vendredi 29 février 2008

La grande aventure

Le magazine National Geographic de mars 2008 sortira avec un supplément consacré à la magnifique aventure automobile de la Croisère Jaune réalisée en 1931 et suivie à l'époque par un reporter du magazine. Ce supplément d'une trentaine de pages raconte d'abord l'épopée des véhicules Citroën avec des cartes et des photos de l'époque. Mais surtout, et en rapport avec l'exposition "Orients sans frontières" qui a lieu à l'Espace Louis Vuitton à Paris du 9 février au 27 avril 2008-, le National Geographic refait "le voyage à l'envers", en offrant au visiteur une vision tout à fait actuelle des pays traversés par la Croisière Jaune à travers le regard et les oeuvres d'artistes originaires de ces régions. A lire donc, et aussi sans doute à voir...

C'est reparti!

Hier le Président Evo Morales a donné le feu vert pour les référendums concernant la loi sur le latifundio et l'approbation de la nouvelle Constitution. Encore une fois l'opposition a crié au "coup d'état", à la "dictature" et à l'"agression à la Démocratie", car encore une fois la plupart de leurs députés étaient absents lors de la cession. La soirée a en plus été plutôt violente puisque des représentans de différents secteurs en ont profité pour se faire entendre: cocaleros, paysans et mineurs coopérativistes se sont manifestés à coups de dynamite. Ce qui se passe c'est que ces groupes font de plus en plus pression pour que les débats se terminent, et donc hier s'en sont pris à des députés de l'opposition qui ralentissent le processus constitutionnel depuis des mois. Ceux-ci ont d'ailleurs parlé de "dictature indigène" après ces événements, car encore une fois les "ponchos rojos" sont venus en renfort pour selon eux protéger le parlement. Bref, malgré tout Evo Morales tient bon et maintient le cap en faisant adopter les lois sur les référendums. A suivre...

jeudi 28 février 2008

Ingrid, suite de l'analyse

Juste une petite précision sur Ingrid Bétancourt puisqu'en ce moment son ex mari témoigne au journal de Canal +. Les FARC n'ont pas intérêt non plus à ce que Ingrid soit libérée étant donné que le gouvernement colombien n'a qu'une envie: les réduire en bouillie. Ingrid est donc en ce moment en quelque sorte leur "bouclier". Alors comme je pense comprendre que l'otage est en réalité dans un état de santé bien pire que ce qu'on nous dit, il y a deux solutions. Soit Ingrid meurt en détention et c'est la colère internationale: le gouvernement colombien se lance alors sans scrupules dans un assaut en règle des positions révolutionnaires. Soit Ingrid est libérée et le gouvernement colombien n'a plus d'obstacle pour détruire les FARC. De toute façon les choses risquent de se terminer de manière très violente...

