dimanche 31 juillet 2011

Emosson

Vite, passer le panneau qui dit "Savoie" puis "Haute Savoie", retrouver la montagne, poser ses valises, passer la frontière suisse et courir au barrage d'Emosson. Prendre le frais des 1930 mètres d'altitude, descendre les marches, parcourir la construction de béton, prendre le chemin du vieux Emosson. Faire coucou au funiculaire qui monte de Finhaut. Les traces de dinosaure? Dans un été comme celui de cette année, il est difficile de les voir, elles sont peut-être enfouies sous une petite couche de neige persistante. Ces traces ont été découvertes en 1976, lors de la construction du barrage, par deux géologues. Témoignage de l'histoire du lieu. En ce moment, le barrage est en travaux pour augmenter sa capacité. Un ouvrage de titan. Du coup, pour monter au lac du vieux Emosson, on ne passe plus par la route mais par un petit sentier qui la surplombe, et ce n'est pas plus mal. Autant la route est longue et un peu ennuyeuse, autant le petit chemin agrémenté de cascades est magnifique, ponctué de bouquets de gentianes pourpres. Le panorama est grandiose au dessus du barrage. Le Valais est le pays de ces monumentales constructions: Emosson, Toules, Salanfe, Mauvoisin, Dixence, autant de balades à faire. Fenêtre sur une région paisible et chère à mon petit coeur montagnard!
(Photos:emi)

mercredi 13 juillet 2011

Je suis en cavale

Patricia Melo, Monde perdu, 2006.

Monde perdu, où comment se prendre d'affection et s'identifier à un assassin en cavale. Maiquel, comme le chanteur, a un passé sombre. On le rencontre pour la première fois au début du roman, à l'enterrement de sa tante dont il est le seul héritier. Il est en cavale, a tué une ribambelle de gens, n'a plus aucun espoir dans la vie, rien à foutre, dit des gros mots et aime les femmes, le décor est planté. La seule faille dans le comportement sans état d'âme de Maiquel, c'est sa fille. Tout est un peu obscur au début, mais on apprend peu à peu, par bribes, que Samanta, la fille du personnage, a été enlevée par Erica, sa petite amie, après la mort de la mère de la petite, assassinée par Maiquel lui même. Sordide. Depuis, Erica est partie avec un pasteur évangélique dans une espèce de secte où leur rôle consiste plus à plumer les fidèles qu'à diffuser la parole de Jésus. Bref. A la mort de sa tante, Maiquel touche le gros lot et décide d'engager un détective pour retrouver Erica et la petite Samanta. Sauf que notre anti héros est en cavale, rappelons le, et que les choses sont donc beaucoup plus compliquées. Surtout quand Erica se rend compte qu'elle est poursuivie par son ex, qu'elle sait prêt à tout pour récupérer sa fille et qu'elle prend la fuite. S'ensuit un road movie à travers le Brésil, entre quartiers mal famés, bordels, bars louches, grands supermarchés, marchés au poisson, camps de sans terre... C'est la portrait d'une certaine facette du pays qui se dessine et se précise en même temps que celui du protagoniste. Maiquel va de ville en ville, d'hôtel en hôtel, de femme en femme, passe même la frontière bolivienne en train jusqu'à Santa Cruz. Il est obsédé par Erica, en rêve la nuit, délire le jour, ne pense plus, ne vit plus que pour ça, pour la retrouver et se venger, d'elle et de son foutu pasteur qui lui ont volé sa fille. En chemin, pas de pitié, toujours rien à foutre, il tue quand même encore deux ou trois mecs, l'habitude. Alors, me dites vous, comment s'identifier à cet assassin, vengeur, aux mains pleines de sang, obsédé par les femmes? Son atout, c'est son chien! Ce cabot sale et boiteux a failli finir écrasé sous ses roues, Maiquel l'a conduit à l'hôpital, s'est pris d'affection pour lui, voilà tout. Et lorsqu'il s'occupe de son chien, c'est un autre homme, attentionné, délicat, plein d'affection. C'est cette attitude avec son animal qui le rattache à l'humanité et le rachète aux yeux du lecteur. Le récit est sanglant, certes, mais j'avoue avoir, grâce à l'écriture, au style de l'auteur, réussi à placer ces crimes au même rang que d'autres événements du récit. Sans doute parce que, dès le début, on est pris par ce style bref, presque télégraphique, cru, parfois obscène, mêlant la narration, le discours et le monologue intérieur sans aucune frontière, comme un tourbillon, pour dire tout très vite, parce qu'on est en cavale; économie de mots, juste la réalité, pas de poésie, l'essentiel. L'auteur joue franc jeu et on en redemande. Et même si ça finit mal, on repartirait bien sur les routes avec Maiquel, tellement proche de nous dans cette cavale pour échapper à ses démons.

vendredi 8 juillet 2011

Caravane Tour

Le Tour de France...

Vaste arnaque selon certains, grand rendez vous sportif pour d'autres, vaste débat. J'avoue, tout le reste de l'année j'ai plutôt tendance à cracher dans la soupe et à donner du crédit aux détracteurs du cyclisme, à dire mon dégoût du dopage et à participer à la ridiculisation du sport à deux roues. Et puis vient le mois de juillet. Les coureurs s'élancent. Au début, comme toujours, je regarde d'un oeil distrait et, peu à peu, je me rapproche de la télé. Et commencent les "tu te souviens, cette étape au Col de la Colombière?" et les "une année, on avait vu telle équipe à tel hôtel", ou encore "ils passent où cette année?". Inévitablement, le Tour de France passe près de chez vous, c'est obligé. Cette fois encore, l'arrivée s'est faite dans l'une de mes villes de résidence (je suis SVF, sans ville fixe, un peu par goût, un peu pour dérouter les lecteurs et les importuns!). Alors, je me suis mise à me vautrer des apres midi entiers sur le canapé, l'atlas Michelin sur les genoux à suivre le tracé avec le doigt. Et, contrairement au reste de l'année, c'est le moment, le mois de juillet, où je retourne ma veste et où je dis que, quand même, les gars, ils sont costauds et que, un mou du genou, vous pourrez toujours le doper à block, il n'aura jamais les capacités physiques et mentales qu'ont ces mecs là. Comme le dit ce film sur le cyclisme avec Bourvil, ce sont des "cracks"!

