samedi 31 août 2013

Apremont

Autre escapade sur la route de votre retour de vacances vers le grand nord parisien, le magnifique village d'Apremont sur Allier, dans le Cher. C'est presque un village musée, un village peinture, un village gravure, tellement il est fleuri, tellement les maisons anciennes sont belles, bien entretenues, typiques.
Tout de suite, il faut se diriger vers le sublime Parc Floral. On en a vraiment pour son argent : pelouses immenses coupées à ras, façon golf ou jardin anglais, parterres de fleurs toutes plus colorées et majestueuses les unes que les autres. Les odeurs aussi envoûtent, le calme environnant malgré le grand nombre de visiteurs en cette fin d'été. Le jardin japonais est aussi mignon qu'une miniature, le rêve éveillé de se trouver rétréci et envoyé dans une carte postale. Quand au pavillon turc, posé sur les eaux, c'est un joyau, un peu kitch mais tellement exotique. Tout est à sa place sans rien laisser paraître de cette organisation, pour que la balade au fil du parc semble se faire le plus naturellement du monde.
A la sortie, allez donc faire un tour en haut des remparts du château, édifice massif mais qui a le mérite de nous offrir depuis sa hauteur une superbe vue sur l'Allier. Et puis, avant de quitter le village, il faut encore flâner dans les petites rues d'Apremont, se laisser envahir par la tranquillité, et finir par s'allonger le long de l'énorme fleuve, les yeux dans l'eau, les cils dans le vent quand les yeux se perdent dans le ciel, et se laisser bercer par le courant qui entraîne tout votre stress. Un lieu où revenir en cas de perte d'énergies... dans l'année... qui sait... ça peut servir...


jeudi 29 août 2013

Le château de Meillant (18)

Dès l'arrivée au village, nous voici subjugués par la beauté de cette petite place aux maisons alignées : pierres multicentenaires, pastels bleus et fleurs rouges, un enchantement. Entrée dans le hall, on prend les tickets, on ne sais pas vraiment à quoi s'attendre. Le village est charmant mais nous ne sommes pas dans la vallée de la royale Loire. Nous sommes dans le sud du Cher, non loin de Saint Amand, et nous penchons plutôt vers l'idée (qui se révélera ô combien fausse) que nous aurons fait le tour en une heure tout au plus d'un mini-château, un lot de consolation pour ceux qui n'ont pas réussi à accéder à Chenonceaux ou Chambord. Et nous nous enfonçons là le doigt dans l’œil jusqu'au coude, mais alors profond, profond ! 
Justement, une visite guidée commence dans quelques minutes, nous tombons à pic, une guide nous attend devant le château. Et nous voici devant un monument du gothique flamboyant, une magnifique construction qui n'a rien a envier au château de Blois. Un chef d'oeuvre de l'histoire de France, un joyau du patrimoine. Et quelle chance nous avons : la guide est souriante, passionnante, drôle, juste dans le ton qu'elle emploie pour s'adresser à tous, adultes férus d'histoire comme enfants aux yeux béats ; elle sait manier avec adresse les silences, pour nous laisser admirer les plafonds ou les murs recouverts de cuir de Cordoue, et rebondit sur le ludique pour pimenter la visite. Une guide comme celle-là, voilà qui nous donne envie d'en faire autant ! Et qui nous inspire en tout cas pour vous le raconter...

Ce qui épate, c'est que le château n'a jamais été vendu, et appartient toujours à l'une des plus vieilles famille de France, qui puise ses origines avant les Capétiens. "Monsieur", comme notre conférencière l'appelle avec respect, habite dans l'une des ailes et nous sommes donc chez lui, chez le marquis de Mortemart, voyez-vous cela ! Mortemart, ce charmant village du Limousin qui nous avions visité et dont les propriétaires étendaient leurs terres bien au-delà de la Haute Vienne et de la région Centre, puisqu'ils possèdent même, grâce à l'habile jeu des alliances matrimoniales, des châteaux en Lorraine. Monsieur nous fait donc l'honneur de nous accueillir dans son humble salon de 200 m², agrémenté d'un tapis spécialement venu de Turquie et qui s'étend sur quelques 70 m². Les dimensions ne sont pas les seuls attraits du bâtiment et il faut vraiment s'y rendre pour admirer tous ses trésors, pour se laisser bercer par les contes de Meillant. 
Et le parcours ne s'arrête pas en bas du dernier escalier, puisqu'un jeu est prévu pour les enfants, basés sur des indices qui nous permettent de visiter l'immense parc arboré et d'aider les enfants à délivrer la fée lutine... 

