mardi 30 juin 2009

Lui et Elle

On ne parle que de lui, Michael Jackson, mort d'on ne sait quoi, d'une overdose de célébrité peut-être, de trop d'argent et pas assez de plomb -dans la tête-. Et ses déboires, et ses excès, et ses enfants qui soit disant ne sont pas les siens, et ses dettes, et son âge mental. Le roi de la pop, une révolution dans la musique, le moon walk. Et noir ou blanc? Assumé ou acculturé? Pédophile? On oublie quand même que c'était un immense artiste, qu'on a tous acheté un disque, appris ses chansons, dansé dessus...
... dansé, justement. Parce qu'elle, elle n'était pas multi milliardaire dérangée, discrète, sans excès. Mais c'était aussi une immense artiste. Pas sûr, et c'est extrêmement dommage, que les médias fassent autant de tapage pour la mort de Pina Bausch. Je me souviens d'après midi devant la télé à regarder les cassettes mal copiées de ses ballets, à étudier le moindre geste, à boire ses mouvements comme on boit les paroles d'un poète, comme on se laisse emporter par la voix rauque d'une chanteuse de flamenco. Je me souviens de son nom qui courait sur toutes les lèvres dans le cour de danse, dans les coulisses, une grande dame, un modèle. Et après ces séances vidéo l'envie, la motivation de se surpasser sur scène, de copier l'artiste. Tout son être était danse, expression, vie. Pina Bausch, ce magnifique visage aux rides millénaires, ses bras fins et interminables qui s'envolaient comme des papillons. Elle est partie, comme dans "Marcia baila", trop vite, mais tellement vivante. Et soudain une avalanche de souvenirs.

dimanche 28 juin 2009

Carnets ligériens

Bernard Ollivier, Aventures en Loire, 2008.
Qu'est ce qu'il a raison, Bernard, de partir seul à l'aventure... C'est ce que je me dis en regardant d'un oeil distrait un reportage sur le camping. Toute cette chair étalée sur les plages, gavée de pastis, serrée comme dans une boîte de maquereau sauce tomate (à cause des coups de soleil). Comme il le fait humblement remarquer dans ce livre, l'auteur a ses fans, ceux qui suivent ses aventures pédestres à travers le vaste monde, et j'en fais partie. J'avais déjà lu les trois tomes de son aventure à pied le long de la route de la Soie (ici, , et là). Je savais par un article que j'avais lu que son chemin avait récemment suivi celui de la Loire et attendais, comme d'autres, impatiemment, qu'un livre paraisse relatant ce nouveau périple. Ce livre je vais l'offrir, non sans l'avoir lu au préalable, à une fidèle lectrice de Bernard Ollivier (restée en rade sur la route de la Soie -mais je la soupçonne de faire durer le plaisir...- et qui attendait comme moi cette nouvelle parution). Mais j'aurais aussi bien pu l'offrir à un marcheur à l'écoute de la nature, à un poète assoiffé de relations humaines, à une écrivaine amoureuse de la Loire et de la Touraine (chacun se reconnaîtra). Parce qu'il y a tout cela dans ce livre. Depuis le Mont Gerbier de Jonc jusqu'à Nantes, des dizaines de rencontres qui récompensent des centaines d'heures de fatigue et des milliers de coups de pagaie sur le fleuve majestueux et riche d'histoire. Cette fois Bernard Ollivier choisit de commencer son voyage à pied pour le poursuivre en canoë, moyen de transport qui lui est tout d'abord totalement étranger. Mais comme c'est en forgeant qu'on devient forgeron, Canard -c'est ainsi qu'il baptise son embarcation- et lui finissent par ne faire plus qu'un, malgré les retournements successifs sur le fleuve capricieux. Le récit est dynamique, captivant, non dénué d'humour:
(dans cet extrait, B. Ollivier, trempé jusqu'aux os par une forte averse, quitte le fleuve et entre dans un restaurant routier que la providence a placé au bord de la Loire)
"Ce n'est pas la peur mais la surprise qui provoque le silence tandis qu'une cinquantaine de regards se braquent sur moi. Il est vrai que le spectacle doit valoir la peine. Je suis recouvert d'un vaste imperméable bleu fripé qui me recouvre jusqu'aux mollets, assorti d'une capuche dissimulant partiellement mon visage tanné façon vieux cuivre. Pour éviter le choc des gouttes sur mon crâne chauve, j'y ai ajouté mon chapeau complètement trempé qui pend lamentablement. Mes lunettes, glacées comme le reste, se sont couvertes de buée en entrant dans la chaleur de la salle. A l'autre extrémité, deux pieds bleus chaussés de sandales ruissellent, formant une petite mare. Je serre contre moi, tout en cherchant vainement à dominer mon tremblement, mon bidon de plastique blanc à couvercle bleu."
Après Saint Jacques de Compostelle, la route de la Soie, à soixante-dix ans, encore le besoin de se retrouver seul avec soi-même, de se prouver quelque chose; le refus d'attendre tranquillement la mort, un défi à la vieillesse. Et toujours cette soif de rencontres de celui qui veut encore croire que tout n'est pas perdu, que l'hospitalité et la solidarité existent encore dans ce monde individualiste et renfrogné. De ce côté là c'est une victoire, et encore une fois la fin de l'aventure -tout comme la fin de la lecture, preuve que l'auteur sait parfaitement nous embarquer à sa suite- a un arrière goût de nostalgie, l'amertume du quotidien qui reprend le dessus... jusqu'à la prochaine fois. Car on a l'impression qu'il ne s'arrêtera jamais, ce voyageur devant l'éternel. Tant que ses muscles le porteront il partira. Mais au fond, n'est-ce pas cela le sens de la vie?
"Ce matin là, comme je pagaie la tête encore pleine des récits de Jacques Bertin, me revient le commentaire un peu ironique d'un sédentaire devant le parcours d'un nomade. Comment en effet expliquer les motifs d'une telle expédition? Un geste gratuit, pour rompre avec le quotidien, pour se mettre en danger, histoire de redonner du prix à sa propre vie? Il y a de la folie dans le départ, une fuite, un élan irrépressible, fort comme un sentiment amoureux, une variante du coup de foudre. Le voyage en solitaire implique une volonté de se remettre en cause, de se transcender, de tordre les rails qui nous guident au quotidien, de rompre les digues mentales et sociales qui nous contiennent, nous ligotent plus ou moins à notre insu. C'est une décision irrationnelle, difficile à faire comprendre à un esprit cartésien."

