dimanche 29 août 2010

Au sortir du rêve - Victor Montoya


Cette nuit j'ai encore rêvé du Tio. Je l'ai vu clairement, s'installant sur son trône et vêtu de son habit de lumière. Il était en compagnie d'un mineur, qui mâchait des feuilles de coca et buvait des gorgées d'eau de vie. Le Tio, dont les yeux projetaient des éclairs de lumière et de feu, le regardait en silence, tandis que le mineur, au visage émacié et à la voix posée, lui confiait les amertumes de son malheur:

-Je viens d'avoir quarante cinq ans et, comme tu le sais, je suis atteint de silicose au troisième degré, cette maudite maladie que les mineurs portent dans leur poitrine comme on porte le poids de la mort. Je suis né dans un petit village du Département de Oruro et j'ai étudié à l'université jusqu'au coup d'Etat de 1971. Comme j'étais dirigeant de la fédération universitaire, proche des idéaux de la gauche, j'ai dû m'exiler au Chili, sous le gouvernement socialiste de Salvador Allende. Lorsque je suis rentré clandestinement au pays, disposé à poursuivre ma lutte de résistance contre la dictature militaire de Hugo Banzer, je me suis rendu dans le district minier de Siglo XX, où les travailleurs étaient à l'avant garde des luttes sociales. C'est là que je me suis réorganisé politiquement et que j'ai commencé à travailler sans y réfléchir à deux fois.

-Tu es donc entré dans la mine plus pour réaliser un travail politique que pour gagner de l'argent?, demanda le Tio.

-Oui, affirma le mineur. J'ai commencé à travailler à l'âge de 25 ans, comme tu le sais. Dès lors j'ai rempli plusieurs fonctions dans le syndicat, jusqu'à ce que le gouvernement décide de fermer les mines avec le Décret Suprême 21060.

-Et les coopératives? Qu'en est-il des coopératives?, demanda le Tio, avec un éclair de curiosité dans les yeux.

-Les coopératives et les coopérativistes ont fait tout leur possible pour survivre, nous sommes même allés jusqu'à la ville de La Paz lors d'une marche de protestation. Nous avons pris les rues en criant pour le pain et la justice, tandis que nous faisions exploser des salves de dynamite au milieu d'une forêt de drapeaux et de pancartes. « Vive les mineurs, bordel », criaient les uns. « Viva! », répondaient les autres. Ensuite nous nous sommes rassemblés dans la rue Pérez Velasco, en face de la cathédrale Saint François, nous avons entonné l'hymne national et nous avons monté des tentes avec ce que nous avions sous la main.

-Alors vous êtes allés jusqu'au siège du gouvernement, dit le Tio avec l'air de quelqu'un qui, tout en sachant la suite, fait l'ignorant.

-Oui, c'était nécessaire pour protester contre le Décret 21060 et attirer l'attention des autorités, puisque nos coopératives, qui fonctionnaient sans direction technique ni sécurité professionnelle, continuaient à exploiter les mines à la force du marteau, du pic, de la perforatrice et de la dynamite; en d'autres termes, comme tu le sais, nous travaillions comme nous pouvions, avec une bouteille de thé pour tromper la soif et un pauvre casse croûte pour tromper la faim.

Le Tio, le corps droit et le geste solennel du maître qui était pétri de l'importance de son rang, ne dit rien et laissa le mineur continuer son récit:

-Notre séjour à La Paz n'a pas été facile. Par exemple, un compagnon, qui ne buvait plus une goutte d'alcool depuis longtemps par peur de réveiller les vieux souvenirs qui se cachaient dans sa mémoire, se laissa vaincre par l'émotion de certains et reprit une gorgée amère de la bouteille. Ensuite il éleva la voix et dit: Le gouvernement n'écoute pas nos demandes. Il se moque de nous et ne bouge pas le petit doigt pour améliorer notre situation. Si nous survivons c'est parce que Dieu est grand et parce que le Tio est toujours avec nous dans les bons comme les mauvais moments. Nos femmes et nos enfants souffrent de la faim et nous travaillons comme des esclaves à l'époque de la Colonie. Nous n'avons pas d'aide technique, c'est pourquoi, une fois le minerai rassemblé à l'intérieur de la mine et faute de berlines pour y entreposer le chargement, nous devons le porter sur notre dos comme des q'épiris (des porteurs), dans des sacs et des aguayos* qu'auparavant nos femmes utilisaient pour aller à la pulperia.

