mercredi 31 août 2011

La princesse de K'ara K'ara

Le paysage est magnifique: les sommets, loin jusqu'à l'horizon, très loin, à perte de vue. Très loin aussi, les neiges éternelles et la ville. Cochabamba, vu d'ici, c'est déjà un autre monde. Au coucher du soleil, les sommets s'illuminent, s'embrasent, le ciel prend une teinte ocre, rose, pourpre. C'est magnifique. Cette sensation de pouvoir embrasser du regard d'autres vallées, dans l'air limpide du soir. Pas un bruit. On peut regarder au-delà de ce monde. Il faut, regarder au-delà. Dès que le regard fait marche arrière et revient près d'ici, c'est le contraste. Ici, c'est très différent. La terre aussi, est rouge, un peu jaune. C'est la terre qui devient poussière et fait grincer des dents quand il y a du vent. Il pleut rarement. La poussière rentre partout: dans les maisons, dans la bouche, dans les yeux, dans la nourriture, dans le nez, dans les poumons, dans l'âme. Le vent n'apporte pas que la poussière. Il transporte aussi des odeurs, des fumées, des gaz. Parce qu'en bas, de l'autre côté de cette colline, c'est la grande décharge de K'ara K'ara. D'ici, on peut voir les gens travailler, marcher sur la montagne de détritus comme des fourmis. Il y a de la fumée toxique, des sacs plastiques qui volent, l'odeur infernale qui nous envahit, qui rentre dans le nez, dans les poumons, dans les maisons, dans l'âme.

On vit ici depuis longtemps, pourtant on ne s'habitue pas. Mais c'est comme ça. Parfois, ça sent moins fort, c'est supportable, c'est comme ça. Ici, je vis avec ma mère et mes petits frères. Mon père est mort. A la campagne, on était pauvres, on n'avait plus de terres, alors on est venus ici. Tu vois, ici c'est notre maison. C'est tout petit mais on s'adapte. Ici on dort, là c'est le lit de ma mère, ici on fait la cuisine. Parfois, j'aide ma mère mais tu vois, je ne peux pas me lever. Je reste sur mon lit. Ma mère va vendre des choses au marché en bas. Elle s'absente la journée parfois. Mais elle est toujours là le soir. Elle m'habille, me lave, me peigne, change mes draps. Parce que je ne peux pas faire ça toute seule. Mes jambes ne répondent pas. Et puis je ne sens pas quand je fais pipi, alors parfois mon lit n'est pas très propre. C'est pour ça que ma mère doit me changer souvent. Elle m'aide beaucoup. Je suis perdue sans elle. Tout ça, c'est depuis que j'ai 11 ans. Je jouais, je suis montée en haut d'un arbre, je suis tombée. Mes jambes sont restées paralysées. Depuis, je suis assise ou allongée sur ce lit. J'ai honte de redescendre. Que doivent penser les autres? J'ai peur qu'ils se moquent. Le médecin me dit que je devrais faire des séances de kiné. Je sais bien. Mais j'ai honte de descendre. Et puis qui va me porter? Si seulement mon frère était là. Lui, il me porterait. Mais il est dans le Chapare, il part pendant des semaines. ça doit faire un mois qu'on ne l'a pas vu. Il me manque beaucoup. Heureusement, je prie beaucoup et ça me fait du bien. Tu sais, c'est Dieu qui décide de tout. Il faut prier souvent, plusieurs fois pas jour. Tu vois, là, au mur, c'est les commandements de Dieu. Il faut les respecter. Je fais partie de la congrégation des Israélites, c'est pour ça que je porte un voile. Je suis très croyante. C'est Dieu qui décidera si je dois aller mieux ou pas. Tout dépend de lui. Tout le monde doit prier. Quand je ne prie pas, je lis. J'adore lire. Je lis des romans, de tout, ce que je trouve, ce qu'on me donne, ce que mon frère me rapporte. Je lis toute la journée. Dis, tu m'apporteras des livres? Lire, c'est ma passion! Ce que je préfère c'est les romans, les belles histoires, ça m'emmène loin d'ici.
Je m'appelle Elizabeth. J'ai 15 ans.

Elle s'appelle Elizabeth. Elle doit avoir 19 ans maintenant. Qu'est-elle devenue?

dimanche 28 août 2011

Histoire de la Savoie

Robert Colonna d'Istria, Histoire de la Savoie, Ed. France Empire, 2002.
Voici un excellent ouvrage sur l'histoire assez méconnue d'une région pourtant aujourd'hui de renommée internationale. De quoi combler quelques lacunes et découvrir des faits historiques et des anecdotes qui ont marqué ces territoires.
Avant de commencer le résumé historique proprement dit, l'auteur cherche à expliquer les limites géographiques de la Savoie, qui sont aussi naturelles: au Nord, le Lac Léman; à l'ouest et au sud, des fleuves (Rhône, Isère, Arc); à l'est, la ligne de crête du Massif du Mont Blanc. La question posée étant de savoir si ces montagnes ont toujours formées une frontière ou plutôt un lieu de passage. Le fait est que les cols (Mont Cenis, Saint Bernard, etc...) ont plus souvent servi de passage, de porte, entre l'est et l'ouest.
L'histoire de la Savoie commence donc il y a très longtemps. De la Préhistoire aux Romains, des évolutions considérables mais toujours dépendantes de la configuration géographique accidentée. On peut par exemple citer la route entre Albertville et Ugine qui date de l'époque romaine; Ensuite, ce n'est qu'une succession de luttes géopolitiques avec le voisinage, bagarres territoriales qui redessinent sans cesses les limites de la Savoie. Et on comprend très vite l'intelligence des ducs de Savoie, celle de manier habilement une diplomatie versatile, s'alliant tantôt aux uns, tantôt aux autres, obéissant toujours à une volonté farouche d'indépendance ainsi qu'à celle de maintenir l'intégrité des territoires. A l'époque, la Savoie est beaucoup plus vaste que la région actuelle puisqu'elle va du Léman à la Tarentaise, de Chambéry à Turin.
Le changement commence à se faire sentir lorsque les petits royaumes qui représentaient jusque là son voisinage prennent des dimensions démesurées et se tranforment en Etats, en Empires. La Savoie ne fait plus le poids. Les ducs conservent cependant leur stratégie habituelle, celle qui consiste à s'allier avec la puissance qui lui permettra de conserver son intégrité. Mais c'est une bataille inégale. La Savoie est tour à tour occupée par les Français, lieu de passage des troupes Espagnoles ou de l'Empire, servant de moyen de pression dans les négociations entre les grandes puissances. Les ducs perdent peu à peu leur pouvoir, mais pas leur prestige.
Et puis un jour, la Savoie, dans ses ambitions italiennes, penche à l'est, et la partie occidentale, attirée tour à tour par les événements révolutionnaires en France puis par le revirement politique qui redevient protecteur envers l'Eglise, finit tout naturellement par être rattachée à la France, en 1860. D'ailleurs, malgré toutes ses modifications territoriales et ses changements politiques, il semble que la Savoie ait toujours tiré sa stabilité identitaire du grand attachement qu'elle porte à la religion catholique.
Depuis, la région n'a cessé d'être partie prenante de l'histoire de la France, ni plus, ni moins que les autres régions. Les évolutions, aux XIX et XX èmes sièles, se sont considérablement accélérées: industrie, infrastructures et surtout le développement en flèche du tourisme, en ont fait la région qu'elle est aujourd'hui.
L'ouvrage de Colonna d'Istria est passionnant en ce qu'il lève le voile sur des montagnes que l'on pensait tranquilles mais qui ont au contraire connu une histoire extrêmement agitée, toujours caractérisée par un sentiment fort d'appartenance et d'identité communes. Un document essentiel, loin des clichés, à dévorer comme un roman.