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CONCERT GRATUIT
MUSIQUE DES ANDES
SAINT JEAN DE LA BLAQUIERE
(34 HERAULT)
JEUDI 9 JUILLET 2009 20h.
SALLE MUNICIPALE VICTORIN GUIBAL
RENCONTRE ENTRE DES MUSICIENS BOLIVIENS ET FRANCAIS
3 GROUPES de MONTPELLIER, PARIS et GENEVE
JULIO GODOY,
SAGARNAGA,
CARNAVALITO
Julio Godoy et le groupe Carnavalito
Julio Godoy est guitariste, Bolivien et ancien membre du très renommé groupe Los Jairas. Il continue à pratiquer la guitare et le charango avec virtuosité et sincérité en Suisse. De sa rencontre avec Yves Lagabrielle, musicien et organisateur à ses heures, est né le groupe Carnavalito il y a trois ans. Au delà du plaisir de jouer, le groupe Carnavalito veut faire découvrir en Suisse comme en France les rythmes et les sonorités de cette musique si connue mais si souvent galvaudée.

Le groupe Sagarnaga, fondé en 1987, regroupe des musiciens français de tous horizons, passionnés de musique et de culture des Andes (Bolivie, Equateur et Perou) qui s'efforcent de jouer la musique telle qu'elle est aujourd'hui pratiquée dans ces pays; une musique populaire et vivante. Les musiciens du groupe chantent et pratiquent tous plusieurs instruments (flûtes de pan, kena, mandoline, guitare, charango...), aidés en cela par des amis musiciens boliviens professionnels qui partagent leur savoir et leur maitrise.
Habituellement composé de dix membres, l'ensemble Sagarnaga sera ce soir représenté par six musiciens qui donneront un large apperçu du répertoire du groupe.

le trio Sanjely ce sont 3 musiciens de Montpellier qui retrouvent et reconstituent au fil de leur rencontre les ambiances si douces et harmonieuses de la region de Cochabamba et Santa Cruz....

L'arbre qui pleure

"Mais qu'est-ce que je fous là, si loin de mes racines?"
Boulevard Saint Germain à Paris
(Photo:emi)

