vendredi 27 février 2009

Ahhh...

A fond dans le casque dans l'obscurité d'une nuit sous la lumière de la lune...
http://www.youtube.com/watch?v=ZTvx3EE9ghA&feature=related

Histoire d'une dérive

Jacques Attali, Karl Marx ou l'esprit du monde, 2005.
Qu'est-ce qu'on connaît du marxisme? L'URSS, Staline, le Manifeste Communiste, Le Capital? Pour certains un idéal vers lequel tendre, pour d'autre une doctrine à combattre. Pour ma part je préfèrais ne pas me prononcer parce finalement je ne connaissais du sujet que des clichés. Ayant travaillé sur les syndicats de mineurs marxistes en Bolivie, je me suis dit que d'en savoir un peu plus sur le personnage serait une bonne chose. Savoir de quoi on parle, de qui, parce que les personnes m'intéressent autant que leurs idées. D'abord il faut dire que cette biographie de Karl Marx est très bien écrite, très documentée, tant sur sa vie que sur son oeuvre. Pour un novice en la matière, il est agréable de se laisser instruire par des gens qui de toute évidence en savent beaucoup plus que vous sur le sujet et qui le maîtrisent. D'autre part j'ai beaucoup apprécié ce livre pour son objectivité. C'est un document, pas un jugement. On y apprend des tonnes de choses sur la vie de ce penseur, bourreau de travail et éternel insatisfait par ses écrits, toujours à les corriger et à les reprendre, y passant tout son temps, refusant obstinément de se consacrer à un quelconque emploi salarié, ce qui a conduit Marx et sa famille à des extrêmes de pauvreté, la perte de plusieurs de ses enfants, la misère dans tous ses aspects. C'est après la mort de Marx que le livre devient encore plus instructif puisqu'il explique précisément comment ses idées ont été reprises, déformées, utilisées, et ont indirectement conduit aux deux plus grande dictatures qu'ait connu l'Europe: celle de Staline et celle d'Hitler.
Se posent alors plusieurs questions: qu'est-ce que la violence du Sentier Lumineux a à voir avec Marx et ses propos plus que nuancés? Est-ce que ceux qui se revendiquent de Marx aujourd'hui ont vraiment lu ses oeuvres? J'irai refaire un tour dans les écrits et les paroles des syndicats de mineurs boliviens pour tenter d'y trouver l'influence de Marx: authentique ou manipulée?

mercredi 25 février 2009

Jorge Carrasco

"Comment? Tu vas dans la région et tu ne connais pas Le Menoux?!!" "Heu... ben...non! Pourquoi?" "Il faut absolument que tu y ailles! C'est là que l'artiste bolivien Jorge Carrasco a vécu, il a peint des fresques magnifiques dans l'église. Vas-y de ma part, peut-être qu'on te fera visiter son atelier".
Et c'était parti! Je me suis donc rendue dans le petit village du Menoux, 500 habitants, près de Gargilesse, entre Indre et Creuse. Petit village gris sous la pluie de février, insignifiant, un peu triste. Mais dès que j'ai fait quelques pas dans la rue Carrasco, coup de soleil: la maison de l'artiste aux grilles colorées. Visite de son atelier où sont exposées quelques unes de ses nombreuses scupltures. Tout dans la douceur, l'union des êtres, les rondeurs sensuelles, la pierre travaillée et retravaillée jusqu'à ce qu'elle prenne forme, vie, humanité. En Bolivie les pierres ont une âme.
Les sculptures de Carrasco
(Photo:emi)
Et dans l'atelier ses peintures. Des dizaines et des dizaines de peintures. Pas de style précis, Carrasco était contre, il ne voulait pas se laisser enfermer. La peinture comme un moyen d'expression, un besoin de dire, une impossibilité à taire. Le mur de Berlin, le 11 septembre, et dénoncer, crier sur la toile ses émotions. Il était même prêt à partir manifester à Paris avec sa toile de 11 mètres sur 3 représentant le 11 septembre. Pas de répit, Carrasco travaille tout le temps, et ne fait, ne veut faire que de l'art. Il peste contre la famille Picasso qui fait du commerce avec les oeuvres de Pablo. Pas de ça chez lui. L'art pour l'art.
L'atelier de Carrasco
(Photo:emi)
Et voyager. La Paz, l'Amérique Latine à 17 ans avec toiles et pinceaux pour prouver à ses parents qu'il pouvait vivre de ses talents; le Che, l'Europe, l'Indonésie... et Le Menoux. Par amour. Soudain une idée: repeindre cette vieille église. Problèmes d'autorisations, des années de travail, et un résultat époustoufflant.
L'eglise de Le Menoux
(Photo:Philippe)
Carrasco est mort en 2006, parti pour d'autres voyages sans doute. Depuis, ses enfants, sa femme, tentent de répertorier toutes ses oeuvres, veulent les exposer, faire connaître l'oeuvre de cet artiste hors normes, entier, un brin excessif, juste ce qu'il faut, et profondément humain. Allez-y, ça vaut plus que le détour.

