lundi 23 juillet 2012

Ambazac

Dernier regard sur les Monts d'Ambazac avant l'épopée alpine.
Plein soleil, ciel bleu sans nuages, chemins forestiers sablonneux et maisons de pierres garnies d'hortensias, petites routes, plateaux et puys tout autour, accent déjà chantant. L'exotisme de l'ici a parfois plus de charme que le semblable  du là-bas. Partir tout près pour aller loin.


dimanche 22 juillet 2012

Le Puy des 3 cornes

Dans un premier temps, il ne faut surtout pas laisser son imagination divaguer: le Puy en question n'a rien de commun avec ceux d'Auvergne, et le mot "rando", dans le coin, signifie en fait: promenade digestive. Soit. Sachant cela, nous pouvons nous lancer...
Nous voici donc à quelques kilomètres à l'ouest de Guéret. Que les choses soit dites une bonne fois pour toutes: non, la Creuse n'est pas un ensemble de villages désertés; non, la Creuse n'est pas un nid de vieillards renfrognés; et enfin non, la Creuse n'est pas une région sinistrée. Bien au contraire. La Creuse est remplie de touristes de toute la France et de toute l'Europe. C'est une région accueillante, au caractère déjà un tantinet montagnard - caractère que je ne saurais vous définir là maintenant tout de suite, il faudrait que je me penche sur la question; mais avec ma longue expérience des montagnes, je ne sais pas... ça se sent ! -. Le village de Saint Vaury, quant à lui, est juste au bord de la voie rapide qui va de La Souterraine à Guéret. Je sais, je sais, ces noms de vous font pas rêver... Vous avez dû voir, comme moi, je ne le nie pas, La Souterraine en dehors de son festival international de folklore et Guéret un dimanche d'hiver sous la pluie. Mais Saint Vaury mérite vraiment un arrêt. C'est marrant, ce village me fait un peu penser à Beaufort, fleuri, avec sa route sur la droite, après  l'église, qui mène au Cormet. Ici, la route à droite mène au lac. Très joli coin de pêche dont on peut faire le tour en une demi-heure, discuter avec les pêcheurs du coin ou d'ailleurs, juste s'asseoir et prendre une pause. Les pensionnaires de l'hôpital, qui se trouve juste en face, on une veine folle d'être en convalescence si près d'un paysage si régénérant. Après le lac, la petite route grimpe en colimaçon. Sur la gauche, c'est le départ de la rando. En fait, il s'agit de deux randos. D'abord, on peut descendre 10 à 15 minutes pour aller saluer la statue de Saint Valéry, un ermite belge venu s'installer là au VII ème siècle (comme quoi, les Belges n'ont jamais cessé de faire du tourisme en Creuse).

Après cette étape obligatoire, il faut reprendre le même chemin en sens inverse, revenir au point de départ pour se lancer dans le tour du Puy des 3 Cornes. Certes, en 1 heure vous voilà de retour à votre voiture. Certes, le dénivelée est faible. Mais il existe, on ne peut nier que nous nous trouvons sur un Puy, l'un de ces mastondontes des ères où ils crachaient encore de la pierre et du feu. Et puis la vue sur les Monts d'Ambazac est immense, magnifique.

Première leçon, donc: ne jamais sous-évaluer une rando parce qu'elle ne se situe pas à une altitude assez convenable. Chaque balade, de toute façon, remet en fonction le fameux mouvement de la marche, celui-là même qui active tous les muscles du corps, qui éveille tous les sens et calme l'esprit. Vous l'avez bien compris, je fais une énorme pub pour la Creuse - et le Limousin - , une région que j'adore et dont tous les visages ne cessent de me séduire. Seul bémol, le balisage, qui n'a vraiment rien à voir avec celui de la moyenne montagne. On risque à tout moment de se perdre. Mais au fond, se perdre, n'est-ce pas la meilleure manière de découvrir une région?
(phrase totalement rhétorique et utilitaire puisque j'ai une peur bleue de me perdre)

