vendredi 20 septembre 2013

Le glacier du Mont Miné

Argh ! C'est la dernière image de notre périple estival dans les Alpes ! Je voyais bien que mon fichier fondait comme neige au soleil au fur et à mesure que j'en éliminais les balades que je vous avais racontées, mais on nie toujours l'évidence, surtout quand celle-ci remplace la joie de raconter par la nostalgie du déjà fini. Reste maintenant à attendre le prochain rendez-vous d'amoureux avec la montagne, le cœur moite et les mains battantes, à moins que ce ne soit l'inverse, je m'égare, fébrile que je suis de retrouver mes chers sommets. Le plus tôt sera le mieux, forcément. Mais on ne commande pas toujours tout dans la vie, voire rien, c'est un autre débat, alors en attendant de vous donner d'autres images à vous mettre sous la dent (blanche), voici cette dernière escapade ensemble dans le Valais. J'ai déjà expliqué longuement, et souvent, mon addiction à cette région de Suisse, ma passion pour ses vertes vallées et ses cimes incomparables, c'est pourquoi je choisis de clore ces reportages saisonniers non loin d'Evolène.

Nous voici donc sur la route de Ferpècle, après les Haudères. Nous avançons dans des paysages incroyables, sur des routes à couper le souffle. Une fois la voiture garée, nous nous rendons très vite compte que nous ne sommes pas seuls. C'est un dimanche après-midi comme il y en a tant d'autres en Suisse, où les familles, après déjeuner, se retrouvent chaussures aux pieds pour arpenter tranquillement les sentiers de randonnées (rimes en "é"). Le chemin commence par grimper un tantinet puis devient plus doux, large, quasiment plat par moments. Les sonnailles des vaches Hérens se font entendre dans le lointain, mais pas l'ombre d'une noiraude aujourd'hui. Elles cherchent l'ombre, sans doute. Et nous, nous cherchons la beauté. Nous la trouvons sans aucun problème dans ce coin de paradis fréquenté par des marcheurs hédonistes, ennemis de la performance, bouquets de fleurs dans les sacs-à-dos et sourires aux lèvres, simplement venus se rassasier de perfection avant de reprendre une semaine de travail que l'on imagine beaucoup plus facile après ça. Car quelle chance ils ont, ces valaisans, de faire cette balade-du-dimanche-là plutôt qu'une sortie dans une morne plaine ou au coin d'une rue polluée ! Quelle chance de pouvoir se ressourcer ici, quel luxe ! La richesse de la Suisse n'est pas forcément là où on l'attend...
Plus ou moins une heure de marche plus tard, mais qu'importe le temps si on a l'espace (proverbe d'altitude), nous voici face à un panorama d'exception. Que dis-je ! Non pas face, mais DANS le panorama ! Qui n'a pas rêvé un jour de se voir au beau milieu des images d'un superbe documentaire vu à la télé, au centre des paysages du film Himalaya ou projeté dans la photo d'un dépliant touristique sur la Patagonie ? Eh bien là, nous y sommes, vraiment, en chair et en os, en pulsations et en frissons. A droite, au fond de la combe, le glacier du Mont Miné envoie vers le bas ses cascades d'eau glacée qui se jettent du haut des quartiers de glace bleutée prêts à se décrocher dans un craquement sec (écoutez le son du "crac" dans les mots). Devant nos yeux éblouis, une rivière, un torrent, une plage, un lagon, une steppe, tout cela réuni dans un même espace. 

Et, au-dessus de nos têtes, la montagne totem, la Dent Blanche, énorme baleine prête à engloutir de sa gigantesque bouche la minuscule cabane Bricola perchée tout là-haut et qui lui fait face courageusement. Où sont les yaks ? Où sont les sherpas ? Où sont les lamas marchant sur les plaines de sel ? Où sommes-nous donc ici, si près et si loin, sur ces terres exotiques et familières à la fois, accueillantes pour un temps mais dont on sent bien qu'elles restes sauvages ? Des terres vivantes, qui respirent, se contractent, s'allongent langoureusement et se cabrent. Et la vénérable montagne aux neiges éternelles qui règne en déesse des lieux. 

Au revoir le Valais, au revoir les Alpes. La caméra fait un zoom arrière fulgurant : lac, montagnes, chaîne, territoire, pays, continent, planète, puis, plus rien, le néant. S'il ne devait en rester qu'une poussière, elle se glisserait non pas dans l'oeil mais viendrait se nicher au creux de la peau et recouvrirait notre coeur d'une feuille d'or. 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

encore une accro à la montagne !!! ça va être long jusqu'à l'été prochain...
pcr

Patricia a dit…

Très beau sujet. Petite correction il s agit de la cabane bricola et non arolla 😀

Emi a dit…

merci pour la précision, je corrige !