samedi 27 octobre 2007

Evo Pueblo

Ce mardi est sorti dans toutes les salles de Bolivie le film Evo Pueblo qui retrace le parcours de notre cher Président, de son enfance jusqu'à aujourd'hui, en passant par les différents combats qu'il a menés, en particulier avec les cocaleros du Chapare. Même si d'après les critiques la qualité du film n'est pas excellente du point de vue du style et de la manière dont il est filmé, il semble que ce soit un excellent témoignage de la vie de Evo et par là même de quelques années de l'histoire bolivienne à travers cette histoire d'un homme hors normes.
Voici un lien sur You Tube où vous pourrez voir la bande annonce du film qui en 6 minutes donne un très bon aperçu de ce que peut être l'oeuvre entière:

jeudi 25 octobre 2007

Fraternité à l'espagnole

Depuis quelques jours tous les journaux parlent de l'agression en Espagne d'une adolescente d'origine équatorienne dans un train par un jeune homme. La télévision espagnole minimise l'affaire en disant qu'il ne s'agit pas forcément d'une agression raciste, que c'est "un cas isolé" et montre des images dégoulinantes d'hypocrisie sur la fraternité entre espagnols et immigrés latino américains. Selon eux, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant, les immigrés latinos ne sont pas du tout de cet avis. Ils affirment que les agressions racistes sont quotidiennes en Espagne et que leur situation devient très difficile. En témoigne ces boliviennes molestées par des policiers dans un bar; et aussi ce pédiatre cubain contrôlé dans un train par un contrôleur qui ne demandait les billets qu'aux étrangers présents dans le wagon. Heureusement, le médecin a été défendu par les gens qui étaient présents. Malheureusement, dans la plupart des cas personne ne bouge et les espagnols refusent de reconnaître que de nombreux compatriotes ont encore des comportements xénophobes et agressifs vis à vis des étrangers. Il en résulte que les jeunes filles sudaméricaines ne sortent plus qu'en groupe dans les rues espagnoles de peur de se trouver nez à nez avec des bandes racistes.
Un des ministres équatoriens présents en Europe a eu beau venir personnellement s'occuper du cas de sa jeune compatriote agressée, les choses ne changeront pas tant que les espagnols et surtout leur gouvernement ne mettront pas fin à ces comportements inadmissibles.
Et les choses ne semblent pas sur la bonne voie. En effet, suite au reportage sur la jeune équatorienne on nous propose deux sujets sur Al Qaeda et les attentats de Madrid. Comme pour montrer qu'une "petite agression" ne doit pas faire oublier que les espagnols sont avant tout des "victimes de sauvages terroristes venus de l'étranger"...
Un discours difficilement supportable.