samedi 24 août 2013

Partir

Sublimes reportages de Thalassa hier soir, sur ces gens qui changent de vie. On en a vu des centaines dans le genre mais j'ai été séduite par la diversité des portraits dressés et par le regard qui était porté sur eux, bienveillant, loin d'une caméra sensationnaliste, pleins feux sur les héros. Ici, on ne mettait pas l'exploit en avant (même si, la plupart du temps, exploit il y a), mais plutôt les personnalités qui nous étaient présentées. Et, surtout, on nous amenait à nous poser des tas de questions. On pouvait aussi se contenter de regarder de beaux paysages et des histoires incroyables, mais certaines phrases se sont plantées dans mon petit cerveau. Petit vélo, réflexion... mais, pourquoi, au fait ?
Tiens oui, pourquoi on part ? Celle-là, évidemment, je me l'étais déjà posée. Mais, par ailleurs, qu'est-ce qui nous en empêche ? Et qu'est-ce qui fait qu'on rentre ? Dans l'émission d'hier, il y avait plusieurs développements à ces questions et, dans ces portraits, quelques réponses. En voici ma lecture...
Tout d'abord, il y avait un couple de retraités. Cas classique de ceux qui en ont rêvé toute leur vie et qui ont attendu de ne plus travailler pour le faire. Tiens, pourquoi ? Parce que le travail, c'est important, et que, dans travail, il y a argent, et que, sans argent, pas de voyage. Quoique, on y reviendra... Il y a cette notion d'économies qui est omniprésente chez tous, et qui fait qu'on attend d'en avoir suffisamment pour prendre la poudre d'escampette. Mais, une fois qu'on a les sous, est-ce qu'on part pour autant ? Eh bien non. Parce qu'il y a les enfants. Les enfants, ça a besoin d'un cadre, d'une vie posée et régulière, enfin, c'est ce qu'on dit. Parce que cette petite famille qui vit 9 mois sur 12 sur un bateau volontairement prisonnier des glaces tout là-haut au nord du Canada, elle ne voit pas les choses comme ça. Pour eux, les enfants, ça s'emmène partout. Le cadre, on peut le recréer n'importe où, sous n'importe quelle latitude. Et ça fait une sacrée expérience aux bambins. L'enfant n'est pas un fardeau, c'est nous qui transposons et qui nous inquiétons à tort de tas de choses matérielles dont les mômes n'ont strictement rien à faire. Le petit nid douillet, c'est nous qui en avons besoin, comme un doudou, pas les enfants. Petite limite aux transport des têtards, la vie sociale. Oui, les enfants ont peut-être envie, à un certain âge, d'avoir une vie sociale. Dans ce cas, ce sont eux, c'est vrai, qui nous forcent à la sédentarité. Et puis, parfois, ce sont eux qui partent.
Très jolie histoire que celle de cet aventurier d'une vingtaine d'années, tout juste sorti de l'adolescence. Car le voyage, c'est aussi le voyage des autres. Et c'est sa mère qui en parle le mieux. Quelque chose à laquelle on reste étranger, un besoin incompréhensible de l'autre et qui nous étonne. Le gamin a déjà du cran : sa raison à lui de partir, c'est un pétage de plombs, un ras le bol, une colère intérieure trop forte et une question de vie ou de mort. Filer à l'anglaise pour s'offrir le silence, pour calmer ses nerfs et se trouver. Partir enfant et revenir homme. C'est lui qui le dit. Le voyage des autres, ça me fait aussi penser à ce couple et à leurs deux enfants. Ils sont jeunes, ils partent autour du monde, c'est