mardi 17 février 2009

Oh les brigands!

Je n'ai plus souvent le temps de faire ma revue de presse des journaux boliviens mais le premier article que j'ai lu aujourd'hui m'a fait hérisser les cheveux sur le sommet de mon crâne bouillonnant: encore un article qui dénonce le fait que les péruviens s'approprient le folklore bolivien et le présentent comme un patrimoine exclusivement national. Certes pour certaines danses l'origine peut être commune puisqu'avant la conquête et même après les deux pays n'en formaient quasiment qu'un. Mais, comme le dit très bien le journaliste, en ce qui concerne la Diablada, la Morenada et le Tinku il n'y pas de doute, ce sont bien des manifestations folkloriques entièrement boliviennes, que les voisins le veuillent ou non. Les péruviens n'en sont pas à leur coup d'essai puisqu'ils avaient déjà essayé de revendiquer le charango comme étant une création de chez eux, et comme aujourd'hui les boliviens leur étaient tombés dessus à grands cris. C'est vrai que dans le cas de la fête à la Vierge de Candelaria qui a lieu à Puno, juste de l'autre côté du lac, l'influence de la culture bolivienne est omniprésente de par la proximité géographique. Mais quand bien même. Je me demande comment et pourquoi un pays aussi riche en folklore et en culture -la musique et les danses péruviennes sont magnifiques et extrêmement diverses et variées- ressent le besoin de s'approprier des traditions du pays voisin, ce qui le rend du même coup méprisable et lui donne des airs de minable voleur à l'étalage. Un pays qui renie sa culture n'est jamais sur la bonne pente...

El Rey Moreno - Urkupiña 2007

(Photo:emi)

lundi 16 février 2009

Des hommes pareil

Encore une chanson très bien écrite, simple mais profonde, vraie, juste ce qu'il faut. A méditer et à mettre dans toutes les oreilles...

Des hommes pareils de Francis Cabrel

Vous, vous êtes et nous, nous sommes
Vous, vous êtes et nous, nous sommes
Des hommes pareils
Plus ou moins nus sous le soleil
Mêmes cœurs entre les mêmes épaules
Qu'est-ce qu'on vous apprend à l'école
Si on y oublie l'essentiel ?
On partage le même royaume
Où vous, vous êtes et nous, nous sommes...

Moi, j'ai des îles, j'ai des lacs
Moi, j'ai trois poissons dans un sac
Moi, je porte un crucifix
Moi, je prie sur un tapis
Moi, je règne et je décide
Moi, j'ai quatre sous de liquide
Moi, je dors sur des bambous
Moi, je suis docteur-marabout

Et nous sommes
Des hommes pareils

Plus ou moins loin du soleil
Blancs, noirs, rouges, jaunes, créoles
Qu'est-ce qu'on vous apprend à l'école
S'il y manque l'essentiel ?
Semblables jusqu'au moindre atome
Vous, vous êtes et nous, nous sommes

Moi, je me teins et je me farde
Moi, mes chiens montent la garde
Moi, j'ai piégé ma maison
Moi, je vis sous des cartons
Moi, j'ai cent ans dans deux jours
Moi, j'ai jamais fait l'amour
Nous, enfants neveux et nièces
On dort tous dans la même pièce

Quelque soit le prix qu'on se donne
On nage dans le même aquarium
On partage le même royaume
Où vous, vous êtes et nous, nous sommes
Où nous sommes des hommes pareils
Plus ou moins nus sous le soleil
Tous tendus vers l'espoir de vivre
Qu'est-ce qu'on vous apprend dans les livres
S'il y manque l'essentiel...?
S'il y manque l'essentiel...?

J'aime mieux ce monde polychrome
Où vous, vous êtes et nous, nous sommes...
Des hommes pareils...

22!