samedi 27 août 2011

CONTES DE LA MINE

Le briseur de grève

Il se leva avec la sirène du syndicat, revêtit ses vêtements de mineur, gagna la rue et avança contre les rafales de vent.
Les grévistes, réunis sur la Place du Mineur, en le voyant s’en aller en direction de l’entrée de la mine, le harcelèrent de près, de très près, en lui criant à l’unisson :
-Traître!... Traître!... Traître!...
Le briseur de grève sentit les cris comme des poignards dans son âme, mais il poursuivit son chemin vers l’endroit où l’attendait le Tio, la fureur incendiant son regard et prêt à lui ôter la vie.
(traduction:Emilie Beaudet/ Photo internet)

vendredi 26 août 2011

CONTES DE LA MINE

Le Tio en rêve

Mes amis me demandent pourquoi je me laisse dominer par le Tio, un être qui a plus des attributs de démons que des attitudes de type bien. Moi, chaque fois que je le peux, je fais celui qui ne comprend pas et je leur réponds un simple « je ne sais pas », bien que ce qui est sûr c’est que ce personnage, dont la vie est entourée de fables, est un fétiche de haut vol, car il assume une posture profane face au sacré et est un esprit capable de se loger dans le corps de n’importe qui. Mais, en plus, du Tio j’ai appris que mes grandeurs et mes misères peuvent cohabiter et se marier, et que la vie est si courte et le labeur de la vivre si difficile, qu’on meurt avant d’avoir appris à la vivre comme Dieu veut.
Cependant, malgré le respect que je lui voue et le culte que je lui rends, je ne suis pas exempt de ses plaisanteries ni de la peur qu’il peut me causer quand je m’y attends le moins. C’est ce qui m’est arrivé l’autre nuit, lorsqu’au terme d’une aimable conversation accompagnée de mets et de boissons typiques de la terre andine, je suis resté dormir dans ma famille.
Passé minuit, dans la tranquillité du sommeil, je me vis en train d’entrer dans la mine. C’était la dernière quinzaine du mois de février, mois du diable, et les travailleurs de la section Lagunas, dans leur empressement à obéir aux rigueurs d’une ancienne tradition minière, s’apprêtaient à faire la ch’alla à la Pachamama, l’arrosant d’eau de vie et lui offrant des feuilles de coca, en signe de gratitude pour ses dons et ses bontés.
Dans mon rêve, je me vis enfant, à l’âge de dix ans à peine. J’étais habillé en mineur et portais un sac de jute sur l’épaule ; j’avais un casque, une salopette et des bottes en caoutchouc. Ce qui est étrange c’est que, malgré le fait que je vive depuis des années en Suède, je n’ai pas réussi à me libérer de la présence omnipotente du Tio ni des scènes tragiques que j’ai observé dans les centres miniers, où les discriminations sociales et raciales, entre ceux qui possédaient beaucoup et ceux qui possédaient peu, étaient marquées du berceau jusqu’à la tombe. Putain, merde ! Ils étaient pauvres, les pauvres mineurs.
Pour en revenir au rêve, je vous disais que lorsque les travailleurs commencèrent la cérémonie, faisant la ch’alla à la Pachamama et rendant le culte au Tio, que je ne pouvais pas voir, à cause de ses petites entourloupes que nous font les rêves, parce qu’il se trouvait dans un coin sombre, on entendit des bruits forts au loin, comme des échos qui naissaient des entrailles de la montagne.
Les travailleurs, murmurant entre leurs dents, mâchaient des feuilles de coca et fumaient des cigarettes, tandis que je jetais des poignées de la feuille sacrée tout autour et que j’arrosais les roches avec de l’eau de vie.
Au bout d’un court instant, les travailleurs, comme emportés par une force indomptable, disparurent un par un de la galerie, emportant avec eux la lumière de leurs lampes et me laissant seul dans une impénétrable obscurité. La panique m’envahit et les larmes inondèrent mes yeux. J’allai d’un endroit à un autre, tâtonnant des pieds et des mains, mais, à chaque pas, je ne trouvai rien que des roches érigées comme des murs. C’est ainsi que, sans apercevoir aucune sortie et le pantalon mouillé par la peur, je décidai de m’asseoir au même endroit, en attendant que quelqu’un découvre mon refuge.

Le temps passa, assez longtemps, je ne sais dire exactement combien, jusqu’à ce que soudain, bam bam bam, j’entendis un bruit qui semblait s’approcher depuis le fond de la mine. C’est alors que se fit le silence et le Tio apparut là, planté dans mon dos, m’éclairant avec la lumière de ses yeux et me demandant de la coca et de l’alcool.
Je ne parvins pas à le voir en entier, mais je me levai en un clin d’oeil. Je ne sus que faire ni que dire. Tout mon corps trembla rien qu’en entendant sa voix, presque semblable au braiement d’un âne. Je me couvris le visage avec mes mains et éclatai en sanglots comme un bébé ayant perdu le sein.
Le Tio, qui portait son costume de Lucifer, s’alluma comme une lanterne, illuminant la galerie de part en part. Son aspect était terrifiant, comme celui des monstres qui sont beaux tout en étant laids. Je le regardai entre les doigts de ma main et, à mon grand étonnement, je me rendis compte qu’il était fait de roche et de feu. Sur ce, un mineur apparut. Je ne sais pas d’où il sortait, mais il étendit un aguayo devant le Tio, lui offrit de la coca, des cigarettes et de l’alcool.
Le Tio vida la bouteille d’un seul trait, se fourra une poignée de feuilles de coca dans la bouche et alluma une cigarette avec celle du mineur. Ensuite, sans gestes ni paroles, il se retira à pas lents, tandis qu’une toux sèche résonnait dans l’air et que la gouttière de la galerie tombait dans un tic tic tic sur les roches.
‘Tio, nom de Dieu! Tu m’as fait peur!...”, me dis-je au fond de moi, sans cesser de pleurer à chaude morve, l’âme toujours mordue par la peur.
Lorsque je m’éveillai de ce rêve, le corps trempé de sueur et les yeux naviguant entre les larmes, j’eus l’étrange sensation que le Tio, qui avait voulu me faire peur sans le vouloir, s’était installé dans ma vie depuis le premier jour où je l’avais vu dans la mine de Siglo XX, assis sur son trône tel un souverain des ténèbres, maître absolu des richesses minérales. Et, bien que j’eusse envie de maudire le sort de l’avoir rencontré et amené en Suède, je tournai sept fois ma langue dans ma bouche et tentai de garder mon calme, car je savais que le Tio, avec ou sans mon consentement, était disposé à me suivre de près, de très près, pour le meilleur et pour le pire, jusqu’à l’heure de ma mort.

Glossaire :

AGUAYO : m. Tissage traditionnel andin.
CH’ALLA: m. Cérémonie d'offrande ou de sacrifice aux dieux.
PACHAMAMA: f. Mère Terre. Divinité des Andes.