jeudi 25 juin 2009

Vientos de Bolivia

Ca me fait toujours le même effet. Toujours l'euphorie incroyable de les voir "en vrai", ces groupes qui remplissent mon disque dur et qui sont pour moi des références. Canto Popular déjà, Zulma Yugar (même si son concert avait été très décevant, c'est peut-être pour ça que je ne vous avais jamais raconté...), Bolivia Manta (mais là je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout objective). Un enthousiasme de gamine me submerge chaque fois. Et hier soir ce fut encore le cas. Kollamarka à Paris, c'était inespéré, mais bel et bien réel. La nervosité est galopante en cette chaude soirée d'été. J'attends, impatiente. Je guette les musiciens. Je redeviens groupie. La salle est très éclairée, trop; la scène est minsucule, la sono pas fantastique, le discours de madame l'ambassadrice... non, rien; la traduction prend trop de place et est approximative. Tout semble mal parti. Mais lorsque les musiciens arrivent, mon coeur se met à battre. C'est bien Kollamarka, et même si les jeunes recrues ont remplacé les anciens, les fondateurs sont là. Je suis bouche bée. Les cordes commencent à chanter, et nous nous lançons des regards entendus. Pas de doute, ils maîtrisent. C'est du bon. "Mi chiquitin"... On prend une leçon, un cours magistral dans la vue. Fin de la première partie, les musiciens sortent rapidement puis reviennent un par un, armés de leurs sikus et de leurs ch'ullus. Ca va souffler. Comment vous dire? Un tremblement de terre, une espèce de ras de marée qui vous scotche au siège -comme au démarrage d'une Ferrarri, vous voyez un peu?-. Les zankas vous font vibrer jusqu'aux tripes, les bombos vous défoncent le coeur. Ca bout au niveau des racines, elles sont maintenant bien ancrées dans la terre, bien profond, à l'image de ces musiciens dont on a l'impression qu'ils ont les deux pieds bien enfoncés dans la terre de Bolivie au moment où ils jouent. Ils sont là, mais ils ne sont pas là, c'est ça toute leur force. Entracte. La deuxième partie est folklorique. Alors que je fais a posteriori e résumé du concert on me dit "oui, ils jouent le même répertoire depuis vingt ans, je le connais par coeur, "Teresita", "Amores hallaras", c'est du copié collé de Alaxpacha". D'accord, mais moi je ne suis pas musicienne -enfin si un peu quand même-, je ne suis pas blasée; moi Kollamarka ils peuvent me chanter la Marseillaise en aymara je serai toujours en admiration devant eux. D'ailleurs pendant la deuxième partie je ne vois même plus le public qui se trémousse sur les fauteuils inconfortables, je n'entends plus les applaudissements, je ne vois plus qu'eux, que les musiciens. C'est le top du top, du bon, du lourd. C'est juste énorme. Tout est parfait, je n'ai rien à dire. Je suis ailleurs, très loin. Loin? Tout près en fait, chez moi.
(je pourrais en parler pendant des heures, écrire des pages et des pages que je n'aurais pas tout dit, tout exprimé. J'en dirais presque des gros mots tellement c'était bien! P... euh... Carajo!!! (oui parce qu'en français ça aurait faire une méchante rime...)

dimanche 21 juin 2009

Encore un chef d'oeuvre

Bernard Giraudeau, Les hommes à terre, 2004.
Coutumier des récits de voyage et autres aventures autour du monde, Bernard Giraudeau nous offre ici des fragments de vie des marins à terre, ceux qui font escale, ceux qui viennent et puis repartent, ceux qui restent sans se résoudre à vivre ancrés hors de l'océan. Un recueil de nouvelles qui nous font toucher du doigt les souffrances, les espérances et les histoires tantôt belles, tantôt crues, de ces hommes à terre, avec comme fil conducteur celui de l'amour, tissé au fur et à mesure des rencontres, parfois fragile et illusoire, parfois indestructible malgré le temps, la distance, l'absence. C'est le sujet de cette magnifique histoire qui ouvre le livre. Jean-Paul emmène son père malade en voyage avec lui en Asie, cette région du monde qu'il a si bien connu lorsqu'il était militaire en Indochine. C'est le retour en arrière, aux sources, à la vie pour cet homme qui, après des années, retrouve son amour de jeunesse, la femme de là-bas, celle qu'il avait aimée et qu'il avait quittée pour reprendre sa vie en France, et avec qui il décide de rester pour finir ses jours. Un magnifique conte sur l'amour filial, l'amour partagé, l'amour triomphant plus fort que tous les obstacles et la nécessité, l'urgence de vivre celui qui nous tend les bras.
Les autres histoires sont aussi belles, parfois surprenantes, gênantes, mais écrites avec tellement de sincérité et de vérité. Diego l'angolais rencontré au cours d'une nuit sans sommeil sur le port, Diego le conteur amoureux d'une femme inventée. Jeanne qui part rejoindre Ange de l'autre côté de l'océan de la vie après avoir pendant toute la sienne guetté sa silhouette à l'horizon à chaque retour de son bateau.
Ce livre est un chef d'oeuvre au niveau du fond comme au niveau de la forme, avec toujours ce même style unique, direct et tellement poétique. Des descriptions comme des peintures, tracées précisément par des mots ciselés.
"{A Lisbonne} Sous les linges suspendus errent les chiens et les enfants. Il y a des appels, des gueulantes éphémères. Une poule s'effraie. Un couteau égorge, du sang coule sur les azulejos. Les ruelles se dressent sur la colline ou se précipitent vers la mer. En vieillissant, on s'essouffle. La musique est trop forte. Chacun la sienne, le fado des vieux se perd dans la techno. Les restaurants ont deux ou trois tables. On y sert la cachupa ou le bacalhau. Au travers d'un carreau graisseux, deux vieilles mains tremblent à rassembler des pois chiches. Il lui faudrait une cuillère, au vieux. La fourchette entre les doigts malhabiles laisse échapper des graines. Plus haut, un regard fixe l'assiette. Comment trier les souvenirs au milieu des pois? Quelqu'un disait: "Seule l'habitude aide à survivre." Un chat frivole frôle une jambe anonyme: affection hypocrite pour un bout de viande. Et lui le caresse, se croit aimé. C'est doux, un chat. Il faut changer la litière, c'est tout. Et s'il avait un chat pour miauler sa solitude? Une femme plonge une louche dans le bouillon gras. Une jeune fille attend sans impatience. Derrière elle, la Sainte Vierge en plâtre et polychrome acrylique ne s'émeut de rien. Elle règne sur un lot de cartes postales."
Une lecture qu'on savoure comme un met exotique mais familier, piquant, fruité, plein de saveurs et de parfums aigres doux et qu'on goûte jusqu'à la dernière bouchée.