Deuxième annonce de la journée mais cette fois ce n'est pas trop tard pour réserver et je vous invite même à le faire:
2ème Festival de Charango
à l'UNESCO à Paris
le 22 mai à 19h30
Et figurez vous que Alfredo Coca revient...
en compagnie de Ernesto Cavour en personne, s'il vous plait
C'est donc un événement à ne pas manquer, une manifestation de la culture bolivienne dans toute sa splendeur, une occasion unique d'écouter d'immenses artistes -j'en ai déjà des frissons-.
venez nombreux!

IL vient!

A l'occasion de la visite officielle de
S.E. le Président de la République de Bolivie
M. Evo Morales Ayma,

Luzmila Carpio Sangüeza
Ambassadeur de la République de Bolivie en France

vous invite
à la Conférence Exceptionnelle de S.E.
à Sciences-Po
le 17 février 2009, à 19:30


Entrée par le 27, rue Saint-Guillaume, Paris 7ème.
(Horaire d'arrivée: 18:45)
Alors pour la petite histoire je crois que la réservation des places est déjà close... de toute façon je ne peux pas y aller alors je voulais que vous soyiez solidaires!... non sans rire si quelqu'un y va je VEUX un résumé digne de ce nom. C'est tellement important, tellement exceptionnel, ce n'est pas tous les jours qu'un président honnête et franc nous parle...

jeudi 12 février 2009

Université: les fainéants et les mauvais chercheurs, au travail!

Université: les fainéants et les mauvais chercheurs, au travail!

Par Pierre Jourde
(Écrivain et Professeur des Universités,
Grenoble III)

Une poignée de mandarins nantis qui ne fichent rien de leurs journées et refusent d'être évalués sur leur travail, manifeste contre la réforme Pécresse pour défendre des privilèges corporatistes et une conception rétrograde de l'université. Au travail, fainéants!
L'ignorance et les préjugés sont tels que c'est à peu près l'image que certains journalistes donnent du mouvement des chercheurs, des universitaires et des étudiants qui se développe dans toute la France. Au Monde, Catherine Rollot se contente de faire du décalque de la communication ministérielle, en toute méconnaissance de cause. Le lundi 9 février, Sylvie Pierre-Brossolette, sur l'antenne de France Info, défendait l'idée brillante selon laquelle, comme un chercheur ne produit plus grand-chose d'intéressant après quarante ans («c'est génétique»!), on pourrait lui coller beaucoup plus d'heures d'enseignement, histoire qu'il se rende utile.
Il aurait fallu mettre Pasteur un peu plus souvent devant les étudiants, ça lui aurait évité de nous casser les pieds, à 63 ans, avec sa découverte du virus de la rage. Planck, les quantas à 41 ans, un peu juste, mon garçon! Darwin a publié L'Evolution des espèces à 50 ans, et Foucault La Volonté de savoir au même âge. Ce sont des livres génétiquement nuls. Aujourd'hui, on enverrait leurs auteurs alphabétiser les étudiants de première année, avec de grosses potées d'heures de cours, pour cause de rythme de publication insuffisant. Au charbon, papy Einstein! Et puis comme ça, on économise sur les heures supplémentaires, il n'y a pas de petits profits.
Mais que Sylvie Pierre-Brossolette se rassure: le déluge de réformes et de tâches administratives est tel que son vœu est déjà presque réalisé. On fait tout ce qu'il faut pour étouffer la recherche. Les chercheurs et les enseignants-chercheurs passent plus de temps dans la paperasse que dans la recherche et l'enseignement. Ils rédigent les projets de recherche qu'ils auraient le temps de réaliser s'ils n'étaient pas si occupés à rédiger leurs projets de recherche. La réforme Pécresse ne fera qu'accroître cela.
Les journalistes sont-ils suffisamment évalués au regard de leurs compétences et de leur sérieux? Est-ce que c'est génétique, de dire des bêtises sur les antennes du service public?

On enrage de cette ignorance persistante que l'on entretient sciemment, dans le public, sur ce que sont réellement la vie et le travail d'un universitaire. Rien de plus facile que de dénoncer les intellectuels comme des privilégiés et de les livrer à la vindicte des braves travailleurs, indignés qu'on puisse n'enseigner que 7 heures par semaine. Finissons-en avec ce ramassis de légendes populistes. Un pays qui méprise et maltraite à ce point ses intellectuels est mal parti.