l'euphorie des préparatifs. Le journaliste interroge madame. "Il va enfin vivre son rêve ! C'est génial ! - SON rêve ?, demande le journaliste. - NOTRE rêve, s'empresse de corriger madame." Ouais, sauf que quand c'est dit, c'est dit. Le lapsus est trop gros pour ne pas s'y arrêter. Voyager à deux, c'est donc souvent cela. De toute façon, le voyage est quelque chose de tellement intérieur qu'il ne peut être qu'extrêmement intime et personnel. Sauf quand il est simplement touristique, mais ça, c'est une autre histoire. Le rêve tient du jardin secret, le voyage ne se partage pas, dans le sens où il est découverte de l'autre mais surtout découverte de soi-même. On le voit bien dans ces reportages : l'un vit son rêve, l'autre suit, en fait. Frustrations en perspective. Et, d'ailleurs, peut-être que monsieur serait plus peinard sans madame, pour réaliser ses fantasmes d'enfant ? 
Lui, il l'a bien compris. Le grand Suisse qu'on voit ensuite a tout lâché pour aller se mettre tout seul dans une île déserte au fin fond du monde. Pas de compagnie. Miroir avec soi-même. Lui, il en a après le système. Sur son île, il dit merde aux règles et aux convenances. Pas d'horaires, plus d'obligations, manger avec les doigts, ne rien faire si on veut, être libre de ses mouvements et aller à la rencontre de soi-même. Pendant ces longs mois, il construit sa cabane, cherche tout seul sa nourriture. Robinson. Evidemment, au retour, tout redevient comme avant. Quoique. Il sait quand même, quelque part dans un coin de son cerveau, qu'une alternative est possible. Il le dit très bien : pourquoi on devrait consommer encore et toujours, avoir une maison à crédit, une clôture blanche, un chien et deux enfants ? On peut, si on veut, mais on ne DOIT pas. Voi-là ! Le gars a tout saisi ! On n'est pas obligé de faire comme tout le monde, on n'est pas dans l'obligation vitale d'obéir aux codes dont on veut bien nous faire croire qu'ils sont incontournables ! Bien sûr que non ! D'ailleurs, regardez bien la suite du reportage : on n'est pas obligé de partir au bout du monde sur une île déserte et de s'infliger des souffrances pour vivre une aventure. C'est encore notre ami helvétique qui le dit. Recul sur sa propre expérience.
Donc, l'aventure, le voyage, en premier lieu, ne nécessite pas forcément une folle somme d'argent. Notre post ado breton, pour faire le tour du monde et de ses questions, utilise surtout du matériel offert, donné ou récupéré sur des bateaux à l'abandon. 
Et puis, autre conclusion, l'aventure est au bout de la rue. A la lumière de ce qui a été montré, mieux vaut un petit voyage à soi qu'un grand voyage de quelqu'un d'autre. Beau proverbe, tiens ! Chacun fait ses propres voyages, ceux qu'il a envie de faire subitement, ceux dont il rêve depuis toujours, ceux qu'il s'invente dans son imagination, ceux dont il a besoin. Tout près ou très très loin, le tout, c'est de faire les bons choix (les bons voyages, les bons caps dans la vie, ce qui revient au même, en fait), et de ne pas perdre la main. Le voyage, ce n'est pas comme le vélo ; non pas que ça s'oublie, mais, c'est comme tout, ensuite la machine se rouille et on n'a plus les batteries pour repartir. Alors voyageons. Regardez, c'est facile : fermez les yeux, vous êtes déjà très loin...
Titicaca 2010