Traduction:Emilie Beaudet / Photo: http://pompiersdumonde.blog.pelerin.info/

jeudi 25 août 2011

Bouchées de quinoa

Cléa, Quinoa, Ed. La Plage
J'aime sentir l'odeur de la quinoa qui cuit, entendre le bruit de l'eau qui frémit, voir les grains qui éclatent. C'est sans doute pour cela que l'on m'a fait découvrir l'excellent livre de Cléa qui s'appelle tout simplement "Quinoa".
La quinoa, les voyageurs en Bolivie la connaissent bien. Juste une petite précision, je dis "LA quinoa", alors que tout le monde en français dit "LE". C'est un vaste débat. Ce mot est d'origine quechua, langue dans laquelle il n'y a pas de genre pour les noms communs. Passé en espagnol, le mot devient féminin. Pourquoi devient-il masculin en français, vaste débat. Pour avoir eu l'habitude de le dire en espagnol, puis de l'entendre toujours au féminin en français dans la bouche des boliviens expatriés, je persiste à dire "LA quinoa".
La quinoa donc, en Bolivie, est cuisinée de différentes manières: souvent dans les soupes, en simple légume, soufflée, en barres de céréales, parfois en flocons. En Europe, pour rendre le produit un peu plus "fun", on a tendance à l'associer à des tas d'épices, à le cuisiner de façon tout à fait différente. Je reconnais que je suis assez puriste, puisque amatrice de la cuisine traditionnelle bolivienne. J'ai donc beaucoup de mal en principe à manger de la quinoa tellement assaisonnée qu'on n'en sent plus le goût.
Et puis j'ai rencontré Cléa, ou plutôt son livre. J'ai d'emblée apprécié la présentation et les pages d'introduction, assez fournies en informations, qui expliquent énormément, réhabilitent, reviennent à l'origine de la quinoa et abordent même le point de vue culturel. On est bien loin des hippies écolos attardés qui veulent de l'exotisme à tout prix en se fichant pas mal d'où ça vient.
Ensuite, Cléa nous propose une série de recettes, des petites entrées aux desserts en passant par les plats, dans lesquelles la quinoa se décline en différents produits: quinoa rouge ou blonde, flocons, lait, farine, crème. Une fois qu'on a réussi à se procurer ces produits -ce qui, il faut le dire, n'est pas forcément simple- les recettes ne sont pas de la littérature pour artistes du bio. Au contraire, elles sont très simples et restent proches du produit.
J'ai testé pour vous l'une des recettes. Elle est aussi délicieuse qu'elle semblait prometteuse!
Bouchées croustifondantes au fromage:
50 g de quinoa
50 g de pain complet
50 g de farine
1 oeuf
sel, poivre, curry, persil (j'ai rajouté du cumin, épice extrêment souvent utilisée en Bolivie)
50 g d'emmenthal (j'ai pris du gruyère, pour éviter les trous, parce que contrairement à ce qu'on peut croire, non, le gruyère n'a pas de trous! Les Suisses tiennent beaucoup à ce que la vérité soit rétablie).
huile d'olive (j'ai pris un mélange de pépin de raisin et colza, plus léger à digérer)
Préparation:
Faire cuire la quinoa à l'eau.
Emietter le pain.
Le mélanger à la quinoa dans un saladier.
Ajouter la farine et bien mélanger à la fourchette.
Ajouter l'oeuf battu et les épices.
Bien amalgamer jusqu'à avoir un mélange homogène.
Faire des boules avec les mains (on peut en faire environ 8) dans lesquelles on introduit un petit morceau de gruyère.
Faire chauffer l'huile et y faire dorer les boules sur tous les côtés.
Ca donne ça et c'est succulent, vraiment!

mercredi 24 août 2011

Interview à Victor Montoya


Des retrouvailles nécessaires avec la Bolivie

L’écrivain bolivien nous confie que le Tio de la mine, personnage centrale de la mythologie andine et dieu tutélaire du ventre de la Pachamama, l’a toujours maintenu en contact avec sa terre, ses gens et sa culture.

Victor Montoya est né à La Paz en 1958, mais il a passé son enfance dans la ville minière de Llallagua-Siglo XX. En 1976, à cause de ses activités politiques, la dictature de Hugo Banzer le poursuit, le torture et l’emprisonne. C’est dans une cellule humide du Pénitencier National de San Pedro qu’il écrit clandestinement son œuvre « Grève et Répression ». En 1977, à la suite d’une campagne d’Amnesty International, il obtient sa libération et part en exil en Suède, où il vit depuis plus de trente ans.
A Stockholm, il suit des études de pédagogie à l’Ecole Supérieure des Professeurs. Il donne des cours de quechua, coordonne des projets culturels dans une bibliothèque et dirige des Ateliers de Littérature pour Enfants, dont le projet culmine avec la publication du livre « Contes de jeunes et d’enfants latino-américains en Suède », en 1985. Il se consacre actuellement au journalisme culturel et à la littérature.
Il y a peu, il était en Bolivie, dans le cadre de la Vème Rencontre d’Ecrivains Boliviens, à laquelle il a été invité par le Centre Culturel Simon Patiño de Cochabamba. Dans l’interview qui suit, où il aborde différents aspects de la réalité socio politique du pays, il nous commente aussi les impressions suscitées par son voyage de retour en Bolivie après plus de trente ans d’absence.

-Tu viens de rentrer de ton voyage en Bolivie. As-tu retrouvé le même pays qu’il y a trente ans ?

-En trente ans, beaucoup d’eau est passée sous les ponts. En réalité, la Bolivie que j’ai laissée n’est pas la même que celle que j’ai retrouvée. On remarque un changement pour plusieurs raisons. Par exemple, les campements miniers de Siglo XX et Catavi, qui il y a trente ans étaient en plein essor, je les ai retrouvés démantelés comme si sur eux s’était acharné le décret 21060, qui a « relocalisé » les travailleurs de la COMIBOL et a délaissé les campements qui aujourd’hui ressemblent à des ruines sur les versants des montagnes. De même, j’ai constaté que les couches sociales qui auparavant étaient rejetées, durant l’époque coloniale et les gouvernements miniers-féodaux de la république, font aujourd’hui partie du processus de « changement », qu’a mis en route le nouveau gouvernement, avec toutes ses erreurs, au cœur de son projet dénommé « révolution culturelle ». Ce qui est intéressant, c’est qu’on remarque un intérêt pour l’activité politique et une participation plus active des indigènes et des secteurs qui auparavant étaient exclus des appareils décisifs de l’Etat bolivien. Cependant, la pauvreté est toujours un mal endémique et la corruption semble être institutionnalisée, parce qu’elle est à l’ordre du jour et il semble à tous qu’elle fait partie de l’idiosyncrasie de l’homme bolivien et des structures d’une société hiérarchique, où l’autorité exercée par le pouvoir soudoie les plus nécessiteux. Evidemment il y a eu des changements, mais je pense qu’on doit intensifier les réformes de manière plus radicale si on veut vraiment forger un pays où tous auront les mêmes droits, les mêmes possibilités et responsabilités ; en partant du principe que tous les individus, sans distinction de sexe, de culture ou de race, ont droit à une scolarité gratuite, le droit à la santé, au travail, à un logement et à l’alimentation.

-Quelles ont été les motifs et les circonstances de ton voyage ?

-Mon voyage en Bolivie était dû à une invitation que m’a envoyée le Centre Pédagogique et Culturel Simon I. Patiño, de la ville de Cochabamba, où j’ai participé à la Vème Rencontre des Ecrivains Boliviens. J’ai profité de cette invitation pour développer d’autres activités en rapport avec mon travail littéraire, comme par exemple devenir membre honorifique de l’Académie Bolivienne de Littérature Infantile et Juvénile, à La Paz, et pour promouvoir dans plusieurs villes et centres miniers mes livres « Contes de la mine » et « Le labyrinthe du péché », qui ont été réédités en Bolivie par les Editions Kipus.

