lundi 30 mars 2009

Boliviens bouchez vous les oreilles

Une petite histoire qui fera rire jaune les boliviens et bien marrer les autres:
Barack Obama effectue une visite d'état en Bolivie et rencontre le président Evo Morales. Tous deux se rendent au palais présidentiel à La Paz. Obama est choqué:
"Mais c'est incroyable! C'est une catastrophe! Il y a des gens saouls partout! Et puis les rues sont sales!
- Ah bon? dit Evo interloqué, je ne vois rien de spécial
-Mais regardez, tous bourrés, beurk! Chez moi aux Etats-Unis les rues sont propres, c'est nickel, les gens se tiennent bien, rien à voir avec chez vous!"
Quelques temps plus tard Evo se rend en visite aux Etats-Unis. Obama le promène dans les rues en limousine. On a bien pris soin de nettoyer la ville. Les rues sont propres, tranquilles, pas un détritus, pas de clochards, nickel.
"Vous voyez les Etats-Unis c'est parfait! Personne qui traine dans les rues, c'est propre, pas comme chez vous!, dit Obama, un peu condescendant.
-Ah oui oui", Evo, admiratif .
Soudain sur un trottoir, un homme allongé.
"Ah mais regardez là monsieur Obama, un clochard!
-Non, comment, c'est impossible! Tout est pafrait aux Etats-Unis!!"
Il hurle au chauffeur:
"Stoooooooooooooop!!!"
La limousine pile, Obama descend:
"Qui êtes vous? Que faites vous là?", furieux.
Par terre, effectivement, un homme est allongé, ivre mort. Obama lui hurle dessus, essayant de ne pas perdre la face devant Evo. Soudain, l'homme qui empeste l'alcool se retourne et crie:
"Viva Bolivia carajo!"
Je sais elle est plus drôle racontée par quelqu'un qui s'y connait en chicha cochabambina mais bon, je voulais vous la faire partager quand même!

vendredi 27 mars 2009

Plus de repect pour les femmes

A Cochabamba, dans la ville de Punata a été inaugurée une salle d'accouchement interculturelle, c'est-à-dire qui respecte la culture des femmes indigènes qui répugnaient jusque là à venir à l'hôpital où on ne respectait pas leur culture lors de la naissance de leurs enfants. En effet les femmes indiennes ont pour tradition d'accoucher accroupies et non allongées, et refusaient d'enfiler les vêtements blancs imposés par le service hospitalier. Aujourd'hui le respect est entré à l'hôpital de Punata avec cette nouvelles salle d'accouchement où les futures mères peuvent choisir de s'installer dans la position qu'elles souhaitent, garder leurs vêtements sombres si elles le veulent et être accompagnées de leur famille. Il était temps, parce que le taux de mortalité maternelle est actuellement de 190 pour 100 000 femmes et de 61 pour 1000 bébés. Et cela n'était pas seulement dû aux problèmes liés à la pauvreté comme on veut bien le faire croire mais surtout au manque de respect de l'hôpital vis à vis des femmes indigènes. On peut supposer que c'est aussi le cas dans d'autres pays d'Amérique Latine et certainement du monde. Certes la médecine permet de sauver des vies, mais si elle le fait au dépit du respect de l'être humain et de sa culture... Mettre un enfant au monde oui, mais en gardant sa dignité. Je ne préfère pas évoquer le cas français qui n'est que chiffres et statistiques, protocoles froids et sans humanité et soumisssion des patients aux soit-disant règles et qui en la matière n'est pas du tout un exemple, et je sais de quoi je parle.

