lundi 30 avril 2007

Radios Indigènes

Aujourd'hui en Bolivie on inaugure le Système National de Radios des Peuples Indigènes, qui a comme objectif de donner l'opportunité aux indigènes de divers secteurs de la société civile de s'exprimer à travers une tribune ouverte. Ce réseau a été souhaité par le président Evo Morales depuis son arrivée au pouvoir... mais c'est le Venezuela de Chavez -quel heureux hasard...- qui en a financé la construction. Ce sont en tout 30 radios qui ont été installées depuis l'année dernière dans différentes régions du pays, la première ayant été celle de Orinoca, Oruro.
On peut se permettre de placer quelques espoirs dans ces radios quand jusqu'ici nous n'avons connu que des médias plus ou moins "orientés". Quelques exemples: la plupart des chaînes de télévision en Bolivie sont la propriété d'entreprises privées, la plupart de la région de Santa Cruz, et elles diffusent des informations qui, lorsqu'elles ne sont pas en total décalage avec la réalité, n'ont pas grand chose à voir avec ce que vivent les Boliviens au quotidien. En ce qui concerne la presse, le panorama n'est pas beaucoup plus glorieux. En effet, pour citer un exemple qui certes n'a rien de récent mais qui n'en est pas moins parlant, lors de la grève de la faim des femmes de mineurs en décembre 1977, la plupart des journaux -La Patria, La Razon, El Diario- se faisaient les porte parole du discours officiel et pratiquaient plus la désinformation que la véritable information. Les choses n'ont étrangement pas beaucoup changé aujourd'hui... En revanche, le seul journal qui a relaté les faits dans le détail et avec beaucoup plus d'objectivité a été Los Tiempos de Cochabamba, quotidien qui reste aujourd'hui plus juste dans ses appréciations. Quant aux radios, la principale d'entre elles, Radio Panamericana, n'est guère impartiale, mais on s'en contente.
Alors dans cette situation, il était plus qu'urgent de trouver un espace pour que s'expriment d'autres voix que celles que l'on a toujours eu l'habitude d'entendre, celles des indigènes avec tout ce que cela sous entend de réalité quotidienne et de points de vue. Même s'il est vrai qu'en France les médias ne sont pas non plus dénués d'"orientations", on espère que le réseau des radios Indigènes en Bolivie va permettre de rééquilibrer quelque peu le "temps de parole" -puisque ce mot est d'actualité!-.

dimanche 29 avril 2007

A la recherche du Paradis perdu...

Beaucoup considèrent les cimes comme une image du Paradis, d'une plénitude et d'une harmonie perdues et retrouvées, comme l'expérience de la transcendance. Le mythe du Paradis perdu est développé par Samivel dans son livre Hommes, cimes et dieux paru en 2005 aux éditions Arthaud. Nous reparlerons sans doute dans un autre article de l'auteur, figure de l'écriture autour de la montagne. Lisons le à propos de ce thème du paradis perdu:
"La recherche de ce monde perdu, toujours le même sous les appellations les plus diverses, a suscité des quêtes et des expéditions fabuleuses jusque dans les temps modernes et même dans les Alpes"
"C'est ainsi qu'à la fin du XVIIIème siècle le val du Lys, en pays d'Aoste, connut son expédition des Argonautes(1)! De vagues rumeurs, probablement répandues par les cristalliers et les chasseurs de chamois, faisaient allusion à une vallée merveilleuse, enclose quelque part dans sa couronne de glaciers. Un certain jeune homme nommé Joseph Beck, plus hardi et plus avide de gloire que les autres, décida d'y aller voir et prit la tête d'une première exploration qui aboutit probablement entre le Mont Rose et Lyskamm. Mais à cause du brouillard ils ne virent pas grand chose, ni diables ni vallée. N'importe, de l'autre côté les montagnes s'effondraient réellement vers des profondeurs mystérieuses.
En 1780, une seconde tentative les amena au même endroit. Les brumes se déchirèrent et ils aperçurent leur Chambala(2)! Malheureusement, un compagnon à la vue perçante y découvrit des troupeaux de vaches! Hélas, la Terre promise n'était autre que la vallée de Zermatt..."
Il semble cependat qu'à une autre échelle, la vallée de Zermatt, dominée par le Mont Cervin, nous rapproche quelque peu d'une vision plus agréable de notre chère planète, certains diront même que c'est presque le "paradis"...
Notes: (1)Les Argonautes furent les héros qui partirent avec Jason à bord du navire Argo pour aller à la recherche de la Toison d'or.
(2)Le Chambala est l'Eden des Tibétains.