-Et puis?, demanda le Tio, comblé de satisfaction, s'étant rendu compte qu'un mineur avait mentionné son nom à La Paz.

-Alors, un autre mineur, qui faisait l'akullicu en silence, la tête baissée, leva les yeux et, comme pour corroborer ce qu'avait dit son camarade, poursuivit, les larmes aux yeux: Le gouvernement c'est de la merde. Il se fout de notre sort. Nous nous débrouillons seuls comme nous pouvons, malgré les bas prix du minerai et l'épuisement rapide des veines. Pour le gouvernement, au contraire, c'est un avantage parce qu'il perçoit un pourcentage des revenus des coopératives sans rien dépenser. En plus, le gouvernement n'a plus à affronter des syndicats miniers combatifs, dont on dirait qu'ils ont eux aussi été « relocalisés ».

Le Tio l'écoutait avec attention, comme préoccupé par son propre destin, tandis que dans les étincelles de son regard se reflétaient les flammes de l'enfer.

-... Le pire, c'est que nous n'avons rien obtenu. Le gouvernement ne nous a même pas écoutés et nous avons dû rentrer dans nos districts avec une faim plus grande et les mains vides. Depuis cette marche de protestation, plusieurs années ont passé et...

-Et quoi? Tout a foiré, n'est-ce pas?, avança le souverain des galeries.

Le mineur, avec la précision et la promptitude de quelqu'un qui est sûr de ce qu'il dit, répondit:

-Oui, tout a foiré. Des coopératives, il n'est rien resté, seulement le triste souvenir de plusieurs camarades morts et de plusieurs familles abandonnées à leur triste sort. Il ne pouvait en être autrement, car dans certaines coopératives, entre vingt et trente ouvriers à peine travaillaient, exploitant la matière brute sans technologie appropriée ni sécurité professionnelle. La banqueroute était due au désintérêt du gouvernement et à la diminution des réserves minières. Ensuite vinrent les difficultés et le désespoir, et les coopérativistes, comme affectés par un cyclone de sorcellerie, ont disparu du campement un à un.

Le Tio, comme s'il n'avait pas bien écouté les mots de son interlocuteur, modifia l'expression de son visage, fit fulgurer ses yeux et dit:

-Tu veux dire que la fin du cycle du minerai en Bolivie est due à la chute mondiale du cours de l'étain?

-Pas seulement à cela, précisa le mineur. Il porta le goulot de la bouteille à sa bouche, avala quelques gorgées d'eau de vie et poursuivit: La politique néo libérale du gouvernement s'acheminait aussi vers une liquidation des syndicats, car à trente trois ans de la Révolution Nationaliste, le président Victor Paz Estenssoro, celui-là même qui avait nationalisé les mines et avait créé la COMIBOL (Corporation Minière de Bolivie), ferma les mines comme si la révolution s'était retournée contre les travailleurs qui l'avaient eux-mêmes faite en 1952. Une fois approuvé le Décret 21060, des milliers de mineurs furent jetés à la rue comme des chiens sans maîtres. Les plus âgés partirent vers les villes en qualité de « relocalisés » et les plus jeunes, pour échapper à la misère, sont allés « coloniser » les terres du Chapare, où presque tous se sont consacrés à la culture de la feuille de coca, que le gouvernement de Gonzalo Sanchez de Lozada, à la demande des yanquis, voulut éradiquer avec les l'aide des troupes militaires...

-Je ne comprends pas comment les mineurs, formant une classe d'hommes combatifs, ont permis au singe Paz Estenssoro de fermer les mines et de licencier autant de gens, dit le Tio, transperçant par la lumière de son regard la pénombre de la galerie.

-C'est bien ce que je me demande, répondit le mineur. La classe ouvrière ne s'est jamais rendue face au pouvoir de la « botte militaire », même si elle a versé beaucoup de sang pour se défendre, surtout à une époque de massacres rouges et de massacres blancs. Maintenant, les choses ont changé du jour au lendemain et le pire est que les dollars du nord sont plus forts que la conscience de classe. Il ne reste plus personne pour porter haut les drapeaux que nous, les mineurs, avons levés lors de ces années de combats et de sacrifices.