mardi 24 mars 2009

La pensée métisse

La pensée métisse, Serge Gruzinski, 1999.
"Je suis un Tupi qui joue du luth...".
C'est par cette citation que s'ouvre la réflexion de l'auteur autour de cette notion de métissage tellement galvaudée qu'elle en est devenue banale tout en restant floue et mystérieuse. "Je suis un Tupi qui joue du luth", c'est l'image d'un indien guarani du Brésil qui joue du luth, un instrument européen amené sur le continent américain par les colons ibériques. Cependant Gruzinski rejette dès l'entrée la notion d'acculturation qui lui semble réductrice. Pour lui on ne peut en effet analyser la conquête puis la colonisation de l'Amérique Indienne par les espagnols et les portugais comme une rencontre entre deux cultures dont l'une aurait adopté les us et coutumes, les traditions et les croyances de l'autre. Une histoire de vaincus et de vainqueurs qui nous aurait fait analyser pendant des décennies ce mélange comme une affirmation des dominants sur les dominés qui se seraient soumis à la culture de l'envahisseur en l'assimilant, devenant ainsi par la force le peuple vaincu que l'on aurait eu une fâcheuse tendance à défendre voir à idéaliser. Selon Gruzinski les choses sont bien plus complexes que cela, et la notion de culture en elle-même est déjà tellement riche de sens divers et variés qu'elle en devient indéfinissable. Le métissage se jouerait donc sur tous les tableaux, chaque fait, chaque représentation, chaque célébration étant déjà dans ses moindres détails contaminés par le mélange. Il en deviendrait donc impossible de savoir par exemple ce qui est indien de ce qui est espagnol en Amérique Andine ou un Mexique, ce qui a été imposé de ce qui a été adopté pour dissimuler sa culture et ses croyances interdites sous un vernis catholique, ce qui a été copié par goût, par admiration ou par moquerie. L'auteur nous entraine alors dans une série très précise d'exemples tirés de l'étude des peintures religieuses au Mexique réalisées pendant la période de la colonisation espagnole par les indigènes. Et là j'avoue m'être un peu perdue dans les méandres d'explications trop pointues et surtout faisant référence à des oeuvres qui me sont totalement inconnues et dont la vision me manquait pour comprendre totalement le fil de la rélfexion de Gruzinski. Idem pour les allusions à des films que je n'avais pas vus. Je reconnais avoir passé un certain nombre de pages, ne trouvant pas mon bonheur dans cet essai dont j'attendais beaucoup mais qui me laisse un peu sur ma faim. Trop d'exemples, un inventaire de références tant antiques que contemporaines et peu de vraies conclusions. Le métissage était tout un monde, complexe et labyrinthique je le savais, je termine ce livre en en ayant une vision encore plus emmêlée et le sentiment que pour travailler sur le sujet j'ai comme on dit du pain sur la planche...
"Je suis un Tupi qui joue du luth...", à méditer...

dimanche 22 mars 2009

"La journée de la jupe" ou l'omerta enseignante

Chouette, encore un scandale chez les profs! Ils vont avoir du sucre à casser, et de l'eau à apporter à leur moulin. Après le film qui montrait une classe de collège et qui avait été beaucoup décrié par le corps enseignant -j'aime bien cette expression arrièrée qui fait un peu armée...- en voici un autre intitulé La journée de la jupe Adjani joue le rôle principal, celui d'une prof de français à bout de nerfs qui se retrouve face à face avec une arme tombée du sac d'un de ses élèves et qui s'en saisit pour tout à coup renverser les choses et prendre ses élèves en otage pour faire un "vrai" cours.
J'entends d'ici les remarques: "C'est de la démagogie! -mot très souvent employé dans le dit "corps enseignant" mais qui à ma connaissance ne veut plus dire grand chose mis à part "je ne suis pas d'accord mais je ne sais pas comment le dire"-, On veut nous montrer comme des brutes dépourvus de toute pédagogie! Ca ne se passe pas du tout comme ça dans les collèges! Tous nos élèves ne sont pas des délinquants! C'est faire l'apologie de la violence! -oui, le "corps enseignant" emploie parfois des mots dits "savants" pour essayer de péter plus haut que son derrière-. Alors à tous ceux là j'ai envie de leur dire deux ou trois choses.
Premièrement, c'est un film, donc une fiction, donc pas la réalité. Eh oh les collègues! On ne vous a jamais expliqué que le cinéma c'était pour de faux?
Deuxièmement, non, ce n'est pas une caricature, non, le film n'a jamais dit que c'était toujours et partout comme ça -je dis ça pour les enseignants zèlés léche-bottes qui se sentiraient visés: non non, personne n'a jamais dit que vous ne teniez pas vos classes, votre réputation est sauve, pas de panique, les problèmes sont chez les autres collègues, pas chez vous -remarquez par la même occasion le gros manque de solidarité dans le "corps enseignant", tout ce qui arrive de mal chez les collègues est positif puisqu'il fait pire que moi ça me rassure, selon le célèbre adage-.
Troisièmement, oui, il ne faut pas le nier, beaucoup de professeurs pètent les plombs ou se retiennent de ne pas le faire. Alors d'accord on n'en est pas encore à se jeter désespérément sur une arme dans l'espoir d'en avoir justement trouvé une bonne pour résoudre le bordel dans nos classes -attention je sens que ça frémit derrière l'écran, je sais, le "corps enseignant" n'aime pas qu'on dise des gros mots, ou bien la plupart du temps il fait semblant d'être choqué parce que lui-même en dit beaucoup-. Mais tout de même parfois on est à cours d'arguments, on a tout essayé, et n'ayons pas peur des mots, on en a marre, ras la casquette de parler sans que personne ne vous écoute dans cette maudite salle de classe où d'ailleurs le lundi matin on n'a plus du tout envie d'entrer.
Alors je me pose une question: si au lieu de se tirer une balle dans le pied sans arrêt, de botter en touche, de renvoyer les jeunes collègues qui rament dans leurs 22 chaque fois qu'ils demandent de l'aide -ou pas, parce qu'ils n'osent pas, la honte sans doute, mais la honte de quoi? en tout cas moi je ne l'ai plus depuis longtemps!- pourquoi donc les enseignants ne feraient-ils pas plus souvent "corps" pour rentrer ensemble dans la mêlée et en ressortir la tête haute? Et si en guise de "journée de la jupe" on faisait une "journée de la franchise"? Mais c'est vrai, le "corps enseignant" aime à cacher son jeu...

