jeudi 27 septembre 2007

Le Grand Col Ferret

Je suis en train de regarder sur Arte un reportage -que j'ai déjà vu trois fois- sur le Saint-Bernard Express, ce petit train suisse qui serpente dans le Valais. Ces paysages bucoliques me rappellent des moments uniques dans les vallées chaleureuses de cette région de la Suisse où j'ai souvent usé mes semelles, et notamment une randonnée qui nous a menés jusqu'au Grand Col Ferret.
On s'y rend d'abord en voiture en passant par la vallée du Rhône et ses vignes en terrasse sur les versants ensoleillés, notamment à Sembrancher, petite ville qui est d'ailleurs sur le chemin du Saint Bernard Express. On se gare dans un petit village qui s'appelle la Fouly, au bord d'un torrent rugissant, et la montée commence tout doux, par la traversée du pont qui nous conduit de l'autre côté, vers un autre monde. Le chemin est d'abord large et en pente douce et nous permet d'admirer le magnifique glacier de Salena qui s'étend en face de nous. 
On arrive alors à un refuge où l'on peut s'arrêter un moment pour discuter avec d'autres randonneurs, ou si vous êtes un peu sauvages comme moi en montagne, avec les vaches qui vous accompagnent le long du sentier qui est en fait leur domaine. Et puis, fini la rigolade: on prend un virage et on se retrouve sur un nouveau chemin qui celui-ci monte beaucoup plus.
A gauche, un versant verdoyant, refuge des marmottes; sur le versant opposé, de l'autre côté d'une combe, des montagnes arides et énigmatiques dignes de l'Altiplano bolivien. Les nuages cachent le soleil, l'atmosphère est mystérieuse et la montagne nous domine. Le chemin monte et descend, et on n'en voit pas le bout. Enfin, au virage suivant, une vision incroyable: un cône de neige, une montagne magnifique et immaculée sous le soleil s'offre à nos yeux éblouis. Au pas de course nous allons jusqu'au col: nous sommes au Grand Col Ferret, à 2537 mètres, au carrefour entre l'Italie dont une vallée s'étend à nos pieds, dans la combe, la Suisse, par laquelle nous sommes arrivés, et la France, qui se cache derrière le Mont Dolent, cette fameuse montagne, cousine du Cervin, que nous avons vue précédemment. La fatigue est oubliée et le vent fort et froid qui souffle sans intermittence nous régénère. 
Cette randonnée est inoubliable et nous conduit à un point stratégique, entre trois pays, sur un chemin qu'empruntaient autrefois les contrebandiers. Aujourd'hui à la frontière suisse nous n'avons "rien à déclarer", seulement de la contrebande de sensations et d'impressions à la valeur inestimable, volées à la nature imposante et grandiose au détour d'un chemin dans un monde magique aux pouvoirs régénérateurs.

mercredi 26 septembre 2007

Alfredo Coca

Voici un lien vers une vidéo du Maestro du charango Alfredo Coca, qui on ne sait par quel mystère tire des sons cristallins et aériens de son instrument fétiche. Admirez au passage ses doigts qui courent sur les cordes puis fermez les yeux et permettez vous un instant hors du temps en écoutant cette musique qui nous emmène au delà des frontières.

http://www.youtube.com/watch?v=2S667dIxR4U

mardi 25 septembre 2007

Au voleur!!!

Au voleur! Sacrilège!! Les péruviens viennent de déclarer le charango "Patrimoine national péruvien"! N'importe quoi! Rappelons que le charango vient de Bolivie, plus particulièrement de la région de Potosi, où d'ailleurs il est un des éléments majeurs du folklore de cette région.
(Photo:Luis CHUGAR)
La Société Nationale du charango en Bolivie fait donc entendre sa voix à travers son président, le meilleur charanguiste de Bolivie Alfredo Coca: il doit s'agir d'une variante de l'instrument qui n'existerait donc qu'au Pérou, puisque la Bolivie connaît elle une grande variété de formes, de sons et de formes d'interprétation du charango qui n'ont rien à voir avec ce que l'on peut observer et écouter au Pérou. Par ailleurs, la Bolivie a aussi les "grands maîtres" du charango. Et vlan! Alors Alfredo Coca, avant de ridiculiser complètement les péruviens, veut des preuves. Et puis une réunion est prévue à Puno pour discuter du thème du "trafic de patrimoine entre les deux pays"... Il était temps! Parce que nos voisins les péruviens ont le chic pour venir puiser leur inspiration dans le folklore bolivien et ensuite le revendiquer comme étant propre à leur culture. Ils l'ont par exemple fait avec le Carnaval et ses costumes qui sont de véritables oeuvres d'art; voilà que maintenant ils s'approprient le charango! D'ailleurs il va falloir mettre les points sur les i parce que les chiliens -encore des "emprunteurs" de folklore- voulaient aussi nous faire croire que le petit instrument à cordes était de chez eux. De mieux en mieux! Ce qui est le plus drôle c'est que l'ancien président chilien Ricardo Lagos avait justifié cette revendication en invoquant les territoires aymaras que possède le Chili au nord de ses terres. Tiens tiens, ils ne sont pas bons en histoire les chiliens, ou bien ils ont la mémoire courte: jusqu'à la Guerre du Pacifique fin XIX ème et jusqu'à ce que ces gentils chiliens nous prennent la mer, ces territoires de l'Altiplano appartenaient à la Bolivie. Alors forcément ils ont un peu de cette culture, mais encore une fois, ils se la sont appropriée de manière peu glorieuse... Alors je dis stop! Rendons à Cesar ce qui appartient à Cesar et au charango sa Patrie. Jallalla Bolivia!!!