mardi 23 octobre 2007

La révolte des mineurs vue par Arte

Arte a diffusé ce samedi un reportage sur les mineurs de Bolivie que vous pouvez retrouver en cliquant sur le lien suivant:
http://plus7.arte.tv/fr/detailPage/1697660,CmC=1707048,scheduleId=1704456.html
(C'est en fait la troisième partie de l'émission Arte Reportage de cette semaine)
La présentatrice commence par évoquer les révolutions sociales que l'Amérique Latine connaît en ce moment et qui "jusque là avaient le soutien du peuple, comme celle de Evo Morales en Bolivie", mais qui dans ce pays en particulier commence à perdre du crédit puisque Evo a "envoyé l'armée contre son propre peuple", "des mineurs désespérés". On nous dit que l'armée est en fait présente pour empêcher les mineurs de descendre dans les mines d'étain. Il ne s'agit évidemment pas de tous les mineurs mais seulement de ceux travaillant pour les coopératives et qui seraient les plus défavorisés, notamment par l'opinion publique qui les accuserait de voler du minerai à l'Etat. C'est que dans les faits l'argent des coopératives ne va pas du tout à l'Etat mais à ceux qui les possèdent, et les capitaux fuient le plus souvent vers les Etats-Unis. Contrairement à ce que dit le reportage, ce n'est pas que Evo Morales ait choisi délibérément l'affrontement avec les coopérativistes, mais c'est plutôt une tentative de créer une égalité entre les droits des coopératives et ceux des mineurs des entreprises publiques. Par ailleurs, et puisque le reportage se réfère aux événements de Huanuni de l'année dernière, au cours desquels coopérativistes et mineurs du syndicat s'étaient affrontés, précisons que dans ce cas, certes l'armée est intervenue pour militariser les zones minières, mais ce n'était pas pour brimer les pauvres coopérativistes. En réalité, ces derniers avaient pris violemment possession des mines de l'Etat, envoyant des pneus en flammes sur le campement des autres mineurs. Précisons qu'ils étaient parfaitement armés par les partis de droite dont certains dirigeants ont des intérêts financiers personnels considérables dans les coopératives minières. On apprend aussi dans le reportage de Arte que les mineurs des coopératives gagnent entre 5000 et 10 000 bolivianos (l'équivalent de 500 à 1 000 euros), alors que le salaire minimum en Bolivie est de 500 bolivianos, soit 50 euros. Leur situation n'est donc pas si dramatique à la base, et surtout leurs salaires correspondent à plus du double de celui des mineurs de l'Etat. Le problème est que les coopérativistes se plaignent de leurs mauvaises conditions de travail -ce qui est justifié puisque les coopératives se soucient plus de leurs bénéfices que de la sécurité de leurs employés (voir mon article sur le Cerro Rico à ce sujet); mais par ailleurs le reportage précise que les mines de l'Etat sont beaucoup moins rentables puisque les ouvriers sont perpétuellement en grève. Selon eux donc les mineurs coopérativistes auraient le beau rôle, travailleurs émérites et dévoués... Il semble cependant que le fait que des employés ne puissent accéder à de meilleures conditions de travail de peur que l'entreprise ne les licencient si ils en font la demande ne correspond pas vraiment à l'idée que l'on peut se faire d'une entreprise juste et moderne.
En résumé, le reportage de Arte reproduit mot à mot le discours de la droite bolivienne et il aurait fallu équilibrer le reportage en recueillant aussi l'avis des mineurs de l'entreprise publique afin de présenter une vision juste de la situation. Carton jaune à Arte qui cette fois-ci n'est pas allé voir plus loin que le bout de son nez!

lundi 15 octobre 2007

Révolution es-tu là ?

Très bon reportage hier soir sur Arte -que vous pouvez encore consulter et regarder en cliquant sur le lien suivant:


Bon reportage donc sur le président Evo Morales, et toute la période qui précède son arrivée au pouvoir, alors qu'il était encore dirigeant du syndicat des cocaleros du Chapare. On suit surtout le parcours de Jiovanna, militante du MAS (Movimiento Al Socialismo, le parti de Evo) qui débute en politique avec son organisation qui donne du travail aux femmes les plus désamparées de La Paz. Jiovanna accède par la suite, avec le triomphe de Morales, au rang de député et ses relations avec les femmes qu'elle a toujours soutenues et avec le syndicat deviennent plus tendues. En effet, la jeune femme est moins disponible, et toutes attendent beaucoup d'elle, de par son rôle de député qui d'après les femmes doit lui conférer un certain pouvoir d'agir sur leur situation. Jiovanna DOIT leur donner du travail puisqu'elle leur a toujours promis. La dirigeante du syndicat s'éloigne aussi d'elle et s'arrange pour diviser tout le monde.

Sur fond de politique générale -réformes de Evo Morales, nationalisations...- on nous illustre grâce au parcours de Jiovanna toutes les contradictions et les difficultés que doivent affronter les nouveaux dirigeants de la Bolivie, ainsi que l'obstacle que représente pour le progrès et le changement une structure sociale encore basée sur des relations de dominant-dominé qui sont en vigueur depuis la conquête espagnole.

Seul bémol à l'analyse peut-être: le fait que le journaliste cherche à tout prix à comparer la Révolution de Evo s'il en est à celle du Che, oubliant au passage que la Bolivie est un cas bien à part en Amérique Latine de par sa popualtion à majorité indigène, mais surtout que les temps ont changé. Par ailleurs, Evo lui n'est pas seul, il connaît son pays et ses structures par coeur, rien à voir donc avec l'aventure solitaire du Che en Bolivie.

