dimanche 24 juin 2007

Le massacre de la Saint Jean, 40 ans déjà

Il y a déjà 40 ans que la fête de la Saint Jean avait été endeuillée dans les mines de Siglo XX. C'était le 24 juin 1967.
A cette période, le campement des mineurs avait encore une fois été déclaré zone militaire, encerclé par des militaires près à "nettoyer" à la sortie de la mine ceux qui étaient censés avoir des activités syndicales - même si très vite le "lavage de cerveau" fit qu'il poussèrent le zèle jusqu'à menacer tout le monde. Parfois un militaire craque, rentre dans une maison, tue une femme, parce qu'elle lui semble suspecte, devient une machine à tuer.
Le 24 juin 1967, les mineurs ont fêté la Saint Jean toute la nuit, pour oublier un instant leurs peines et leurs souffrances, le climat d'oppression et de peur. Occupés, distraits, les mineurs ne se rendent pas compte, à l'aube, que les militaires, silencieusement, sont en train de pénétrer dans le campement. Et tout à coup des coups de feu partent. C'est un carnage. Ils tirent sur tout ce qui bouge. Le gouvernement déclare 27 morts. Ils y en a beaucoup plus selon les mineurs.
Le lendemain du massacre, une femme, seule contre tous, debout sur un mur du cimetière où l'on enterre les dizaines de morts, proteste. C'est Domitila de Chungara:
"On ne peut pas supporter ça. (...) Ce n'est pas juste ce que vous nous faites. (...) Qu'on nous tue comme ça ce n'est pas juste. Lâches! (...) Pourquoi venez vous tuer les gens sans défense? (...) Vous pensez qu'avec quatre malheureuses armes vous allez nous humilier? "
Le jour suivant, Domitila est arrêtée, interrogée, torturée, et tout ce qui s'en suit.
C'est justement pour éviter que ne se reproduisent de telles atrocités que l'on se souvient aujourd'hui à Siglo XX du 24 juin 1967. 40 ans déjà...

samedi 23 juin 2007

Les vertus de l'artichaut

Même si ce n'est pas vraiment ma tasse de thé, je sens que je vais devoir manger de l'artichaut avant d'aller passer l'oral de l'agrégation la semaine prochaine. En effet, je viens de lire un article qui affirme que la consommation de ce légume permet d'éviter la nervosité, l'anxiété, la dépression ou l'insomnie. L'artichaut est aussi riche en fer et est donc un remède à l'anémie. En gros, avant un examen: mangez de l'artichaut!
(quelqu'un a-t-il une recette qui me le fasse avaler sans trop de grimaces?...)