-Tu as dit que ce voyage de retour s’était réalisé à un moment opportun. Peux-tu nous expliquer ?

-C’est vrai, je suis revenu dans ma condition d’écrivain à un moment où je me sentais mûr pour le faire, tant du point de vue émotionnel que professionnel. Quand je parle du « moment opportun », je ne fais pas référence à l’actuelle situation politique qui existe dans le pays, mais plutôt à un facteur de caractère personnel. Cela n’aurait pas été la même chose de revenir par mes propres moyens et de ma propre initiative, que d’être invité par une institution désireuse de promouvoir mon œuvre dans le contexte de la littérature nationale. Dans cette situation, je me sens « rapatrié » par une institution culturelle et non par le gouvernement. Je pense que le moment était opportun, parce que j’avais déjà très envie de partager mes expériences et mes connaissances avec les lecteurs boliviens, car je fais partie de cette pléiade d’écrivains latino-américains qui ont subi la persécution des dictatures militaires et ont été projetés dans la diaspora de l’exil, après être passés par les supplices infligés par les forces répressives de la tristement célèbre « Opération Condor ».

-Pourquoi attendre aussi longtemps ?

-Je n’ai pas attendu aussi longtemps. Simplement, dans mon cas, cela s’est fait ainsi. Si je ne suis pas revenu avant c’est pour plusieurs raisons ; d’une part, parce qu’il n’y avait pas d’opportunité idéale pour le faire et, d’autre part, parce que je me suis tellement habitué à la Suède que, comme les plantes, j’ai même commencé à m’y faire des racines. Maintenant que je suis revenu en Bolivie, qui est la terre qui m’a vu naitre et celle qui a formé ma personnalité et mon identité nationale, je peux chanter la chanson de Matilde Cazasola, qui dit : « De loin je reviens/ je t’ai déjà dans mon regard/ je contemple déjà dans ton infini/ les montagnes chères à mon souvenir/ … Je ne peux m’expliquer/ avec quelles chaines tu m’attaches/ avec quelles herbes tu me captives/ douce terre bolivienne… » De sorte qu’avec les chaines qui m’attachent maintenant à la Pachamama, je n’ai pas d’autre issue que de retourner vers ses montagnes encore et encore.

-Qu’est-ce qui te manque le plus de la Bolivie dans ton pays d’adoption ? Qu’est-ce que tu étais le plus heureux de retrouver ?

-En Suède, où la géographie et la démographie sont très différentes de celles de Bolivie, j’ai toujours vécu avec le regret de mes gens et de ma culture, parce que je n’ai jamais cessé de me sentir bolivien là où j’étais. Plus encore, j’ai toujours dit que j’avais une Bolivie portable, qui m’accompagnait partout où allaient mes pas. Et là où je faisais une halte, j’ouvrais ma valise, dans laquelle se trouvait ma Bolivie portable, et de l’intérieur s’échappaient les mille visages de ma terre, la symphonie de voix multilingues, les sons musicaux et, à côté de toutes les couleurs, odeurs et saveurs, mes chuños (pommes de terre déshydratées et séchées), mes charques (viande séchée), mes feuilles de coca, mes bouteilles de Singani et même un Tio de la mine qui m’accompagnait jour et nuit.

-Quel regard portes-tu sur la situation actuelle en Bolivie ? Quelles sont les évolutions les plus importantes ?

-Comme je te l’ai déjà dit : le changement le plus remarquable est l’inclusion des secteurs les plus marginaux de la société à la vie de l’Etat bolivien. Je crois que, pour la première fois depuis plus de cinq cent ans de colonisation, on a vu que les nations originales, à travers leurs représentants, font entendre leur voix à tous les niveaux de la vie politique, économique et culturelle de la nation. Cela me semble être l’une des évolutions ou avancées les plus significatives du gouvernement actuel. Le fait d’avoir concédé l’un des droits les plus élémentaires à ceux qui depuis des siècles attendaient leur tour dans la queue de l’histoire. La lutte ouverte contre la discrimination sociale et le racisme me semble l’une des autres avancées. Pourtant, pour en finir une fois pour toute avec ce mal de tous les temps, il sera nécessaire de structurer une société plus équitable et moins compétitive. C’est-à-dire, une société où on en finisse avec la grande propriété privée et où les moyens de production, comme l’administration des ressources naturelles, soient entre les mains des travailleurs eux-mêmes.

-Une réédition de ton livre « Contes de la mine » vient d’être publiée là-bas. As-tu d’autres projets en Bolivie ?

-Effectivement, on a réédité les « Contes de la mine », mais aussi mon roman « Le labyrinthe du péché». Maintenant il y a une possibilité pour que les Editions Kipus publient le reste de mes livres pour une distribution au niveau national, car j’ai la sensation que mon œuvre est encore inconnue de la majorité des lecteurs, dû au fait que les institutions culturelles de l’Etat ne stimulent pas le travail des écrivains boliviens et que les éditeurs ne font pas ce qu’il faut pour faire connaitre l’œuvre des auteurs nationaux. J’espère, sincèrement, que les autorités concernées du Ministère de l’Education et de la Culture consacreront plus d’attention et de budget au développement de l’éducation et de la culture, parce que ce sont les deux piliers sur lesquels se fonde l’avenir d’une nation, car une nation sans éducation ni culture court le risque de perdre sa mémoire historique et court le risque de finir dans l’oubli.

-Chez toi, en Suède, tu vis avec un personnage un peu spécial, le Tio. Est-ce que c’est cette relation avec lui qui t’a permis de rester en contact permanent avec ta terre et sa culture ?

-Le Tio de la mine, sans aucun doute, m’a maintenu en contact permanent avec la réalité bolivienne. Ce personnage de la mythologie andine, qui a la propriété d’être dieu et démon en même temps, est très lié au plus profond et tellurique des mines, où les travailleurs du sous-sol lui rende hommage en lui offrant des feuilles de coca, des cigarettes et de l’eau de vie. Chez moi j’ai une statuette du Tio et avec lui j’ai des conversations et des discussions concernant la réalité de Bolivie et les boliviens. Il me permet de respirer la tradition la plus authentique des cultures originales et me permet de comprendre que je suis fait de la terre nationale. Et, tout comme il fait partie du syncrétisme religieux entre le catholicisme occidental et le paganisme ancestral, il est un personnage qui possède un grand savoir et développe un grand sens de l’humour. Avec lui je m’amuse beaucoup et, comme si cela ne suffisait pas, c’est lui le personnage central de l’une des facettes les plus significatives de ma création littéraire. Le Tio de la mine, qui selon la cosmovision andine est le maître absolu des richesses minérales et le maître des mineurs, est le meilleur lien que j’ai avec ma terre et ma culture.