vendredi 19 juin 2009

Le massacre minier de Saint Jean - Victor Montoya

Le massacre minier de Saint Jean, survenu à l’aube du 24 juin 1967, ne figure pas dans les pages officielles de l’histoire nationale, même si son souvenir reste vif dans la mémoire collective et se transmet oralement, de génération en génération, se transformant parfois en contes et légendes, comme souvent avec les faits historiques qui se refusent à succomber dans les brumes de l’oubli. Et si je le raconte ici et maintenant, c’est que je fus témoin de cet horrible massacre trois jours après l’anniversaire de mes neuf ans.

Tout commença lorsque les familles de mineurs rentraient chez elles après avoir fêté le solstice d’hiver autour des feux, où on dansa et chanta au rythme des cuecas et des huayños, accompagnés par des des verres de ponch, des plats typiques, de la coca, des cigarettes, des bâtons de dynamite et des pétards. Tandis que la fête se déroulait dans la ville de Llallagua et les campements de Siglo XX, les troupes du régiment Ranger et Camacho, qui quelques heures plus tôt avaient encerclé les lieux à la faveur de la nuit, ouvrirent le feu de tous les côtés, abandonnant une vingtaine de morts et soixante-dix blessés entre les piqûres du froid et les sifflements du vent.

On estime que les soldats et les officiers, qui pénétrèrent dans la zone nord entre vingt-et-une heure et vingt-trois heures, partirent en train de la ville de Oruro dans l’après midi du 23 juin. Le gardien qui surveillait le passage les vit arriver armés dans les wagons et tenta d’en informer les dirigeants syndicaux et les radios, mais il subit les intimidations des officiers qui continuèrent leur marche. C’est ainsi que, aux environs de cinq heures du matin, commença la fusillade qui tua des hommes, des femmes et des enfants. Dans un premier temps, face à cette attaque surprise, certains confondirent les rafales des mitrailleuses avec les pétards et le fracas des mortiers avec les explosions de dynamite.

L’entreprise, complice des bourreaux, coupa la lumière électrique ce matin-là, pour que les radios ne puissent transmettre aucune alerte aux habitants ; pendant ce temps, les soldats, qui étaient postés sur le Cerro San Miguel, près de la Salvadora et du Rio Seco, descendirent comme des troupeaux d’ânes par le flanc escarpé et occupèrent violemment les campements, la Place du Mineur, le siège du syndicat et la radio « la Voix du Mineur », où fut assassiné le dirigeant Rosendo Garcia Maisman, lequel, retranché derrière une fenêtre, défendit la radio, un vieux fusil à la main.


Le carnage se poursuivit pendant plusieurs heures sous le soleil du 24 juin. Les morts perdaient leur sang auprès des feux et les blessés arrivaient à l’hôpital, tandis que les mères, atterrés par les tirs et les cris, tentaient de calmer la peur et les pleurs des enfants. Au milieu du chaos et de l’effroi, beaucoup d’hommes, dans une tentative désespérée de se défendre, s’armèrent de dynamite et capturèrent des soldats, qu’ils dépouillèrent de leurs uniformes et de leurs armes. Mais tout laissait supposer qu’il était déjà trop tard pour préparer une résistance organisée. La Place du Mineur se remplit de soldats et la juridiction de la Province de Bustillo fut déclarée « zone militarisée ».

Le massacre obéit à des ordres clairs de René Barrientos Ortuño, dont le gouvernement abaissa les salaires au niveau de la faim, désapprovisionna les pulperias (magasins de l’entreprise minière. NdT), interdit le droit syndical et s’acharna à persécuter les dirigeants politiques et syndicaux dans le but de détruire systématiquement l’axe principal de la résistance au sein du mouvement ouvrier.