(Photo:Emi)

(Cette photo prise à Potosi montre un charango et l'écriteau dit "Potosi, cuna del charango", c'est-à-dire "berceau du charango")

lundi 24 septembre 2007

Huis clos andalou

Federico Garcia Lorca, La casa de Bernarda Alba, 1936.
Nous sommes chez Bernarda, son mari vient de mourir. Elle se retrouve seule avec ses cinq filles, toutes célibataires, avec sa mère devenue folle, dans un petit village de cette Espagne rurale où les rumeurs vont bon train, où la critique est de mise. Tout au long des trois actes de cette pièce brève de Lorca, nous nous situons dans la maison de Bernarda, là où elle a toujours dicté sa loi et fait règner ses colères de femme aigrie. Elle entend protéger ses filles du qu'en dira-t-on, faire bonne figure, garder la face malgré tout. Mais dans cet espace fermé et étouffant, les relations entre toutes ces femmes se détériorent et des désirs et des rancoeurs enfouis ressurgissent et éclatent au grand jour. L'aînée, Angustias, doit se marier, mais le fiancé se faufile la nuit dans la cour de Bernarda pour y courtiser la plus jeune de ses filles, Adela. Jalousies, coups bas, insultes, chantages, les filles de Bernarda se disputent cet homme qui à la fois symbolise l'espoir raisonné d'une vie de femme mariée et le fol espoir de liberté. Un vent de folie souffle alors dans cette maison de rêves opprimés, malgré l'obstination de Bernarda à fermer les yeux. A la fin, l'amoureuse Adela finit par se pendre, dans un dernier élan pour se soustraire à ce monde figé et affirmer sa liberté de choisir.
Une oeuvre courte et simple dans son style mais poignante, magnifique en ce qu'elle dépeint parfaitement une société espagnole rurale dans laquelle des femmes cherchent en vain un espace de liberté et ne trouvent que l'ennui et la frustration.

dimanche 23 septembre 2007

Le Dictateur

Malgré des manifestations de soutien au Japon, son pays d'origine -décidément un peu particulier-, et quelques lenteurs de la justice chilienne -eux qui pourtant ont aussi quelques "détails de l'histoire" à se reprocher-, Alberto Fujimori, le dictateur qui a étouffé le Pérou dans les années 90, est enfin de retour à Lima, après 7 ans d'exil volontaire, afin d'y être jugé. On lui reproche entre autres des "abus aux droits de l'homme" et des histoires de corruption. Il fallait bien trouver autre chose que les droits de l'homme, accusasion qui apparemment ne suffit que rarement à faire juger un dictateur en Amérique Latine, dans des pays où l'entourage de l'autocrate reste encore souvent bien en place dans les sénats ou les préfectures... Rappelons qu'au Chili ce cher Pinochet devait également être jugé pour une simple affaire de corruption. En tout cas, si une fois n'est pas coutume la justice fait son travail, Fujimori risque une peine qui pourrait aller jusqu'à 30 ans de prison. Malheureusement, la justice ne peut pas tout changer, et on sait que ces gens là ont encore une ribambelle de partisans qui les soutiennent et les admirent. En témoigne cette agitation qui a été déclanchée lors de l'arrivée de Fujimori à Lima par ses supporters qui s'en sont pris à la police. Mais tant qu'on laissera croire à ces gens d'opinions contestables, en leur laissant ne serait-ce qu'une miette de pouvoir, que leur façon de penser est légitime et justifiée, l'Amérique Latine ne pourra évoluer vers une vraie démocratie... Encore faudrait-il revoir la définition de "démocratie", puisque apparemment ce sont les plus mal placés pour en parler qui portent se concept comme un drapeau...