vendredi 22 juin 2007

Commentaires à chaud

J'ai participé aujourd'hui à un colloque -le premier de ma vie- à l'Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines et qui s'intitulait "Mémoires des Amériques". Ce colloque avait pour thème les récits de vie et les journaux intimes écrits en Amérique anglophone ou hispanique. Cette toute nouvelle expérience était très impressionnante, mais plutôt que de vous parler de moi, ce qui serait très narcissique, je vais vous parler des autres.
La journée commençait avec une conférence d'un professeur venu tout spécialement des Etats Unis. Cela devait être tout à fait passionnant, je ne peux pas vous dire, je n'ai absolument rien saisi: c'était en anglais! Bref... Les participants se sont ensuite répartis dans les différents ateliers. J'ai pour ma part écouté avec une plus grande attention les communications de madame Anne-Marie Brenot, latino américaniste reconnue, qui nous a offert un témoignage édifiant: celui d'un chasseur d'esclaves dans l'île de Cuba du XIXème siècle, et l'intervention de madame Germana de Sousa, brésilienne, qui racontait de manière captivante le récit de Carolina, une femme des favelas qui tenta, en écrivant son journal intime sur des dizaines de cahiers, de se faire une place dans la société brésilienne et de grimper dans l'échelle sociale par les Lettres. Etonament, son "étrange journal" mêle style lyrique et précieux emprunté aux grands de la littérature, et fautes d'orthographes résultant de seulement deux ans de scolarité.
L'après midi à été le moment crucial puisque j'ai présenté ma communication. En tant que perfectionniste diplômée, je l'avais réécrite 4 fois... mais en tant que personne spontanée, je n'ai même pas jeté un coup d'oeil sur mes feuilles: je préfère regarder les gens, communiquer avec eux, ne serait-ce que par le regard. Je reviendrai sur ce point. Mon intervention avait pour thème le témoignage de Domitila de Chungara, femme d'un mineur d'étain bolivien et dont j'ai déjà parlé dans ce blog. J'ai évoqué sa vie, les mines, le travail du mineur, ses croyances, et les combats de Domitila pour plus de justice.
Après moi, deux autres communications qui m'ont attiré l'attention. D'abord celle de madame Emmanuelle Rimbot qui nous a fait connaître les témoignages des exilés du Chili de Pinochet à travers les chansons de Angel et Isabel Parra, Patricio Manns, Quilapayun. Très instructif.
Enfin, l'exposé de madame Sandrine Revet sur le travail d'anthropologue qu'elle a effectué au Venezuela après les inondations de 1999 et qui consistait à reccueillir des témoignages de victimes ou de héros "anonymes" comme elle les a appelé. Son récit était très vivant et captivant.
Ce qui ressort de ce colloque, ce sont des préjugés qui se sont confirmés ou infirmés. Tout d'abord, j'étais très nerveuse et ne savait que faire de mon papier, le lire ou ne pas le lire. J'ai remarqué que la plupart des personnes présentes, bien que "rodées" pour cet exercice de style, étaient aussi angoissées que moi, ce qui ma foi est fort rassurant. Par ailleurs, je me suis trouvée interloquée, voir même choquée, que des gens au demeurant très instruits et connaissant par coeur leur sujet ne détachent pas une seule seconde le regard de leur texte, produisant ainsi un disours monotone, voir même totalement ennuyeux ou rendu difficilement accessible par une lecture qui avait parfois tout d'hésitante.
Par contre, et malgré la froideur de certains envers une modeste étudiante et professeur en collège -"c'est dégradant"-, même pas encore inscrite en thèse -"que fait-elle là parmi nous"-, j'ai tout de même pu partager des réflexions intéressantes avec des gens, eux, sans préjugés de hiérarchie, et entamer des discussions au ton presque amical, ce qui somme toute me rassure sur l'humanité d'un monde qui au demeurant me semblait plutôt froid.
Affaire à suivre...

mercredi 20 juin 2007

Bonne Année!

Non je ne suis ni en retard, ni en avance: demain 21 juin nous entrons dans l'année 5515 du calendrier aymara, également connu comme le "Machaq Mara Andino". Cette année débutera donc demain avec les premiers rayons du soleil qui illumineront le Cerro de Pedro Santos Villca, 4600 mètres d'altitude, au sud de la ville de Oruro. Pour cette occasion, les autorités locales et les autorités traditionnelles oublient leurs différents afin de préparer l'événement le mieux possible. La montée au Cerro commencera à 4h du matin, de manière à être en haut pour recevoir les premiers rayons de l'astre divin de cette nouvelle année. Des rituels seront célébrés avec de la musique traditionnelle et des offrandes. Ce doit être une cérémonie à ne pas rater: c'est quelque chose de très significatif qu'une civilisation si ancienne soit encore si vive aujourd'hui, dans ses manifestations rituelles, son calendrier, sa langue notamment. Et ce malgré la Conquête et la Colonisation. Et les aymaras n'ont surement pas dit leur dernier mot...

dimanche 17 juin 2007

Mettez du soleil dans votre assiette!

Pour ceux qui en ont marre d'attendre un été qui ne semble pas vouloir venir -encore un dimanche de pluie à Paris...- voici de quoi mettre du soleil dans vos assiettes avec une recette qui n'a rien de bolivien ni de savoyard mais qui me remonte le moral.
Porc à la canelle:
Assaisonnez les morceaux de porc: sel, poivre, cumin
Faites les revenir dans l'huile d'olive jusqu'à ce qu'ils soient bien dorés
Ajoutez, tour à tour et selon votre humeur:
-de la sauce soja
-de la cannelle en poudre
-de l'oignon émincé
-un morceau de sucre (cassonnade si possible)
-un peu d'eau
-un peu du jus d'un citron vert
Laissez caraméliser le tout
Si vous êtes un adepte, vous pouvez servir avec de la quinoa cuite avec des petits morceaux d'oignons rouges et de carottes.
Et souriez!

mardi 12 juin 2007

Questionnaire

Voici le petit questionnaire que je propose à mes élèves de collège pour leur faire découvrir la Bolivie. Saurez-vous répondre aux questions??