De fait, selon des témoignages directs, on sait que le jour du 24 juin était prévue la réalisation du congrès national des mineurs à Siglo XX, dans le but d’exiger une augmentation des salaires et d’appuyer la guérilla du Che avec « deux mitas », équivalents à deux jours de travail (La « mita » correspond dans les Andes à un travail collectif pour la communauté, à un système d’entraide. NdT). Une somme importante si l’on considère les 20 000 travailleurs qui intégraient alors la Corporation Minière de Bolivie (COMIBOL).

Le gouvernement et les Forces Armées, informés des préparatifs du Congrès et soutenus par la CIA, s’empressèrent d’occuper les centres miniers pour éviter un quelconque appui moral et matériel destiné aux guérilleros qui se battaient à vue dans les montagnes de Ñancahuazu. Par conséquent, loin de l’illusion d’une étincelle libertaire allumée sur le continent américain, les mineurs de l’altiplano et les guérilleros commandés par le Che étaient assassinés avec les mêmes armes et par les mêmes ennemis, séparés les uns des autres, sans se voir le visage ni partager la même tranchée, luttant contre les mercenaires de la CIA et les troupes de l’armée bolivienne.

René Barrientos Ortuño, qui savait manœuvrer des plans sinistres en s’appuyant sur le « pacte militaire - paysan », qu’il avait établi lui-même avec la bureaucratie officielle des syndicats ruraux, justifia le massacre en prétextant que l’armée était en situation de légitime défense et qu’il était nécessaire de « combattre le processus subversif » des mineurs à Siglo XX, prêts à organiser un processus révolutionnaire pour se joindre à la geste armée des « barbus étrangers » de Ñancahuazu.

Tandis que l’indignation populaire courait comme une traînée de poudre à travers le pays, les « syndicats clandestins », organisés à l’intérieur de la mine, en plus d’avoir décrété à l’unanimité une grève de 48 heures pour protester contre le massacre, affirmèrent leurs justes revendications : retrait des troupes de l’armée, restitution du siège du syndicat et de la radio « la Voix du mineur » ; respect du droit syndical, liberté sans conditions pour les dirigeants arrêtés et exilés, indemnisation des veuves des mineurs assassinés et exigence qu’elles ne soient pas délogées du campement ; réajustement des salaires aux niveau de mai 1965 et, comme si cela ne suffisait pas, on fixa aussi une contribution bimensuelle de dix pesos par ouvrier, pour les dépenses du syndicat et pour acheter des armes. La résistance populaire, à l’échelle nationale, trouva son avant-garde indiscutable chez les mineurs qui, de par leur haut degré de conscience politique et de combativité, étaient décidés à défendre leurs droits les plus élémentaires et à déclarer Siglo XX « territoire libre », dans une franche attitude de défiance contre la dictature militaire.

Au massacre succédèrent la répression et le licenciement des « agitateurs » de leurs postes de travail. Certains finirent dans les oubliettes et les autres exilés, les veuves et les orphelins furent expulsés du campement sans indemnisation ni aucun droit et le massacre de Saint Jean resta impuni. La vague de persécution fut planifiée par le Haut Commandement Militaire, avec le clair objectif de liquider physiquement les dirigeants les plus illustres de la résistance ouvrière. C’est ainsi qu’ils trouvèrent l’endroit où se cachait Isaac Camacho, l’un des principaux leaders des « syndicats clandestins », lequel, après avoir été arrêté le 29 juillet, dans une maison proche de la Plaza Nueva à Llallagua, fut torturé et disparut sans laisser aucune trace.

René Barrientos Ortuño, en plus du massacre minier, fut le responsable direct de l’assassinat, l’emprisonnement, la torture et la disparition de plusieurs opposants à son gouvernement, jusqu’au jour où il mourut calciné dans le même hélicoptère que lui avaient offert ses alliés du nord. Cependant, malgré les multiples témoignages autour de cette sombre histoire, certains exaltent encore son « patriotisme » et le surnomment le « général du peuple », alors qu’en réalité il n’était rien de plus qu’un simple général putschiste, un aviateur entraîné aux Etats-Unis et un fidèle serviteur de l’impérialisme, qui sut profiter de son mandat présidentiel pour s’emparer des ressources naturelles d’un pays qui agonisait dans la misère et pleurait ses morts écrasés sous la botte militaire.
(traduction:Emilie Beaudet)