Vassivière 2012

vendredi 23 août 2013

Le point de vue sur le glacier d'Argentière

J'ai enfin pitié de vos estomacs qui crient famine et auxquels je ne donne ces temps-ci que des miettes. Voici donc de quoi vous remplir la panse avec le récit de cette magnifique rando tout au bord du glacier d'Argentière. 
Nous débutons la journée au téléphérique de Lognan, par un temps splendide. Dans la queue, des familles qui ne savent pas trop où elles vont atterrir là-haut, des randonneurs espagnols plus équipés qu'informés, des mangeurs de glaces, crampons amarrés au sac, prêts à défier la montagne... et nous. Nous voici dans la benne, serrés comme des sardines. Terminus : Lognan, 1900 mètres et des poussière. Car, plus haut, tout en haut, c'est l'arrêt des Grands Montets, mais que faire à plus de 3000 mètres, avec l'équipement de parfait beauf de la montagne, lunettes noires, bâtons et chaussettes rouges, certes, mais avec de simples chaussures de rando, mis à part monter... et redescendre aussi sec ? Nous ne suivons donc pas ces fameux touristes espagnols tour à tour motivés puis désappointés, et préférons nous cantonner à de la moyenne montagne. De toute façon, c'est là qu'est le spectacle.

La rando est facile, courte, mais mérite bien son nom. Nous marchons sur un large sentier polyglotte et internationalement fréquenté, ponctué tous les dix mètres de cascades, véritables rivières qui nous coupent la route et coulent vers la vallée. Hop ! sautons ! Le glacier est encore invisible mais, déjà, on l'entend craquer sourdement, comme un monstre ronflant qui se réveille par moments. Enfin, on découvre un bout des glaces bleutées et là, c'est le bonheur ! On se prend en photo, on prend le vent, aussi, la casquette s'envole, le coeur aussi. Dans les deux cas, on les laisse filer, tant pis, c'est pour la bonne cause. 
Demi-tour et prise d'un autre chemin, cette fois plus ardu, pierreux, puis carrément caillouteux, balaises, les rochers. Suivez les flèches jaunes. Plein soleil. Vue écrasante sur... sur quoi, d'ailleurs ? (cf photo ci-dessous, proposez vos légendes !). Et puis, tout là-haut, une espèce de gigantesque rivière figée, une banquise hérissée sur laquelle s'aventurent à pied des dizaines d'hurluberlus illuminés chaussés de crampons. L'appel du blanc. On reste là, babas, bouche bée car que dire d'autre que "oh" et "ah" encore et encore. Le vocabulaire a ses limites. Face à une telle beauté, c'est le corps qui parle. Frissons, tremblements, battements, clignements, mouvements vers l'avant. Attirance. Désir. Peur. Amour. Et tout le toutim. 


Comme toujours, comment avoir envie de redescendre de là-haut ? Il faut vraiment se motiver, se pousser vers le bas pour quitter le paradis. D'ailleurs, c'est bien connu, ceux qui y sont n'en sont jamais revenus, ça se saurait. Derniers regards sur le mont Dolent, tout au fond, celui-là même qui avait scellé des adieux provisoires et improvisés, quelques années auparavant, du côté suisse. Il y a des montagnes comme ça qui sont des totems. Et, encore une fois, la main de l'enfant dans la sienne, la transmission. La beauté, ça nourrit, ça se boit comme du petit lait, ça s'imprime dans la carcasse et ça grandit avec nous. Parfois, une balade en montagne vaut bien mieux qu'un long discours. Apprends, petit, apprends et retiens. 

jeudi 22 août 2013

Insolites alpins

Allez, je pousse le bouchon jusqu'au bout. Encore un article de rien du tout, quelques images qui résument notre vision de la montagne et du voyage en général. Les coffres de randonneurs, natures mortes, désordres de chaussettes sales, de sacs à dos transpirants, de croquenots poussiéreux et de pizzas ; des pieds blancs dans l'eau froide du torrent sur des mollets coups de soleillés ; des petits détails cocasses, des tags en rafale, des clins d’œil à s'en décrocher les paupières, des sourires à s'en rider les pommettes, du bonheur à petit prix. Comme quoi, y'a des plaisirs qui sont gratuits...










mercredi 21 août 2013

Fleurs alpines

Bon, ok, je bosse dur ces jours-ci, alors je reconnais que je n'ai pas le temps de vous pondre un article digne de ce nom... Alors, pour me faire pardonner cette absence de matière, voici un diaporama de fleurs alpines, bijoux que j'ai pu croiser lors de mes dernières randos : gentiane pourpre, arnica, renoncule... et bien sûr edelweiss ! Rappelons au passage qu'il est conseillé, souvent interdit, de ne pas cueillir ces beautés et de ne pas les ramener à la maison. Espèces protégées ! Oui, je sais bien, en Suisse, dans le Valais, le dimanche après le déjeuner, ça se fait d'aller faire une balade et de revenir avec le sac à dos ouvert, garni de brassées de fleurs... Mais, au fond, pourquoi vouloir à tout prix les avoir chez soi ? Elles sont beaucoup plus à leur place, bien vivantes, dans les alpages ou entre deux rochers, que fanées dans un verre à moutarde sur le buffet de la cuisine, n'est-ce pas ? Laissons donc les fleurs nous embaumer les narines, récompenses à l'effort de la grimpette, trésors d'altitude...