Pourquoi Ingrid est toujours dans la jungle

Alors aujourd'hui je me lance dans une petite explication: chercher à expliquer pourquoi Ingrid Bétancourt n'est toujours pas libérée et pourquoi elle a peu de chance de l'être. Faisons un petit retour en arrière: Ingrid, il y a 6 ans, a été kidnapée par les FARC -les forces armées révolutionnaires de Colombie, un groupe de guerrilla d'orientation marxiste- alors qu'elle était candidate à la Présidence de la République et que son programme était résolument tourné vers la paix et la lutte contre le trafic de drogue. Mais les choses telles qu'elles sont présentées aujourd'hui dans tous les journaux télévisés ne sont pas si simples, et réduire le conflit aux bons d'un côté -le gouvernement, la Démocratie en générale- et aux méchants de l'autre -ici les FARC- est très réducteur.
Cette lutte armée dure en fait depuis la fin des années 40-début des années 50 et s'est rapidement transformée en guerre civile mettant en opposition les FARC -créées en 1964- et les différents gouvernements en place. En 1960 sont créées les milices paramilitaires, entrainées et financées par les Etats-Unis pour lutter de manière forte contre l'agitation communiste. Rappelons au passage que les Etats-Unis ont installé en Amérique Latine ce genre de groupes militarisés partout où le communisme pointait le bout de son nez (en particulier dans les décennies 60-70-80 et l'époque de la "chasse aux sorcières". Ces années correspondent d'ailleurs avec les dictatures les plus sévères en Amérique Latine, il faut faire le parallèle... Bref. Dans les deux camps, FARC et paramilitaires, les méthodes sont plus ou moins les mêmes: enlèvements, séquestrations, pressions de tout type. Il faut cependant signaler qu'au petit jeu du rapt les paramilitaires ont un palmarès beaucoup plus impressionnant que la guérilla et qu'à ceci s'ajoute des méthodes plus radicales: torture, exécutions sommaires de civils dans les villages... Le point névralgique de cette lutte féroce est aujourd'hui le trafic de drogue qui apporte des revenus aux deux camps et donc les rapproche en quelque sorte.
Revenons maintenant à Ingrid Bétancourt. Il y a plusieurs raisons qui font qu'elle se trouve toujours dans la jungle et que sa libération tarde autant. D'abord, elle est le porte parole de la lutte anti drogue et personne n'a intérêt à ce qu'elle sorte, ni les FARC, ni le gouvernement colombien de Uribe -qui contrairement à ce qu'on croit ne prend aucune décision, étant lui-même commandé directement par les Etats-Unis, ce pays étant le plus impliqué dans le trafic de drogue. Mais après 6 ans, pourrait-on dire, il y a peu de chance pour qu'en sortant Ingrid se relance dans le combat politique. Certes, mais elle en est tout de même le symbole, et son maintien en détention représente d'ailleurs bien l'immobilisme à grande échelle qui garde le pays plongé dans un état de guerre permanent, et ceci dû aux conflits d'intérêts des différents camps. Les autres otages sont aussi des politiques, députés et autres militants pour la paix mais ne portent pas autant le poids du symbole comme Ingrid (car au fil des années il s'agit bien d'un poids, et la médiatisation grandissante ne fait qu'accentuer son aura) .
Certains se demandent: pourquoi Hugo Chavez plus que les autres peut faire libérer les otages? Déjà parce que le président vénézuélien est proche des différents mouvements de libération en Amérique Latine et qu'il a donc une communication directe avec les FARC. Deuxièment parce que Nicolas Sarkozy a beau tenter de se faire une place au soleil dans le règlement de ce conflit, il est totalement en dehors des intérêts mis en jeu et est aussi très proche des Etats-Unis, ce qui vous l'aurez compris ne plait pas vraiment aux FARC. Finalement parce que je l'ai dit plus haut, Uribe et à travers lui les Etats-Unis n'ont aucune envie de faire libérer Ingrid.
Voilà, j'ai tenté de remettre les choses à leur place et de nommer les différents acteurs, chose que les médias ne font plus puisque pour la plupart ils rejettent aujourd'hui toute la responsabilité de 50 ans de guerre civile sur les FARC. Vous aurez compris que je suis assez pessimiste en ce qui concerne une éventuelle libération d'Ingrid Bétancourt, même si cela ne veut pas dire que je ne l'espère pas malgré tout.

mardi 26 février 2008

Ah la bonne blague!

Hier à Courchevel un syndicat de pisteurs et d'employés de la station se sont mis en grève pour demander des primes et le départ d'un des responsables. Mais les malheureux (enfin tout est relatif) parisiens qui venaient faire du ski ne l'ont pas tout à fait digéré! Encore aujourd'hui ils râlaient, se plaignaient (enfin comme d'habitude en fait). La plupart des vacanciers se sont fait rembourser leur forfait d'hier, certains disent ne pas comprendre, s'être sentis "pris en otage". Tout de suite les grands mots! Je rappelle aux parisiens que le droit de grève existe en France -ils devraient pourtant le savoir-, et que le stress et la mauvaise humeur en vacances est totalement contre productif et très mauvais pour l'organisme. A quoi bon payer une fortune une semaine à la montagne si au bout d'un malheureux jour de grève on a déjà retrouvé son caractère mal luné de d'habitude? J'enfoncerai le clou en suggérant de comparer le salaire des parisiens qui viennent skier à Courchevel (l'une des stations les plus chic des Alpes) et celui des pisteurs et autres employés saisonniers qui les accueillent...