jeudi 18 juin 2009

Demain j'arrête

S'insurger contre tout et rien, corriger les erreurs pour remettre les imbéciles et les ignorants dans le droit chemin, rétablir la vérité sans arrêt, partir en croisade contre la bêtise et la méconnaissance, ça crève, je vous le dis par expérience. Parce que j'en ai vu des trolls, et des costauds, des champions du monde. Des cambas à l'anachronite aigüe et à l'orgueil débordant, le mépris au bout des doigts et qui pondaient des commentaires ravageurs; des minettes racontant leur vie sur leur propres blog et qui, sans doute à cause d'un désoeuvrement profond, venaient rectifier et corriger tous mes articles, passant au peigne fin les fautes d'orthographe, de frappe, d'expression, de goût, d'opinion; des andouilles simplement passées faire de la pub pour leur petit commerce; des je-sais-tout-mieux-que-toi prenant toutes mes phrases au premier degré, contestant toutes mes références et tous mes avis sur la Bolivie, des hypo-ironiques se prenant beaucoup trop au sérieux et en devenant ridicules au possible. Ils sont venus, on les a écrabouillés, sévèrement malmenés. Parfois la bataille a été rude mais on les a semés dans le néant de leur propre niaiserie. Parfois c'est moi qui suis allée porter secours à des copains de blog, eux aussi pollués par des trolls phénoménalement cons, des critiqueurs de goûts musicaux, des handicapés de la modestie, des spécialistes de l'insulte gratuite. Rarement, heureusement, mais ça arrive, il a fallu vraiment se battre, contre des plagistes faisant du plagiat, des bloggers du dimanche débutants venus piocher un peu de savoir et d'arguments dans mes plates bandes. Ceux là aussi, avec la collaboration du gang anti-trolls, on les a gravement renvoyés dans leur 22, brouter une autre herbe que la mienne (en l'ocurrence ici c'est pas de l'herbe, c'est de la coca).
De tout ça on a ri, beaucoup, énormément parfois; je me suis insurgée, énervée, rendue malade aussi (mais pas trop quand même, c'est mauvais pour la santé). Et surtout on a tissé des liens entre voisins de galère, de blog, l'union fait la force dit on.
Bon, trève de plaisanterie, passons aux choses sérieuses. Vous savez combien de temps ça prend tous ces réglements de compte? Imaginez-vous un peu! Des heures! Des jours! Des tonnes d'énergie dilapidées dans les combats par écrans interposés. Alors il a fallu prendre une résolution, pas facile quand on est habitué à démarrer au quart de tour (et avant dans une autre vie au car de Tours). J'ai décidé, en commun accord avec moi-même, de calmer les chevaux, enfin la souris, et de ne lire que partiellement les blogs consacrés à la Bolivie, pour ne pas faire d'ulcère de la cornée -si si, ça existe- chaque fois que des idioties primaires sont écrites. Que Evo Morales est un fasciste, que la Bolivie est à la dérive, que la liberté d'expression n'y est pas respectée, que la coca est une drogue et qu'elle fait voir des éléphants rose -pas bleus-, que les associations religieuses ou les ONG sont une aubaine pour les pauvres indiens ignorants, que je comprends tout de travers, je ne connais rien et je juge quand même avec ma vision d'européen blanc tendance bobo venu aider les bons sauvages, etc etc...
Demain j'arrête, je ne mettrai plus de commentaires enragés non plus, je n'enverrai plus des tonnes de mails à mes amis en leur disant "allez l'exploser cet idiot", je ne hurlerai plus devant mon écran que les gens sont bêtes à manger du foin.
J'ai décidé, pour rétablir la Vérité sur la Bolivie, tout la Vérité, rien que la Vérité, de l'écrire moi-même et de laisser les lecteurs faire la part des choses, et les crétins dans leur fange culturelle.
C'est dit, demain, j'arrête.
(...mais ça va être dur...)

mardi 16 juin 2009

Le silence du charango

William Centellas s'en est allé. Le charango s'est tu. Le maestro est mort le 14 juin à la Paz, lui qui avait consacré toute sa vie au charango, avait été l'un des fondateurs de la Sociedad Boliviana de l'instrument, son ambassadeur dans le monde entier. Son style, indéfinissable, a été repris, imité, et est toujours le modèle, la référence, pour des centaines d'interprètes. Centellas est mort. Le charango est orphelin.

jeudi 11 juin 2009

Internacional pays

A l'heure où on veut uniformiser les élèves, faire des "parcours d'excellence" comme c'est écrit dans les textes, sélectionner, tailler par le haut de futurs bons petits français bien sous tous rapports, mettre sur la touche les pré délinquants, les bronzés, les pas cultivés, les banlieusards, les citésards, je prends le contre pied et donne le pouvoir à mes élèves. Pour un cours, deux petites heures, ce sont eux les profs de langue, et moi l'élève. Je propose à chaque élève de nous apprendre quelques mots dans la langue de son pays d'origine, nous expliquer d'où il vient, enfin dire ouvertement qui il est. Malheureusement ça ne se fait pas sans heurts dans toutes les classes, certaines jouent le jeu à la perfection, d'autres ne saisissent pas la chance, la main tendue et l'oreille pourtant attentive de leurs camarades; d'autres encore sont rebutés, effrayés, bloqués par des petits imbéciles qui jouent à se croire supérieurs, culturellement meilleurs (mais en quelle unité se mesure la supériorité d'une culture sur une autre?). Malgré tout ce matin ce fut un enchantement, un tour du monde en 80 minutes de la Tunisie au Zaïre, de la République Centrafricaine aux Comores en passant par la Kabylie (et oui, certains disent que c'est un pays. Une langue, une culture, une histoire, un territoire, au fond ce n'est pas cela, une nation?) Des étoiles dans les yeux, de la fierté, de la nostalgie, du regret, de la tristesse, les regards sont passés par toutes les couleurs en évoquant la terre d'origine, le pays des parents, le bled, lesvacances chez la grand-mère, la guerre, l'amour, l'espoir. Je suis ressortie de ce cours de langues autrement. Qu'il est bon de prendre le contrepied de l'officiel, et officieusement mais sincèrement et sûrement de donner la parole aux élèves. La semaine prochaine, tour du monde gastronomique!...