Bref, concluons que Paris ne s'est pas fait en un jour, et donc qu'il est encore trop tôt pour juger du succès ou de l'échec éventuel de la politique de Evo Morales en Bolivie. Il faudra en effet des décennies pour changer des mentalités héritées de cinq siècles de colonisation culturelle, économique et politique. Plus qu'une révolution, nous devrions parler d'une lente évolution...

samedi 13 octobre 2007

Le poids des mots

Alors que dans le Chapare bolivien la réunion de toutes les nations indigènes du monde prend fin, -réunion au cours de laquelle on a pu voir le président Evo Morales accompagné de Rigoberta Menchu, figure de l'indigénisme guatémaltèque, prix Nobel de la paix en 1992 et candidate à la présidence dans son pays- l'ambiance est quelque peu tendue avec les Etats-Unis. En effet, outre les revendications des indigènes en demande de plus de respect envers leurs cultures, leurs modèles économiques et leur territoires naturels, Evo Morales est allé jusqu'à rescusiter le cri de guerre des cocaleros "Kausachun coca! Wañuchun Yankees!" (vive la coca! A mort les américains!), et cela en signe de provocation envers l'ambassadeur des Etats-Unis qui s'était moqué de notre cher président. Tout commence il y a quelques jours, lorsque pendant les manifestations autour de la Déclaration de l'ONU pour les Droits des peuples Indigènes et la demande de ceux-ci de plus de justice, Evo propose que le siège de la toute puissante ONU déménage hors des Etats-Unis. "Pourquoi pas demander de déménager Disneyland?", réplique par conférence de presse interposée Philip Goldberg, l'ambassadeur yankee en Bolivie. Evo prend la mouche et demande des excuses à Goldberg, qui, c'est vrai, en a un peu trop fait sur le coup. Alors on se ressort les vieilles histoires: que les Etats-Unis gouvernaient la Bolivie de manière indirecte dans les années 90, que les gringos étaient omniprésents sur le territoire national, qu'avant que Evo ne devienne président on l'a traité de Ben Laden bolivien et dit que ses cocaleros étaient des talibans, etc, etc... Ce ne sont que des mots, me direz vous. Et bien pas tant que ça. Derrière cette querelle de clocher façon Peponne-Don Camillo, il y a de vraies revendications et de vrais actes. Tout d'abord, pour en revenir au rassemblement indigène, on y a insisté sur la nécessité d'un processus de "décolonisation de l'ONU". Par ailleurs, on invite chaleureusement les militaires américains à quitter le territoire bolivien dont ils ont fait leur résidence secondaire depuis les belles années des dictatures. Et puis on remet également sur le tapis l'hypothèse plus que vérifiée selon laquelle les gringos protègent les responsables de la répression lors des manifestations de 2003 à La Paz. Résultat des courses, l'ambassadeur Goldberg envoie une gentille missive à Evo en s'excusant platement au nom des relations américano-boliviennes... Querelle de clocher peut-être, jeux de mots peut-être, n'empêche que Evo sait utiliser comme argument contre les gringos un certain nombre de choses qui fâchent. Les Américains auraient-ils des choses à se reprocher?...

mercredi 10 octobre 2007

Cochabamba

Voici un lien vers une video de You Tube. La chanson est assez répétitive et les danseurs un peu... comment dire... vous verrez par vous même. Ce qui est intéressant c'est que dernière les guignols qui se trémoussent maladroitement on voit des images de Cochabamba, la plus belle ville du monde, et de certains quartiers que je connais bien. La chanson s'appelle d'ailleurs "Viva Cochabamba"!