samedi 22 septembre 2007

Des momies dans la forêt

On vient de retrouver dans la forêt amazonienne péruvienne 40 momies enfouies sous des tonnes de terre et de gravas, dans le site archéologique de Kuelap. Elles étaient enterrées dans des structures circulaires, sous une plateforme du site d'environ 24 mètres de diamètre. Ce qui est surprenant c'est que ces momies semblent avoir été touchées par le feu, ce qui relance les hypothèses sur leur fin: épidémie? grand incendie? Conquête par un autre peuple qui se serait terminée en massacre? En tout cas on est sûr que ces momies appartiennent à la civilisation Chachapoya qui a construit et habité cette citadelle située à 630 kilomètres au nord de Lima, à environ 3000 mètres d'altitude. Voici encore une découverte qui permet d'en savoir un peu plus sur les peuples antérieurs aux Incas et qui ont fondé des sociétés tout aussi avancées -voir même plus sur certains points- que leurs successeurs.

vendredi 21 septembre 2007

Hommage à Alcide d'Orbigny

Voici l'artiste bolivien Roberto Mamani Mamani devant la peinture murale qu'il a réalisée en hommage au naturaliste français Alcide d'Orbigny. L'oeuvre, qui mesure 3 mètres sur 2,50 et est faite d'une tonne d'argile, sera prochainement exposée au lycée français Alcide d'Orbigny de La Paz. Ce travail intitulé “Niño D’Orbigny, Niño Cóndor, Niño Sol, Niño Amauta” rend donc hommage au savant qui au XIX ème siècle a parcouru la Bolivie et l'Amérique Latine pour ses recherches en botanique, anthropologie et sur la faune du continent américain. L'oeuvre de Mamani reflète la richesse naturelle de l'Amazonie et des Andes, et inclue des motifs inspirés de différents peuples indigènes.
Parallèlement à deux expositions qu'il réalise en ce moment au Pérou, Roberto Mamani Mamani se prépare à présenter ses oeuvres en Chine et travaille également sur une série de “Chacha Warmis” (amulettes andines de l'amour) qui servira pour les campagnes contre le Sida.

mercredi 19 septembre 2007

SOS langues en danger

Voici la traduction d'un article paru dans le journal Opinion (Cochabamba) d'aujourd'hui et qui a particulièrement attiré mon attention:
La moitié des langues du monde pourraient disparaitre
La moitié des 7000 langues parlées dans le monde pourrait disparaitre au XXI ème siècle, selon une étude du National Geographic qui alerte sur ce danger dans cinq régions du globe, et parmi elles l'Amérique Centrale et l'Amérique du Sud.
Selon le rapport, plus de la moitié des langues parlées dans le monde ne sont pas documentées par écrit, ce qui fait qu'une langue disparait toutes les deux semaines lorsque son dernier locuteur meurt. (...)
Les cinq régions du monde qui connaissent le plus grand risque de perdre leur richesse linguistique sont, selon le rapport, l'Amérique Centrale et l'Amérique du Sud, le Nord de l'Australie, le nord ouest du Pacifique, la Sibérie Orientale et le Sud est des Etats-Unis.
Il existe près de 7000 langues dans le monde et au moins la moitié d'entre elles disparaitront au cours de ce siècle. (...)
Selon Harrison -l'un des linguistes en charge de cette étude-, 80 pour cent de la population mondiale parle 83 grandes langues, tandis qu'il existe 3005 petites langues qui ne sont utilisées que par 0,2 pour cent des habitants. (...)
La Bolivie par exemple, possède une diversité linguistique double par rapport à l'Europe entière, puisuq'on y dénombre 37 langues et 8 familles linguistiques, ce qui correspond à ce que l'on trouve dans tout le continent européen.
L'expert Harrison précise qu'il existe des langues qui sont uniques, comme le basque, parce qu'elles ne proviennent d'aucune famille lingustique connue, comme peut l'être le latin, et que la perte de ce type de langues est plus grave, étant donné qu'il serait pratiquement impossible de les récupérer. Le basque est connu pour n'avoir de relation avec aucune autre langue du monde. Et bien en Bolivie il y a 7 types différents de langues comme le basque.
Entre les cinq aires géographiques où des langues sont en danger, on peut remarquer qu'il existe des similitudes comme par exemple le fait d'avoir été d'anciens territoires colonisés par les puissances européennes. (...)
"Les langues disparaissent lorsqu'une communauté décide que sa langue est un obstacle social ou économique et les enfants en particulier sont sensibles à cela", affirme Harrison. Les plus petits rejettent, inconsciemment, la langue qui ne leur sert pas et ainsi ce sont eux qui souvent jouent un rôle important dans l'extinction des langues, selon cette étude.
Pour remedier à cette situation, les linguistes expliquent que l'on met en place dans les lieux mentionnés des "programmes de revitalisation". On les aide à la création de matériel pédagogique, dans la rédaction de grammaires et de dictionnaires pour obtenir ce qu'il y a de plus importants: une nouvelle génération de locuteurs, celle qui devra préserver cette langue.
"Le respect des minorités est également fondamental pour la survie des langues, dit Harrison. Je crois que la capacité d'information est suffisamment grande pour accueillir des multples voix et langues, il n'est pas nécessaire que tout le monde parle seulement l'anglais. Il y a probablement beaucoup de choses que l'on peut mieux exprimer dans d'autres langues."
Lorsqu'on sait qu'en Bolivie, jusqu'à une époque tout à fait récente, on ne parlait guère le quechua dans les familles, pour ne pas que les enfants connaissent d'obstacles dans leur carrière professionnelle, et qu'il y a quelques décennies seulement, lorsqu'on avait un nom de famille à consonnance indigène, on en changeait pour pouvoir rentrer à l'Unversité, on se dit que oui, les séquelles de la Conquête espagnole ont été terribles et perdurent jusqu'à aujourd'hui. Il est grand temps donc de penser à sauver cette immense richesse qu'est la langue, parce qu'en effet il y a des choses que l'on ne peut exprimer que dans certaines, parce que cela correspond à des réalités culturelles propres à ses locuteurs. La langue, c'est l'âme d'un peuple. Un peuple qui perd sa langue est un peuple qui perd de son identité.

