mardi 13 août 2013

Au-dessus de Valmorel

Il fait chaud, très chaud. Le Dieu soleil est au zénith et écrase les pauvres hères échappés d’un centre touristique. Les gens d’ici travaillent, mais ils ne sont pas du même sang. Ils portent en eux la robustesse de leurs montagnes. Ce sont des rocs. L’homme et la femme manient la fourche et le râteau, traînent le foin sans jamais lever les yeux vers le ciel bleu marine. Plus tard, le tracteur passe et repasse dans le pré pour avaler le foin et pondre d’énormes bottes, que l’homme arrête comme il peut pour qu’elles ne dévalent pas la pente.
Bande sonore : les milliards de grillons qui font crisser leurs ailes, symphonie entêtante qui croît proportionnellement à la chaleur. Les papillons volettent par centaines, multicolores, se posent sur les fleurs, butinent, s’envolent à nouveau. C’est un enchantement.
Soudain, est-ce un mirage, une hallucination – insolation, une vieille femme s’approche. J’ai perdu mon mari, et mon frère, le tracteur, la petite fille, elle s’appelle Morgane ? Non, elle ne s’appelle pas Morgane. Le regard est affolé sous la tignasse cendrée mal peignée. Elle s’éloigne. La ferme est juste là, les vieux rentrent le bois avec la remorque. Rien ne semble avoir changé depuis des années, toujours le même rituel. Et la vieille, dans le jardin, qui regarde, perdue.

Zoom arrière, prise de vue tournoyante sur les sommets de Valmorel. Paysage immobile. Canicule. Drôle d’histoire, en vérité. 





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