La réforme Pécresse est fondée là-dessus: il y a des universitaires qui ne travaillent pas assez, il faut trouver le moyen de les rendre plus performants, par exemple en augmentant leurs heures d'enseignement s'ils ne publient pas assez. Il est temps de mettre les choses au point, l'entassement de stupidités finit par ne plus être tolérable.

a) l'universitaire ne travaille pas assez
En fait, un universitaire moyen travaille beaucoup trop. Il exerce trois métiers, enseignant, administrateur et chercheur. Autant dire qu'il n'est pas aux 35 heures, ni aux 40, ni aux 50. Donnons une idée rapide de la variété de ses tâches:
- enseignement : Préparation des cours. Examens. Correction des copies (par centaines).
- Direction de mémoires ou de thèses. Lectures de ces mémoires (en sciences humaines, une thèse, c'est entre 300 et 1000 pages). Rapports. Soutenances. Jurys d'examens. Réception et suivi des étudiants.
- Elaboration des maquettes d'enseignement. Cooptation et évaluation des collègues (dossiers, rapports, réunions).
- Direction d'année, de département, d'UFR le cas échéant. Réunions de toutes ces instances. Conseils d'UFR, conseils scientifiques, réunions de CEVU, rapports et réunions du CNU et du CNRS, animations et réunions de centres et de laboratoires de recherche, et d'une quantité de conseils, d'instituts et de machins divers.
- Et puis, la recherche. Pendant les loisirs, s'il en reste. Là, c'est virtuellement infini : lectures innombrables, rédaction d'articles, de livres, de comptes rendus, direction de revues, de collections, conférences, colloques en France et à l'étranger.
Quelle bande de fainéants, en effet. Certains cherchent un peu moins que les autres, et on s'étonne? Contrôlons mieux ces tire-au-flanc, c'est une excellente idée. Il y a une autre hypothèse: et si, pour changer, on fichait la paix aux chercheurs, est-ce qu'ils ne chercheraient pas plus? Depuis des lustres, la cadence infernale des réformes multiplie leurs tâches. Après quoi, on les accuse de ne pas chercher assez. C'est plutôt le fait qu'ils continuent à le faire, malgré les ministres successifs et leurs bonnes idées, malgré les humiliations et les obstacles en tous genres, qui devrait nous paraître étonnant.
Nicolas Sarkozy, dans son discours du 22 janvier, parle de recherche «médiocre» en France. Elle est tellement médiocre que les publications scientifiques françaises sont classées au 5e rang mondial, alors que la France se situe au 18e rang pour le financement de la recherche. Dans ces conditions, les chercheurs français sont des héros. Les voilà évalués, merci. Accessoirement, condamnons le président de la république à vingt ans de travaux forcés dans des campus pisseux, des locaux répugnants et sous-équipés, des facs, comme la Sorbonne, sans bureaux pour les professeurs, même pas équipées de toilettes dignes de ce nom.