mardi 18 septembre 2007

Il pleut des météorites

Au Pérou, à la frontière avec la Bolivie, il se passe de drôles de choses. Dans la nuit de samedi à dimanche, les habitants de la province de Chucuito près de Puno ont en effet vu tomber du ciel une sorte de grosse chose lumineuse, comme en flammes, et s'écraser ensuite au sol, provoquant la formation d'un énorme trou -trente mètres de diamètre et 6 de profondeur-, le tout accompagné d'un bruit assourdissant. Les témoins de la scène ont d'abord pensé qu'il s'agissait d'un morceau provenant d'un avion. Les experts pensent quant à eux plutôt à une météorite. Apparemment, la chute de météorites n'est pas rare au Pérou puisqu'on en a déjà vu dans la région de Arequipa, au sud du pays. Reste maintenant à savoir si des animaux n'ont pas été écrasés par ce gros caillou. Par contre, les scientifiques péruviens, qui ont un certain sens de l'humour, affirment qu'"aucune des nombreuses météorites qui tombent au Pérou et provoquent des perforations de tailles variées ne sont dangereuses pour les personnes, sauf si elles tombent sur une maison." Rassurant...

dimanche 16 septembre 2007

La Montagne Magique

Thomas Mann, La Montagne Magique, 1931.
Après presque deux mois de lecture assidue, je viens enfin de venir à bout de La Montagne Magique de Thomas Mann. Et je dois dire que je suis encore perplèxe devant cette oeuvre magistrale de 800 pages...
En résumé: l'histoire se situe au début du XX ème siècle, durant les années qui précèdent la Grande Guerre. Le protagoniste, que l'on suivra tout au long du roman, Hans Castorp, jeune ingénieur allemand, vient rendre visite à son cousin dans un sanatorium suisse, près de Davos, où celui-ci soigne ses problèmes respiratoires. Hans Castorp projette de ne tenir compagnie à son cousin que durant 3 semaines. Il restera en fait 7 ans au sanatorium, jusqu'à ce que la guerre éclate et le jette sur le champ de bataille. Voilà pour la trame de l'histoire. Mais La Montagne Magique n'est pas une simple histoire. Au fur et à mesure du temps qui passe -on ne le mesure plus très bien d'ailleurs- le narrateur nous dresse le portrait de toute une galerie de personnages plus particuliers les uns que les autres, en fait les patients du sanatorium. Quant à Hans Castorp, notre héros, que l'on tente de présenter "ni pire ni mieux qu'il est en réalité", on le voie évoluer dans cet espace clos, au début spectateur de cette micro société dans laquelle il peine à s'intégrer, avec ses rituels, ses codes et ses particularités, pour en devenir finalement, au terme de ces 7 ans de vie au sanatorium, un hôte à part entière, semblable à ceux "de là-haut", incapable ne serait-ce que d'imaginer retourner "en bas" pour y reprendre sa vie d'avant. Durant cette longue -ou courte, on ne le sait plus non plus- période de sa vie, le jeune ingénieur apprend, s'initie, par des discussions philosophiques, historiques, religieuses, médicales, avec les autres personnages; il découvre l'amour et ses manifestations; il assite à des phénomènes paranormaux, et à la mort de nombreux pensionnaires du sanatoriums comme des marqueurs des divisions du temps, des faits ponctuels et répétitifs qui en deviennent banals.