Le Tio, conscient du fait qu'il était maintenant seul dans le labyrinthe des galeries, sans personne pour lui faire des offrandes ou partager avec lui des feuilles de coca, des k'uyunas (cigarettes) ou du quemapecho (de l'eau de vie), ne voulut pas croire ce qu'il entendait là, parce qu'il craignait que la montagne, transformée en passoire après tant d'années d'exploitation de tous côtés, ne s'effondre comme un château de cartes, en finissant avec sa propre vie. Mais, espérant encore dans les miracles de la Pachamama, qui est plus puissante que tous les gouvernements réunis, il se remplit de courage et dit:

-Je sais que je resterai seul dans le labyrinthe de ces galeries, que je redeviendrai roche dans la roche et poussière de la poussière, mais je me demande ce qu'il adviendra des campements et des villes minières.

-Dans les mines de Uncia, où s'organisa le premier syndicat et eut lieu le premier massacre minier en 1923, il ne reste que les déchets du campement Miraflores et les ruines de l'ancienne forteresse du « Baron de l'Etain », don Simon Patiño. Il se passe la même chose à Siglo XX, où s'étaient organisés, non seulement l'une des industries minières les plus prospères au monde, mais également l'un des mouvements syndicaux qui eut le plus d'influence dans la pensée politique des gouvernements successifs. Sur la Place du Mineur, où se trouve le célèbre Syndicat des Travailleurs, avec en son centre le monument au mineur, la statue de Federico Escobar et le buste de César Lora, la sirène qui appelait à la grève s'est tue et l'on n'entend plus les discours incendiaires des dirigeants au milieu des explosions de dynamite. La place est occupée par les commerçants et dans les locaux du siège du syndicat on vend des poulets rôtis. Je comprends mieux maintenant que tout ce qui un jour a un commencement, un autre jour est condamné à avoir une fin, mis à part le fait que dans la vie certaines choses ne nous sont révélées qu'après la mort...

Le Tio, qui avait parfois à l'esprit et sur le bout de la langue les solutions aux problèmes existants et à venir, se réinstalla sur son trône et dit d'une voix posée:

-Mais maintenant que les mines sont fermées et que le gouvernement t'a offert une indemnisation pour tes années de travail, pourquoi ne fuis-tu pas cet enfer et ne rentres-tu pas dans ta communauté, dans ton village. Tu pourrais y prendre une affaire et refaire ta vie, tu te remarierais même avec une femme plus jeune et tu aurais à nouveau des enfants...

-Non, moi je ne quitte pas le campement minier, dit le mineur, avec la conviction ancrée dans ses mots. Je suis venu ici pour faire un travail politique, je resterai ici et c'est ici que je laisserai mes os...

Lorsque je m'éveillai, comme sortant d'une mine d'angoisses, je pensai que le Tio comme le mineur, qui vivaient dans une sorte de symbiose, étaient les seuls témoins de l'exploitation des gisements d'étain dans la cordillère andine, où quelques uns, depuis l'époque de la colonie, gagnèrent ce qui vaut un Potosi, tandis que d'autres perdirent la vie à quatre mille mètres au-dessus du niveau de la misère.


Glossaire :
Aguayo : tissage des Andes
Pulperia : magasin d’entreprise dans lequel les mineurs venaient s’approvisionner avec des tickets.
Akullicu : action rituelle de mâcher des feuilles de coca.
Relocalisés : se dit des mineurs qui ont été licenciés des mines lors de leur nationalisation dans les années 80, à la suite du décret 21060.
Les massacres rouges sont les massacres de sang tandis que les massacres blancs correspondent plutôt à une dépuration de la société des éléments gênants, notamment par des licenciements massifs.
Valoir un Potosi : expression faisant référence à l’âge d’or de cette ville, à l’époque où elle était l’une des plus riches du monde. Equivaut à peu près à l’expression qui nous fait dire que « c’est le Pérou».