ALGUNAS PREGUNTAS SOBRE BOLIVIA…
GENERALIDADES :
1) Sitúa Bolivia geográficamente :
……………………………………………………………………………………………………………………………………………
2) El país tiene fronteras con :
…………………………………………………………………………………………………………………………………………….
3) Su particularidad es que:
……………………………………………………………………………………………………………………………………………..
GEOGRAFĺA:
1) Di cuál es la capital de Bolivia:………………………………………………………………………………
2) Cita el nombre de tres ciudades importantes:
……………………………………………………………………………………………………………………………………………..

AHORA, ¡REFLEXIONA!
1) El famoso lago de Bolivia se llama: / 1
- Totococo - Tataquiqui - Titicaca

2) Tiene una altitud de: / 1
- 2500 metros - 3500 metros - 4500 metros

3) La moneda nacional es: / 1
- el dólar - el boliviano - el inti

4) La civilización precolombina más conocida de Bolivia fue: / 1
- el Cuzco - Teotihuacan - Tiahuanacu

5) Bolivia tiene tres lenguas oficiales: / 1
- Verdadero - falso

6) El nuevo presidente de Bolivia es: / 1

- Álvaro Uribe - Evo Morales - Vicente Fox

7) La coca es: / 1

- una droga peligrosa - una planta sagrada - una flor

8) La “chicha” es la bebida nacional. Se hace a partir de: / 1
- manzanas - uvas - maíz

¿Hablas “boliviano”?
1) “Chequear” significa: / 1
- firmar un cheque - mascar un chicle - controlar, verificar

2) En Bolivia los buses se llaman: / 1
- las “guaguas” - los “trufis” - los “caballos”

¡AHORA CALCULA CUÁNTOS PUNTOS TIENES!! / 10

MEJORA TUS CONOCIMIENTOS EN CASA:
1) La altitud máxima de Bolivia es de…………………….metros y corresponde a…………………………………………………..................
2) Bolivia tuvo su independencia en el año………………………………………………
3) A finales de febrero, en la ciudad de Oruro, tiene lugar una fiesta muy importante. ¿Sabes cuál es?
4) ¿Cómo se llama este animal?

samedi 9 juin 2007

Un nouveau ministre

Magdalena Cajias, grande historienne bolivienne qui a beaucoup travaillé sur les mines notamment, a été nommée ministre de l'éducation, de la culture et du sport par le président Evo Morales. En voila une bonne nouvelle!

vendredi 8 juin 2007

Etude sur poulet

Les poulets sont arrivés en Amérique avant les Conquistadores! En voila une nouvelle qui va révolutionner notre quotidien!! Une étude néo zélandaise publiée dans une revue nord américaine prétend que l'on a retrouvé d'étranges similitudes entre l'ADN de nos poulets américains et celui de leurs cousins polynésiens. Voila une information qui bouleverse notre vision du monde! Des tests ont été effectués au Carbone 14 sur des restes de volatiles, et ceux-ci dateraient des années 1321 à 1407 très précisément, c'est-à-dire un bon bout de temps avant l'arrivée de ce cher Christophe Colomb. Il semblerait que nos poulets aient des origines communes avec ceux des Samoas et des Tongas. Renversant non?

Primer convite


Vers le milieu du mois d'août à Cochabamba on célèbre la Virgen de Urkupiña. Mais hier déjà avait lieu le "primer convite", c'est-à-dire le premier rendez vous de danses et de dévotion à la Vierge. C'est dans la ville de Quillacollo, tout à côté de Cochabamba, que les danseurs des 29 "fraternidades" ont juré fidélité et dévotion dans une profusion de costumes multicolores. Chacun d'eux est poussé à danser par sa propre dévotion à la Vierge de Urkupiña. Les premiers à défiler étaient les "morenos" de la célèbre Morenada, la danse la plus représentative de ce rendez vous folklorique. Cette danse est rythmée aux son des "matracas" et tire son origine des escalves africains dont les chaînes produisaient le même son cadencé. Mais la mise en scène et les costumes sont aussi une représentation satirique des espagnols et de leur manière de se comporter avec les indigènes pendant la Colonisation. La Morenada est aujourd'hui incontournable dans tous les événements de la sorte, que ce soit pour le Carnaval ou pour la Vierge de Urkupiña.

mardi 5 juin 2007

La coca no es cocaina

Voila le T shirt avec lequel je me suis balladée dans Paris aujourd'hui:

(Photo:Emi)
Alors je vous dis tout de suite: il fait de l'effet. Les gens regardent cette feuille intrigués, tentent de lire l'inscription. Ceux qui réussissent à lire me regardent ensuite d'un air bizarre. En effet, ils voient 3 mots "clés": "coca", "droga", "bolivia". Elle fait de la pub pour de la drogue?, semblent-ils se dirent... Et puis pour la plupart des gens, Bolivie=Colombie, Coca=Cocaïne. Bon, il faut encore une fois mettre les choses au point.