Que dire de plus? Que malgré quelques discussions parfois ennuyeuses sur la médecine ou la religion auxquelles assiste, tout comme nous lecteurs, notre héros, La Montagne Magique est un roman à part. A l'image de Hans Castorp qui ne parvient pas à quitter le sanatorium malgré ses réticences du début, le lecteur, devant cette oeuvre qui au début le laisse perplexe car il n'en trouve pas l'objectif, ne peut se défendre d'être envouté à son tour par la "Montagne Magique". A lire et à relire donc, -ceux qui ont lu Don Quichotte y sont habitués- non pas pour les péripéties de l'histoire, mais pour comprendre et interpréter, et s'y lire comme dans un miroir, avec une révélation à chaque lecture de cette Montagne dont la magie nous captive...

Les peuples indigènes affirment leurs droits

Hier l'Assemblée Générale des Nations Unies a approuvé la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Indigènes. Par ailleurs, l'Organisation des Etats Américains, la OEA, a choisi l'embassadeur de Bolivie pour être président du groupe de travail qui sera chargé de rédiger cette Déclaration des Peuples Indigènes. Evo Morales, premier président indigène d'Amérique Latine, a évidemment réagi positivement à cette décision, en déclarant que grâce à ce texte ce seront 370 millions de personnes qui verront la reconnaissance de leurs droits.
En quelques mots, ce texte insiste sur le droit des peuples indigènes de renforcer leurs propres institutions, cultures et traditions et de pratiquer un développement économique et social qui serait conforme à leurs besoins et leurs aspirations. Par ailleurs, la Déclaration condamne la discrimination contre les peuples indigènes et permet leur participation à toutes les décisions les concernant.
Evidemment, cette Déclaration sur les Droits des Peuples Indigènes semble à première vue une avancée. Mais n'est-elle pas juste une mascarade, un texte de plus qui ne rendra pas leurs terres aux peuples indigènes d'Amazonie et ne fera pas non plus taire les revendications beaucoup plus larges des Aymaras en Bolivie, par exemple? Car en ce moment en Bolivie, le mouvement indigène reprend de la vigueur, notamment avec les Ponchos Rojos, et ce n'est pas un texte de complaisance -et certainement de déculpabilisation pour ceux qui gouvernent ce monde- qui calmera leur "nationalisme-indigéniste" de plus en plus affirmé...

vendredi 14 septembre 2007

Viva Cochabamba!

Aujourd'hui 14 septembre ont eu lieu les célébrations de l'anniversaire de de la ville de Cochabamba. Petit rappel historique: en 1810, après le succès des soulévements à Buenos Aires et dans un contexte où l'Espagne lutte contre l'armée de Napoléon, les colonies latino américaines se soulèvent pour appuyer le retour du roi Fernando VII alors en éxil au château de Valençay. Le 14 septembre, dans cette agitation générale, Cochabamba à son tour se soulève, avec à la tête de milliers d'insurgés Esteban Arce. Le mouvement se dirige ensuite vers Oruro et prend quant à lui une teinte indépendentiste, contre le joug du colonisateur espagnol. Quelques années plus tard, Esteban Arce s'illustrera de nouveau, cette fois pour l'Indépendance du pays. Aujourd'hui donc, date de l'anniversaire civique de Cochabamba, on a pu voir des défilés d'élèves de 157 collèges et de fanfares scolaires, après évidemment le lever de drapeau. Ce fut le collège Sucre d'abord, puisque c'est le premier collège à avoir été fondé en 1826, puis tous les autres. Ce fut l'occasion de célébrer aussi par des cartes, drapeaux et autres réprésentations les 16 provinces du Département de Cochabamba. A eu lieu également une messe au sein de la cathédrale, et un hommage rendu devant la statue de Esteban Arze.