jeudi 19 août 2010

Dans le jardin d'Albert Kahn

Il était une fois un homme, humaniste, botaniste, voyageur et un peu fou, qui envoya des hommes au fin fond de tous les recoins du monde, armés d'appareils photos tout juste sortis des ateliers Lumière, des cinématographes flambants neufs et une mission: recueillir des témoignages visuels et naturels sur les richesses des coutumes et de la biodiversité du vaste monde encore très inconnu.
Il était une fois un jardin, en région parisienne, qui porte le nom de son créateur, Albert Kahn, et qui par thème nous emmène à travers des beautés naturelles. Jardin français, anglais, forêt bleue et autres exotismes telle une gigantesque serre qui ressemble à une immense demeure bourgeoise de bord de mer fermée au public et regorgeant de palmiers de toute sorte.
Au milieu de toute cette grâce chlorophilienne et embaumée du parfum des roses, un musée, des archives secrètement conservées, un mystère enveloppant comme un nuage vaporeux le reste de collections extrêmement riches et variées.
Il était un jardin, un morceau de verdure au milieu de la ville, qui nous entraîne par la manche jusqu'aux confins de l'Asie mystérieuse. Maisons de bois, pierres assemblées, arbres taillés, petits pont rouges au-dessus de rivières apaisantes, fleurs délicates. On s'y arrêterait bien pour prendre un thé, respirer le temps, s'ennivrer de silence et de paix, ou bien pour y rester...

Parole de terre

Pierre Rhabi, Parole de terre, une initiation africaine, 1996.
D'entrée, je pars avec des a priori en ouvrant ce livre dont le narrateur, chercheur, anthropologue, se rend pour une énième visite dans l'éthnie africaine dont il étudie les coutumes et la langue, cette fois dans le but de s'entretenir avec le doyen de cette tribu en voix d'extinction afin d'aborder les sujets qui blessent, ceux des enfants qui partent en ville et de la terre qui se meurt. Je connais bien ce type de personnages que représente le narrateur, c'est pourquoi je me méfie, dès la première page. Et en effet, l'auteur met toute sa bonne volonté à nous faire pénétrer dans le monde ignorant de la modernité et proche des choses de la nature et du cosmos qu'est celui du doyen du village africain. Pour cela, il emploie un style tellement périphrastique qu'il en devient presque absurde. En effet, comment admettre qu'un vieillard, même très éloigné des choses du monde urbain, persiste à employer un vocabulaire digne d'un enfant, comme par exemple "le bracelet qui mesure le temps", ou encore "la grande maison" dans laquelle les enfants vont apprendre à "tracer les signes des blancs". Certes, le but est fort louable, celui de mettre le lecteur face à des vérités universelles de protection des ressources humaines. Et l'exemple très édifiant: celui d'un village prototype, une promotion du "bio" à l'africaine, de l'égalité entre les sexes, de la solidarité entre les générations et de l'exploitation raisonnée de la terre. Cependant, si certains aiment à lire ce genre de jolies fables presque ingénues sur les évolutions dramatiques du monde, je reconnais préférer les documents concrets, chiffrés et illustrés par des exemples réels pour rendre compte des urgences à prendre en compte pour les prochaines années.

lundi 16 août 2010

Préfecture blues

Versailles. Lundi matin, 8h30. Il pleut. Les vacanciers du mois d'aout on déserté la ville royale pour la côte d'azur ou ailleurs. Les trains, en cette journée maussade et à cette heure matinale, ne dégueulent pas encore leurs flots de touristes pressés. Au loin, depuis l'autre rive du grand boulevard, on voit déjà la longue file d'attente qui mène, comme un serpent de mer, jusqu'aux portes mi-closes de l'austère Préfecture. Service des passeports, cartes de séjour et autres formalités. La longue vipère est multicolore, parsemée de visages tristes sous la pluie, de regards inquiets, de dos courbés et de dents serrées. Le vigile, noir, filtre les entrées d'un ton autoritaire. Personne ne bronche, tout le monde attend son tour avec une résignation de défunt. Combien de fois sont-ils déjà venus? Combien de fois ont-ils rempli ces fichus formulaires en javanais? Combien d'heures d'attente crispée dans une vie? Combien de refus encaissés, combien d'espoirs frustrés et de tentatives désespérées. Fatalisme d'une cohorte de sans patrie, sans papiers, sans identité, sans dignité. Wagons nomades s'accrochant aux petites lettres sur les demandes d'asile, au regard de la dame à l'accueil, à un vague signe du destin, s'il en est. Ils rentrent au compte goutte, hagards, éperdus d'hébétude face à cette organisation incompréhensible que personne ne les aide à comprendre et dont ils ignorent les règles du jeu. Pour les autres, ceux qui s'abritent derrière les cages en plexiglas des guichets, c'est évident, pourtant. On vous a déjà dit, on vous l'a déjà expliqué, vous avez encore oublié de... Et vous, savez vous que je vous ai déjà dit, à moins que ce ne soit à un autre interlocteur anonyme, tous les mêmes, des clones sans humanité, que je vous ai déjà expliqué, l'attente, l'espoir, les problèmes, la famille, l'argent, les enfants, la guerre, la pauvreté, la précarité, l'avez vous aussi oublié? Le silence est un roi sanguinaire. Ils se regardent en chien de faïence, eux et la honte de demander, d'être là, d'être né et les autres, les "légitimes", les établis, les français. Ce ne sera pas encore la délivrance pour cette fois, mais y en aura-t-il seulement une un jour, qui sonnera le glas de cette vie d'errance et d'incertitudes. Dehors, sous la pluie, les regards sont baissés, la file d'attente égale à elle-même, les hommes l'ombre de ce qu'il étaient, figés, irréels. Et le monde alentour fait semblant de tourner.