mardi 24 avril 2007

Germinal - Siglo XX

Je ne suis pas spécialiste de littérature française, mais il fallait bien un jour où l'autre que je lise Germinal. J'avais vu le film, qui après tout n'était pas si mauvais, mais le livre est un chef d'oeuvre de documentation et de réalisme sur le travail et la vie dans les mines. Pour connaître ce sujet, j'y ai vu de troublantes correspondances avec les différents témoignages de mineurs boliviens que j'avais pu lire ou recueillir. Quelques années les séparent, mais les mineurs de Germinal et les mineurs boliviens mènent au fond la même existance et les mêmes combats.
Je ne résiste pas à vous citer quelques passage du roman de Zola, ceux qui m'ont paru les plus significatifs. J'associe ces descriptions à des photos prises dans la mine de Siglo XX (Département de Potosi, Bolivie).
A propos de la mine, l'auteur dit:
"Cette fosse, tassée au fond d'un creux, avec ses constructions trapues de briques, dressant sa cheminée comme une corne menaçante, lui semblait avoir un mauvais air de bête goulue, accroupie là pour manger le monde."
"Et le Voreux, au fond de son trou, avec son tassement de bête méchante, s'écrasait davantage, respirait d'une haleine plus grosse et plus longue, l'ai gêné par sa digestion pénible de chair humaine."

(Photo:Luis CHUGAR)

Puis il décrit les habitations des mineurs:
"Ces constructions de briques, installées économiquement par la Compagnie, étaient si minces, que les moindres souffles les traversaient. On vivait coude à coude, d'un bout à l'autre; et rien de la vie intime n'y restait caché, même aux gamins."

(Photo:Luis CHUGAR)

Lors de la grande grève, les mineurs se battent à coups de briques contre les soldats qui défendent les mines:
"La pluie des briques redoublait, et {le capitaine} ouvrait la bouche, il allait crier: Feu! lorsque les fusils partirent d'eux-mêmes, trois coups d'abord, puis cinq, puis un roulement de peloton, puis un coup tout seul, longtemps après, dans le grand silence.
Ce fut une stupeur. Ils avaient tiré, la foule béante restait immobile, sans le croire encore. Mais des cris déchirants s'élevèrent, tandis que le clairon sonnait la cessation du feu. Et il y eu une panique folle, un galop de bétail mitraillé, une fuite éperdue dans la boue."

(Photo:Luis CHUGAR)


(Le texte dit: "Ni morts ni oubliés, ils vivent dans les pensées du peuple.")

A propos des croyances:
"Oh! le curé, je m'en fiche!... Mais il y a l'Homme noir.
- Comment, l'Homme noir?
- Le vieux mineurs qui revient de la fosse et qui tord le cou aux vilaines filles."
"Des croyances endormies se réveillaient dans ces âmes éperdues, ils invoquaient la terre, c'était la terre qui se vengeait, qui lâchait ainsi le sang de la veine, parce qu'on lui avait tranché une artère. Un vieux bégayait des prières oubliées, en pliant ses pouces en dehors, pour apaiser les mauvais esprits de la mine."

jeudi 19 avril 2007

Concert Péruvien

Le 6 avril avait lieu à la Maison de l'Amérique Latine à Paris un concert du groupe péruvien Peru Andino.
(Photo:Emi)
L'ambiance était chaleureuse dans la petite salle où se mêlaient latino américains nostalgiques de leurs pays et français à la recherche d'un petit moment d'évasion et d'exotisme loin de la froideur parisienne. Et Peru Andino a en effet su réchauffer l'ambiance à coups de mélodies traditionnelles et folkloriques tantôt mélancoliques, tantôt entrainantes mais toujours comme un appel à un magnifique voyage. Guitare, flûtes, percussions, accordéon, chant, les rythmes se succèdent et la chaleur humaine voyage elle aussi, des musiciens au public, du public vers les musiciens. Au milieu du concert, deux chanteuses, la mère et la fille, originaires de Puno -à la frontière entre le Pérou et la Bolivie- et en costume traditionnel ont achevé de séduire l'assistance et de nous entraîner dans une danse conviviale, au dela des frontières. A voir et à revoir...

(Photo:Emi)

www.peruandino.free.fr