lundi 19 août 2013

La fête médiévale de Chauvigny

Nous voici dans la Vienne, tout en haut d'une colline, au pied de cinq châteaux, rien que ça, pour voir le spectacle qui a lieu tant sous nos yeux qu'au-dessus de nos têtes. Dans le parc qui s'étend le long de la rivière, gourmandises moyenâgeuses, art du tissage ou de la poterie, les anciens métiers s'exposent, entre deux combats de chevaliers, mi-réalistes, mi-burlesques. 
Mais remontons plutôt vers la vieille ville, tout aussi envahie de touristes. Le spectacle des grands oiseaux planant au-dessus des ruines vaut plus qu'un détour. Le spectacle n'est pas donné, vraiment pas, mais de l'extérieur, la vue est également époustouflante. Les aigles tournoient dans le ciel, les faucon font des piqués et les chouettes déploient leurs ailes gigantesques. Que dire du numéro imprévu d'un vautour blanc qui se pose tout naturellement au milieu de la foule ? Le regard aiguisé, de même que le bec, indomptable rapace qui se met à poursuivre les visiteurs, à la recherche de nourriture. Le mollet d'un jeune homme n'est pas accessible sous le jean, malgré la morsure piquante ? Qu'importe, voilà notre volatile faisant un sitting dans l'Office de Tourisme ! Fin de la scène, sa dresseuse vient l'arracher à ses admirateurs pour le ramener dans sa cage, à la grande déception de l'acteur capricieux et revêche... Voilà un instant cocasse qui aura échappé aux spectateurs assis dans l'enceinte du château ! Clou de l'après-midi, le ballet des cigognes, à toute allure, rareté merveilleuse qui coupe le souffle tel un bouquet final de feu d'artifice. 
Avant de partir, comme à chaque fois, il est impossible de quitter Chauvigny sans entrer encore dans la superbe collégiale Saint Pierre, camaïeu de couleurs, colonnes et courbes orientales. On ne voit cela nulle part ailleurs, autant en profiter quand on en a l'occasion !





samedi 17 août 2013

Saint Jean de Maurienne côté âme

A Albertville, les montagnes sont arrondies, harmonieuses. Je prends l’autoroute vers Turin. Plein sud. Le paysage s’élève et se resserre, s’assombrit et se durcit. L’entrée en Maurienne se fait par des tunnels sous la roche, par un étroit passage au milieu d’un défilé minéral couronné de nuages. Il se conquiert difficilement, le berceau de la maison de Savoie.
Saint Jean de Maurienne. Déjà l’Italie. Sur les panneaux, on ne voit pas écrit Turin mais Torino. Les façades sont peintes, le baroque s’exhibe à chaque coin de rue, le linge pend aux fenêtres, le soleil tape fort entre deux averses. Contrée grise aux gens discrets. Fierté des racines et de l’Histoire. Grande, l’Histoire, celle qu’on nous raconte au musée, celle qui transpire des vieux murs et des portes lourdes. Beauté cachée au détour d’une ruelle, au cœur du cloître de la cathédrale. Paix et noblesse.
Au revoir aux murailles qui protègent la cité comme un écrin. Au revoir aux paysages âpres et sauvages, aux gens à l’approche énigmatique et à l’âme forte. Sortie de la ville par le même défilé rocheux qui se referme derrière ma voiture, comme un passage secret dont il faut détenir les codes pour y accéder. La Maurienne ne s’offre pas, lascive et opulente, comme la vallée de Chamonix, la Haute Savoie du Mont Blanc. La Maurienne se gagne et elle gagne le cœur, elle s’apprivoise, gibier farouche, pénétrante tel  le regard indompté du bouquetin quand il fixe l’homme de ses yeux de charbon et le laisse marqué à jamais.
Le tonnerre claque, la cage thoracique résonne encore, bien des heures plus tard.

 
 
 
 

vendredi 16 août 2013

Le festival international de la pomme de terre

Deuxième parenthèse folklorique au-milieu de mes aventures alpines, le festival international de la pomme de terre à Crevant (36).
Cela peut prêter à sourire, et pourtant, hier encore et ce depuis très longtemps, la place était bourrée de monde, en plein soleil ou à l'ombre mais présents. Il y avait la queue pour visiter la petite maison du Pérou, l'un des pays d'origine de la "papa", augmentée d'automates figurant le travail des champs et du tissage, de maquettes, photos, et même d'un circuit électrique représentant en miniature le plus haut train des Andes. Plus loin, il y avait également foule dans le superbe parc fleuri d'énormes dahlias de toutes les couleurs, tel un véritable bouquet final de feu d'artifice. Dans de petites corbeilles, classées par ordre alphabétique tout le long des allées, des dizaines de variétés de pommes de terre aux noms tous plus originaux les uns que les autres. Les manèges et les forains étaient là, mais le clou du spectacle reste toujours les groupes invités. Il y a déjà eu des groupes péruviens, bien sûr. Seulement hier, c'était vraiment l'apothéose, avec ce groupe de mariachis mexicains et leurs danseurs : voix exceptionnelles, cordes et surtout cuivres joués à la perfection, costumes magnifiques. Et alors, les danseurs... Que dire, sinon qu'ils étaient renversants ! Surtout l'un d'eux, un jeune homme aux cheveux longs, à l'allure élégante et aux gestes virevoltants, qui nous a fait une démonstration de danza del machete, une machette dans chaque main. Du pur travail de professionnel. Encore une fois, vivement l'année prochaine !!