lundi 25 février 2008

Comment éviter la flambée des prix

En Bolivie aussi les prix augmentent à vue d'oeil: le pain, les légumes, les pâtes, la farine, les pommes de terre... en somme les produits de base de l'alimentation, un peu comme en France en ce moment. Je suis en train d'écouter une étonnante émission en direct ce matin sur la radio Pio XII de Oruro:
http://www.radiopio12.org/
Le journaliste évoque justement l'inflation et dénonce la spéculation sur les produits alimentaires, et demande à son envoyée spéciale de faire tous les marchés de Oruro pour comparer les prix. Elle se rend donc dans toute la ville et énumère les prix des pommes de terre par exemple. Lorsqu'elle trouve un étalage où les légumes sont les moins chers, le journaliste en studio lui demande de situer très précisément le marché où elle a trouvé ses patates au prix imbattable, "pour que les gens sachent où aller acheter leurs produits", dit-il, "pour lutter contre la spéculation". Une sorte d'émission solidaire avec les ménagères qui peinent de plus en plus à remplir leur panier en quelque sorte. A moins que le journaliste ait des actions chez les petits commerçants dont il fait la pub!
Imaginez deux secondes un journaliste d'une grande radio française aller dans tous les supermarchés de France et appeler ses auditeurs à acheter chez le moins cher...

dimanche 24 février 2008

Chronique d'ici

Forêt d'Orléans, dimanche 24 février, 11h30. Première pause. La lumière tamisée d'un sous bois. Au dessus de nos têtes, les cimes des sapins majestueux sur lesquelles se repose le ciel bleu sans nuages. Des cris perçants: deux buses valsent dans l'azur. Silence feutré. Juste le craquement des branches sous nos pas. Nous sommes dans le domaine des grands animaux. Ici ils sont encore chez eux. Cela rassure finalement de se sentir encore étranger dans certains endroits, de savoir qu'ici c'est la nature qui règne, pas nous.
12h30, deuxième pause. Assis sur deux souches, le casse croûte prend une saveur tout autre. Les buses au-dessus de nos têtes à nouveau. Les regarder tournoyer en silence, sans mots face à la beauté du monde. Marcher pour se ressourcer, dépoussiérer son cerveau encombré d'inutile, ouvrir ses poumons et tout son corps aux vraies choses. Un chemin au milieu des arbres, une conversation simple, le partage, le plaisir d'être ensemble sur la même route ne serait-ce qu'un instant. Merci à mon guide d'un jour de m'avoir fait partager un de ces moments-parenthèses qui sont parfois plus bénéfiques que tout le quotidien-charabia qui les entourent!

mercredi 20 février 2008

Il y a aussi des satisfactions!