b) l'universitaire n'est pas évalué
Pour mieux comprendre à quel point un universitaire n'est pas évalué, prenons le cas exemplaire (quoique fictif) de Mme B. Elle représente le parcours courant d'un professeur des universités aujourd'hui. L'auteur de cet article sait de quoi il parle.
Elle est née en 1960. Elle habite Montpellier. Après plusieurs années d'études, mettons d'histoire, elle passe l'agrégation. Première évaluation. Travail énorme, pour un très faible pourcentage d'admis. Elle s'y reprend à deux fois, elle est enfin reçue, elle a 25 ans.
Elle est nommée dans un collège «sensible» du Havre. Comme elle est mariée à J, informaticien à Montpellier, elle fait le chemin toutes les semaines. Elle prépare sa thèse. Gros travail, elle s'y consacre la nuit et les week-ends. J. trouve enfin un poste au Havre, ils déménagent.
A 32 ans, elle soutient sa thèse. Il lui faut la mention maximale pour espérer entrer à l'université. Elle l'obtient. Deuxième évaluation.
Elle doit ensuite se faire qualifier par le Conseil National des Universités. Troisième évaluation.
Une fois cette évaluation effectuée, elle présente son dossier dans les universités où un poste est disponible dans sa spécialité. Soit il n'y en a pas (les facs ne recrutent presque plus), soit il y a quarante candidats par poste. Quatre années de suite, rien. Elle doit se faire requalifier.
Enfin, à 37 ans, sur son dossier et ses publications, elle est élue maître de conférences à l'université de Clermont-Ferrand, contre 34 candidats. C'est une évaluation (la quatrième), et terrible, 33 restent sur le carreau, avec leur agrégation et leur thèse sur les bras.
Elle est heureuse, même si elle gagne un peu moins qu'avant. Environ 2000 Euros.
Elle reprend le train toutes les semaines, ce qui est peu pratique pour l'éducation de ses enfants, et engloutit une partie de son salaire. Son mari trouve enfin un poste à Clermont, ils peuvent s'y installer et acheter un appartement. Mme B développe ses recherches sur l'histoire de la paysannerie française au XIXe siècle. Elle publie, donne des conférences, tout en assumant diverses responsabilités administratives qui l'occupent beaucoup.
Enfin, elle se décide, pour devenir professeur, à soutenir une habilitation à diriger des recherches, c'est-à-dire une deuxième thèse, plus une présentation générale de ses travaux de recherche. Elle y consacre ses loisirs, pendant des années. Heureusement, elle obtient six mois de congé pour recherches (sur évaluation, là encore Cinquième). A 44 ans, (génétiquement has been, donc) elle soutient son habilitation (Sixième).
Elle est à nouveau évaluée, et qualifiée, par le CNU (Septième). Elle se remet à chercher des postes, de professeur cette fois. N'en trouve pas. Est finalement élue (évaluation sur dossier et entrevue, la Huitième donc), à 47 ans, à l'université de Créteil. A ce stade de sa carrière, elle gagne 3500 euros par mois.
Accaparée par les cours d'agrégation, l'élaboration des plans quadriennaux et la direction de thèses, et, il faut le dire, un peu épuisée, elle publie moins d'articles. Elle écrit, tout doucement, un gros ouvrage qu'il lui faudra des années pour achever. Mais ça n'est pas de la recherche visible.
Pour obtenir une promotion, elle devra se soumettre à une nouvelle évaluation, qui risque d'être négative, surtout si le président de son université, à qui la réforme donne tous pouvoirs sur elle, veut favoriser d'autres chercheurs, pour des raisons de politique interne. Sa carrière va stagner.
Dans la réforme Pécresse, elle n'est plus une bonne chercheuse, il faut encore augmenter sa dose de cours, alors que son mari et ses enfants la voient à peine. (Par comparaison, un professeur italien donne deux fois moins d'heures de cours).
Ou alors, il faudrait qu'elle publie à tour de bras des articles vides.
Dans les repas de famille, son beau-frère, cadre commercial, qui gagne deux fois plus qu'elle avec dix fois moins d'études, se moque de ses sept heures d'enseignement hebdomadaires.
Les profs, quels fainéants!

***
Personnellement, j'aurais une suggestion à l'adresse de Mme Pécresse, de M. Sarkozy et accessoirement des journalistes qui parlent si légèrement de la recherche. Et si on fichait la paix à Mme B? Elle a énormément travaillé, et elle travaille encore. Elle forme des instituteurs, des professeurs, des journalistes, des fonctionnaires.
Son travail de recherche permet de mieux comprendre l'évolution de la société française. Elle assure une certaine continuité intellectuelle et culturelle dans ce pays. Elle a été sans cesse évaluée. Elle gagne un salaire qui n'a aucun rapport avec ses hautes qualifications. Elle travaille dans des lieux sordides. Quand elle va faire une conférence, on met six mois à lui rembourser 100 euros de train. Et elle doit en outre subir les insultes du président de la république et le mépris d'une certaine presse.
Eh bien, ça suffit.
Voilà pourquoi les enseignants-chercheurs manifestent aujourd'hui.
P.J.

lundi 2 février 2009

Rendez-vous

L’Ambassade de Bolivie en France vous invite à la
Conférence-débat :
« COCA ET RESISTANCE »
et les enjeux après l’approbation de la Nouvelle Constitution.
Qui aura lieu à la Maison de l’Amérique Latine
(217, Boulevard Saint Germain 75007 Paris.
Métro Solférino – Rue du Bac)
Le Mercredi 11 février à 20 :00

Avec la participation du :
Vice Ministre des Affaires Etrangères, Vice Ministre d’Investissement public, Directeur des Relations Bilatérales du Ministère d’Affaires Etrangères, Dionicio Núñez, ex député du Mas et membre de l’Assemblée Constituante, Reynaldo Calcina et Sabino Mendoza (dirigents cocaleros).
En présence de l’Ambassadrice de Bolivie : Luzmila Carpio Sangüeza.