samedi 21 juillet 2012

Tung Lam

C'est totalement incongru. On m'en avait parlé, j'ai voulu aller voir ça de mes propres yeux. Et je vous le dis, j'ai vu, de mes yeux, vu, un monastère bouddhiste dans le Limousin. Je vous assure que oui, j'ai même quelques photos à l'appui. Tung Lam se situe à l'ouest de Bellac, en Haute Vienne, en plein milieu des champs. Pagodes sur fond de bottes de foin, il faut le voir pour le croire. Nous sommes à la sortie de Rancon, un petit village charmant qui domine la vallée de la Gartempe. Par une minuscule route qui semble nous mener nulle part, nous tombons directement sur l'entrée du sanctuaire. En effet, nous ne sommes nulle part. Un mélange de France profonde (le village suivant s'appelle quand même La Brousse, ça ne s'invente pas!) et de monastère viêtnamien: donc nulle part. Il fallait déjà avoir un petit grain pour aller s'installer là. Le monastère a été fondé en 1986 et comprend un temple principal, une bibliothèque et bien évidemment des espaces propices à la méditation. Des grands espaces. Le panorama invite en effet à la paix, puisque les différents chemins ponctués de statues ont tous le même point de vue: le magnifique panorama des Mont de Blond. On n'a pas envie de parler à voix haute, pas envie de répondre au téléphone ou d'écouter de la musique. En fait, on n'y pense même pas. On n'en est certes pas à se raser le crâne et à s'asseoir pendant des heures chaque jour à écouter les textes sacrés, comme les moines et nonnes qui sont formés ici et qui y vivent. Mais les lieux sacrés ont cet avantage, c'est qu'ils invitent à la prière, quelle que soit sa forme, et, ici tout particulièrement, à la communion avec la nature. Un mélange de tradition bouddhiste et de résurgences animistes. Et effectivement, après y être entrée sur la pointe des pieds et l'esprit interrogateur, j'ai eu beaucoup de mal à en partir. Tellement on y est bien. Tellement le temps est notre ami. Tellement on est, pour une fois, conscient d'être ici, maintenant, nulle part ailleurs que sur nos deux pieds et les entrailles au repos.





lundi 16 juillet 2012

Familia rodante

La suite de la série "Les films de l'été"!
Familia rodante, Pablo Trapero, 2004, Argentina.
Le point de départ (c'est le cas de le dire, vous allez comprendre tout de suite): Emilia, 84 ans, fête son anniversaire en famille quand elle reçoit un coup de téléphone: l'une de ses nièces se marie et lui demande d'être son témoin. Emilia, tout à sa joie et semble-t-il désireuse de réunir sa petite famille, dans laquelle, comme dans toutes les familles normales, on pressent déjà quelques tensions, décide que tout le monde, sans exception, l'accompagnera pour se rendre à ce mariage. Seul souci, le mariage en question aura lieu... à Misiones, tout au nord de l'Argentine. Et c'est le road movie qui commence pour traverser tout le territoire argentin. Les 12 membres de la famille s'entassent dans l'espèce de vieille caravane d'Oscar, le gendre d'Emilia. L'aventure et les problèmes commencent, tant sur la route que dans l'espace réduit de la caravane, idéal pour un huis clos hyper tendu. Au programme: des adolescents qui découvrent l'amour, des mères de famille insatisfaites, une fille déjà mère et dont le compagnon, qui les rejoint plus tard sur sa moto, est à la limite de la drogue et de la marginalité, un père qui déteste donc ce gendre indigne de sa fille... Je vous passe la suite. Une vraie famille, comme je vous le disais. A cela s'ajoutent les aléas du voyage: le trajet qui se déroule à un train de 60 à l'heure, la vieille carcasse de la caravane, chargée à bloc, ayant beaucoup de peine à avancer; les pannes diverses et variées; la chaleur de plus en plus étouffante au fur et à mesure que la troupe s'approche du Brésil, atmosphère pesante qui n'est pas seulement due à la chaleur, puisque l'espace de la caravane, en rapprochant physiquement les personnes (très bien filmé d'ailleurs, puisque les plans sont eux aussi hyper rapprochés, accentuant cet effet de cocotte minute roulante) exacerbe les tensions, rend palpables les non-dits et les désirs refoulés. D'ailleurs, le film est d'autant plus bon qu'il n'a pas de fin. Réconciliations, séparations, permanence du mensonge? On ne le sait pas, et a-t-on vraiment envie de le savoir. Familia rodante est à la fois une critique acerbe des relations familiales dans lesquelles règnent l'hypocrisie et la frustration, en même temps qu'une ode à la famille dans tout ce qu'elle a de noyau essentiel, indestructible malgré le chaos, une sorte de panier de crabes dans lequel on se retourne, on se cherche, parfois sans jamais se trouver, mais sans jamais pouvoir non plus en sortir. Cette famille-là tourne autour d'Emilia, la merveilleuse Graciana Chironi, tellement vraie, pilier au fort caractère et à l'autorité indiscutale, et dont le regard inonde en même temps tout son petit monde d'une tendresse infinie. Petit plus pour ce film: la BO signée par l'immense Leon Gieco.