Non, le collège ce n'est pas que des élèves qui insultent les profs, qui leur envoient des cendriers brisés dans la figure ou qui se plantent des ciseaux dans la main. Non, parfois le collège c'est aussi de bons moments, de très bons moments qui nous font dire qu'on peut aussi avoir l'impression de servir à quelque chose. Personnellement j'aime beaucoup les faire travailler sur des chansons car c'est un support qui attire l'attention des jeunes -que ça leur plaise ou leur déplaise, ça ne les laisse pas indifférents- et qui permet d'apprendre des choses sur un mode plus agréable. Un exemple. J'ai étudié avec mes classes de 3ème des documents sur le thème de l'amour. A la fin de cette séquence je leur ai fait écouter une chanson interprétée par Gloria Estefan, intitulée Hoy, et écrite par le péruvien Gian Marco.
Grâce à une fiche de compréhension ciblée, les élèves repèrent les sentiments de la chanteuse par rapport à son bien aimé: l'absence et la douleur qu'elle provoque, le fait qu'elle pense toujours à lui, l'espoir de le retrouver... Au cours suivant, les jeunes ont déjà couru voir le clip sur internet:
http://www.dailymotion.com/relevance/search/hoy/video/xhsra_gloria-estefan-hoy
Et les questions fusent alors: "mais madame le clip il n'a rien à voir, c'est une chanson d'amour et on ne voit presque que des paysages..."
Je les laisse encore mariner un peu et nous terminons la fiche de compréhension en relevant dans le texte des paroles les termes en rapport avec la géographie. Puis je pose la question fatidique: mais au fait, ça ne peut pas être une chanson d'amour à autre chose qu'à une personne? Et là normalement les neurones se connectent: "oui, à un pays madame! c'est une chanson d'amour à un pays!"
Et en relisant le titre ils font la relation avec l'auteur, Gian Marco, qui est péruvien. Du coup on réécoute la chanson, et comme de nombreux élèves sont d'origine étrangère, cela leur évoque forcément quelque chose. Etre loin de son pays, avoir la nostalgie, rêver d'y revenir, ça touche beaucoup de jeunes. D'ailleurs j'ai été surprise et touchée de voir qu'une de mes élèves de 3ème née en Afrique, en comprenant le thème de la chanson, a été très très émue.
Aujourd'hui donc, la dernière étape: le chant! Au début les ados sont toujours très timides, chanter devant ses camarades ce n'est pas évident. Mais là encore j'ai été de plus en plus surprise: ils se sont lancés, deux par deux, et au fur et à mesure des groupes les voix se sont faites plus fortes, jusqu'à ce qu'à la fin ils n'aient plus besoin de ma -modeste!- aide vocale. Je me suis rendue discrètement au fond de la salle et les ai écoutés chanter tous ensemble, et je vous assure qu'autant certains jours des coups de pieds au fesses se perdent, autant aujourd'hui je me suis sentie plutôt... émue! La musique fait partager des choses, je le savais déjà et ça se confirme.
Pour terminer voici la vidéo de la chanson chantée en concert à Lima par Gian Marco lui même. Elle est un peu longue mais prenez le temps de la visionner en entier: d'abord pour l'introduction où l'artiste dédie sa chanson à son pays, la voix marquée par l'émotion; ensuite pour la qualité musicale et les paroles magnifiques (que je transcris en dessous); aussi pour les danses et le folklore péruvien qui débarque sur scène comme un vent frais des montagnes; finalement pour les scènes de partage entre le public et son artiste, et toute l'émotion qui le submerge à la fin et qui montre bien que même le plus grand des artistes n'oublie pas d'où il vient, et rien que pour ça Gian Marco est admirable.


HOY

Tengo marcado en el pecho
todos los días que el tiempo
no me dejó estar aquí.

Tengo una fe que madura
que va conmigo y me cura
desde que te conocí.

Tengo una huella perdida
entre tu sombra y la mía
que no me deja mentir.

Soy una moneda en la fuente,
tú mi deseo pendiente,
mis ganas de revivir.

Tengo una mañana constante
y una acuarela esperando
verte pintado de azul.

Tengo tu amor y tu suerte,
y un caminito empinado.
Tengo el mar del otro lado,
tú eres mi norte y mi sur.

Coro:
Hoy voy a verte de nuevo,
voy a envolverme en tu ropa.
Susúrrame en tu silencio
cuando me veas llegar.

Hoy voy a verte de nuevo,
voy a alegrar tu tristeza.
Vamos a hacer una fiesta
pa' que este amor crezca más.

Tengo una frase colgada
entre mi boca y mi almohada
que me desnuda ante ti.

Tengo una playa y un pueblo
que me acompañan de noche
cuando no estás junto a mi.

Tengo una mañana constante
y una acuerla esperando
verte pintado de azul.

Tengo tu amor y tu suerte
y un caminito empinado.
Tengo el mar del otro lado,
tú eres mi norte y mi sur.

lundi 18 février 2008

Des signes sur le chemin

Atahualpa Yupanqui l'a très bien chanté et c'est pour cela que je vous le fais partager aujourd'hui, le fait que sur notre chemin parfois on se reconnaisse des frères, un frère, parce qu'il a le regard éperdu vers le même ailleurs, parce qu'il se nourrit des mêmes musiques, des mêmes souvenirs, des mêmes rêves. Voici le texte et la traduction de la chanson qui personnellement m'évoque des soirées de khantus telluriques et de tarkeadas vibrantes d'amitié, de chants partagés, et tellement plus aussi...


Los hermanos
Atahualpa Yupanqui

Yo tengo tantos hermanos,
que no los puedo contar,
en el valle, la montaña,
en la pampa y en el mar.

Cada cual con sus trabajos,
con sus sueños cada cual,
con la esperanza delante,
con los recuerdos, detrás.

Yo tengo tantos hermanos,
que no los puedo contar.

Gente de mano caliente
por eso de la amistad,
con un rezo pa’ rezarlo,
con un llanto pa’ llorar.

Con un horizonte abierto,
que siempre está más allá,
y esa fuerza pa’ buscarlo
con tesón y voluntad.