 

jeudi 15 août 2013

Le festival international de folklore de Felletin (23)

Quelle joie, dans ce magnifique village, de voir tous ces jeunes gens pratiquer la musique et la danse ensemble ! Quelle belle aventure que celle de mettre à l'honneur le folklore de son pays, sa culture, et de venir le mêler à d'autres musiques, à d'autres pas ! Et quelle incroyable révélation, quel bonheur que de se rendre compte qu'il n'y a pas de métissage, mais que les rythmes sont communs, qu'on se ressemble tellement que l'on peut danser, chanter ensemble sans le moindre accroc ! Deux notes, et c'est parti. Un refrain, et tout le monde reprend la mélodie. Quand les castagnettes de la sardane viennent appuyer les flûtes turques et que l'accordéon moldave vient rehausser le tout. Quand les guitares chiliennes se souviennent de l'esclavage et versent des sons africains pour que le Swaziland et la Sicile dansent ensemble. Il faut dire qu'indépendamment, tous ces groupes sont d'un très haut niveau. La prestation des jeunes moldaves était à couper le souffle, rondes tournoyantes et sauts de chats bottés. Quand à la douceur et à l'élégance des chorégraphies philippines, comment ne pas tomber sous le charme ? A l'heure où la plupart des festival sont payants, et souvent de manière exagérée, Felletin accueille les visiteurs, les habitués, les touristes d'un jour, gratuitement, à bras et à cœurs ouverts. L'année prochaine, un autre rendez-vous...



mercredi 14 août 2013

Le grand luxe autour d'Annecy

« Offrez-moi une Tour Eiffel, j’en ferais quoi ? Des bijoux de chez Chanel, c’est pas pour moi… »
Le luxe.
Des rivières de diamants autour du cou et monter le tapis rouge de Cannes en robe du soir…
Rouler en décapotable rouge sur la promenade des Anglais avec un foulard Givenchy dans les cheveux…
Marcher pieds nus sur une peau de zèbre en buvant une tasse du plus cher Darjeeling…
Non !
Vous n’y êtes pas ! Mais alors, pas du tout ! Le luxe, ce n’est pas ça !

Le luxe, c’est juste faire la belle dans les rues entouristées d’Annecy avec des lunettes à 5 euros sur le nez, se mettre les pieds juste 2 minutes dans l’eau turquoise du lac, et rentrer chez soi voir le coucher du soleil sur le Parmelan et la Tournette. Une glace avec plein de chantilly, des enfants qui dansent tout autour, des rires en cascade et le sentiment d’être à sa place.
Le luxe, c’est ça. 



mardi 13 août 2013

Au-dessus de Valmorel

Il fait chaud, très chaud. Le Dieu soleil est au zénith et écrase les pauvres hères échappés d’un centre touristique. Les gens d’ici travaillent, mais ils ne sont pas du même sang. Ils portent en eux la robustesse de leurs montagnes. Ce sont des rocs. L’homme et la femme manient la fourche et le râteau, traînent le foin sans jamais lever les yeux vers le ciel bleu marine. Plus tard, le tracteur passe et repasse dans le pré pour avaler le foin et pondre d’énormes bottes, que l’homme arrête comme il peut pour qu’elles ne dévalent pas la pente.
Bande sonore : les milliards de grillons qui font crisser leurs ailes, symphonie entêtante qui croît proportionnellement à la chaleur. Les papillons volettent par centaines, multicolores, se posent sur les fleurs, butinent, s’envolent à nouveau. C’est un enchantement.
Soudain, est-ce un mirage, une hallucination – insolation, une vieille femme s’approche. J’ai perdu mon mari, et mon frère, le tracteur, la petite fille, elle s’appelle Morgane ? Non, elle ne s’appelle pas Morgane. Le regard est affolé sous la tignasse cendrée mal peignée. Elle s’éloigne. La ferme est juste là, les vieux rentrent le bois avec la remorque. Rien ne semble avoir changé depuis des années, toujours le même rituel. Et la vieille, dans le jardin, qui regarde, perdue.

Zoom arrière, prise de vue tournoyante sur les sommets de Valmorel. Paysage immobile. Canicule. Drôle d’histoire, en vérité.