samedi 14 juillet 2012

Esclaves

Dominique Torres, Esclaves, 1996.
On ne nous dit pas tout, en aurait conclu une célèbre humoriste. Déjà, quand je parlais de l'esclavage avec mes élèves et qu'ils affirmaient: "mais l'esclavage, ça n'existe plus madame!", je leur répondais "mais si, qu'est-ce que vous croyez". Et puis j'en avais quelques vagues exemples, quelques souvenirs d'articles ou de reportages, mais rien de plus précis. C'est vrai, comme tout le monde, quand j'ai vu le livre à la bibliothèque, je me suis dit ou la la, encore une enquête qui doit faire mal aux yeux, encore des chiffres ou des histoires qu'on n'a pas envie d'entendre parce qu'elles font mal aux tripes. Mais comme le naturel don quichottesque revient au galop (ma chère maman m'avait même interdit, à l'adolescence, de regarder tous les reportages sur la misère du monde, parce que, disait-elle, de derrière ma télé ça me stressait beaucoup mais ça ne faisait pas avancer le problème... je crois qu'en plus je m'en prenais tellement ensuite à la terre entière parce que comment-ça-se-fait-toute-cette-misère-et-personne-ne-dit-rien, que ça devenait usant!). J'ai donc lu ce livre de Dominique Torres pour m'informer. Alors, certes, il est un peu ancien, mais, malheureusement, je ne pense pas que la question soit résolue quelques 15 ans plus tard. Oui, l'esclavage existe encore, oui, c'est très dur à lire, mais oui, c'est la réalité et il faut la connaître et l'affronter pour ensuite la diffuser et peut-être faire un petit peu la sortir du silence. Evidemment, le sujet est tabou. En tapant le nom de l'auteur sur internet, je viens de tomber sur un forum de discussions où les conversations, datant de 2007, c'est-à-dire dix ans après la publication de ce livre, dénoncent encore la vision caricaturale de Dominique Torres (on parle ici de son reportage sur le Liban). Visiblement, c'est le mot "esclave" qui dérange. Mais comment employer un autre terme lorsqu'on parle d'employés de maisons très riches, que ce soit en Mauritanie, au Koweit ou même en France ou en Suisse, dont le passeport est confisqué dès leur arrivée sur le territoire en question, qui sont donc privés de tout droit et de plus enfermés, exploités, privés de salaire et de nourriture, maltraîtés souvent, violés, parfois ? Quel autre mot pourrait alors définir cette réalité ? Les réponses sont bien huilées dès que l'on touche au tabou: accusations violentes de racisme (c'est le cas sur ces forums; mais quand cesserons-nous donc de crier au racisme chaque fois que notre susceptibilité nationale sera touchée ? quand mûrirons-nous et reconnaîtrons-nous donc nos propres sauvageries ?), ou d'ingérence dans les affaires d'un pays étranger (sur le sujet les Français sont champions en la matière, puisque nos diplomates usent et abusent de cette formule toute faite pour fermer allègrement les yeux sur les agissements esclavagistes de certains autochtones du pays où ils sont en poste. Il ne faudrait pas froisser et risquer de faire tomber à l'eau les contrats pétroliers). Soit, ne parlons plus des petites bonnes du Maroc qui, à 7 ans, travaillent plus de quinze heures par jour et sont violentées par leurs "maîtres"; soit, ne parlons plus non plus des femmes philippines qui se sont enfuies de ces grandes maisons d'Arabie Saoudite parce qu'elles ont été violées par le "patron". Allons en Europe, qu'à cela ne tienne. Parlons-en. On apprend d'ailleurs que ce qui se passe dans les ambassades n'est pas beaucoup plus reluisant. Dominique Torres parle autant dans son livre des ambassadeurs étrangers à Paris ou à Genève que des hauts fonctionnaires français en poste à l'étranger. Le constat est le même: "emploi" (entre guillemets, car peut-on parler d'emploi quand le salaire n'est jamais versé?) de gens corvéables à merci, passeports confisqués, sévices, humiliations, brimades, violences, déshumanisation, j'en passe. Mais, attention, immunité diplomatique! C'est le bouclier derrière lequel se retranchent tous ces gens, d'ailleurs persuadés d'être dans l'exercice de leur bon droit. Un bouclier qu'il faudrait une bonne fois pour toutes pulvériser pour qu'enfin la justice soit équitable. Mais encore faudrait-il que le mot "esclave" ressorte au grand jour et qu'on nomme le mal pour accepter enfin de lui trouver des remèdes. Les mots au service des maux, c'est ce que j'ai retenu de ce livre, et que, dans tous les cas, se taire, c'est protéger les bourreaux, que dire, c'est protéger les victimes.