mardi 9 juin 2009

Llallagua, une ville minière des Andes - Victor Montoya

C’est au milieu de ces montagnes, que les indigènes baptisèrent du nom de Llallagua parce que leurs formes ressemblaient à celle du tubercule de la chance (une pomme de terre faites de deux moitiés et censée porter chance. NdT), que Simon Patiño, l’un des magnats de l’industrie minière, découvrit à la fin du XIX ème siècle le gisement d’étain le plus riche du monde. Dès lors, Llallagua devint le nouveau Potosi et Simon Patiño, qui lutta contre le roc tel un conquistador sans épée ni armure, devint le « Roi de l’étain » ainsi que l’un des rares multimillionnaires avec Ford et Rockefeller.

Lorsque j’arrivai pour vivre à Llallagua, où tout n’est qu’entassements de pierres, je ne connus pas Patiño et ne vis rien de toutes ces richesses, distribuées entre les affamés de cette terre, à l’exception des machines modernes de son Entreprise, où les morceaux de minerai étaient triturés, avec la même intensité que l’on triturait les poumons des mineurs. A Llallagua il se passa la même chose qu’ailleurs : les uns semèrent le blé, les autres récoltèrent l’argent. Car le fait de vivre comme je vivais, dans une maison dépourvue d’électricité, d’eau potable, de cuisinière à gaz et de vitres aux fenêtres, m’amena à comprendre que la vie est comme un entonnoir : large pour certains et étroit pour d’autres.

Dans cette zone périphérique de Llallagua, où les maisons semblent être le prolongement naturel du sol, mon enfance se déroula sans autre consolation qu’une vie faite de rêves et d’espoirs. Je vécus comme vivent les habitants de l’altiplano, au milieu de montagnes escarpées, à quatre mille mètes au-dessus du niveau de la misère. Je savais, pourtant, que les célèbres mines de Siglo XX, qui se trouvent de l’autre côté de cette rivière, avaient abreuvé le monde de leurs richesses avec la pauvreté en échange.

Les mineurs - conscients du fait que l’étain, qu’ils extrayaient du ventre de la montagne où ils jetaient leurs poumons pétrifiés par la silicose, revenait à la nation transformé en armes et en argent dont les riches se servaient pour perpétrer des massacres et tramer des coups d’état – s’emparèrent du plus novateur de la doctrine révolutionnaire et se lancèrent dans la lutte pour de meilleures conditions de vie dans une attitude combative, que les pouvoirs de domination se chargèrent de mater et de noyer dans le sang. Il en fut ainsi depuis le massacre de Uncia en 1923, jusqu’au massacre de Saint Jean 1967 ; un événement tragique que je vécus de près et dont je conserve encore aujourd’hui un souvenir terrifiant. Tout cela eut lieu l’année même où explosait la guerrilla du Che à Ñancahuazu et où les sbires du gouvernement firent disparaître le dirigeant mineur Isaac Camacho, que je vis pour la dernière fois chez moi, enveloppé dans un manteau noir, une cigarette aux lèvres, quelques jours avant son arrestation et sa disparition.

Si l’on considère que l’environnement est décisif dans la formation du caractère de l’individu, alors il est logique de supposer que le mien ressemble à la topographie aride et rocailleuse de l’altiplano. Ce n’est pas un hasard si, enfant, tout en étant avec mes amis, j’étais persque toujours aussi grave qu’une statue; j’étais avare de mots et farouche avec les inconnus. Mais je ne cessai pour autant de jouer sur le terrain vague couvert de pierres, qui se trouvait entre les murs de fortune et la rivière, sur lequel nous jouions au football avec un ballon fait de chiffons, jusqu’à nous déchirer les pieds à force de trébucher sur les pierres. Le soir, réunis sur ce même terrain, nous nous racontions des histoires effrayantes et envoûtantes. Lorsque les plus petits rentraient se coucher, nous les grands, assis autour d’une lampe à acétylène, nous passions des contes de revenants aux contes roses, au milieu d’un chahut qui semblait résonner sur les bords de la rivière.
Parfois, rassemblés en une bande de gamins, nous nous affrontions dans une bagarre générale contre les enfants de la rue parallèle à la nôtre. Ceux de patacalle* nous attaquaient en faisant siffler leurs frondes dans l’air, tandis que nous, protégés par des boucliers en ferraille, en carton ou en bois, nous résistions à la charge sans autre arme que notre courage. Au bord de cette rivière donc, sèche en été et tumultueuse à la saison des pluies, il n’était pas rare de voir des enfants qui rentraient chez eux défigurés par un jet de pierre.