Voici donc quelques photos, parce que, l'appareil photo à la main, l'enthousiasme enfantin en bandoulière, je suis encore allée me noyer dans la foule, à la poursuite des véhicules originaux de la caravane du Tour, dans l'espoir de voir des officiels, les bus des grandes équipes, pourquoi pas quelques coureurs...









(Photos:emi)

dimanche 3 juillet 2011

Vuelvo

La dernière fois qu'on s'est vues, ma belle, c'était comme un adieu. Je me revois en haut du Col Ferret, le vent de la vallée italienne dans les yeux, ce n'était pas qu'une brise. Un air de dernière fois. On s'est quittées sur des non dits, trop brusquement. C'est souvent comme ça que je quitte les gens dans la vie! A partir de là, je n'ai plus rien voulu savoir de toi, tu appartenais au passé. J'ai détourné le regard et je l'ai éperdument accroché à d'autres cimes, Tunari, Illimani, Huayna Potosi... De temps en temps je regardais quand même tes photos, je prenais de tes nouvelles, je dépoussiérais tes bouts d'ardoise ou tes scories de mine dans ma bibliothèque. La Tarentaise, Peisey Nancroix, que des souvenirs. Il y avait encore une énergie qui se dégageait de là mais, rien à faire, tu n'avais plus le premier rôle. Ailleurs, c'était mieux.
Alors, après cinq ans d'absence, je reviens te voir en marchant sur des oeufs, comme on fait un premier voyage. Moi qui connais ton climat par coeur, tes mois de juillet à 10 degrés dans le brouillard, tes cagnards à 2500 mètres, je fais et défais ma valise; moi qui connais si bien ta géographie, je me prépare des itinéraires et des visites à faire, comme pour passer incognito. J'ai peur de me sentir étrangère, de ne plus être accueillie, que tu ne me reconnaisses pas. J'ai peur que tu m'en veuilles et de la rudesse que tu sais si bien montrer aux nouveaux venus. J'ai peur parce que je reprends le fil là où tout a basculé. Tu sais, ma vie a pris plus de virages que n'en contient le col des Aravis!


Je ne sais pas à quel moment on se reconnectera, toi et moi. Peut-être à la chapelle Sainte Anne, devant les reines du Col de Balme ou en passant le Saint Bernard. Mais j'ai l'espoir de replanter quelques racines dans tes lappiaz. Dans ma bibliothèque, comme une apacheta, tes ardoises et tes scories sont en équilibre sur deux cailloux d'étain de Siglo XX, Norte Potosi, Bolivia. Ce sont les strates géologiques de ma vie.

samedi 2 juillet 2011

L'écriture et le voyage

Gilles Lapouge, L'encre du voyageur, 2007.
J'ai toujours du mal à lire un livre qui ressemble à une compilation d'articles. Celui-ci est de ce genre. Pêle mêle, des réflexions sur les chroniques des voyageurs, sur le travail de copistes des moines, sur le statut d'écrivain voyageur... Et au milieu de tout cela, quelques superbes chapitres sur l'Inde et ses Dieux, le Brésil et ses heures de gloire passées. Les descriptions, les réflexions sont riches d'images, d'explications fort intéressantes. Seulement, moi qui m'attendais à un récit de voyage, j'ai trouvé ces deux chapitres, pile dans le thème, un peu perdus au milieu de tout le reste qui consiste plutôt à des réflexions autour du voyage et son écriture. Disons que c'est un livre mixte et que j'en sors un peu déroutée...

Pour ne pas vous laisser sur une mauvaise impression, j'ai quand même repéré un passage intéressant sur la Bolivie. L'auteur nous raconte la folle aventure de la construction du chemin de fer Madeira-Mamoré. C'est l'époque de la fièvre de l'hévéa, on s'aperçoit que la Bolivie amazonienne aussi en regorge, alors débute la construction du chemin de fer. C'est une hécatombe, les ouvriers tombent comme des mouches. Le temps que la construction soit terminée, c'est loupé, l'heure de l'hévéa américain est passé: les Anglais sont allés plantés du caoutchouc en Asie et ont envahi le marché. Le Madeira - Mamoré est devenu une ruine industrielle, a été dévoré par l'Amazonie. Il paraît que le Brésil collectionne les histoires de gloire et de décadence.

vendredi 1 juillet 2011

Delice Paloma Trailer


Cette chanson me trotte dans la tête depuis hier. Qui a dit que le cinéma algérien ne valait rien? Et comment ne pas être captivé par le jeu de la grande Biyouna? "Délice Paloma" (dont voici la bande annonce), c'est l'histoire de madame Algéria qui sort de prison et nous raconte sa vie à l'envers, ses petites et grosses magouilles, ses espoirs et ses combines. On croise dans ce film une galerie de personnages plus attachants, drôles, tragiques les uns que les autres, qui tous réunis dressent un portrait sans détours de l'Algérie moderne. La chanson me trotte encore dans la tête, et pas que ça.