L'image sur mon T-shirt est bien une feuille de coca. La coca est une plante originaire de Bolivie, des régions plutôt tropicales, cultivée depuis des temps immémoriaux. En Bolivie c'est avant tout une plante sacrée, utilisée dans les rituels à la Pachamama comme une offrande. On lit aussi l'avenir dans les feuilles de coca.
Dans les mines, les feuilles de coca font partie de l'"équipement" du mineur. Là aussi on la donne en offrande au Tio, le diable de la mine -voir un des articles précédents-, accompagnée d'alcool et d'une cigarette. Ces offrandes sont destinées à amadouer le Tio afin qu'il protège les mineurs et leur montre les veines les plus riches. Les mineurs mâchent aussi la feuille de coca, car cette petite plante est un excitant -au même titre que le café, rien de plus- qui permet de résister à la faim, au froid et à l'altitude.


C'est vrai, une petite partie de la coca produite en Bolivie est transformée en cocaïne. Mais savez-vous ce qui est le plus dangereux dans cette maudite drogue? Et bien non, ce ne sont pas les feuilles de coca -rappelons qu'il faut plusieurs kilos de feuilles pour quelques grammes de cocaïne- mais plutôt les horribles substances telles que le kérosène qui entrent dans la composition de ce poison. D'ailleurs aujourd'hui notre belle feuille sacrée est en cours de réhabilitation et on redécouvre ses vertus médicinales par exemple. On en fait en effet des tisanes qui soignent les maux de tête et les mauxs de ventre. Je vous assure pour en avoir utilisé que je n'ai pas vu d'éléphants roses. Le remède, malgré son léger goût d'épinards, est très efficace. La coca est aussi utilisée comme produit alimentaire: on fait par exemple aujourd'hui des gâteaux à la coca.

Dernière anecdote: un jour, lors d'un concert bolivien à la mairie du 14ème à Paris, une charmante dame habillée en poncho me racontait son voyage dans les Andes. Histoire de se montrer aventurière, la sexagénaire parisienne a tenté de m'impressionner: "oui, j'ai goûté à la coca, en tisane, et je vous assure que j'ai vu des éléphants roses". J'ai souri poliment et me suis rappelé le fameux goût que je connais bien, puis je me suis dit, un peu déçue et fâchée, que c'est ce genre de "bobos" ignorants qui contribuent à diffuser une image négative de la culture millénaire de notre cher pays. Alors un seul mot d'ordre: lisez, informez-vous, goûtez, et ensuite seulement, donnez votre avis. On ne fait pas de longues dissertations avec des arguments qui ne tiennent pas la route.

dimanche 3 juin 2007

Les enfants du cimetière

Dans le cimetière de Cochabamba, environ 234 enfants travaillent: ils entretiennent les tombes, arrosent les fleurs, aident les personnes âgées et chantent des prières. Depuis 6 ans, les enfants chantent aussi leurs propres chansons qui racontent leur vie quotidienne. Ils ont déjà enregistré 4 CD et des videos clips, en plus de publier un bulletin mensuel et d'animer des émissions de radio et des programmes pour enfants. Le coordinateur de ces activités précise qu'il ne faut surtout pas les confondre avec les "cleferos", ces groupes de jeunes accros à la colle qui gênent la tranquilité de ce quartier de Cochabamba. Les enfants du cimetière ont entre 6 et 14 ans et connaissent des situations familiales très difficiles. Ils doivent donc se débrouiller seuls, c'est pourquoi l'argent qu'ils gagnent avec leurs productions culturelles leur est réservé, notamment pour se soigner car certains enfants souffrent de problèmes de santé assez lourds. Leurs CD se vendent dans le cimetière ou lors de foires. Voici encore une iniciative qui montre qu'on peut aider des enfants, sans pour cela vouloir à tout prix les sortir de leur milieu, simplement en leur permettant de s'exprimer.