Cuando parece más cerca
es cuando se aleja más.
Yo tengo tantos hermanos,
que no los puedo contar.

Y así seguimos andando
curtidos de soledad,
nos perdemos por el mundo,
nos volvemos a encontrar.

Y así nos reconocemos
por el lejano mirar,
por las coplas que mordemos,
semillas de inmensidad.

Y así seguimos andando
curtidos de soledad,
y en nosotros nuestros muertos
pa’ que naide quede atrás.


Yo tengo tantos hermanos,
que no los puedo contar,
y una novia muy hermosa
que se llama libertad.


Les frères

J’ai tant de frères,
Que je ne peux les compter,
Dans la vallée, la montagne,
Sur la plaine et sur les mers.

Chacun avec ses peines,
Avec ses rêves chacun,
Avec l’espoir devant,
Avec derrière les souvenirs.

J’ai tant de frères,
Que je ne peux les compter.

Des mains chaleureuses,
De leur amitié,
Avec une prière pour prier,
Et une complainte pour pleurer.

Avec un horizon ouvert,
Qui toujours est plus loin,
Et cette force pour le chercher
Avec obstination et volonté.

Quand il semble au plus près
C’est alors qu’il s’éloigne le plus.
J’ai tant de frères,
Que je ne peux les compter.

Et ainsi nous allons toujours
Marqués de solitude,
Nous nous perdons par le monde,
Nous nous retrouvons toujours.

Et ainsi nous nous reconnaissons
Le même regard lointain,
Et les refrains que nous mordons,
Semences d’immensité.

Et ainsi nous allons toujours,
Marqués de solitude,
Et en nous nous portons nos morts
Pour que personne ne reste en arrière.

J’ai tant de frères,
Que je ne peux les compter,
Et une fiancée très belle
Qui s’appelle liberté.



(Photo: Luis CHUGAR)
(Si quelqu'un se reconnaît dans mes propos, ce n'est peut-être pas fortuit...)

dimanche 17 février 2008

Cadeau du dimanche

Voici un lien vers une radio sur le web qui diffuse en continu des morceaux du folklore bolivien et des morceaux de musique autochtone aussi parfois:
http://www.ciudadelalto.org.bo/radio.htm
Bon, certes le budget ne doit pas être énorme puisqu'ils ont une petite tendance à la répétition. Par exemple en ce moment ils sont en train d'user les disques de Awatiñas (entre parenthèse c'est beaucoup mieux que rien!) et de Savia Andina... Mais rien que pour la tarkeada que j'écoute en ce moment cette page vaut le coup d'être visitée. Elle est par ailleurs idéale en fond musical quand la radio et la télé française, elles aussi quelque peu répétitives en ce moment, vous font suer...

vendredi 15 février 2008

Il y a des jours comme ça...

Il y a des jours comme ça où il fait gris à Paris, où les vacances approchent et pas l'ombre d'un centime dans le portefeuille, il y a des jours comme ça où justement on se met à penser qu'on serait bien là tout de suite dans les montagnes, un peu de mélancolie, beaucoup de nostalgie. Il y a des jours comme ça où on se souvient de plein de choses, parce qu'il s'en est passé dans ces fichues montagnes, on en a usé des semelles et des rêves, on s'en est tordu des chevilles et des illusions. La Savoie, c'est une grande histoire, et c'est surtout la mienne qui s'y est écrite. Les seules qui n'y aient pas laissé de plumes ce sont mes amies les vaches!




(Saint Nicolas de Véroce-été 2006, photo emi)











(Barrage de Roselend- été 2005, photo emi)








(Valais Suisse- été 2005, photo emi)
(été 1992)
Une grande et longue histoire je vous disais...

mercredi 13 février 2008

Deuil national

Bon, je ne veux parler de Henri Salvador, même si c'est triste aussi quand même. Non, je veux parle de la mort de Wilson Hermosa, l'un des fondateurs, des piliers du groupe Los Kjarkas. Le grand défenseur du charango aussi. Il avait 64 ans, encore des années de musique devant lui. Il y a des jours comme ça où on préfèrerait ne pas s'être levé. Une attaque cérébrale à Cochabamba, et le coeur de la Bolivie cesse de battre pour un instant. Ulises en 1992, Wilson en 2008. C'est une époque qui se dilue dans la mémoire nationale et internationale. Mais la musique, elle, reste.