vendredi 13 juillet 2012

La belle Creuse

Il est des endroits cachés, si près de chez soi et en même temps si dépaysants. Il est des endroits où l'on se sent en prise direct avec ses racines, son enfance, quelques souvenirs et tout son être. Il est des lieux magiques, hors du temps, immobiles et si vivants, où les heures semblent passer sans même effleurer la terre et l'eau. Les courbes de la Creuse se faufilent langoureusement le long des berges, les hérons s'y posent, les martins pêcheurs les survolent, les araignées d'eau y sautillent et en rident la surface. Rien ne semble pouvoir troubler l'harmonie des couleurs et des contours. Marcher au bord de l'eau apaise plus que jamais.



Plus loin vers le sud, à Gargilesse...
Cité médiévale aimée de George Sand et des nombreux touristes de toute l'Europe, ville des peintres et des ateliers d'artistes qui se succèdent dans la rue principale. Le château se dresse au milieu du village depuis le X ème siècle. Malheureusement, la petite église se laisse aller: ses pierres verdissent et sa fresque pâlit, sans que personne ne semble s'en préoccuper vraiment. Il est toujours triste de voir un lieu d'histoire perdre la mémoire et s'effacer devant les précipitations du présent. Malgré tout, Gargilesse reste un village magnifique, tout de pierres vêtu, une halte immanquable sur la route de la Creuse.




jeudi 12 juillet 2012

La Route Richard Coeur de Lion: Nexon

Dernière étape de notre parcours le long de la Route Richard Coeur de Lion. Nous sommes toujours au sud de Limoges, sur les traces des châteaux du Moyen Age. Après la forteresse monumentale Châlusset et les jardins médiévaux de Lastours, nous passons devant l'églisse massive du Vigen, au clocher caractéristique des villages de la région, pour nous rendre à Nexon.
Ici, nous faisons un saut dans le temps pour nous retrouver à la Renaissance, avec un château entièrement dédié à l'élevage des chevaux, puisque le haras de Nexon est l'un des plus vieux de France. Ce n'est pas un hasard si le château a été pendant longtemps lié aux seigneurs de Pompadour, les deux haras étant à l'origine de la race anglo-arabe. Aujourd'hui, il abrite la mairie de Nexon.