Interview réalisée par Emilie Beaudet

mardi 23 août 2011

Médias charognards

Ils sont les premiers sur les lieux. Qu'un suicide ou un accident de la route ait eu lieu, qu'on annonce un meurtre ou une agression, ils sont là, tout essouflés d'avoir couru si vite pour avoir la primeur de l'information. Micros en main, caméra au poing, ils s'approchent au plus près qu'ils peuvent de la scène, au diable le périmètre de sécurité ou de dignité. On se croirait dans une série américaine. Gros plan sur le sang, sur le cadavre étendu au sol, sur le visage de la femme brûlée à l'acide. Les portes des hôpitaux leurs sont grandes ouvertes, ils y sont les bienvenus ou bien s'y imposent par la force. Ils ne veulent rien rater. Avec l'accidenté de la route encore sonné, ejecté du bus qui vient de se renverser, c'est l'interview choc. La reporter lui hurle les questions au visage. Alors? Comment ça s'est passé? C'est tout juste si elle se retient de dire "super!" lorsqu'il lui raconte qu'il est l'un des seuls survivants. Peu importe s'il est veuf, ils ne font pas dans le social. Ce qui compte c'est que, ce soir, au journal de 19h, de 21h et aux suivants, les images du sang tout frais feront les gros titres. Avec un peu de chance, le reportage aura sa place pendant deux jours dans les faits divers télévisuels. Je ne sais pas si on peut appeler cela du journalisme. En tout cas, le procédé est courant et extrêmement bien rôdé en Amérique Latine. Bolivie, Pérou, même combat, le journal télévisé n'est qu'un ramassis de scandales, de vols à la tire, de viols et de morts. Comment est-ce que les familles assument-elles cette violente intrusion dans leur vie privée déjà très affectée? Personne ne sait le dire. On lit cependant dans les yeux de la femme aspergée d'essence, de la fillette sexuellement abusée, un regard apeuré par cette agression supplémentaire, celle de la caméra fixée de manière obscène sur leur malheur. Et les téléspectateurs dans tout ça? J'ai suivi un nombre incalculable de journaux télévisés dans une famille bolivienne de classe moyenne. Là-bas, et ce n'est pas une exception familiale mais plutôt une tendance nationale, la petite lucarne est allumée en permanence, de 6 heures du matin jusqu'au soir où, dispersé dans sa chambre respective, chacun continue à regarder la télé. On prend son petit déjeuner avec, on oublie de l'éteindre quand on sort, on la rallume dès qu'on revient, on la regarde d'un oeil en attendant le repas, on s'endort le soir devant. Séries brésiliennes ou mexicaines, reportages politiques, innombrables émissions de musique, films, très peu de documentaires.Il y en a presque pour tous les goûts. Mais lorsque le journal arrive, les fourchettes restent suspendues au-dessus de l'assiette, on augmente le volume, on incite énergiquement son voisin à se taire, c'est le moment crucial. Ce qui remporte le plus de succès au niveau de l'attention, on y revient, c'est sans aucun doute ce qu'on appellerait en France la rubrique des chiens écrasés. Tour à tour, on entend des rires, des commentaires, des phrases de compassion ou de colère contre les malotrus ou "les sauvages qui ont fait ça", oeil pour oeil, dent pour dent... En tant que française, je reconnais ne jamais m'habituer aux images sanglantes que peut proposer la télévision bolivienne. On peut me rétorquer qu'en France aussi, on voit aussi de telles images, de guerre par exemple. C'est vrai, mais ce sont des événements internationaux et, même violents, ils doivent être filmés, c'est de l'information. Par contre, je sais que, et l'actualité est courante, malheureusement, lorsqu'on annonce qu'un enfant a été mordu par un chien dangereux, on ne va pas montrer en gros plan son bras déchiqueté, c'est du voyeurisme. En Bolivie, si. Je me demande bien d'où peut venir cette soif d'images. Ou bien est-ce la fréquence de ces reportages sensasionalistes qui a fait augmenter la demande des téléspectateurs. En tout cas, cela n'est pas vraiment valorisant pour la télévision sud américaine que de présenter ce genre d' "informations" qui s'éloignent à mon avis du journalisme et se rapprochent du repas des charognards.

lundi 22 août 2011

L'Amérique racontée aux enfants

Gallimard Jeunesse, La musique sud américaine, Cayetano et la baleine, 2003.
Comment ne pas succomber à l'émerveillement, adultes comme enfants, en écoutant cette superbe histoire, celle de Cayetano, enfant de la montagne, qui travers l'Amérique du Sud pour aller saluer la baleine. Les illustrations sont très jolies et l'histoire, enregistrée sur un CD, nous est racontée par Luis Rigou. Ce nom ne vous dit peut-être rien, tandis que si je vous parle du groupe Ocarina, dans les années 90, vous voyez tout de suite de quoi je parle. Diego Modena, c'est lui. Sa voix et son accent nous invitent de suite au voyage, un voyage tant géographique que musical, puisque le conte est illustré par des musiques composées par Luis Rigou lui-même et jouées par de grands musiciens argentins comme Alfonso Pacin ou encore Rudi et Nini Flores. C'est l'occasion pour les enfants de découvrir toute une gamme d'instruments, ou pour ceux qui les connaissent déjà de s'entraîner à les reconnaître: quena, siku, erke, accordéon, charango... Loin des clichés ou des approximations de certaines histoires pour enfant qui tentent une approche de la musique et de la culture sud américaine, ce travail là est authentique, très bien ficelé, fait par de vrais artistes professionnels et avec une vraie passion qui se ressent tout au long de l'écoute. Une histoire à lire et à relire et à écouter encore et encore, pour les petits et pour les grands.
Pour plus d'informations sur Luis Rigou, voici son site internet:

samedi 20 août 2011

Los Jairas y "el Trio"

“Los Jairas” et “Le Trío” (Domínguez, Favre et Cavour)

La chercheuse en sciences sociales, Maria Antonieta Arauco, vient de publier un livre consacré aux figures de proue du folklore musical bolivien. Etaient présents les artistes de la musique nationale, Ernesto Cavour, Rolando Encinas et Percy Bellido.

Ministère de la Culture, 15 août 2011.