jeudi 13 septembre 2007

La fleur mystère, suite

Je vous avais raconté l'histoire de ces édelweiss que je n'avais jamais vues, les voici en vrai, puisqu'on me les a gentiment apportées afin que je me rendre compte directement de leur beauté de velours. J'espère toujours les voir un jour dans la montagne... car je vous rappelle qu'il est totalement interdit de cueillir des fleurs dans les Alpes, en particulier dans les parcs comme celui de la Vanoise par exemple, sous peine d'une grosse amende. Nous nous devons de protéger notre flore et notre faune, sachez-le! Enfin en ce qui concerne mes édelweiss, j'avoue que puisque je n'en ai jamais vu, le fait de pouvoir en cueillir semble être réservé aux randonneurs au long cours, laissons leur donc ce plaisir. D'ailleurs il est vrai que le simple fait de tenir ces petites fleurs dans les mains vous transporte immédiatement vers les cimes alpines. Pour infomation, celles-ci viennent du Val Claret, près de Tignes en Savoie.

(Photo:Emi)

mercredi 12 septembre 2007

Ecologie avant l'heure

Voici un extrait de La Montagne Magique de Thomas Mann où l'on expose le projet d'un des personnages de l'histoire concernant le recyclage du papier:
"Chaque abonné à un journal devait être tenu de livrer le premier de chaque mois une quantité correspondante à quarante grammes de vieux papier par jour, ce qui ferait par an environ quatorze mille grammes, en vingt ans plus de deux cent quatre-vingts kilogrammes, et ce qui représentait, en évaluant le kilogramme à vingt pfennigs, une valeur de 57,60 marks allemands. Cinq millions d'abonnés, ainsi continuait le mémoire, fourniraient donc en vingt ans la somme formidable de 288 millions de marks, dont les deux tiers seraient déduits du prix de leur nouvel abonnement, tandis que le surplus, un tiers, soit environ 100 millions de marks, serait consacré à des oeuvres humanitaires, soit à financer des sanatoriums populaires pour malades du poumon, à encourager des talents indigents, et ainsi de suite. (...) Le projet était justifié et fondé à tous points de vue. Le gaspillage insensé et la destruction du papier de journal que les gens non avertis livraient aux égouts et au feu étaient une haute trahison à l'égard de nos forêts, une atteinte portée à notre économie nationale. Epargner le papier, économiser le papier, c'était épargner et économiser de la cellulose, les forêts, le matériel humain qu'exigeait la fabrication de la cellulose et du papier. Comme le vieux papier de journal pouvait, par la production de papier d'emballage et de carton, acquérir une valeur quadruple, il pourrait devenir l'objet de taxes fiscales avantageuses pour l'Etat et les municipalités et les lecteurs de journaux seraient dégrévés d'autant de leurs contributions."
Ce livre a été publié en 1931 mais la déforestation préoccupait déjà les esprits. Malheureusement le discours reste très actuel puisque la situation ne cesse de s'agraver...

dimanche 9 septembre 2007

On en parle encore

Ce n'est pas moi qui me répète mais bien le journal qui n'en finit pas de raconter les concerts de Canto Popular de la semaine dernière. Encore un article ce matin dans le quotidien Los Tiempos de Cochabamba. Pour ne pas que vous pensiez que j'en rajoute, je me contente de traduire quelques extraits:
Canto Popular conserve le même impact qu'il y a trente ans
"Quatre jours à guichet fermé du mardi au vendredi de la semaine dernière, le public est venu en masse dans la salle du théâtre Acha pour assister à une représentation qui a marqué l'histoire par sa qualité vocale, d'orchestration et de mise en scène de l'école de Danse Contemporaine du Collège "Eduardo Laredo" qui avec son Orquestre Symphonique a accompagné le groupe Canto Popular lors de son retour, l'anniversaire de ses trente ans de chanson engagée pour la démocratie, la paix sociale, l'enfance et la femme.
Cet ensemble singulier, à l'origine nettement vocal, est fondé dans les années 70 par des étudiants du Collège Laredo.
La voix indiscutable de Canto Popular est celle de Julio Cesar Ocampo, remarquable ténor, avocat de profession et défenseur de la democratie, qui est actuellement membre de la Cour Electorale Départementale.
La voix fidèle qui l'accompagne est celle du Baryton, celle de Julio Alberto Mercado. Il est architecte et dévoué à notre Université à laquelle il a beaucoup apporté ainsi qu'au développement culturel du pays.
La remaquable voix de basse est celle de Jorge “Pulga” Canedo, architecte urbaniste, promoteur de l'habitation populaire moderne dans le pays et actuel concepteur du modèle urbain de notre ville.
Avec eux et depuis l'origine un autre "laredista": Ramiro Ocampo, extraordinaire baryton, économiste et avec un génie particulier dans la réalisation de projets de développement. Il a amené dans le groupe son fils, Bruno Ocampo, ténor de grand talent qui s'est déjà illustré comme soliste sur les plus grandes scènes de notre ville. Il est la jeune promesse de continuité pour ce grand projet artisitique.
Canto Popular a aussi parié sur la traversée de l'océan Atlantique du Pisq’o, Luis Chugar Panozo, qui vivant à Paris, a interrompu une tournée en Europe pour nous atteindre avec la pureté musicale que lui seul, et on ne sait par quels secrets, tire de ses instruments à vent andins; Eole, le Dieu du Vent, comme on le nomme dans cette partie de la planète.
Mais cela ne s'arrête pas là, et le recrutement des “Cantos” a été minucieux et a porté ses fruits, puisqu'ils ont aussi contacté le “palito”, Gonzalo Fuentes, qui avec son charango de rêve pose le sceau de la Bolivie dans ce spectacle, qui avec chance compte qussi sur un musicien de renom international, l'auteur interprète et amoureux de Serrat, Marco Lavayén à la première guitare et Marcelito Aguilar, actuel bassiste de La Manzana."
Voilà pour ce nouvel article, pour ces nouvelles éloges de la formation Canto Popular dans le journal de ce matin. Et dire que j'y étais!