Si l'on contourne le majestueux bâtiment, on aperçoit tout au fond du superbe parc un châpiteau bleu et blanc. Car Nexon, c'est aussi le Pôle National des Arts du Cirque, dont voici le site:
Le site accueil des artistes en résidence et s'est donné pour mission de diffuser le cirque contemporain et de sensibiliser le public à l'éducation artistique. Le temps des troubadours et des saltimbanque est bien loin. Aujourd'hui, fort de son passé grandiose, Nexon participe à une évolution culturelle à la pointe de l'innovation artistique.

mercredi 11 juillet 2012

La route Richard Coeur de Lion: Lastours

Nous poursuivons la Route Richard Coeur de Lion, entre Limousin, Charente et Corrèze, et nous arrêtons à Lastours, au sur de Limoges. Les ruines sont beaucoup plus modestes que celles de Châlucet et les animations cotte de maille, casque et épée de chevalier pour les enfants ne suffisent pas à nous remettre dans l'ambiance. Mais le trésor ne se trouve pas dans le château: à Lastours, le trésor, ce sont les jardins. Ils se trouvent à la sortie du village, en contrebas de la petite église, elle-même perchée sur une colline qui domine une magnifique vallée. "De l'an mil à aujourd'hui", c'est le nom donné à ces petits jardins médiévaux en carrés où des variétés anciennes de fruits, plantes aromatiques et fleurs s'épanouissent, à la grande joie des petits et des grands puisque les papilles sont invitées à la visite. En effet, même si la cueillette est évidemment interdite, on peut goûter sans modération les groseilles rouges ou blanches, les énormes et savoureuses groseilles à maquereaux, les framboises... Un délice, d'autant plus que les variétés présentes dans les jardins de Lastours sont des "pièces de musées", fruits du travail de conservation de jardiniers passionnés. Une autre manière, plus ludique, à travers les saveurs et le parfum enivrant des roses, de voyager à l'époque médiévale.
Voici le site du château de Lastours et de sa compagnie d'animations:
http://www.chateau-de-lastours.fr/news/news.php






mardi 10 juillet 2012

La route Richard Coeur de Lion: Châlucet

Au sud de Limoges, démarre la Route Richard Coeur de Lion, la route des châteaux qui va de la Charente jusqu'à Pompadour en Corrèze et dont voici la page officielle:
C'est un véritable saut dans le temps, une promenade à travers les forteresses du Moyen Âge, les donjons et les tours, les énormes portes. Au château de Châlusset, après Limoges, les constructions sont tellement monumentales, tellement puissantes qu'on croirait encore voir les sentinelles, qu'on sentirait presque l'odeur des chevaux, qu'on entendrait presque le claquement des armures et le brouhaha du village. On imagine encore les allées et venues des chevaliers et des dames en robes de velours, des artisans, toute l'agitation de l'époque, tout un monde disparu mais encore palpable. Châlusset, c'est un régal pour les petits et les grands, un terrain de jeu idéal pour l'imagination. Le château en lui-même a vraiment une histoire incroyable. Construit en deux étapes, entre 1100 et 1250, son dernier propriétaire, Géraud de Maulmont, décide à la fin du XIII ème siècle de bâtir au coeur de la forteresse un château neuf avec l'aide d'un architecte. Ensuite, à la mort de Maulmont, le château passe de mains en mains, des rois de France aux brigands et autres mercenaires. Au XVI ème siècle, les Consuls de Limoges ordonnent le démantèlement de la forteresse qui ne sert plus que de base aux expéditions de pillage. Le temps fait son travail au cours des siècles qui suivent, mais les ruines imposantes que l'on rencontre aujourd'hui démontrent toute l'intelligence et le talent des bâtisseurs de l'époque. Châlusset, une impressionnante machine à remonter le temps.