« Je considère que Los Jairas et « Le Trio », et je me base sur les nombreuses études parues ces dernières années- ont été reconnus comme l’une des manifestations les plus importantes du folklore de Bolivie. », affirme Maria Antonieta Arauco, l’auteure du livre « Los Jairas et le Trio Dominguez, Favre, Cavour – Créateurs du Néo folklore en Bolivie (1966 – 1974) », lors de la présentation du livre qui a eu lieu vendredi dernier, dans le Patio Culturel du Ministère de la Culture.
Leur statut d’initiateurs du néo folklore bolivien, dans les années 60, ainsi que l’ample trajectoire musicale de Los Jairas et du “Trio”, sont les deux éléments qui ont motivé Maria Antonieta Arauco: “…c’est ce qui a fait naitre ma grande passion pour ce groupe et ce qui m’a amenée à retranscrire les détails les plus intéressants depuis l’apparition de ces grands du folklore, il y a 45 ans », témoigne la chercheuse, qui a mis plus de deux ans à réaliser son ouvrage.
Par ailleurs, Arauco a expliqué que dans le résumé historique consacré à Los Jairas et au “Trio”, elle raconte aussi la naissance de la “Peña Naira elle-même considérée comme “le Nid des artistes” et qui a été fondée le 4 mars 1966.
Le livre montre les différentes étapes, en rapport avec le contexte historique, et plus particulièrement le rôle qu’a joué le travail artistique de Los Jairas et du “Trio”, qui se reflète dans la rencontre de ses protagonistes, la formation du groupe, la qualité d’interprétation de chacun de ses membres, les récompenses obtenues, sa discographie, et, surtout, la diffusion du folklore dans le pays et hors de ses frontières.
“C’est le contexte de la musique des années 60 qui a entrainé l’apparition subversive de Los Jairas dans la musique nationale. A cette époque, nos instruments n’étaient pas joués dans les grands salons, mais avec eux (Los Jairas) y pénétraient la quena de Gilbert Favre, le charango de Ernesto Cavour, la guitare de Julio Godoy et la voix de Edgar Yayo Jofré”, explique l’auteure.
Le “Trio” constitué par Dominguez, Favre et Cavour nous a laissé deux disques en Bolivie, “Folklore 1” et “Néo folklore 2” et deux autres en Europe. Au cours de cette soirée, ils ont interprété cette discographie ensemble et en tant que solistes.
Lors de cette présentation inoubliable, pour ceux qui aiment la musique folklorique de cette époque, étaient également présents Rolando Encinas de “Musica de Maestros”, Percy Bellido, ancien membre de “Los caminantes”, ainsi que Yuliano Encinas, lesquels étaient amicalement venus soutenir et valoriser le travail de Maria Antonieta Arauco.
“Je considère qu’il s’agit d’un document historique important pour ceux qui désirent connaître cette époque, la nouvelle génération qui a motivé le Néo folklore, parce que ce sont eux les pionniers”, a affirmé Rolando Encinas, membre de “Musica de Maestros”.
De la même manière, le Maestro Cavour a valorisé le travail de Arauco, en s’exprimant de la sorte: “Je suis heureux que justice soit faite, parce qu’on mentionne la “Peña Naira” et ses propriétaires et promoteurs légitimes, ce qui est mon cas, Ernesto Cavour, ainsi que Luis Rico avec qui je la dirige depuis plus de vingt ans. C’est pourquoi je réitère toute ma confiance à Antonieta Arauco, parce qu’elle est une véritable investigatrice et qu’il lui a fallu plus de deux ans pour écrire ce livre”, a assuré le charanguiste.
Percy Bellido, ancien membre du groupe “Los caminantes” également présent dans les années 60, a lui aussi souligné l’importance de l’œuvre de Maria Antonieta Arauco en ce qu’elle évoque la Peña Naira, capitale pour de nombreux artistes de l’époque, comme dans son cas, puisque c’est là que sa carrière a commencé: “Je considère que la Peña Naira est le Nid des artistes, de ceux qui aujourd’hui sont à l’étranger et qui diffusent notre folklore dans d’autres pays”, a conclu Bellido.
Arauco, très émue, a annoncé que son prochain objectif consistera à publier un livre sur le groupe Ruphay. Ce travail “est déjà dans un processus d’investigation, depuis le costume, les types d’instruments qu’ils utilisent, rappelons qu’ils se caractérisent par leur utilisation des aérophones”, a-t-elle conclu.

María Antonieta Arauco est née dans le Valle Alto de Cochabamba. Elle est passionnnée de musique. Elle est venue vivre à La Paz très jeune. Elle a travaillé à la Peña Naira, d’abord comme ouvreuse, puis comme serveuse.
Avec ce qu’elle gagnait elle a financé ses études, d’abord à l’Ecole Normale, où elle obtint le diplôme de Professeur de Philosophie et de Psychologie. Par la suite, elle fit des Etudes de Sociologie à l’Université Mayor de Sans Andres, où elle obtint sa licence.
Actuellement, elle étudie la trajectoire et la musique du groupe Ruphay.

(Traduction: Emilie Beaudet... qui RECHERCHE DESESPEREMENT A SE PROCURER CE LIVRE! AYUUUUDAA!)

vendredi 19 août 2011

Derniers regards sur la Creuse

Mes deux dernières escapades en France sont résumées dans cet article. Cela sent -pas vraiment bon- la fin des vacances et des balades dans de douces régions. Pour m'offrir un dernier frisson, je me suis offert un dernier frisson, une après midi avec les loups de Chabrières, près de Guéret. Là-haut, nous sommes déjà à une altitude respectable, le panorama est presque à 360 degrés puisqu'on domine toute la région. Par temps clair, comme il l'était le jour où j'y suis allée, on peut voir la chaîne des Puys et, trônant au-dessus de tous, le Puy de Dôme.
Le circuit se fait dans la forêt, derrière un grillage, les loups ayant aussi peur de l'homme que lui d'eux. On se demande d'ailleurs ce qui a bien pu pousser l'imaginaire collectif à ne voir le loup que comme un dangereux prédateur, en mettant totalement de côtés des aspects autrement positifs de ce fascinant animal. L'observation des loups donne de grandes leçons sur l'organisation sociale et la vie en communauté, et bien d'autres éléments que l'homme devrait au contraire méditer. En tout cas, le face à face est grandiose, cette observation mutuelle, ces yeux plongés les uns dans les autres paralysent et envoûtent. Belle rencontre...Ensuite, c'est la dernière rando de la saison, au fil de la Creuse et de ses gorges. Certes, ce ne sont pas les gorges du Tarn ou de la Dordogne, mais elles ont aussi leur charme.
Surtout, la région possède, dans un périmètre réduit, une variété de paysages étonnante.Dans les sous bois recouverts de fougères, la végétation, un peu en avance cette année, comme déjà à prendre ses couleurs d'automne...Parfois, au détour de la route ou du chemin, nous revoilà en été, nous amusant à prendre les bruyères pour des champs de lavande...Mais les péripéties estivales se terminent bien là, ça sent déjà les ciels gris d'octobre et les après midi à regarder la pluie tomber...
(Photos:emi)

mercredi 17 août 2011

Bahia

Jorge Amado, Bahia de tous les saints, 1935.

Je n'ai pas vraiment cherché ce livre, je suis tombé par hasard sur lui en fouinant dans une bibliothèque au moment de la sieste. Je n'avais plus rien à lire, ce n'est donc pas par envie mais par défaut que je me suis plongée dans le célèbre roman de Amado. Je venais de terminer un livre génial (voir mon résumé de "Monde perdu" sur ce blog) et ce la ne me déplaisais pas de rester au Brésil pour poursuivre cet état de dépaysement dans lequel m'avais plongée le roman de Patricia Melo.
Je fais toute cette introduction, tourne autour du pot, parce que je ne sais pas quoi vous dire sur "Bahia de tous les saints". Cela se passe à Bahia, vous l'aurez compris. Le personnage principal est un anti héros, Balduino, dont on nous raconte la vie: son enfance orpheline dans un quartier pauvre des hauteurs de la ville, son placement dans une maison de blancs riches et sa fugue, son adolescence de mendiant avec sa bande d'autres orphelins noirs, sa carrière de boxeur écourtée par la dépression d'une désillusion amoureuse, jusqu'à son emploi d'ouvrier sur le port et son engagement syndical. Le début m'a beaucoup plus plu que la fin. Les péripéties picaresque survenues dans la rue lors de sa période de mendiant voyou sont dignes du "Lazarillo de Tormes" espagnol. Ensuite, tout est un peu orienté vers la naissance de Baldo au syndicalisme, cette sorte de révélation sociale qui fait suite à son engagement dans la grève générale. Certains critiques comparent "Bahia de tous les saints" à "Germinal", les deux étant une peinture réaliste des luttes du monde ouvrier de leur époque.

