dimanche 28 février 2010

Le Cristo de la Concordia



J’avais déjà dû vous parler du Cristo de la Concordia de Cochabamba. C’est sans doute parce qu’il s’agit d’un passage obligé, tant pour les touristes que pour les habitants de la ville en quête de tranquillité, loin de l’agitation de la ville. La ville que justement on peut admirer, après une montée en téléphérique, du haut de la colline de San Pedro, ainsi que le découpage de ses quartiers et les grandes avenues qui la traversent. La vue est également imprenable sur la Laguna Alalay, et la statue du Christ imposante, de quelques centimètres plus haute que celle de Rio, ce qui en fait l’une des fiertés des cochabambinos.
(Photos:emi)

Le Jardin Botanique

Le Jardin Botanique de Cochabamba, situé dans la Zone Nord de la ville, est un véritable petit paradis sur terre. C’est aussi le rendez-vous des amoureux, ou encore un lieu de rencontre ou de travail pour les étudiants des universités toutes proches. Palmiers et agaves luxuriants, collines de cactus, petits plans d’eau, fleurs tropicales et jardin de plantes aromatiques. Et partout, en fond sonore, le chant truculent des oiseaux. C’est un peu un jardin sauvage, comme on aimerait en avoir chez soi, même si ce côté négligé se transforme parfois en un manque d’entretien regrettable, notamment en ce qui concerne les bassins. Malgré tout, le Jardin Botanique de Cochabamba reste un délice pour les sens et un havre de paix.
(Photos:emi)

vendredi 26 février 2010

Le code de la route bolivien

Mettons fin aux critiques et aux stéréotypes et parlons franchement de la conduite en Bolivie. Non, il n’est pas dangereux de rouler en voiture là-bas. Il faut seulement connaître le code de la route local. Premièrement, on avance « au klaxon ». Celui qui se manifeste en premier passe. Au diable la priorité à droite, le rond point, c’est le plus réactif qui passe. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, jamais de froissement de tôle : ça passe juste, mais ça passe. Evidemment, le passager non averti aura d’abord quelques frayeurs, mais finira très vite par faire confiance à son chauffeur.
Pour ce qui est des piétons, c’est une autre chanson. Il y a bien des passages signalés, mais il semble qu’on ait plutôt procédé à un gaspillage de peinture, étant donné que le piéton qui s’y aventure se fait régulièrement klaxonner par les automobilistes, même si par définition il est prioritaire. Se fier aux feux rouges est parfois aussi trompeur, surtout lorsqu’on ignore que ceux-ci se trouvent après le carrefour et non avant comme dans la plupart des pays. En fait, le piéton n’a qu’une seule ressource, celle de compter sur ses capacités physiques et mentales : une bonne vue, une évaluation correcte de la distance et de la vitesse des véhicules, et une aptitude naturelle à la course. Dans le cas contraire, traverser la rue pourrait lui causer de graves accidents, si on sait en plus que les voitures, plutôt que de s’arrêter pour laisser finir la traversée à quiconque s’aventurerait sur la chaussée, sont tout à fait prêtes à lui passer sur le corps sans sourciller.
En ce qui concerne les routes, elles ne sont ni plus défoncées, ni moins sures qu’ailleurs. Comme partout, l’alcool au volant et le manque de sommeil des chauffeurs de bus grandes lignes sont les premières causes d’accidents. Le chiffre apparemment plus élevé qu’ailleurs, si l’on se fie aux récits sensationnalistes des journaux télévisés, de la mortalité sur les routes n’est en réalité dû qu’au fait que les passagers n’ont d’autres choix pour traverser le pays que de prendre le bus, les lignes ferroviaires étant hors d’état de nuire depuis longtemps. Sans parler de l’avion, totalement inabordable pour une grande partie de la population.
Le gouvernement de Evo Morales est en passe de réagir en adoptant des mesures pour la sécurité des conducteurs et des passagers. En effet, une loi vient de passer qui sanctionnera le taux d’alcoolémie passé un certain degré. Le plus étonnant est de voir dans les rues et sur les chaînes de télévision des messages de santé publique avertissant de la dangerosité de l’alcool au volant, chose jamais vue jusqu’alors en Bolivie. Indéniablement, c’est une avancée. Mais de nombreux progrès sont encore à faire pour améliorer la sécurité, notamment concernant le port de la ceinture de sécurité, les sièges auto pour enfant (inexistants), le port du casque pour les conducteurs de deux roues, sans parler du respect vis-à-vis des piétons.

