacher, par son hyper médiatisation, empêche les autres malades d'être soignés avec autant d'attention par les médecins ; les chaînes de télé, comme l'a dit l'attachée de presse du coureur, veulent être les premières à annoncer sa mort. Encore une fois, c'est l'écoeurement qui nous submerge. Quand la seule chose à laquelle les fans s'intéressent et s'accrochent, c'est à la guérison de Schumi, l'idole de mon adolescence.

lundi 6 janvier 2014

Marius et Jeannette

Hier soir, ô dilemme, deux films s'offraient à moi sur mon écran : à ma droite, Le hérisson, adaptation du magnifique roman de Muriel Barbery, avec Josiane Balasko, paraît-il exceptionnelle ; à ma gauche, Marius et Jeannette, qui avait laissé quelques étincelles dans les yeux de quelqu'un à la sensibilité proche de la mienne. Craignant d'être déçue par une adaptation cinématographique qui aurait dénaturé le charme du livre, et ayant également peur de ne pas accrocher au film diffusé par la chaîne Public Sénat (eh oui !), j'ai hésité quelques minutes. Et, tel Raymond Devos allant de Thérèse à Emmanuelle et vice versa, j'ai zappé. Mais pas longtemps, prise de suite, entraînée dans le tourbillon marseillais de Marius et Jeannette. 
Ce n'est pas qu'une histoire, pas qu'un film, ce ne sont pas que des images. C'est une ambiance, une sensation, un univers, tout un monde. C'est un bain, une bulle qui nous enveloppe et de laquelle on rechigne à sortir, tellement bercé que l'on est par ces gens, ces grandes âmes dans des corps si proches des nôtres, captivés par ces oscillations universelles du coeur qui vont du drame à la joie, du rire à la colère, de la peur à l'amour. Car le film n'est pas que la narration d'une histoire d'amour banale entre deux êtres blessés par la vie, c'est une déclaration d'amour adressée à l'humain dans ce qui fait sa force et sa fragilité, mais également à une ville, Marseille, vue sous un angle méconnu, intime. 
Marius et Jeannette, un diamant brut. 

dimanche 5 janvier 2014

Empanadillas de Noël

Petit souvenir gastronomique de réveillon, pour se remettre du baume au coeur avant de reprendre le chemin du métro-boulot-dodo (même sans métro, ça fait le même effet). Un dessert improvisé, comme ça, avec ce qu'il y avait dans le frigo... 
Petits quartiers de mandarine marinés dans le sucre roux et le rhum, glissés dans des empanadillas, elles-mêmes plongées dans l'huile pour êtres frites. 
En accompagnement, des petits chocolats (juste chocolat, beurre) au zeste d'orange. Quelques emporte-pièces plus tard, voici :

samedi 4 janvier 2014

On aime l'Auvergne

On aime y arriver par l'autoroute, plein sud, puis un poil vers l'ouest. A 89 direction Bordeaux, première sortie. A ma gauche, la chaîne des puys. Quelques virages encore et nous prenons la petite route qui tortille, des raccourcis tellement connus des seuls initiés, les purs et durs du cru, que nous les ratons souvent... Nous contournons la chaîne des volcans assoupis, profil droit, profil gauche, adret, ubac et tout le toutim. Le panorama sous toutes ses coutures pour enfin s'arrêter dans un petit hameau à l'abri du bruit, de l'agitation et tout et tout. 
On aime se poser là et imaginer qu'il n'existe rien d'autre au monde. On aime regarder à la télé un reportage sur les landes du nord de l'Angleterre, de l'Irlande, et sortir marcher dans le vent, se dire qu'on y est presque, que c'est presque ça, que C'EST ça, d'ailleurs. On aime connaître ce coin du monde et ne le dire à personne, le laisser absent des GPS, le taire au reste des gens pour y être tranquille, peinard, tout seul, juste en conversation randonneuse avec le Puy de Dôme et la chaîne du Sancy tout là-bas. 
On aime rentrer au chaud et sentir la chaleur du poêle, l'odeur du fromage chaud, des crêpes, de quoi que ce soit qui rassure le coeur et réconforte le corps, et vice versa. 
On aime l'Auvergne parce qu'on aime ses vaches, ses prés, ses étangs, ses gens.
Ce n'est peut-être pas l'Himalaya, mais c'est quand même sympa !





vendredi 3 janvier 2014

Maupuy - Guéret (23)

Dès le premier jour de l'année 2014, que nous vous souhaitions montagnarde, nature et remplie de belles rencontres, nous voici dans notre cher Limousin, à la découverte d'un nouveau site cette fois vraiment étonnant. 
Prenons la route Océan -Suisse et quittons-la juste à l'ouest de Guéret, pour nous diriger vers le site de Maupuy. Nous grimpons en voiture jusqu'en haut du puy (le temps étant loin d'être clément) et stationnons juste sous un immense émetteur, longue perche dressée vers le ciel gris, recevant de plein fouet les vents sans entrave qui traversent de plein fouet ce sommet situé à presque 700 mètres d'altitude. Le panorama est total tout autour, rien n'arrête le regard ni le souffle d'Eole, comme souvent dans le Limousin à ces altitudes et jusqu'à 1000 mètres. Mais là ne s'arrête pas l'étonnement. Bien qu'ayant perdu la plupart de mes photos, suite à un nouveau caprice de mon vieil appareil photo pékinois, je peux tenter de vous décrire ce paysage minéral taillé par l'homme. En effet, la région est connue pour ses anciennes carrières de pierre, dans lesquelles sont venus se tuer à la tâche des centaines d'ouvriers, pour beaucoup italiens. Aujourd'hui, la roche tranchée à la verticale offre des parois idéales pour l'escalade. Vu du haut, le site ressemble au contour d'un gigantesque volcan ; vu du bas, nous nous trouvons, claustrophobes s'abstenir, chéri j'ai rétréci les randonneurs, dans une espèce de sombre cirque, guidés au-milieu des tourbières sur un chemin de planches. Au fond de la combe, nous ne pouvons nous retenir d'escalader quelques rochers. Nous voici à un étage supérieur de la carrière, face à des parois vertigineuses, dominées par le gigantesque émetteur et par le sifflement du vent qui se prend dans sa mince corpulence. 
Ah, comme j'aurais aimé pouvoir vous montrer tout cela en image. Comme quoi, tout est éphémère, rien ne dure, tout passe. La beauté un instant fixée dans l'iris et la pupille s'estompe dans le souvenir. Ne restent que les sons et la sensation de l'ailleurs, un parfum de liberté. 




mercredi 1 janvier 2014

Bonne Année 2014 !!!!

Qu'elle soit montagnarde, musicale, heureuse, gourmande, amoureuse, cosmopolite, nature, voyageuse...
Qu'elle vous emmène sur de nouveaux sentiers, vers de nouvelles rencontres et à la découverte de vous mêmes...