mardi 9 octobre 2007

Le métal du Diable

L'étain a été découvert en Bolivie en 1564, près de Uncia (Norte Potosi) par l'espagnol Juan Del Valle, un aventurier à la recherche de veines d'argent. Cependant, ce n'est qu'à l'aube du XX ème siècle que la demande d'étain se fait plus forte, en grande partie à cause de la première Guerre Mondiale. Les petites boites de conserve sont en effet envoyées aux troupes sur le front pour leur fournir de la nourriture. Cependant, très peu de pays sont alors producteurs d'étain: la Malaisie, l'Indéonésie et la Bolivie, ce qui fait que la demande de minerai augmente considérablement. On se dispute donc les grands gisements en Bolivie. C'est l'époque où l'on découvre la célèbre mine de La Salvadora, qui sera propriété de Simon Patiño, l'un des "barons de l'étains" qui ont bâti leur immense fortune sur ce métal. A l'époque, les barons de l'étain entassent des millions de dollars qu'ils investissent et placent aux Etats-Unis, pendant qu'en Bolivie les mineurs travaillent dans des conditions abominables, vivant dans des campements insalubres et ne pouvant réclamer plus de justice -précisons que tout ce qui peut s'apparenter à une organisation de type syndicale est alors fortement réprimé. En 1924 par exemple à Uncia, l'armée vient au secours des oligarques barons de l'étain pour réprimer un semblant de manifestation de mineurs. Cependant, avec la crise des années 30 et surtout la deuxième Guerre Mondiale, les cours de l'étain chutent, ce qui ne fait qu'agraver les conditions de travail des mineurs boliviens. Peu à peu l'ère des barons de l'étain se termine, les ouvriers se mobilisent et c'est la nationalisation des mines en 1952. Nationalisation qui n'a pas donné tous les résultats escomptés, puisque des massacres d'ouvriers continuent à être perpétrés lors des répressions de manifestations de mineurs par les dictateurs qui arrivent au pouvoir dans les années 60-70 -j'ai déjà mentionné le massacre de la Saint Jean en 1967 dans un précédent article. En 1980 c'est la capitalisation , c'est-à-dire la re-privatisation des mines. Les oligarques toujours au pouvoir ou pas très loin se réapproprient les mines, et reprennent le fonctionnement des barons de l'étain: exploitation de la main d'oeuvre, placement des bénéfices aux Etats-Unis -c'est notamment le cas de l'ancien président Gonzalo Sachez de Lozada. Aujourd'hui l'actuel président Evo Morales parle de re-nationaliser les mines et de refonder la COMIBOL, la Corporation Minière de Bolivie, en fait l'entreprise nationale qui avait été créée en 1953. Le problème, c'est qu'entre temps de nombreuses coopératives, financées par l'oligarchie de droite, ont vu le jour, et comptent bien garder les gisements qu'on leur a donné ainsi que tous leurs avantages. Le métal du Diable n'a pas fini de faire parler de lui... (Photo:Luis CHUGAR)

jeudi 4 octobre 2007

40 ans

Quarante ans que le Che est mort assassiné en Bolivie, à Vallegrande. En Bolivie tous les journaux en parlent. En France Olivier Besancenot publie un livre. Et tous les jours des tas de gens très différents arborent son image comme un totem. Des tas de gens qui se mettent le doigt dans l'oeil jusqu'au coude en croyant connaitre cet homme dont au fond ils ne connaissent que des clichés, des approximations, des stéréotypes, des idées reçues. Avant de s'approprier une personalité et d'en faire le symbole de choses qui n'ont strictement rien à voir, il faudrait d'abord apprendre, s'informer, lire et comprendre le Che, ses idées, ses convictions et ses combats. Pour cela, il faut lire la biographie de Pierre Kalfon qui retrace tout le parcours du Che jusqu'en Bolivie et démonte pas mal d'idées reçues. Parfois les gens ne savent rien, ne comprennent rien et croient pourtant être dans le vrai avec leur pensée étriquée et réductrice, et moi, les gens qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et qui ont un jugement sur tout, ça me désespère. Qu'ils s'informent d'abord, et après seulement qu'ils donnent éventuellement leur avis.

lundi 1 octobre 2007

La Savoie en Touraine

Il n'y a pas qu'en Savoie qu'on peut déguster de bons petits plats. J'ai une petite adresse à Tours dans la rue du Grand Marché, l'Auberge de Savoie. Voici le menu de mon samedi midi:
-petit apéritif de Savoie myrtilles vin rouge
-tartiflette du berger, c'est-à-dire le traditionnel plat de pommes de terre, reblochon, lardons accompagné de salade verte et d'une assiette de charcuterie: jambon fumé de pays, pancetta, saucisson...
-petit gamay de Savoie léger mais très agréable
-en dessert, profiterolles au sorbet mangue passion et coulis de chocolat
Par ailleurs le décor du restaurant est très joli, boisé et chaleureux. Bien sûr en sortant il faut aller faire une petite marche pour éliminer tout cela et il manque les montagnes, mais pendant un instant on se retrouve au col des Aravis ou à Saint Gervais et on passe un moment agréable.