mardi 3 août 2010

Paparazzi immobilier

Saint Michel



Saint Brévin

Kérhinet

Pornic

(Photos:emi, évidemment publiées sans autorisation, ça va de soi...)

Miam!


Y'a pas que la tartiflette dans la vie!

Première rencontre

Voir des images de la côte Atlantique sur ce blog peut paraître surprenant. Et pourtant, depuis ma première rencontre avec l'océan -et oui, mieux vaut tard que jamais-, quelque chose me dit que ce ne sont pas les dernières escapades que je ferai dans le coin. D'autant que la région est intéressante, située en équilibre entre la Vendée et la Bretagne, pas tout à fait partie prenante de l'une ou l'autre mais déjà teintée de deux couleurs bien distinctes. L'impressionant pont de Saint Nazaire se charge de marquer un semblant de limite, enjambant royalement les eaux immenses de l'estuaire de la Loire. Moi qui connais le fleuve serpentant entre les châteaux de la paisible Touraine, j'ai eu du mal à l'identifier avec ce paysage gigantesque et méconnaissable.
D'un côté, nous sommes donc face à l'océan infini et les plages, marée haute, marée basse, les pêcheries, les mouettes et les embruns.

Nous voici, un peu plus au sud, à Pornic, ville lumière, port de plaisance, ruelles aux murs blancs qui pourraient rappeler l'Andalousie.
En remontant vers le nord, la Pointe Saint Gildas nous entraîne au bout du chemin, vers le grand large, le vent dans les cheveux et les vagues frappant la jetée. On se prend alors à chercher les bateaux du regard, à se rêver aventurier, en route vers l'ailleurs.
De l'autre côté du pont de Saint Nazaire, changement de décor. Nous sommes à Guérande, la salée, la rude, la fortifiée, l'austère. Les murs sont ici faits de pierre, inébranlables. Guérande déjà bretonne, qui nous entraîne irrémédiablement vers des terres encore inconnues mais dont elle est un avant goût attirant.
La Bretagne, un autre ailleurs à découvrir...
(Photos:emi)

dimanche 1 août 2010

Secrets de famille

Philippe Grimbert, Un secret, 2004.
Qui aurait cru que derrière la vie bien règlée d'un garçon sans histoires, derrière cet entêtement enfantin à vouloir à tout prix s'inventer un frère, un lourd secret bien caché derrière des non dits et des embellies mensongères du passé referait un jour surface. L'auteur nous raconte ses angoisses incompréhensibles de l'enfance qui bientôt doivent faire face à des révélations aussi inattendues qu'horribles. Une histoire à recomposer avec des absences marquées au fer rouge dans la vie de ses parents; un drame humain à intégrer et la recherche assoiffée de vérité. C'est un peu de la vie que raconte Philippe Grimbert ici, un peu de chacun et beaucoup de souffrance suggérée, jamais étalée, au travers les lignes d'une écriture simple et vraie. Un roman, une histoire, qui se lit sans respirer, jusqu'à la libération finale, celle de l'enfant qui devient Homme.