Kjarkas (Bolivia) en concierto

lundi 11 février 2008

Brevet déposé

Je suis en train de lire des articles concernant le sujet du concours de l'Agrégation d'espagnol (si si c'est toujours d'actualité!) "Femmes et Démocratie: les Espagnoles dans l'espace public (1868-1978)". Et une information a retenu mon attention: le fait que les fascistes du général Franco, bien avant que les nazis et les français après la deuxième Guerre Mondiale n'utilisent la méthode, étaient des adeptes du crâne rasé. Je m'explique. Les fascistes (nous sommes pendant la Guerre Civile espagnole, 1936-39 et les années qui suivent immédiatement) considéraient les femmes comme des êtres inférieurs et dont la place était au foyer, dans la sphère privée. Les femmes républicaines étaient donc doublement persécutées, de par leur sexe mais aussi de par leur orientation opposée au régime franquiste de défense de la république et de la démocratie. Par conséquent on leur faisait subir les pires humilliations. L'un des châtiments favoris des franquistes consistait à raser le crâne des femmes, souvent pour les obliger à dénoncer leur mari, un frère, leur père, la plupart du temps pour amuser les gardiens de prison chargés de leur surveillance. Voici des témoignages recueillis par Maud Joly (le monde est petit, je me trouvais en Espagne avec elle il y a exactement 4 ans... mais ça c'est pour la petite histoire!):
"A une femme nommée Paula on lui a inscrit les lettres UHP (Union de los Hermanos Proletarios) au fer rouge, on lui a rasé la tête et on l'a fait marcher devant un bataillon (...) Par dérision et pour se moquer, on leur a rasé la tête en leur laissant une petite bande avec les couleurs du drapeau de la Monarchie"
"Les premiers jours, ils ont rasé les filles, ils leur ont donné un laxatif et les ont conduites en sous vêtements à travers les rues, pour que tout le monde les voit (...) on leur donnait de l'huile de ricin (...) on les balladait dans tout Séville et eux se marraient"
Tout ça pour dire que d'après les études, les français à la Libération n'ont pas poussé la cruauté aussi loin. On croyait avoir le monopole de la torture, c'est râté. Je dis cela avec une bonne dose d'ironie (cette fois je le spécifie pour ne pas avoir à essuyer des commentaires assassins...) mais les faits sont malheureusement ce qu'ils sont et il est bon parfois, même si en Espagne on tente d'enterrer ce passé le plus profond possible, de se rafraichir la mémoire pour le bien de tous.
Et dire que la dernière statue de Franco a été déboulonnée très récemment et de nuit pour ne pas irriter ses partisans encore très nombreux chez nos voisins ibériques... charmant, l'Espagne, pour y passer ses vacances disiez-vous?...