samedi 8 septembre 2007

Du nouveau à K'ara K'ara

Depuis qu'elle existe, la décharge de K'ara K'ara à Cochabamba est une zone de conflits. Depuis lundi, les habitants en bloquent l'accès pour interdire l'entrée à d'autres camions chargés d'ordures. Le problème vient en fait d'un différent avec la Mairie. En effet, pour chaque tonne de déchets entassés à K'ara K'ara, la municipalité doit verser une certaine somme aux habitants, en compensation (environ 70 centimes de dollars). Précisons que chaque jour, ce sont environs 400 tonnes de déchets qui arrivent à K'ara K'ara. Il se trouve que depuis 3 mois, les habitants n'ont pas vu venir les 60 000 bolivianos mensuels (environ 6 000 euros) qui leurs sont dus.
(Photo:Emi)
Par ailleurs, la Mairie n'a toujours pas rempli son devoir de goudronner la route qui monte à la décharge. En fait, ce n'est pas seulement la grande route, mais toutes les voies de cette partie de la ville, située sur une colline, qui ne sont pas goudronnées. Ce sont en réalité des pistes poussiéreuses et pleines de cailloux, très dangereuses et peu commodes. Les habitants de K'ara K'ara, une fois de plus, ne font que dénoncer leur isolement et leur situation de région oubliée. La Mairie prétend qu'elle ne peut accéder aux demandes ni organiser une réunion à cause d'un problème de "double direction" de la localité. En tout cas, la décharge de K'ara K'ara n'a pas fini d'être le talon d'Achille de Cochabamba...
(Photo:Emi)

vendredi 7 septembre 2007

L'art de choisir ses amis

Pendant que George Bush fait des bourdes à Sydney et s'embourbe en Irak, notre cher président Evo Morales, lui, ne perd pas le nord. Il a compris depuis longtemps que les Etats-unis ne devaient plus être le partenaire économique provilégié de la Bolivie puisqu'il en résultait des relations inégales et des profits peu partagés, et ce depuis toujours pourrait on dire. Le mois dernier déjà Evo avait signé un traité avec les présidents argentin -Nestor Kirchner- et vénézuélien -Hugo Chavez, le fameux- pour l'exploitation des richesses naturelles boliviennes. Aujourd'hui je lis dans le journal que le ministre des affaires étrangères bolivien David Choquehuanca a rencontré à Téhéran son homologue Iranien afin d'établir là aussi des relations économiques et politiques entre les deux pays. Les deux représentants ont également parlé des ressources minières de la Bolivie... Vers de nouveaux débouchés d'exportations? Et pourquoi pas? Question de morale? Mais, et les Etats-Unis, en ont-ils une?... Etant donné la situation mondiale actuelle, on est bien obligé de choisr ses amis...!