lundi 9 juillet 2012

Aux confins du Berry

Non, le Berry ce ne sont pas que des sorcières et des rideaux qui s'entrouvrent pour regarder passer les étrangers. Ca, se sont les clichés. Aux confins sud ouest du Berry se trouvent des coins cachés, le long du cours de l'Anglin. De collines en collines, on peut voir des châteaux en ruines au coeur de villages séculaires, des étendues de verdures pontuées ça et là de fermes paisibles ou encore de mines. De la pierre moyen âgeuse à la pierre industrielle, l'homme a creusé son sillon de siècles en siècles et modelé le paysage. Extraits.




mercredi 4 juillet 2012

Spanglish

Deuxième film de l'été, Spanglish, du réalisateur américain  James L. Brooks et avec Adam Sandler, Tea Leoni et Paz Vega entre autres.
Alors c'est l'histoire d'une jeune femme mexicaine que son mari vient de quitter et qui se retrouve seule pour élever sa fille Cristina, de 6 ans. C'est du moins à ce moment-là que Cristina elle-même commence le récit de sa propre vie, sujet qu'elle a choisi pour la dissertation qu'elle doit joindre à sa demande d'inscription à l'université. La mère de Crisitina, Flor, décide de passer la frontière et de tenter sa chance aux Etats-Unis, avec pour seul bagage le désir d'une meilleure vie pour sa fille. Elle se fond d'abord dans la communauté hispano de Los Angeles mais, l'argent manquant, elle finit par se présenter chez une famille de riches anglo-saxons afin d'y prendre une place de femme de ménage, en gros, de bonne à tout faire et tout supporter. Flor ne parle pas un mot d'anglais et elle tombe littéralement sur une famille d'allumés: le père est un chef étoilé totalement laxiste et dépassé par sa femme, une hystérique en déficit cruel d'estime de soi et en perpétuelle recherche de reconnaissance; il y a aussi leur fille de 12 ans, Bernice, petite rondouillarde écrasée par cette fameuse mère à la fois physiquement parfaite et parfaitement dingue et incompétente, ainsi que la grand-mère, tendre alcoolique dont le jeu favori est de dévaloriser sa fille. Flor se retrouve dans ce panier de crabes comme un cheveu sur la soupe. C'est tout le problème de l'incompréhension, tant culturelle que sociale et humaine qui se joue dans le film, et la difficulté de poursuivre la route qu'on a cru se tracer tout en devant faire face aux imprévus de la vie et à l'évolution de ses propres enfants. Tea Leoni dans le rôle de la mère névrosée est juste géniale et on se paye une bonne tranche de franche rigolade sur certaines scènes vraiment loufoques et dignes d'une bonne comédie à l'américaine. Paz Vega est attachante, lumineuse, belle, comme toujours, et touchante en mère célibataire fière de sa culture et déroutée par le fait que sa fille se fonde si bien dans le moule américain. Quand aux deux jeunes filles qui jouent les rôles de Cristina et de Bernie, elles sont géniales.
Alors oui, comme Ana, Spanglish évoque le choc des cultures entre Etats-Unis et Chicanos, mexicains immigrés. J'avais adoré Ana pour cette capacité à rendre une réalité sociale sans tomber dans le documentaire ou le film à message. J'ai également adoré Spanglish, mais plutôt pour le courage de cette mère prête à travailler dur et à se sacrifier pour sa fille, à affronter les regards, les malentendus et parfois le mépris en gardant toujours la tête haute. Et, encore une fois, cet humour irrésistible qui empêche le film de tomber dans le larmoyant ou dans le mélo. Bravo!

mardi 3 juillet 2012

Courir ou ne pas courir...

