jeudi 17 octobre 2013

L'homme aux serpents

En ce moment dans le Berry a lieu un bien beau festival du film colombien. Mes élèves n'ayant pas tous les jours l'occasion d'aller au cinéma et, qui plus est, d'être en contact avec la culture sud-américaine, nous voilà donc partis pour le Muséum de Bourges, puis la salle de la Cité de l'Or à St Amand Montrond, pour nous frotter à une incroyable expérience.
Je reviens donc d'un fabuleux voyage en Colombie...
Tout commence par des images montrant un homme, sur un plateau de télévision, un énorme serpent entre les mains. Impressionnant. Nous comprenons de suite : entre Franz et les serpents, c'est plus qu'une histoire d'amour, comme on dit. C'est l'histoire d'un veilleur, d'un protecteur, d'un engagé, d'un être humain qui aurait fait plus que comprendre certaines choses de ce monde et qui les aurait intégrées. Intégrée, la conception de l'univers qu'ont les indigènes d'Amérique Latine, selon laquelle l'homme et la nature ne sont pas des entités séparées et indépendantes mais interagissent et ne font qu'un. Comme le dit Franz : "l'homme, C'EST la nature". Et tout est dit.
Directeur du "serpentario nacional", cet endroit magique où on conserve des dizaines d'espèces de serpents, plus en voix d'extinction les unes que les autres, Franz Kaston se met un jour en tête de réhabiliter un vieux bus en "serpentario ambulante" et entame tout un périple à travers la Colombie afin de sensibiliser la population à la richesse que représentent ces reptiles pourtant si redoutés. A la fois terrifiants et mythiques, les serpents sont pourtant détenteurs d'une substance qui permet la fabrication de médicaments. Une aubaine pour la science dont les multinationales n'ont, quant à elles, rien à faire...
En effet, la seule chose qui "protège" encore la forêt vierge, c'est la lutte armée et sans pitié que se livrent les guerrilleros des FARC et les paramilitaires autour du contrôle de la région et de l'éradication des plantations de coca, l'une des bases de la fabrication de la cocaïne. Même si cela ressemble à un invraisemblable paradoxe, c'est tout de même l'un des aspects de la réalité : tant que dure le conflit, les multinationales ne peuvent pas s'implanter. Mais qu'adviendra-t-il des forêts quand la paix sera rétablie ? Et bien elles seront rasées, arrachées, pour permettre l'exploitation extrêmement polluante des minerais, exploitation qui entraînera un autre saccage de la terre, une nouvelle forme d'esclavagisme, un pillage moderne, tout comme celui auquel s'étaient livrés les colons espagnols à partir du XVème siècle. Car, Franz le souligne avec amertume, toutes ces terres sont déjà vendus aux firmes nord-américaines...
De là à rêver les guerrilleros en messagers et en artisans de la protection de la biodiversité colombienne, il n'y a qu'un pas et Franz le franchit. Utopie, peut-être, mais qu'y a-t-il à perdre dans une telle bataille ? Rien, au contraire, nous avons tout à y gagner. Et c'est pour faire passer ce merveilleux message que notre ami Franz sillonne en ce moment la France, avec ce film documentaire, projet qui ne serait rien sans le travail du réalisateur Eric Flandin, tout en modestie mais qui a suivi Franz dans ses pérégrinations, caméra au poing, dans toutes les circonstances, sur tous les terrains et par tous les temps, pour nos offrir ces images inoubliables.
Franz, l'indien blanc, le gardien...

Le film sort dans les salles début 2014, courez-y !!!


Et pour plus d'informations, le site de la fondation de Franz :

http://www.nativa.org/webespanol/index.htm

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