mardi 17 mars 2009

samedi 14 mars 2009

Bidonville tour

Depuis la sortie d'un film montrant les bidonvilles en Inde, des groupes de touristes affluent sur les lieux pour visiter les quartiers pauvres indiens. On leur fait faire un circuit à travers les ruelles, serrer la main des enfants orphelins et malnutris, et ça y est les riches occidentaux croient avoir touché la misère du doigt. Certains sont même convaincus que leur venue dans le bidonville peut apporter quelque chose de positif à ces populations pauvres. Mais leur apporter quoi au juste? Une impression de soutien venue de l'extérieur? Les habitants des bidonvilles du monde entier ne sont pas dupes. Ils savent bien que ce ne sont pas quelques touristes qui vont améliorer les choses mais que le pouvoir de changer est entre les mains des gouvernements, voir même des grandes organisations internationales qui soit dit en passant se fichent pas mal de leur sort. Soyons réalistes: déjà qu'en tant que bénévole dans une association à but humanitaire on ne se sent pas toujours utile, en tant que touriste on ne sert évidemment à rien. Je me souviens être restée plantée là certaines fois dans la décharge de K'ara K'ara en Bolivie, ne sachant que faire pour aider en voyant tout ce petit monde s'agiter autour de moi, déjà tout à fait organisé avec les moyens du bord. J'avais alors senti le décalage entre la manière dont je pensais apporter de l'aide et ce dont ces gens avaient réellement besoin. En fait pour les aider il faut s'intégrer complètement dans leur système débrouille, c'est encore sans doute le plus efficace, mais peut-être aussi le plus difficile. Quant à aller visiter la décharge en tant que simple touriste, j'avoue je n'y avais pas pensé! Mais j'imagine que certains ont déjà dû mener l'expérience, tout comme dans les bidonvilles indiens que je viens de voir dans un reportage télé ce matin où un jeune homme faisait visiter son quartier à un groupe d'américains blonds et comme toujours persuadés d'avoir les pouvoirs de Superman, de tout comprendre, de tout changer. Je n'ose imaginer le récit de leur voyage en rentrant dans leur magnifique pays riche et parfait: "J'ai visité les bidonvilles de Bombay! C'était vraiment impressionnant, toute cette misère! Et l'odeur! Les pauvres, je me demande comment ils font pour vivre dans cette puanteur, moi je ne pourrais pas! J'ai touché la main des enfants orphelins aussi! Quelle émotion! J'ai senti qu'ils étaient heureux de nous voir! Si cela peut changer un peu leur vie de rencontrer des étrangers. En tout cas je suis convaincu que notre visite du bidonville va faire avancer les choses. J'ai donné mon stylo à un des enfants! Je suis sure qu'aujourd'hui je ne vais plus voir la vie comme avant!" Et blabla bla.... etcetera... Il faut leur dire que les gamins n'en ont rien à faire de leurs cadeaux, que leur vie ne va absolument pas changer et que déjà tout petits qu'ils sont ils le savent bien, et que eux, occidentaux en mal d'exotisme, ne sont venus et considérés que comme des voyeurs, riches et indécents, et que leur visite ne sert absolument à rien sinon à rabaisser encore plus les pauvres qui se sont sentis regardés comme des bêtes curieuses. Le bidonville? Un zoo à ciel ouvert. Et eux, ces touristes blancs becs, ils y sont allés dans leurs bidonvilles? Comment ça il n'y en a pas aux Etats-Unis? Ah ces gringos! Ils auraient le nez dedans qu'ils diraient encore que c'en n'est pas!

K'ara K'ara plage et ses hôtels 4 étoiles

(Photo:emi)

vendredi 13 mars 2009

Non

Non, les danseurs du Carnaval de Oruro ne portent pas leurs costumes toute l'année.
Non, tous les mineurs de Potosi ne sont pas alcooliques.
Oui, en Bolivie on a Internet.
Oui, on a même la télévision.
Non, les boliviens ne sont pas un peuple d'analphabètes.
Oui, on peut vivre à 5000 mètres d'altitude -on peut même jouer au foot-.
Non, quechua n'est pas qu'une marque, c'est aussi une langue.
Non, indien ne veut pas dire sauvage.
Non, Titicaca n'a rien à voir avec pipi caca.
Parfois il faut répondre à un nombre incalculable de questions bêtes de la part des élèves lorsqu'on étudie la Bolivie.

Mais apparemment l'ONU n'a pas plus de QI qu'un collégien...
NON, la feuille de coca n'est pas une drogue.



Evo Morales mâchant de la coca à l'ONU.