Soit j'écoute trop mes amis, soit mes amis m'en veulent, soit je suis moi-même un peu masochiste. Toujours est-il que j'ai fini par suivre les conseils d'un grand sportif et que me voici en train de choisir une paire de chaussures de sport pour la course. Le vendeur me pose des questions incompréhensibles sur la manière dont je pose le pied avec des mots barbares. Ben... c'est-à-dire?... c'est-à-dire que je pose le pied... par terre!... ah, mauvaise réponse, il fallait répondre extérieur ou intérieur. Puis il me demande à quelle fréquence je vais aller courir. Je gonfle un peu le chiffre, disons, deux à trois fois par semaine, tout étant tout à fait consciente que si j'y vais une fois, ça sera un exploit. Ensuite je dois m'acheter un pantalon de survêtement, large, de préférence, et même comme ça la scène me rappelle les veilles de rentrées des classes où il fallait racheter ce fameux survêt, celui qui serait notre compagnon de torture lors des cours d'Education Physique. J'arrive à la caisse, je paie. Y'a plus qu'à.
Le jour même, pour ne pas aller rendre les chaussures et demander un avoir en prétextant un problème de taille, de manière à éviter la confrontation avec l'instant T où il faudrait se lancer, le jour même, donc, je me dirige vers la forêt. Elle est juste au bout de ma rue, cette charmante forêt, mais malgré le nombre maintenant répété de mes sorties course, je ressens toujours un énorme sentiment de honte en parcourant les cent mètres qui me séparent de l'entrée du bois. Je les fais en marchant, d'ailleurs, pour qu'on ne me regarde pas, surtout pas. Dès la première fois, pourtant, j'aurais dû être rassurée: des gens qui courent, il y en a de toutes les tailles et corpulences, de tous les âges, de tous les styles, du malade du chronomètre à caleçon moulant aux ménagères de cinquante ans essoufflées et au visage oscillant entre le pourpre et le violacé. Eh bien non, j'ai toujours aussi honte. J'ai beau me dire qu'on est tous égaux, j'ai l'impression d'être aussi crédible qu'une danseuse classique au milieu de rugbymen, voir même qu'une nageuse en palmes sur une patinoire. Et je ne sais pas nager, c'est dire...
Alors, évidemment, la première fois, je suis partie trop vite... j'ai fait 100 mètres et j'ai failli cracher le petit pois. Inutile de vous décrire les courbatures qui m'ont assaillie pendant plusieurs jours. Et c'est là que je me suis dit: la course, c'est parfait, ça fait travailler tous les muscles. Oui, parce qu'après la première fois, TOUS les muscles me faisaient mal, sans exception. Ensuite, j'ai réglé mon rythme, c'est-à-dire le minimum possible, un ralenti maximum. Je pense que je me fais largement doubler par tout le monde. Qu'importe, j'insiste.
Je plaisante, mais la course, ça peut vite devenir une drogue. J'oubliais aussi de dire que vu le prix dissuasif des activités sportives en région parisienne, on a de suite envie de faire du sport tout seul, n'importe lequel, mais tout seul dans son coin et en ayant bien pris soin de cacher bien profond son porte-monnaie. Une drogue, je disais. La course remplace le cri de rage, l'insulte à l'automobiliste ou à son voisin, ou la paire de claques, quand le stress est trop présent, vide les pensées et les concentre sur rien, on a l'impression de les semer en courant et de ne plus s'y fixer, c'est magique. La course remplit la cage thoracique d'air, d'oxygène, et les yeux de belles choses. Oui, évidemment, je ne suis pas assez inconsciente pour aller courir sur le bitume. Le sport et la nature sont pour moi indissociables. C'est pour ça que je vais en forêt. Là, tout en courant à mon pas de sénateur, j'observe les feuilles qui changent de couleur, je m'imprègne de la pluie de l'averse que j'ai un immense plaisir à ne pas éviter, je laisse la chaleur de la terre après la pluie m'envahir, j'écoute -je ne suis pas assez idiote pour aller courir en forêt avec la musique à fond dans les écouteurs comme le font certains, comportement aussi débile que ceux qui se grillent une clope en arrivant en haut de l'Aiguillette des Houches- les oiseaux siffleurs, merles ou rouges-gorges, je croise parfois des petits écureuils. Oui, naïvement, moi je pensais que le pas de course les surprendrait plus que la marche, mais non, les animaux me regardent passer, et reprennent leurs petites activités. Et poutant, j'ai vraiment l'impression d'avoir deux éléphants accrochés à mes jambes façons skaters qui se font tirer par un bus...
Et puis, parfois, je l'avoue, j'ai du mal à m'encourager, à me motiver, surtout quand des fraises des bois ou des fleurs de chèvrefeuille me tendent les bras. Alors, je souris, et je me dis que la course, finalement, est une torture assez agréable.