Vous l'avez compris, je ne suis pas emballée par le roman de Jorge Amado. J'explique cela en grande partie par la traduction qui date de 1938. Je suis traductrice à mes heures pas si perdues et commence à savoir flairer les tournures retranscrites mot à mot, les faux sens. J'en ai repéré pas mal dans cette édition. Il y avait aussi sans doute des expressions datant des années 30 - 40 aujourd'hui inusitées en français. Mais connaissant quelques mots de portugais, ayant étudié un peu le Brésil, sachant à quel point la traduction n'est pas qu'une affaire de mots, j'ai vite compris que les traducteurs de l'époque manquaient de connaissances sur la réalité du Brésil puisque certaines références culturelles semblaient être ignorées et ont donc été très mal traduites. Sans compter les tournures de phrases qui, à mon sens, n'en avaient pas, de sens...

Je suis très critique, je sais. Certains penseront sûrement encore, comme dans ce commentaire qu'un lecteur m'avait un jour laissé, que je prends "un ton de donneuse de leçon", mais je maintiens, la lecture du roman de Amado a été laborieuse et je n'y ai donc pas pris un immense plaisir.

Azay, l'autre

Toujours dans notre grande série "visitons les châteaux de la région", nous connaissons tous le château de Azay le Rideau, près de Tours. Joli château entouré d'eau; ça tombe bien, ce n'est pas là qu'on va. Nous allons à Azay, oui, mais l'autre, Azay le Ferron, dans l'Indre. Je suis passée des dizaines -des centaines?- de fois devant et ne m'y étais jamais arrêtée. On dit souvent qu'on cherche la beauté, l'exotisme, loin de chez nous alors que tout près il y a des choses fort intéressantes à visiter.



Je suis donc enfin allée à Azay le Ferron. Je n'ai pas visité l'intérieur, préférant priviligier l'immense parc, idéal pour une journée de chaleur. Tous les grands arbres, du monde entier, sont numérotés et reportés sur le dépliant. Tout en marchant et en se détendant, on peut donc jouer à tester ses connaissances en matières de botanique. Ensuite, plus loin, on longe un verger conservatoire de variétés anciennes: quelques 63 espèces de pommiers, une vingtaine d'espèces d'abricotiers, un véritable musée vert. Il en est de même pour la bambouseraie qui affiche des formes et des couleurs étonnamment variées.

Le "sentier des traces" permet lui, en sous bois, de suivre un itinéraire ponctué de moulages de traces de pattes. Il s'agit là aussi de deviner quel animal laisse telle ou telle trace dans la nature, telle ou telle forme d'excrément -eux aussi représentés en relief, sans l'odeur, c'est tout de même préférable-.

Un petit labyrinthe dans lequel on s'oriente en donnant la bonne réponse à une question sur la nature et en suivant la flèche correspondant à cette information est un petit plaisir, pour les enfants et pour les grands.

Ensuite, c'est le retour vers le château, par la prairie ou le sentier. Avant de sortir, il ne faut surtout pas manquer le potager. Des ceps de vignes anciens sont là aussi conservés, ainsi que des variétés de plantes et de fleurs très rare. La roseraie en est un magnifique exemple.

Peut-être un petit peu loin des châteaux de la Loire pour être réputé comme ses grands frères, Azay le Ferron a pourtant le mérite de posséder l'un des parcs les plus vastes et les plus instructifs, ainsi que la possibilité de faire une visite loin de la foule, ce qui n'est pas du tout, mais alors pas du tout négligeable!
(Photos:emi)

mardi 16 août 2011

Cheverny-Moulinsart

Cela fait un certain temps que je me dis, parfois je me parle, que les châteaux de la Loire sont à portée de main et que tout le monde les a vus, sauf moi. Alors bien sûr, j'en connais quand même certains de l'extérieur, Chambord, Chenonceau, j'en ai visité d'autres, Loches, Blois, Valençay... D'ailleurs, j'ai beau découvrir toujours plus de châteaux, en Touraine et ailleurs en France, Valençay, par son histoire, ses jardins, son architecture et sa blancheur, reste mon préféré. Je le trouve bien plus beau que Versailles, figurez-vous. Bref, je me suis dit, quand même, cet été, il faut que je visite un intérieur, un connu, un grand. J'hésitais entre Chenonceau et Cheverny. C'est Tintin qui a tranché.

Je m'explique. Cheverny, c'est le château de Moulinsart, celui qui a inspiré Hergé pour la conception de la demeure du Capitaine Haddock. Je suis fan de Tintin, j'ai découvert les Incas en le lisant, j'en ai déjà parlé. Alors il fallait que je fasse ce petit pélerinage. L'extérieur du château ne m'a pas déçu, il ressemble exactement a ce que j'imaginais, même si j'avoue avoir pris peur en voyant le nombre de visiteurs du monde entier qui faisaient la queue avant et après moi pour acheter leur ticket d'entrée. Une fois à l'intérieur, la tendance s'est confirmée.

Sens de la visite: suivez le flot. Surtout, ne vous avisez pas de faire demi tour ou de marcher en sens inverse, c'est très risqué. Coups de coude, coups dans les côtes, dans les talons, vive le tourisme. Soudain, je me suis demandé, vraiment, moi l'amoureuse des altiplanos et des crêtes, ce que je foutais là. Enfin, la visite en vaut quand même le détour. Les plafonds sont magnifiques (oui, les plafonds, c'est encore la seule chose, quand il y autant de monde sur le plancher, qu'on peut voir correctement.) Pour le reste, il faut se faufiler, se glisser, pousser un peu, attendre beaucoup, se résigner parfois, pour espérer jeter un petit coup d'oeil dans les appartements, la superbe bibliothèque, l'étonnante chambre d'enfant avec des jouets d'époque, la chambre du roi... Quelques sourires aussi, en bas de l'escalier, en voyant la grande armure savoyarde et en l'imaginant, comme dans la célèbre bande dessinée, dégringoler les escaliers derrière le majordome Nestor.

Coup de chaud, l'intérieur, ça va bien comme ça, enfin dehors! Le parc, très joli, vaste, immense, aux arbres centenaires. De quoi reprendre un peu d'air. L'orangerie, un détour par le canal, je ne m'arrête pas au chenil, les chiens de chasse, très peu pour moi.

Il est temps de me rendre, dans un bâtiment des communs, à l'exposition Tintin. Il faut dire que je suis un peu, surtout, venue pour ça. Et c'est juste génial! Des pièces de la bande dessinée reconstituées: la crypte du château, la salle de l'album "L'affaire Tournesol", vitres cassées, coups de tonnerre et coupures de courant, le laboratoire de Tournesol et ses machines insensées, la chambre de Tintin... Et tout au long du parcours des dizaines de portes à ouvrir donnant sur des niches remplies de multiples trésors. A chaque découverte, un sourire de plus en plus large sur le visage des visiteurs qui se regardent même entre eux d'un air complice. Du coup, l'expo se visite très vite, trop vite. On s'émerveille crescendo et déjà c'est la fin.

Ceci dit, le potager est lui aussi un bijou qui compense le petit goût de trop peu. Fleurs de toutes sortes et de toutes les couleurs, plantes rares, tomates et choux raves, nénuphars, une variété d'espèces dans un espace concentré, un régal pour les yeux, un vrai feu d'artifice.

Sur la route, il y a aussi le château de Chémery, un peu délabré, un petit post scriptum à la visite, racheté par les propriétaires à Alain Souchon, aujourd'hui chambres d'hôtes un peu particulières, d'époque.

Vraiment, je vous le dis solennellement, allez de toute urgence à Cheverny, pas forcément pour les intérieurs, pas forcément non plus pour le parc, mais surtout pour l'exposition Tintin!