jeudi 25 février 2010

Rencontre avec Filemon Escobar

Un 4x4 s'arrête sous la pluie. Nous sommes près de Tiquipaya, au nord de Cochabamba.
"Don Filemon?"
Je monte. Un homme d'un certain âge, avec une casquette, m'accueille de manière sympathique. Sur la route qui mène à sa maison, don Filemon me raconte que son fils est en Inde. Nous arrivons devant une demeure immense, un palais en comparaison des autres habitations de la ville. Quartier riche.
Nous sommes chez Filemon Escobar, célèbre leader syndical des mines, ancien dirigeant de la COB (Central Obrera Boliviana), ancien sénateur. Il me fait entrer dans sa bibliothèque, dont le sol est jonché de journaux qu'il est en train de trier.
Première question, deuxième. Puis Filemon se lance dans un monologue de plus d'1h30 sur l'histoire du syndicalisme, de la COB, des alliances politiques. Monologue seulement ponctué de quelques interruptions pour prendre le café, ou encore pour me faire admirer sa collection complète du magazine Life.
L'homme est un acteur, sait captiver son auditoire, en politique qu'il est. Il me regarde droit dans les yeux, m'interpelle, hausse le ton, se lève, se fâche, puis se rassoit pour continuer son histoire.
Finalement, après m'avoir fait lire à voix haute des articles sur lui ou écrit de sa main, Filemon consent, non sans reproches, à laisser partir celle qu'il a pris pour son élève d'un jour. Je venais pour en savoir plus sur son expérience syndicale dans les mines. Je repars sans réponses précises à mes questions, mais surtout impressionnée et ahurie par ce moment hors normes.

Bolivia!

Je suis arrivée en Bolivie il y a quelques jours déjà, le temps de me replonger dans l'ambiance douce et estivale de Cochabamba, mélange de nonchalence et de lendemains de carnaval. Le temps est quelquefois très humide, et les belles journées ensoleillées ponctuées de moments de pluies diluviennes. Cela ne m'a pas empêché de faire quelques sympathiques découvertes ou redécouvertes: le Christ de la Concordia, le Jardin Botanique, le centre ville, la cancha, sans oublier la gastronomie, toujours aussi séduisante. Impossible de résister à la tentation de rapporter quelques souvenirs en France à ceux qui, même s'ils sont restés, ne s'imaginent pas à quel point ils sont présents, dans les idées de cadeaux, dans un air de musique croisé dans la rue, dans un paysage, une ambiance, des visages, que certains connaissent si bien. Pour le moment, je ne peux vous faire partager aucune photo, faute de matériel informatique complet, mais cela ne saurait tarder, ne désespérez pas. Sachez seulement que je sens, j'entends, je goûte, j'observe et je me remplis de milliers de détails que je ne manquerai pas de vous raconter plus tard.

samedi 13 février 2010

On the road again

Après toute cette sale période (pression au boulot, vous avez dû lire le communiqué de presse; froid; résultats des examens qui se font trop attendre après tout ce travail acharné; fatigue... je passe), ce voyage arrive à point nommé, comme on dit. Dans quelques jours, je pars, loin, en Bolivie. Me ressourcer, faire des tas de choses qui prennent une toute autre dimension là-bas: manger, marcher, rencontrer, chanter, écrire, discuter, vivre. Là-bas c'est l'été tropical. Je sens que je vais faire des jaloux! Dans ma valise: tuniques légères, sandales et crème solaire... Vous n'êtes pas sans savoir, qu'en Bolivie, internet... Vous vous souvenez lorsque vous n'aviez pas encore l'ADSL? Et bien voilà, c'est ça! Comprenez donc que, même si j'aurai des tonnes de choses à vous raconter, elles arriveront peut-être au compte goutte. Ne soyez pas surpris ni déçus, il y aura forcément énormément d'écrits, de photos, peut-être de sons, à mon retour à Paris. Retour, quel mot affreux! Pour l'heure, je cesse peu à peu mes activités routinières pour me concentrer pleinement sur ce départ qui approche. Deux ans et demi d'attente! Imaginez vous un peu! J'ai besoin de me plonger dans cette sensation d'excitation et de crainte à la veille du voyage.
Je vous dis donc à bientôt!
Qui m'aime me suive...

vendredi 12 février 2010

Panique au Ministère

"Panique au Ministère", c'est une pièce de théâtre tout à fait d'actualité, qui est passé cette semaine à la télé. Le Ministre de l'Education, austère, qui veut imposer le port de l'uniforme à l'école. Sa chef de cabinet, coincée, tailleur et principes, qui le soutient. Les étudiants dans la rue. La fille de la chef de cabinet du ministre, vingt ans, qui, pour rassurer sa mère, joue le rôle de la jeune rebelle. La grand-mère, jouée par Amanda Lear, dévergondée, totalement loufoque, un brin fêtarde, qui tente de dérider sa fille. Et "l'homme de ménage", un jeune beau gosse dont, on le voit peu à peu, la chef de cabinet tombe amoureuse... Les quiproquos s'enchaînent, mais contrairement à d'habitude, sont imprévisibles et bien pensés. Les personnages se révèlent peu à peu sous leur vrai jour, les acteurs jouent leur rôle à fond: mention spéciale pour Amanda Lear qui, en grand-mère déjantée, est excellente. Durant tout le temps de la pièce leur énergie nous tient en haleine. Par ailleurs, cette partie de franche rigolade est ponctuée de références pas du tout voilées à notre actuel gouvernement, de quoi agrémenter encore plus cette pièce qui, jusqu'au bout, nous distrait et nous fait rire comme rarement.