vendredi 8 février 2008

Portraits croisés

Le 10 février 1781, dans la ville de Oruro, métisses et créoles s'allient à la rebellion indigène et s'en prennent à tout ce qui est espagnol: leurs maisons sont brûlées, leurs biens saccagés. Cette révolte sanglante fait écho à celle menée par Tupaj Amaru et parallèlement par Tupaj Katari dans les années 1780-81. Mais qui étaient ces deux figures dont les noms restent ancrés dans l'histoire commune du Pérou et de la Bolivie?
TUPAJ AMARU d'abord, en réalité José Gabriel Condorcanqui, nait près de Cuzco vers 1740. Eduqué par les Jésuites, il prend le nom de l'Inca Tupaj Amaru dont il est un descendant et décide de restaurer l'Empire Inca. Seulement un de ses critères de gouvernement ne fut pas forcément accepté par les indigènes puisqu'il n'avait pas pour but de détruire tout ce qui était espagnol: il pensait en effet inclure les métisses et créoles qui souffraient aussi d'une certaine manière de la domination de la Monarchie Ibérique. Sa guerre, il la déclare donc à ce qui vient de la Péninsule. Il propose la suppression de la mit'a (le travail forcé) et le réattribution des terres aux indigènes. Cette rebellion, mûrie pendant 10 ans, connaît son apogée entre 1780 et 1781, date à laquelle Tupaj Amaru est écartelé.
TUPAJ KATARI, en réalité Julian Apaza, forme son nom à partir de ceux de deux grands caudillos de la rebellion: Tupaj Amaru et Tomas Katari. Contrairement à Tupaj Amaru il vient de la masse indigène et est quasiment analphabète, ce qui n'empêche pas ce rebelle de la région de la Paz de faire preuve d'une ambition débordante. C'est d'ailleurs cette caractéristique qui le mènera à faire le siège de La Paz en mars 1781. Trahi, il tomba lui aussi entre les mains des espagnols et fut executé. Ecartelé, ses restes furent dispersés dans des directions opposées.
Et les femmes dans tout ça? Un nom, symbole pour tout le peuple bolivien, Bartolina Sisa, se détache de cette histoire. Bartolina était la femme de Tupaj Katari et ne se ménage pas dans la lutte indigène. Elle sera même un des meneurs actifs du second siège de la Paz. Elle finira torturée et écartelée sous les yeux de son compagnons à seulement 26 ans.
S'il ne fallait retenir qu'une phrase de toute cette terrible histoire, ce serait celle de Tupaj Katari juste avant son exécution:
“a mi solo me mataréis, pero mañana volveré y seré millones”.
"Demain je reviendrai et je serai des millions", en effet, non seulement ces révoltes marquèrent l'histoire du Pérou et de la Bolivie en ce qu'elles déstabilisèrent la Couronne espagnole et représentèrent les premiers élans indépendentistes; mais aujourd'hui encore le mouvement indigène -en particulier aymara- revendique cet héritage et l'assume totalement. Le réveil d'un peuple diront certains, des phrases qui font froid dans le dos diront d'autres... Voici un lien vers un journal qui pourra vous donner une bonne idée de cette idéologie de par son ton parfois extrémiste, toujours orienté:

jeudi 7 février 2008

A lire!

A lire de toute urgence le magazine Geo Histoire -de janvier- février- mars 2008 - sorti ce mois ci et consacré à l'or dans l'histoire des Andes, de la Colombie au Chili en passant par l'Equateur, le Pérou et la Bolivie, son symbolisme, son art et son histoire dans l'Empire Inca mais également avant celui ci, et son rôle clé au moment de la Conquête espagnole.

mercredi 6 février 2008

Les danses du Carnaval

Voici une petite présentation rapide des principales danses et des costumes que l'on peut admirer au Carnaval de Oruro en Bolivie. De quoi faire palir de jalousie et baver d'envie ceux qui n'y sont pas (et je déplore en faire partie...)
Voici tout d'abord la Morenada, parodie des conquistadors espagnols qui exagère leur accoutrement à travers des costumes qui pèsent parfois jusqu'à 20 kg. Mais la Morenada a également une autre dimension en ce qu'elle figure par le son des crécelles le bruit des chaînes de esclaves noirs et ainsi rappelle une autre facette de la Colonisation.
(Photo:emi)
La Diablada ensuite est quant à elle toute une mise en scène du combat entre le bien et le mal, l'archange et le démon, dans une manifestation totalement syncrétique puisqu'elle représente aussi bien les forces positive et négative ancestrales et traditionnelles ainsi que les références catholique.

(Photo:emi)

Les Caporales eux réprésentent, également de manière parodique, les contremaîtres mulâtres et leur ascendant sur les esclaves noirs dans les plantations. Les maîtres sont ici odieux et ont des méthodes assez violentes dans la mesure où le fouet est leur attribut.



(Photo:emi)

Les Tobas enfin, spéctaculaires par leurs costumes faits de plumes élégantes et de lances et leurs sauts dans la danse, sont la représentations des peuples indigènes de l'Amazonie bolivienne. On y remarque en particulier des guerriers et des sorciers plus imposants les uns que les autres.