Dans cette localité, où les rues et les maisons ont été construites sans la précision des architectes, naquit le premier bastion du syndicalisme minier et c’est là que furent jetés les dés du sort économique du pays, jusqu’au lancement en 1985 par le gouvernement de Victor Paz Estenssoro du décret 21060, obligeant les familles de mineurs à se déplacer vers les villes en tant que « re-localisés ».

Llallagua cessa d’être « le laboratoire de la révolution bolivienne » et le Tio (divinité du bien et du mal, maître et seigneur des mineurs et des richesses minérales) resta abandonné dans les galeries. Pire encore, plusieurs de ces maisons, qui de loin ressemblent à un troupeau de lamas grimpant vers les sommets, cessèrent d’exister lorsque quelqu’un alluma une bougie auprès des caisses de dynamite entassées chez un commerçant. L’explosion, selon ce que me raconta un ami lors de son passage en Suède, eut des conséquences funestes ; les toits de calamine volèrent dans les airs et les murs revinrent à leur état naturel. Un fait invraisemblable que je refusai d’accepter, parce qu’au fond de moi j’avais la sensation qu’une partie de mon enfance était restée suspendue dans le vide.

Malgré tout, cette photographie, capturée par Michel Desjardins et publiée dans le livre « Bolivia, beskrivning av ett u-land » (Bolivie, description d’un pays sous-développé) de Sven Erik Östling, a été un motif suffisant pour réfléchir sur la tragédie de cette localité minière des Andes et pour me rappeler, avec une étrange sensation d’amour haine, la maison où se déroula mon enfance ; celle-là même que, par ces hasards du destin et à cause de cette maudite explosion de dynamite qui l’éparpilla sur la rivière, je ne reverrai plus et dont je ne foulerai plus jamais le sol pour le restant de mes jours.
(Traduction: Emilie Beaudet)

Glossaire :

Patacalle : rue d’en haut

Re - localisés : ouvriers licenciés et jetés à la rue

Tio : divinité. Diable et dieu tutélaire qui vit à l’intérieur de la mine. Les mineurs le craignent et lui font des offrandes.

Les maisons sinistrées de Llallagua (février 2006)

(Photo:Luis CHUGAR)

vendredi 5 juin 2009

Anachronisme?

Une boutique dans l'est parisien
(Photo:emi)
A ceux qui croyaient que les bonnes habitudes se perdaient, soyez rassurés, l'esprit colonial est encore bien présent en France. En témoigne cette majestueuse boutique -prise discrètement avec un téléphone portable, sous les yeux étonnés d'une jeune femme lisant sur un banc sur le trottoir d'en face, pas du tout choquée par le nom de la boutique- digne des cabinets de curiosités de la grande époque des colonies.

jeudi 4 juin 2009

Exode rural

La photo est de Elsa Norka Velasco Lopez et est une des quatre photos gagnantes du concours National bolivien "Femmes indigènes dans la ville". Elle s'intitule "Intercambiando rostros" ("échange de visages").

mercredi 3 juin 2009

Les bons mots

Enfin on dit les vrais mots, enfin un média français parle sans langue de bois. Merci Mermet, merci France Inter, merci vraiment. On parle des événements de mai 2008 à Sucre. Et Mermet prononce les termes de pogrom, oppression coloniale, extrémisme, racisme, pour qualifier la torture, la violence et la cruauté que des étudiants extrémistes ont fait subir à des paysans quechuas dans la ville de Sucre simplement venus accueillir le président Evo Morales. Et on entend les témoignages de ces paysans. Des voix qui s'élèvent pour se confier, raconter, dénoncer la manipulation politique des étudiants par l'opposition. Mermet choisit aussi de nous faire écouter des extraits du documentaire "Humiliés et offensés" de César Brie relatant ces événements tragiques. Et France Inter se rend chez certains des paysans blessés et torturés. Des témoignages accablants, dignes des récits des violences extrêmes subies par les Juifs aux temps du nazisme. La peur, l'horreur, les ponchos et les wiphalas brûlés, les paysans nus au milieu de la foule, les menaces, la torture physique, les insultes, l'injustice.
Voilà une émission qui me réconcilie avec les médias. De la bonne musique, du vrai huayño de Norte Potosi, du quechua pas caricaturé, du respect, pas de folklore, que de l'information.
Merci Mermet!