dimanche 1 juillet 2012

Chico y Rita

Entamons donc une petite série sur les films de l'été.
Le premier donc s'intitule Chico et Rita, de 2010 et du réalisateur Fernando Trueba.
Le film m'intéressait pour plusieurs raisons: d'abord parce qu'il situe son action entre la Cuba pré-révolutionnaire et la Cuba d'aujourd'hui, ensuite parce qu'il s'agit d'un film d'animation, enfin parce que la musique est au centre de l'oeuvre. Trois bonnes raisons pour enfin me poser et voir cette petite perle. Les dessins de Javier Mariscal sont magnifiques, très réalistes et même temps très artistiques. Je ne m'y connais pas beaucoup en film d'animation, ni en illustration, mais ces dessins-là m'ont de suite fait penser à un carnet de voyage, aux visages entre ombre et lumière de Titouan Lamazou, un mélange de souvenirs d'enfant et d'art pur. Ensuite, la mise en mouvement des corps suit une technique très poussée qui rend le film hyper vivant et réaliste, si bien qu'on finit par en oublier le côté pictural pour pénétrer vraiment dans l'histoire et dans les personnalités. La musique y est pour beaucoup, en ce qu'elle est bien plus qu'une illustration sonore, pratiquement la protagoniste de Chico et Rita. Chico et Rita, justement, sont deux musiciens. Lui est un jeune pianiste au talent prometteur, elle, une chanteuse à la voix suave et sensuelle. Ils se rencontrent et de suite leur relation oscille entre collaboration professionnelle qui vise à gagner un concours et jeu de séduction-passion-déchirure. Dans La Havane de la fin des années 40, le jazz commence à prendre sa place de musique à la mode, et la mode est aux rythmes américains. Le concours est remporté par Chico et Rita mais les deux artistes-amants se séparent et partent chacun de leur côté pour New York. Nous sommes en plein coeur de l'évolution musicale de l'époque, du début des années 50, avec Chano Pozo, Charly Parker, Dizzie Gillespie, Mario Bauza... c'est-à-dire à l'origine d'une musique métissée, entre le jazz et la musique cubaine, ce qui donnera naissance, une décennie plus tard, à la salsa. Les personnages, entre fiction et réalité, retracent donc cette histoire musicale dans ce qui est à n'en pas douter un hommage à la musique cubaine. Mais, à la différence d'un documentaire comme a pu l'être Buena Vista Social Club, Chico et Rita n'est pas qu'une bande son. C'est avant tout un film, une histoire qui s'incruste, se tisse dans le canevas de la grande Histoire de l'époque: celle de l'après guerre aux Etats-Unis qui voit déjà poindre avec horreur les prémices de la ségrégation raciale, celle de Cuba dominée par les américains puis révolutionnaire, qui interdit du même coup la musique américaine et fait de Chico, l'ancien pianiste prometteur, un cireur de chaussures dans les rues dévastées de La Havane. Je pourrais en parler pendant des heures tant le film est beau et m'a plu, mais allez plutôt le voir par vous-même et donnez-moi en des nouvelles!
"La musique les a unis... le succès les a séparés..."