jeudi 6 septembre 2007

Sucre fait toujours des siennes

Décidément cette histoire n'en finit pas. Les habitants de Sucre ne se sont pas arrêtés à la grève râtée du 28 août et ont continué les mobilisations. L'enjeu? Toujours le même: faire que le thème de la capitale soit inclu dans les débats de l'Assemblée chargée de rédiger la nouvelle constitution. Je vous rappelle que Sucre est la capitale constitutionnelle mais qu'elle voudrait être capitale à part entière au détriment de La Paz. Evidemment, ceux qui se mobilisent ne représentent qu'une minorité de la population: c'est en fait l'oligarchie locale, les mêmes qui demandent l'autonomie des régions. Cette fois, hier, ce sont les étudiants -los "jailas" comme on dit là-bas, on emploierait chez nous le terme péjoratif de "bourges"- qui se sont échauffés: on ne laisse pas se rouvrir les débats de la Constitution tant que le sujet de la Capitale n'y est pas inclu. Les événements se sont donc précipités dans la bonne ville de Sucre et les policiers ont dû employer les gaz lacrimogènes pour disperser les énervés. Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui tout dialogue est rompu. Lundi 3 septembre, les responsables de chaque région, et parmi eux les Comités Civicos -donc les groupes de pressions plutôt orientés droite- étaient conviés à une grande réunion à Cochabamba de manière à entamer des discussions. Mais les représentants de Sucre ne sont pas venus. Alors aujourd'hui La Paz ne veut plus venir négocier à Sucre sur le sujet de la Capitale. Tout dialogue est donc interrompu et on peut craindre que les choses ne s'agravent si les Sucrenses ne retrouvent pas la raison. Car certains ont bien compris que ces mobilisations ne visaient en fait qu'à décridibiliser le gouvernement de Evo Morales et à l'empêcher de faire son travail. Parmi ceux là, les paysans de la région ont décidé de monter à la capitale pour protéger l'Assemblée et défendre leur président. Et puis si La Paz se mobilise, c'est tout le pays qui risque d'être bloqué... Nous attendons la suite des événements et les suivons avec beaucoup d'attention.

mardi 4 septembre 2007

Allez les petits

Vendredi c'est le match d'ouverture de la Coupe du Monde de rugby, et là, il va falloir être en forme. Parce que comme d'habitude les Néo Zélandais sont favoris et qu'il va falloir se démener pour faire bonne figure. Alors peut-être que dans le Sud les maoris ont le Haka et qu'ils sont créatinés, mais nous on va les renvoyer dans leurs 22, leur défoncer le buffet, leur envoyer des caramels, leur exploser la mêlée, bouffer du maori, parce qu'on est des guerriers, parce qu'on y croit, parce que tout le monde est supporter, parce que le rugby c'est un vrai sport et un vrai esprit sportif, une convivialité, tout un art. Allez les Bleus!!!
Si vous voulez réviser votre rugby de A à Z, fourrez de suite votre museau dans le Dictionnaire amoureux du rugby de Daniel Herrero. A dévorer de toute urgence, à lire à voix haute et avec l'accent!

lundi 3 septembre 2007

Toutes les bonnes choses ont une fin...

C'est la rentrée... il va falloir retourner au collège... retrouver nos chers adolescents... reprendre un travail passionnant... retourner à la fac... les joies des concours... bouffer du bouquin... et garder le sourire! Il n'y a qu'une de ces choses qui va être simple je crois, devinez laquelle?...!
(Photo:Emi)
Il y a des visages dont le souvenir à lui seul nous remplit de soleil...

dimanche 2 septembre 2007

Souvenirs de Alasitas

Voici les quelques petits produits que j'avais acheté à Alasitas et que j'ai ramené chez moi, pour que mon foyer ne manque de rien, pour que tous ces aliments soient présents dans ma cuisine toute l'année. Il y a de la farine, du riz, des pâtes, de la quinoa, du blé, du sel et du sucre, de l'huile, du savon... Mais ce que j'ai surtout ramené de Bolivie c'est du bonheur, et pas en miniature, parce que ça ça n'a pas de prix.
(Photo:Emi)

samedi 1 septembre 2007

Remède contre la déprime de pré rentrée

Pour vous remettre de retours de vacances difficiles, plongez dans la musique bolivienne. Si vous n'avez pas le matériel à disposition à la maison, allez cliquer sur un site qui propose une bonne liste de chansons à écouter. C'est à l'adresse suivante:
Vous y trouverez des morceaux des groupes ou chanteurs de folklore les plus connus: Kjarkas, Savia Andina, Wara, Bonanza, Zulma Yugar, Alfredo Coca, Alfredo Dominguez et bien d'autres encore.
Mon coup de coeur? La "Seleccion cochabambina" interprétée par Zulma Yugar.
Bonne écoute!