(Photo:emi)
Et voici un lien vers LE site du Carnaval de Oruro, avec des videos des toutes les danses et des liens vers les différentes fraternidades. Il y a même une vidéo de la ch'alla.
http://www.orurocarnaval.com/VIDEOS/index.htm

Martes de ch'alla

Hier était un jour férié en Bolivie puisque c'était le "martes de ch'alla", le mardi de Carnaval. Les boliviens se sont réunis pour remercier la Pachamama pour les faveurs qu'elle leur a accordées et pour lui en demander d'autres. Tant que ça marche, on continue! On a fait asperger qui son bus, qui sa voiture ou sa maison de chicha ou de bière et fait la q'oa dans l'allegresse générale. Espérons seulement que les bus bénis et placés sous la protection de la Pachamama ne tomberont plus dans les ravins... mais aussi que leurs chauffeurs n'ont pas pris la route le soir même après avoir bien arrosé la fête (ceci expliquant généralement cela...) Le ciel a par ailleurs et étonnament été clément, apportant une trève dans les intempéries, mais l'eau était tout de même au rendez vous étant donné que la tradition veut qu'on s'asperge d'eau en faisant éclater des ballons par exemple dans une aspersion incontrôlée.

samedi 2 février 2008

Chandeleur gourmande

Marre des crêpes suzette, des crêpes flambées au rhum, des crêpes au chocolat? Voici une suggestion pour tout ceux qui n'ont peur de rien -attention les yeux!-:
crêpes "savoyardes"
La pâte à crêpes:
Pour 15 crêpes
250 g farine
1/2 l de lait concentré ou 1/4 l lait ordinaire
3 oeufs
1 c à soupe d'huile
pincée de sel
Mettez la farine dans un grand saladier. Creusez un puits, incorporez les oeufs et le sel. Délayez au fouet à main en versant progressivement le lait pur,
puis l'huile. Le mélange doit être lisse. Laissez reposer au moins 2 h.
Avant l'emploi, rajoutez si besoin est un peu d'eau tiède : la pâte doit être assez fluide pour recouvrir le fond de la poêle, sitôt versée.
Faites chauffer une noisette de beurre dans la poêle. Versez une louche de pâte. Laissez cuire 2 min. Retournez la crêpe à la spatule (ou faites la sautez si vous avez un peu d'entrainement!)
Laissez encore cuire 1 min.
La sauce:
Faire cuire des pommes de terre à l'eau puis les découper en rondelles.
Dans une casserole, faire revenir des oignons coupés en lamelles fines et des lardons, ainsi que les rondelles de pomme de terre.
Une fois que les lardons sont biens dorés retirer de la poêle.
Dans la même poêle, faire fondre des morceaux de tomme et ajouter de la crème fraiche et un peu de vin blanc.
Mise en place:
Dans un plat, placer les crêpes. Fourrer chacune d'entre elles du mélange lardons, oignons et pomme de terre et d'un peu de sauce à la tomme. Rouler la crêpe et répéter l'opération pour les autres.
Naper du reste de sauce à la tomme et mettre au four pour que le tout soit bien chaud.
Servir avec le même vin blanc que vous avez mis dans la sauce, pourquoi pas un Apremont -la Savoie regorge de délicieux vins blancs!- et le tour est joué.
Alors, convaincus?!

vendredi 1 février 2008

Série noire

De mieux en mieux, les catastrophes s'enchaînent. Tout le monde parle depuis des semaines et surtout depuis plusieurs jours des terribles inondations qui ravagent la Bolivie, et voilà que la terre se met à trembler. Hier à Cochabamba un séisme de magnitude 4,5 sur l'échelle de Richter a réveillé la ville à l'aube. Pas de dégâts à signaler, seulement quelques meubles qui ont bougé, rien de plus. L'épicentre se situait apparemment dans la province du Chapare, vers Villa Tunari, à environ 90 km de Cochabamba. Rien d'exceptionnel en fait étant donné que la région se situe sur une zone connaissant une activité sismique constante, même si les séismes n'ont jamais dépassé une magnitude de 4,5 sur l'échelle de Richter. Pour le moment, une quelconque relation avec le phénomène de la Niña reste encore à démontrer et rien n'est moins sûr. Cependant, les mouvements provoqués par le tremblement de terre pourraient affecter les zones déjà inondées et provoquer des glissements de terrain et des coulées de boue.
(Photo: Luis CHUGAR)
Petite note positive et toujours paradoxale. Alors que la terre tremblait commençait "el Dia de Comadres" précédent le Carnaval et pendant lequel les femmes réunies entre elles ont laissé libre cours à leur joie de voir la fête approcher à grands pas. Jeudi dernier, lors du "Jueves de compadres", c'était les hommes qui s'étaient rassemblés pour faire la fête.