dimanche 7 février 2010

Le Carnaval de Oruro selon Patxi

Voici un texte sur le plus beau Carnaval du monde écrit par Patxi. On ne saurait faire mieux.
"Le groupe LLAJTAYMANTA. Cha cha cha. Une morenada. Je kiffe. Goguenards, certains kamrades de jeu ne comprennent pas le goût que l'on peut avoir pour le folklore bolivien, Barbara ET pour le hip hop east coast. Tampoco.
Le plus beau Carnaval du Monde, c'est le Carnaval d'Oruro.Voilà.Péremptoire.Limpide.C'est un truc flamboyant, fort, Oruro. Ca souffre, ça prie, ça s'exalte, ça sue, ça picole, ça suinte, ça pisse, ça vomit, ça s'enroule, ça se bastonne puis ça s'embrasse, ça danse, putain qu'est ce que ça danse. Brut, des kilomètres et des kilomètres de pélerinage synchrétique et sautillant, jusqu'à s'incliner aux pieds de la Vierge du Socavon, la Vierge des mineurs qui grattent le filon à l'ongle et à la foi, comme à la fin du 19ème siècle.Ils arrivent, s'inclinent. Transis. On en voit même certains en "roue arrière" (tiens, comment va Mr Soulard?)
C'est un truc de fou. C'est sans doute, encore, un élément fondamental de pacification sociale dans un pays qui en a bien besoin. C'est surtout une fête qui ne soutient aucune comparaison."
La suite de l'article ici:
http://amlatineterecuerdo.blogspot.com/

Gloria se mêle de politique

Je fais en ce moment avec mes élèves une séquence sur Cuba, à leur demande générale. "Oh oui, de la salsa!". Je leur ai quand même fait découvrir Nicolas Guillen, histoire de leur envoyer un peu de culture. Mais comme la musique n'est jamais loin, je leur ai demandé de lire ce poème, "Canto Negro", en inventant un rythme, comme des percussions. L'exercice a très bien réussi pour certains, c'était tout à fait étonnant (encore une fois je me dis que j'aurais dû enregistrer ça...) Et pour terminer en beauté, comme d'habitude, une chanson!
Sauf que cette année, j'avoue, je fais des bides... Juanes d'abord (on peut chanter l'autre, "la camisa negra"?), parce que j'avais voulu sortir de l'idée de leur faire chanter des tubes; Lila Downs ensuite, parce que sa version de "La Bamba" les avaient laissés perplexes. Et maintenant Gloria Estefan.
J'avais choisi "Hablemos el mismo idioma", de la pure salsa, pour danser. Mais non! "Madame il bouge pas votre morceau! -C'est parce que tu ne sais pas danser!" Et vlan! Je sais, je m'en sors comme je peux. Il est vrai qu'on a l'impression que tout ce long texte déborde parfois de la mélodie... Manque de rigueur, Gloria! Et qu'il est donc assez difficile à chanter (pour mes élèves qui pourtant maitrisent le débit hyper rapide de Shakira, je tiens à le souligner).
Et c'est en étudiant le texte ensemble que la surprise nous a tous gagnés...
Moi qui pensait, d'après le titre, "parlons la même langue", qu'il s'agissait de celle du coeur, la fraternité, la lutte contre les discriminations et le racisme... Que nenni! Il y a de ça, oui, à première vue. A première vue seulement, parce qu'en approfondissant l'analyse, on découvre en fait un simulacre de discours politique. Déjà, Gloria nous parle de "drapeau de la liberté". Ah, il est question de la Nation là-dessous... Puis, en parlant des "Latinos", elle affirme: "Il est important que le monde nous entende parler d'une seule voix". Tiens, mais de quelles divergences parle-t-elle donc? C'est quand elle poursuit en disant quelque chose comme "l'union fait la force" que mes élèves explosent: "c'est pas possible madame, c'est pire qu'un discours politique!" Puis "Il faut travailler pour atteindre les buts qu'on s'est fixés": "Ah non, cette chanson c'est n'importe quoi!". Et le coup de grâce "Donne moi la main mon frère ensemble nous vaincrons": "Madame, elle veut être présidente ou quoi!"
Et là je me rends compte que j'ai fait LE mauvais choix, professionnel... et personnel! Comme je l'ai dit, la chanson est difficile. Ensuite, les paroles ne sont pas vraiment neutres, politiquement j'entends. On en parle avec les élèves: Gloria voudrait-elle, depuis Miami, réconcilier les Cubains, donc virer Fidel Castro? Et bien bravo! Il y aurait de quoi faire un débat sur musique et engagement, art et discours politique, etc, etc.
En tout cas, je ne souscris pas, je me suis plantée, j'avoue, et je crois que pour la prochaine séquence qu'ils me demandent sur l'Argentine, je vais plutôt opter pour les chanteurs à minettes...
Tais-toi Gloria, tu nous gonfle! (et c'est pas moi qui le dis!...)