(Photos:emi)

lundi 15 août 2011

Corrèze forever

J'ai toujours plaisir à venir faire un tour en Corrèze. Magnifique et verte région, accueillante tant par les paysages que par ses villages et sa gastronomie. Amis du canard, cet endroit est pour vous. Mais pas seulement: pommes, châtaignes, bon vins, tout est bon en Corrèze. Pour éliminer ces repas un peu pantagruléiques (souvent, au restaurant, on vous dit: "vous n'avez pas fini? vous n'avez pas aimé?", alors que l'omelette aux cèpes pour trois personnes nourrirait bien une équipe de rugby), des centaines de sentiers de randonnées vous ouvrent les bras. Le plateau de Millevaches n'est pas très loin, les gorges de la Vézère et une partie de celles de la Dordogne pour se dépayser encore un peu plus. Les villes et villages ne sont pas en reste: Aubazine, Argentat, Bort les Orgues, Collonges la Rouge.

Cette fois, c'est à Uzerche, au bord de l'eau, que la bavette à l'échalote a été délicieuse. Les vieilles pierres se réchauffent au soleil, l'ambiance est à la terrasse et aux lunettes de soleil, zénit oblige. On peut trouver un peu de fraîcheur dans l'abbatiale Saint Pierre. Simplement ne rien faire, accoudée sur les remparts à regarder la Vézère s'écouler paisiblement en contrebas.


A un moment, il faut bien partir, mais à chaque carrefour d'autres sites de toute beauté nous attrappent. Un petit village comme Vigeois est le lieu idéal pour se poser, rêver, ne penser à rien, juste admirer le temps qui passe nous voir sans nous bousculer, en ami, pour une fois.

Si vous êtes mordus de chevaux, les haras nationaux se trouvent à Arnac Pompadour. La ville est aussi connue pour sa dame du même nom, favorite de Louis XV, qui s'était vue offrir le château de Pompadour, royal cadeau. Les scandales financiers étant déjà d'actualité à l'époque, la Pompadour revendit le château à la famille Choiseul... à qui le roi le racheta. Louis XV acheta ainsi deux fois Pompadour...

La Corrèze est tellement riche d'histoire, de nature et de gastronomie qu'on y passerait des heures et des jours sans se lasser. C'est également ce qu'en pensent les anglais...

dimanche 14 août 2011

Le long de la Sédelle

Il est un endroit mystérieux, caché sous les grands arbres. Il est un écrin d'eau et de roches, une petite rivière dissimulée, la Sédelle, qui se faufile et serpente entre d'énormes pierres. Nous sommes dans le département de la Creuse mais on pourrait tout aussi bien se croire dans une forêt enchantée où surgiraient soudain des elfes de derrière un arbre, des fées ailées et autres petits diables sautillants de pierre en pierre.
Lorsque le chemin quitte la forêt et se découvre au soleil, c'est un paysage totalement différent qui se dessine, un sentier septentrional brûlant et grésillant de sauterelles. Au détour d'un virage, on aperçoit déjà des bribes d'eau. On se prend à rêver de la mer et de ses criques. En haut du chemin, en contrebas de la route, c'est le lac Chambon qui dessine ses contours le long des rochers. La tour du château de Crozant domine la large étendue d'eau au fond de laquelle se cache une rivière, la Creuse, noyée par la construction de l'ouvrage électrique d'Eguzon.


Le barrage avait d'abord été imaginé en 1911 pour alimenter en électricité l'usine d'armement de guerre de Bourges. Jusqu'en 1926, date de son inauguration, ce sont des prisonniers de guerre turcs, allemands, puis des ouvriers venus d'Espagne qui terminent sa construction. Une histoire mouvementée et insoupçonnable aujourd'hui au regard de la tranquillité qui se dégage de ce lac pacifique.
Des elfes à l'industrie en passant par la peinture, ce sentier a le mérite de nous faire passer du rêve à la réalité sans nous brusquer, en pontuant son évolution jusqu'au village de Crozant de références aux grands peintres qui sont venus trouver leur inspiration dans ce bout de Creuse.


(Photos:emi)

samedi 13 août 2011

Mehun sur Yèvre

Au coeur du Berry, non loin de Bourges, il semble que le temps se soit arrêté, figé dans des villages un peu endormis, un peu gris. On y passe sans s'arrêter, sans sourciller, en regardant droit devant, sans soupçonner qu'il puisse s'y cacher des petits trésors. Pour une fois, sur notre route, restons un moment à jouer les chercheurs de merveilles à Mehun Sur Yèvre. Cela ne semble pas une tâche évidente, et pourtant...
Accompagnée de deux guides de la région, j'entre dans la ville par l'imposante Porte de l'Horloge, reste des remparts qui entouraient ce bourg qui dans le passé n'était apparemment pas aussi endormi qu'aujourd'hui. Au Moyen Age, Mehun devient même une cité royale. C'est en effet ici, dans la chapelle du château, que Jeanne d'Arc est annoblie par Charles VII. Le roi, né à Mehun, y meurt aussi en 1461. D'autres personnages historiques ont laissé leurs traces dans la ville, comme par exemple Jean de France, mécène, précurseur de la Renaissance, ou encore la célèbre Agnès Sorel, favorite du roi.

De cette histoire riche, Mehun conserve des monuments comme la Collégiale, solide construction du début du XIème qui contient des merveilles: un sobre et magnifique chemin de Croix ou encore de grands tableaux représentant pour certains des épisodes de la vie de Jeanne d'Arc. Les rues témoignent elles aussi de la grandeur de la cité médiévale, montrant, au détour d'un passage, une voute, une colonne, une maison à colombage, des traces discrètes mais qui resituent le visiteur en plein coeur de l'histoire.

Quelques siècles plus tard, Mehun sur Yèvre devient une ville industrielle, la cité de la porcelaine. Elle abrite d'ailleurs la plus grande manufacture de France. Le but est de faire concurrence aux autres manufactures comme par exemple celle de Sèvres, près de Paris.

Mais d'autres trésors se cachent, à l'écart de la route, dans ce bourg pas si endormi que cela. Derrière le château s'étendent les jardins du Duc Jean de Berry. Les vertes pelouses parsemées de grands arbres s'articulent entre les différents cours d'eau qui traversent le parc: Yèvre, Annain et Canal du Berry, que l'on peut enjamber grâce à une série de ponts. La sobriété du lieu, dépouillé des massifs floraux que l'on peut observer dans d'autres parcs, en fait un endroit de paix et de sérénité, où rien, aucune extravagance ne perturbe le regard.





En sortant du jardin, je franchis à nouveau la Porte de l'Horloge et reprends la route en direction de Bourges, en tournant le dos au village, presque assoupi.
(Photos:emi)

vendredi 12 août 2011

Un village médiéval

Entre Poitou, Touraine et Berry se situe l'un des plus beaux villages de France, Angles sur l'Anglin. Le château, dont une bonne partie est encore debout et que l'on peut visiter, date du XI ème siècle. De là-haut, on surplombe le village et la rivière. On comprend de suite la position stratégique de défense, on sent que la guerre de Cent Ans et les guerres de religions sont passées par là.
Aujourd'hui, Angles est un village paisible qu'on parcourt à pied. On se perd dans les ruelles fleuries qui montent et descendent au-dessus de la rivière, l'Anglin. Site enchanteur rempli de visiteurs, il fait bon y flâner, entre la découverte historique et la balade touristique.
(Photos:emi)